Gaëlle était... mal à l'aise. En général elle s’efforçait d'éviter ce genre d'endroit d'une part parce qu'elle s'y sentait étrangère, d'autre part parce que le luxe lui remémorait le manoir Llelwellyn et que les souvenirs attachés à cette période là lui faisait encore faire des cauchemars. S'il n'y avait eu les deux lascars, sûr qu'elle n'aurait pas mis le plus petit orteil dans le secteur à moins d'y être contrainte et forcée. Mais d'une certaine manière c'était un peu le cas de son point de vue. Son seul sourire fut pour l'étrange brownie qui semblait s'être mis en quête de ses compagnons à quatre pattes. «Poignée, refuse toute personne, même la famille, s'il te plaît...» «Bien monsieur...»

Un bon point pour eux, toutefois elle aurait préférée pouvoir ajouter un verrou magique par-dessus mais elle ne savait pas trop comment les deux cousins prendrait son excès de prudence. Ni comment réagirait la poignée à une magie étrangère. Quand à la question de Fedorus, la rouquine la laissa un moment en suspend le temps pour elle de trancher la question, avant de se tourner vers sa cousine l'air songeuse. Elle déclina machinalement l'offre avant de se retourner une fois de plus vers Amarante qui venait de reprendre la parole. «On a beau être de sang-pur, Fedosau... Fedorus est dans le collimateur des hautes instances. Si on veut qu'il reste libre, on n'a pas vraiment d'autre choix que d'agir. Je n'aime pas ça, mais je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit non plus.» Gaëlle tiqua un instant avant d'ébaucher quelques signes à Amarante «Je sais que ton cousin ne comprends pas, te sens tu capable d'assurer la traduction ? Ce sera plus facile pour moi.» Mh... comment formulé ça le plus justement possible sans froissé personne ? «Vous deux... j'apprécie votre proposition et votre enthousiasme, mais... vous êtes bien sur de savoir dans quoi vous mettez les pieds ? Je veux dire par là que si vous tenez à m'aider, il n'y aura pas de retour en arrière possible. Il faudra aller jusqu'au bout, quoiqu'il advienne. Ce sera assurément très dangereux et les chances d'arriver à quoique ce soit sont plutôt minces...» Elle pensait surtout à la cousine de Fedorus en disant cela, préférant éviter qu'elle n'en vienne par la suite à regretter plus tard le choix qu'elle allait leur imposer.

Gaëlle écouta tranquillement Amarante retransmettre ses propos à Fedorus et comme il fallait s'y attendre, ils ne semblaient pas vraiment bien prendre le fait qu'elle leur laisse une telle porte de sortie. Elle le comprenait, n'avait-elle pas dit elle même à Aelys que nièce ou pas nièce, elle pouvait toujours courir si elle s'attendait à ce qu'elle reste sur le carreau ? Toutefois elle n'était pas sûre qu'ils agissent pour les bonnes raisons. A entendre Amarante parler, elle agissait avant tout par intérêt personnel et même si l'intention était bonne et admirable, elle ne pouvait s'empêcher de s'en inquiéter même si elle préférait lui laisser le bénéfice du doute. Elle allait rétorquer quand le brownie fit une nouvelle apparition spectaculaire détournant son attention au profit de Fedorus. «Ama' a raison. Si nous t'avons trouvé assez facilement, d'autres le feront... Je comprends que tu sois réticente, Gaëlle, mais tu n'arriveras à rien en restant seule, c'est en équipe qu'on remporte des matchs, je suppose qu'il doit en être de même pour une bataille. Je suis prêt. Pas parce que c'est ce que tu veux entendre mais parce que c'est le cas. Ma famille s'est toujours battue pour les égalités sociales, c'est à notre tour de prendre le relai. J'irai jusqu'au bout de ce qu'on me demandera de faire, sauf s'il s'agit de tuer des gens, çà, c'est au delà des moyens...»

La rouquine laissa passer un battement de cil puis deux avant de manifester quoique ce soit. Il s'imaginait donc qu'elle était seule et agissait dans son coin ? Si elle trouvait un peu naïve cette supposition là, en revanche elle admirait sa résolution qu'il semblait vouloir maintenir avec fermeté. Des convictions et la volonté de les défendre. Avec un mince sourire elle se dit qu'il aurait fait un celte acceptable... par contre... «Amarante, tu partage son point de vue sur ce dernier détail ?» Gaëlle prit sa tête entre ses mains l'air de réfléchir avant de relever la tête et d'adresser un sourire ironique à Fedorus. «Laisse moi te poser une question Fedo'. Moi non plus ça ne me réjouis pas et je préférerai l'éviter mais, que feras-tu une fois au pied du mur ? Quand ce sera eux ou toi ? Je ne cherche pas à te rabaisser en quoique ce soit ni à te décourager mais j'ai besoin d'une réponse franche. Tu ne veux pas tuer, mais en serai-tu malgré tout capable s'il n'y à pas d'autres alternatives ?»

Elle ne se félicitait pas vraiment d'avoir ainsi mis les pieds dans le plat mais cette discussion là, elle la pensait réellement nécessaire. Même si au fond d'elle elle savait qu'ils n'auraient jamais la moindre de chance de résoudre les choses en douceur, elle espérait encore un tout petit peu qu'une solution pacifique leur apparaisse soudainement. Alors oui elle avait beau dire, elle comprenait la véhémence de leurs réactions. Quoiqu'elle fut surprise par celle d'Amarante. Des deux cousins, elle aurait cru que ce serait elle qui se serait montrée le plus réticent. Ou pas. Et même compréhensible la virulence de Fedorus lui fit plus mal qu'elle ne l'aurait reconnue, devrait-elle passer sans arrêt pour la méchante ? « Et toi Gaëlle, accuser le gouvernement justifie-t-il le fait que tu sois prête à ôter la vie de quelqu'un ? Que feras-tu lorsque tu comprendras que ton assaillant était simplement envoûté par un sort de Domination Mentale ? Que feras-tu lorsque tu verras un ancien camarade crouler sous ta gerbe verte ? Que ressentiras-tu lorsque ton sortilège de Mort rebondira et viendra frapper tes amis de plein fouet ? Que pensera la famille du défunt ? Que tu l'as fait pour le bien de tous ? Que tu es une criminelle qui ne vaut pas mieux que les autres ? » « À choisir entre quelques dizaines de morts et un génocide à peine maquillé, tu as vraiment besoin d'une réponse ? » À ce moment précis, elle faillit tout laisser tomber, ramasser ses affaires et prendre le risque de leur effacer directement la mémoire sous le nez du brownie, quitte ensuite à devoir affronter les foudres d'un fey déchainé. Oui, à cet instant, elle n'aurait su dire qui de la colère ou de la lassitude prédominait en elle juste avant qu'un tableau n'intervienne pour calmer le jeu.

« Fedorus, je te prie... Tes questions sont un peu trop sauvages, surtout pour une invitée en ta demeure ! Excuse-toi, je te prie... » « Je... Je suis désolé, je me suis un peu emporté... » ce que Gaëlle accepta un peu malgré elle, toujours aussi colère contre le Bananasplit. « Voilà qui est mieux ! ... Je suis d'accord avec toi, ceci dit, user de tels sortilèges nous rabaisse à la pire condition et ce n'est pas ce que nous voulons. Rappelez vous de la Guerre des Géants en 1970 ! Des moldus sont morts et ce n'était pas la faute des géants mais bel et bien de l'avada kedavra ! Et toi, Amarante, ma chérie, rappelle toi tes aïeux, lors de l'Inquisition, Gwendolyn n'a jamais usé d'une telle abomination qu'est ce sort. Ni aucun des sorciers de son village. Mais la ruse, mes chéris, la ruse... Enfin, je ne suis qu'une vieille folle, qui plus est, je suis morte alors que valent vraiment mes paroles ? Mais j'en oublie toute civilité, enchantée mademoiselle, je suis Fedora Bananasplit, l'arrière-grand mère de ces deux petits chenapans ! » Elle inclina légèrement la tête en direction du portrait de l'aïeule pour lui rendre ses salutations et darda un regard noir vers Fedorus. S'il tenait tant à jouer les nobles et preux chevaliers... Elle espérait juste qu'elle ne faisait pas une connerie et qu'il apprendrait vite alors qu'elle leur tendait leurs baguettes. « Si vous êtes décidés, alors prêter serment de gardez ça secret : 26 Lexham Gardens, frappez trois fois et dites que vous venez de ma part. »