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 Resurrectio malum. Resurrectio amoris.

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PROFIL & INFORMATIONS









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Lun 23 Jan - 15:04


En provenance de ==> https://poet-pendulum.forumsrpg.com/t3240-piccadilly-circus#33531

Surgissant dans le parc du château MacFarlane, Balto marchait bizarrement, tanguant tantôt à droite tantôt à gauche. Il n’appréciait guère le moyen de transport de Samuelle ; question d’habitude sans doute. A plusieurs reprises il s’ébroua vigoureusement comme pour se remettre les idées en place. L’excitation qu’il sentait sourdre en lui le poussa finalement à gambader allègrement dans les hautes herbes si paisiblement agitées, presque coiffées, par le vent chaud de cette fin d’après-midi d’août.

Rien ne semblait pouvoir entacher la joie du beauceron à l’idée de revoir son maître. Et pourtant aux abords du château, son poil s’hérissa comme des fourmillements lui parcoururent l’échine.
- Sam ! aboya Balto qui pénétrait les ruines du château. Sa voix trahissait un effroi certain.
L’animal traversa le hall au pas. Son regard était braqué quelques mètres plus avant. Sa mâchoire inférieure béait d’abattement. Il continua néanmoins de marcher jusqu’à arriver en face de cinq tombes partiellement recouvertes de mousses, de ronces et de mauvaises herbes. S’approchant d’une d’elles il arracha la verdure envahissante d’un coup de patte. ‘Ann MacFarlane Ustaz’ était gravé sur celle-ci. Sur celle d’à côté était inscrit le nom de Grand-mère Margaret. Les autres étaient celles de Crome, Lisa et Saturnin. La date du 23 décembre 2010 était inscrite sur toute. C’était la date du soir où Samuelle et Balto s’étaient enfuis dans un autre monde.

De la pénombre environnante produite par des pans de murs décharnés, seul un large faisceau de lumière provenant du toit venait s’abattre sur les tombes. Face à ce tableau, le puissant Balto sentit ses quatre pattes trembler avant de lui faire complètement défaut. Le beauceron resta allongé au sol, son regard passait invariablement d’une tombe à l’autre ; il demeurait là, coi, comme fauché dans ses émotions.

- Ils sont montés jusqu’au château après que vous soyez partis, dit Grand-mère Ida qui venait de sortir d’un des murs du château. Ils nous ont pris par surprise. Ils n’avaient d’autre but que de mettre fin à la lignée des Ustaz. Les amis de Lukas ont tenté de nous protéger, ils en ont payé le prix de leur vie.

Le regard d’ordinaire soit dur soit pernicieux de la vielle femme s’était voilé. Après un court moment de silence elle sembla se ressaisir.
- Balto, sous le fatras de mousse et de terre dans le coin là-bas il devrait y avoir ma petite valise. Va la chercher s’il te plait.
Balto ne bougea pas tout de suite, toujours tétanisé par le désespoir. Mais finalement, sous le regard insistant du fantôme de Grand-mère Ida, il se releva et alla gratter la terre là où elle lui avait indiqué. Effectivement, il y trouva une mallette qu’il reconnut être celle que la vielle femme avait emportée lors de la fuite de toute la famille de Vienne. L’animal la lui rapporta.
- Non Balto, c’est à elle de le faire, dit Grand-mère Ida sur un ton certain de défi. Son regard pâle s’était posé sur Samuelle.

Balto s’approcha de Sam, la poignée de la mallette dans la gueule. Pendant ce temps le fantôme de Grand-mère Ida se déplaça jusqu’à un chaudron rempli d’une eau noire qui se trouvait au centre du salon.
- Je pensais que cette potion n’était qu’une légende. Je ne croyais pas plus à l’existence des horcruxes à vrai dire. Mais dans le doute j’ai été récupérer les ossements du père de Lukas juste avant que nous quittâmes l’appartement de Vienne. Ils sont à l’intérieur de cette petite valise. Mais pour cela j’ai dû retourner au Collège des Magiciens de Vienne où Karl était enterré. Malgré toutes mes prédispositions à passer inaperçu les Patriarches ont décelé ma présence et ont compris ce que je venais faire. Je suis responsable de leur venue au château ce soir-là. La vielle femme racontait son histoire sobrement, sans émotion aucune. Après un silence entendu, elle reprit. Peu avant qu’ils ne passent à l’attaque, Crome nous a raconté les détails de la mort de Lukas et ses derniers mots : « L’élève partage la chair du serviteur. » Tout était clair. Les intentions de Lukas me parurent évidentes. Mais il me fallut plusieurs années avant de percer le secret de cette potion. Pour le père, je savais. Le serviteur, j’avais bien une idée. Mais l’ennemi, qui pouvait-il être ? Chacun des trois avaient un rôle à jouer et je compris bientôt que Lukas avait distribué les rôles avec parcimonie et consciencieusement. Son discours tenait à présent plus d’une réflexion à voix haute que d’autre chose. Samuelle Daee, l’élève, partageait donc la chair du serviteur. Et l’ennemi, n’était autre que toi Balto. Les oreilles du chien se dressèrent sur sa tête. En enfermant en ton sein sa compassion, Lukas s’est séparé de tout ce qui pouvait entraver son but ultime : ses recherches. En toi, Balto, recèle à la fois le plus grand ami de ton maître et son plus grand ennemi. C’est de ton sang que j’aurai besoin pour cette potion, tout comme j’aurai besoin des ossements de Karl et de la chair de… Samuelle.

Le regard de la vielle femme se fit de nouveau pernicieux.
- Faites-moi un feu sous ce chaudron ! dit-elle finalement de manière tout à fait anodine.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Lun 23 Jan - 19:06


Samuelle suivit Balto d’un long pas mesuré, non avec réticence, mais avec beaucoup moins d’enthousiasme. Elle se retourna plusieurs fois, inquiète, scrutant les lieux. De mauvais souvenirs et de mauvaises vibrations. User de ses pouvoirs pouvait attirer l’attention sur elle… Elle ignorait à quel point et demeurait craintive. Elle avait tout aussi peur d’Ida, de ce qu’ils s’apprêtaient à faire et de croiser une route fée menant aux territoires de John Uskglass.

Lorsqu’elle aperçut les tombes, Samuelle s’accroupit un instant devant elle, les débarrassant pensivement de leurs mauvaises herbes. Elle n’était pas attachée à ces gens. Ann lui était sympathique et elle aimait véritablement Margaret mais… Le bout de ses doigts glissa sur les pierres et elle prononça un mot de pouvoir sans se cacher de Balto. « Yïm! » fit-elle, libérant 22ans de souvenir minéral d’un coup. Elle s’était demandé où était la tombe d’Ida et qui avait enterré les victimes. Elle avait sa réponse…


Attirée par le discours du spectre, la métisse se rapprocha. Pendant un bref instant, elle parut étonnamment docile. « Moi? » releva-t-elle, ahurie. « C’est à moi de le faire?? » La main sur le cœur, elle se désignait elle-même. « Je veux bien vous faire du feu… Mais je suis désolée, je n’ai aucune qualification pour vous aider avec vos potions! » Elle mentait à peine. En toute bonne foi. « Et qu’est-ce que c’est que ces histoires de père, de serviteur, d’ennemis, d’ossement, de sang et de chair. Qui est le serviteur? Je partage la chair de qui? Et qu’est-ce qui vous fait croire que je suis prête à payer de ma chair pour jouer aux apprentis sorciers? »

Elle s’était approchée en biais. « Balto? Tu es certain que c’est une bonne idée de le ramener? » Elle chercha l’azur de ses yeux d’or. « Ce monde est-il vraiment encore le sien? » Stigmate de 22jours passés chez les fées. « Je veux dire… Ce n’est pas comme si nous avions pu intervenir tout de suite après sa mort. Plus rien n’est pareil… » Elle pensait aux tombes de sa famille et de ses amis. « Ils sont tous mort... Il ne va pas bien le prendre… »









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Lun 23 Jan - 22:28


DU FAIT DU DÉFICIT MENTAL DU RÉDACTEUR
CE POST N'EST PLUS DISPONIBLE.

VEUILLEZ L'EXCUSER POUR LA GÊNE OCCASIONNÉE.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Mar 24 Jan - 20:22


Si elle avait posé la question à Balto, c’est qu’elle, elle avait tout son arbitre et elle doutait. « De son vivant c’était un bel enfant de salaud… » Parce que si elle ne comprenait pas tout, elle en savait assez. « Le monde se porterait beaucoup mieux sans lui… » Elle avait moins peur de ce qu’il avait fait que de ce qu’il pourrait faire si elle le ramenait. « Je n’y connais rien dans cette sorte de magie, mais je suppose que c’est une magie néfaste?»

Le ramener, c’était l’endosser, prendre la responsabilité de ses actes futurs… Et Samuelle savait quel but il poursuivait. Si elle était restée auprès de lui, c’était en partie pour lui nuire. Comment pourrait-elle lui nuire d’avantage qu’en refusant de se joindre à cette expérience?

Le monde se porterait beaucoup mieux sans lui, mais pas elle…

Comme à contre cœur, Samuelle ramassa par terre brindille et petit bois… « Balto, faudra du combustible… » dit-elle dans l’intention d’éloigner le chien… Les chiens rapportent bien des bâtons, non? Elle installa son feu dans l’âtre du salon. Enfin, de ce qu’il en restait… Inutile de s’enfumer pour rien. Par-dessus les brindilles, elle posa une pierre qu’elle était allée prélever dehors et posa un doigt dessus. Lentement sous son empreinte, la pierre s’échauffa. « Alors nous avons les os… On va vous faire confiance pour imaginer que ce sont bien ceux de son père… Il vous manquera le sang de Balto et n’imaginez pas que je vous laisserai saigner ce pauvre chien… Reste ma chair? De quoi s’agit-il? » questionna-t-elle le spectre, le doigt toujours posé sur la pierre. Des ondes de chaleur rayonnaient au-dessus de sa main. Une odeur de foin séché persistante. Quelque chose dans l’expression de la sorcière laissa entendre qu’il y avait intérêt à ce qu’on ne lui demande pas de se trancher une main! Un peu de fumée se dégagea de sous le caillou… Samuelle rectifia l’arrangement des brindilles, tout en écoutant les instructions d’Ida.

Une odeur de brûlé envahit la pièce et Samuelle retira rapidement sa main avant de se bruler. Elle souffla sur les tisons pour les encourager et obtient rapidement une petite flamme qu’elle nourrit de petit bois avec parcimonie et attention. Quand le feu fut bien parti, Samuelle s’approcha du chaudron et eut un mouvement de recul. L’eau noire… La métisse blanchit violemment sans pouvoir réprimer un frisson. C’était un chaudron… Juste un chaudron… Ce n’était pas la même chose, n’est-ce pas? « Il y a quoi là-dedans? » fit-elle d'une voix terrifiée









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Mar 24 Jan - 22:43


Un sourire se dessina d’un trait sur le visage de Grand-mère Ida lorsque Samuelle s’activa. Sa lévitation se fit plus instable, ses mouvements plus saccadés, elle semblait presque tout excitée à l’idée de réaliser cette potion.
- Enfin mon enfant, il n’y a pas de magie néfaste et de magie bénéfique. Juste une branche conventionnelle et une autre… eh bien… un peu moins conventionnelle. Et la potion que nous nous apprêtons à réaliser est pour le moins extraordinaire. Il faut voir ça comme une chance inouïe d’être témoin d’un phénomène prodigieux. Néanmoins, jamais je n’aurai gagé que ce soit lui qui m’apportât cette opportunité, fit-elle sur un ton méprisant.

Grand-mère Ida suivait Samuelle partout où elle allait en parlant sans discontinuer. Elle ne pouvait s’arrêter de répéter ô combien cette potion était exceptionnelle. Ses encensements étaient parfois entrecoupés par des petits commentaires tel que celui-ci qui intervint lorsque la métisse était accroupie près de l’âtre :
- Que faites-vous avec ce caillou ? Oh, je vois. Eh bien, nous avons tous nos petits secrets.

Balto revint la queue agitée et la gueule pleine de bois ; ce fut à croire qu’il s’en était déboîté la mâchoire. L’animal était tellement dépassé par les évènements qu’il avait mis énormément de cœur à l’ouvrage dans son ramassage de combustible. Une activité pratique qui lui avait permis de chasser toutes les questions sans queue ni tête dont il avait été assailli.

- Dans le chaudron ? s’étonna le fantôme. Le corps de Lukas. J’ai eu le temps de le mettre en sécurité juste avant de… enfin vous voyez. Il est protégé par un sortilège d’épouvante. Une illusion, pour les petits curieux qui viendraient fouiner dans le coin. Vu votre tête, j’en déduis qu’après plus de vingt ans il n’a pas faibli. Je serai curieuse de savoir ce que vous y voyez, finit-elle par mentir.

Les préparations achevées Grand-mère Ida frappa des mains.
- Bien, bien, bien, dit-elle. La potion de résurrection…
Si ses yeux n’étaient pas aussi pâles du fait de sa condition spectrale, on y verrait des petites étoiles.
- Samuelle, vous serez bien aimable de vous faire les peaux de ongles au-dessus du chaudron lorsque ce sera votre tour. Si vous voulez faire étalage de votre bonté en vous arrachant un bras, ne vous dérangez surtout pas, siffla la vielle femme. Vous trouverez un couteau dans la poche avant de la petite mallette. Très bien, plus qu’à attendre que le chaudron soit bien chaud. En attendant peut-être voudriez vous vous recoiffer ?

Celui qui a dit que le troisième âge était le plus pernicieux n’avait jamais été présenté au quatrième âge.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Mer 25 Jan - 1:08


Samuelle déglutie péniblement, fermant les yeux un bref instant pour mettre un maximum de distance possible entre elle et la réalité. Une terreur d’enfant : si je ferme les yeux très fort, il va s’en aller… Mais non, Ida était toujours là pour lui décrire avec un luxe de détail de quoi il s’agissait. Inutile de lui dire que ce n’était pas un sortilège d’épouvante qui avait prise sur elle. « Vous voulez dire que le corps de Lukas pourrit là-dedans depuis 22 ans? » Elle eut un haut le cœur et alla vomir dans un coin.

L’eau noire, immobile était sa terreur à elle.

On ne se méfie jamais assez des petites vieilles. Sélection naturelle : Si elles ont atteint cet âge, ce n’est pas pour des prunes. Elles ont de l’expérience. Plus elles sont vieilles, pire elles sont. Ce ne sont pas des êtres faibles et sans défenses. Samuelle jouait son jeu et Lukas ne l’aurait jamais vu si docile. Il n’y a pas de gloire pour les fantômes, surtout pas quand leur grande réalisation prenne forme dans les ruines isolées d’un manoir au milieu de nulle part, sous la main d’une sorcière sans baguette et d’un chien. Toute la manœuvre lui semblait suspecte mais que pouvait-elle faire d’autre dans l’immédiat? Cette magie était néfaste. Elle le savait et appréciait à leur juste valeur les encouragements que la vieille y mettait pour la manipuler.

Samuelle alla ramasser le petit couteau, en examina la lame et entreprit de l’aiguiser contre une pierre le temps que le chaudron chauffe. Elle s’installa le plus loin possible de cette chose, un peu perplexe à l’idée qu’il faille si peu pour ressusciter un homme. Quelque part elle souhaitait voir Ida échouer. Pas seulement pour le plaisir de la voir échouer… délicatement, du bout de ses ongles, elle repoussa ses cuticules et tailla l’excédent avec le petit couteau. Puis elle attendit que la soupe à la Lukas ait mijoté.









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Mer 25 Jan - 15:01


La lumière des étoiles papillotait dans le ciel, et si ce n’était pas pour le feu que Samuelle avait fait quelques minutes plus tôt, ils se trouveraient à présent dans une quasi obscurité. Un silence de plomb s’était installé durant lequel Grand-mère Ida ne quitta pas la proximité du chaudron. Cette potion était simple car Lukas l’avait voulu ainsi. Toute la difficulté avait consisté en l’assurance vie qu’il s’était octroyé il y a maintes années. Cette potion n’avait pas vocation à ressusciter n’importe quel macchabée ; seuls ceux qui avaient piégé la mort durant leur vivant pouvait espérer renaître. Les tricheurs gagnaient toujours ; l’honnêteté n’était d’aucune utilité dans le jeu de la vie. Et puis il y avait la répartition des rôles, là aussi Lukas avait fait preuve de ruses incomparables afin d’exclure tout échec ; la tricherie consistait à désigner son pire ennemi en la personne de son meilleur allié et à réduire l’élève au rang de serviteur.

- Jetez les os, dit rêchement le spectre. Vite ! Videz la mallette dans le chaudron. Ca commence ! La surface étale de l’eau noire fut parcourue de ridules. Que les ossements du père, donnés en toute ignorance, fassent renaître son fils ! dit-elle d’une voix qui se voulait solennelle sans pouvoir celer une pointe d’excitation.
- Vos peaux Samuelle, invectiva-t-elle ensuite. Vos peaux, dans le chaudron ! Le contenu du chaudron prit une couleur incarnate et une texture grumeleuse. Que la chair du serviteur donnée volontairement fasse revivre son maître, l’excitation dans la voix du spectre était de plus en plus proéminente.
- Regardez, ça a changé de couleur. Et maintenant, le sang du chien, scanda-t-elle sans commisération aucune. Dépêchez-vous Samuelle ! N’hésitez pas, allez-y franchement ! Balto eut un léger mouvement de recul mais d’une manière générale resta calme. Puis, alors que le sang dégoûtait du couteau, la mixture devint purpurine et adipeuse. Que le sang de l'ennemi, pris par la force, ressuscite celui qui le combat. Le contenu se mit à bouillir franchement.

Bientôt les émanations capiteuses remplacèrent l’odeur de brûlé et les remugles du vieux château délabré. Elles furent suivies par des odeurs d’oliban et de manne brûlés qui octroyèrent un caractère presque spirituel à la scène. Soudain la touffeur suave de l’atmosphère laissa place à une froideur glaciale. Balto sentit ses pattes devenir gourdes et le reste de son corps perclus.

Grand-mère Ida ne demandait qu’à s’esbaudir un grand coup, au lieu de ça son visage prit des airs brusquement déconfits.
- Peut-être… peut-être devrions-nous nous écarter un peu… TIREZ-VOOUUuuus !

Une déflagration d’air chaud ayant pour épicentre le chaudron se propagea alentours. Des pans de murs encore debout volèrent en éclats. Balto sentit son arrière train se rapprocher de sa tête ; il boula et atterrit dans des halliers si épais et épineux qu’il lui fallut plusieurs minutes pour s’en dépêtrer. Un cri continu et déchirant d’orfraie se fit entendre, suivis de piaulements suraigus tout aussi insupportables. Une lumière verdoyante sourdait du chaudron et monta dans les airs à travers l’absence de toiture. Nul doute que ce faisceau fulgurant pouvait se voir de loin en loin ; il devait même jeter une lumière éblouissante sur les terres du Domaine Rocstone de l’autre côté du lac. Les vestiges du toit qui tenaient à un fil étaient couverts d’une sorte de suie tellement sombre qu’elle faisait passer toute teinte de noir pour du gris.
Le sol sembla oscillé à la manière d’un pont de bateau sujet au tangage et compliqué de roulis. Le chaudron se laissa aller à quelques convulsions capricantes avant de se mettre à fondre. Bientôt le contenant aboli laissa place à un cratère exhaussé à une cinquantaine de centimètre au sommet d’un ressaut de gangue dégoulinant de fonte en fusion. Le sol et la roche qui ceignaient le cratère craquèrent, noircirent et se moirèrent pour prendre la robe lisse de l’onyx et de l’obsidienne verdoyante. Une ambiance méphitique envahit les lieux.

Une masse noire s’éleva dans la ligne du faisceau tel un brandon sur un bûcher. Un corps dégingandé et contrefait transparut dans les entrelacs de fumée sombre. Adoptant d’abord la forme ridicule d’un poussah, il se détendit, se redressa, gagna en longueur et se proportionna comme il fallait jusqu’à dessiner les lignes du corps de Lukas. Son visage se détacha le premier des fumées noires ; cette tête de chérubin, racée, ce regard princier du bleu des rois, ces cheveux bruns, épais et souples à la fois. Lukas posa ses pieds au sol avec grâce et comme il sortait du nuage de fumée noire, une toge noire l’enveloppa de pied en cap suivie d’un manteau de fourrure.

Face à Sam et Balto, la colonne de lumière verte dans son dos, le sorcier avait une prestance royale. Un sourire franc, qu’aucun de ses vis-à-vis ne lui avaient jamais vu, Lukas hésita un instant, sujet à une certaine vergogne, puis s’avança prestement prurit d’embrassades.

Soudain son visage se rembrunit alors qu’il n’avait même pas parcouru la moitié de la distance qui le séparait de Balto et Sam. Le cratère bruit d’un son confus. Des bras ténus et fuligineux en sortirent et s’enroulèrent autour de la cheville de Lukas et, tirant d’un coup sec, le firent tomber au sol face contre terre. Ils cherchèrent à le ramener vers le cratère. Lukas se débattait dans des reptations vaines. Finalement la fumée l’enveloppa tout d’un coup, le goba littéralement, avant de se retirer docilement, balayée par un coup de vent, se moutonnant ici et là, puis disparaissant enfin. Le cratère expira une dernière fois avant de s’effondrer sur lui-même. La lumière verte s’évanouit.

Les bruits de la nature qui entourait le château se firent de nouveau entendre. Le vent mugit de nouveau. Le fantôme de Grand-mère Ida s’esbigna furtivement derrière un abattis de pierre et de bois. A genoux, le visage exsangue, pantelant, Lukas semblait dévoré par des marasmes. Il se releva finalement avec une certaine roideur. Son visage était couvert de stigmates noirs qui serpentaient sa peau. Il n’avait plus de cheveux. Seuls ses yeux étaient restés les mêmes. Lukas écarta sa pelisse de fourrure de vair et releva sa robe de sorcier. Ses jambes étaient couvertes des mêmes stigmates. Il tira sur son col et pencha la tête, son buste n’était pas différent. L’abattement se lisait sur son visage, mais une certaine sagacité également. Le sorcier comprit qu’aucun sortilège, aucun enchantement, aucune potion, rien, ne lui rendrait son apparence d’autrefois. La mort avait pris son dû.

Au bout de quelque minute, Balto, bien trop timoré pour une fois, cala son crâne sous le postérieur de Sam et la poussa en avant vers Lukas. Ce dernier s’était abîmé dans une contemplation obstinée de ses mains. De derrière son tas de pierre, Grand-mère Ida, en tapinois, guignait attentivement du côté de la scène.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Mer 25 Jan - 20:36


Ça, ce n’était vraiment le genre de démonstration susceptible de lui passer sa phobie de l’eau noire. Comment pouvait-on tirer de si noir délices de choses si déplaisantes? Ne connaissant rien aux potions, Samuelle se laissa guider par la grand-mère de Lukas et ne protesta qu’au moment où celle-ci évoque le rôle du serviteur et du maître. « Je ne suis pas, n’ai jamais été, et ne serai jamais au service de personne. Je n’ai pas de maître! » Martela-t-elle d’une voix ferme. « Ma volonté est aussi forte que la sienne et il n’a nul pouvoir sur moi! » rectifia-t-elle en égrenant le contenue de sa main au-dessus du chaudron. Peut-être le moment était-il mal choisi, mais Samuelle était avant tout loyale à elle-même. Si quelque chose tournait mal, ils pourraient toujours la blâmer.

Puis vint l’apothéose...

L’estomac lui tomba dans les mollets et le plancher lui remonta dans la figure : Samuelle se jeta par terre et se roula en boule, protégeant sa tête de ses bras, rabattant sa veste de cuir par-dessus sa tête. La déflagration la repoussa contre un mur et Samuelle resta là. Malgré les vertus éducatives de l’enseignement du maître de potion qu’était Ida, la sorcière était convaincue que jamais, jamais-jamais-jamais, elle ne la tenterait à nouveau! Non, JAMAIS! Si elle avait pu se fondre dans la pierre, elle l’aurait fait. En fait, et c’était le plus révélateur, elle le pouvait, au lieu de quoi elle se releva plutôt pour discrètement se rapprocher de Lukas. Elle étudia sa réaction… Son approche subtile fût réduite à néant par Balto.

Surgissant devant lui, ébouriffée et couverte de suie et de poussière, ses yeux d’or brillaient dans ses orbites comme de l’or en fusion. À cet instant précit, elle n’avait rien d’humain. Elle se dit qu’un commentaire s’imposait : « Euh? » Elle lui sourit, son sourire faisant étinceler ses dents blanches dans sa figure toute noire. « Salut, ça va? » Samuelle avait de la répartie... Il pourrait se vanter longtemps de l'avoir vu sans rien à dire. Un peu plus et elle lui parlait météo!










Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Jeu 26 Jan - 21:53


Lukas avisa soudainement Samuelle. L’Azur était empreint d’une tristesse confidentielle que seule la métisse pouvait deviner. Le sorcier appartenait à cette drôle de caste qu’était celle des perfectionnistes maladifs ; elle n’avait par ailleurs rien à voir avec celle des perfectionnistes sains, ces hâbleurs qui ne se trouvaient de pire défaut que leur petite perfection suffisante. Non, aux yeux des perfectionnistes maladifs la quête du meilleur n’était rien d’autre qu’un besoin rongeant, un cancer sans espoir de rémission. Pour eux le succès n’était véritablement digne de ce nom que s’il ne souffrait d’aucune ombre d’échec aussi ténue soit-elle. Cette résurrection laissait donc une amère déconvenue, mais Lukas n’en dirait mot. Il serait néanmoins sujet à un ressassement permanent, des mois durant, des années peut être, jusqu’à ce qu’il puisse enfin faire lumière sur la faille responsable de son insuccès.

- Tu as une mine abominable, dit-il avec un sourire plein d’autodérision. Je… Mon apparence ne te fait pas peur ? J’crois bien que c’est définitif. Ca ne pourrait pas être pire de toute façon, enfin je veux dire, si c’était amené à évoluer. Mais je ne crois pas.

Puis un malaise certain s’installa. Il ne l’avait pas vu depuis plus de vingt ans. Elle l’avait quitté une vingtaine de jours. Elle l’avait cru mort. Il pensait qu’elle avait disparue. Elle lui avait sauvé la vie. Il la lui avait confiée. Il avait changé. Elle était restée la même. Elle n’avait plus que lui. Il n’avait plus qu’elle.

Les flammes dans l’âtre étaient rases et diminuaient à vue d’œil. Bientôt seule la lumière des étoiles éclairerait les lieux. Lukas rompit l’impotence sentimentale qui régnait entre lui et Sam en se dirigeant vers Balto, non sans murmurer un « merci » lorsqu’il passa à son côté.

Balto regarda son maître se rapprocher, assis sur son séant. L’animal ne bougeait pas, ses yeux clignaient à intervalle régulier ; les deux azurs étaient plongés l’un dans l’autre. Puis soudain le beauceron bondit sur son maître, le plaqua au sol et s’appliqua à lui lécher chaque centimètre carré de son visage, jusqu’à derrière les oreilles ; surtout derrière les oreilles ! Lukas ne pouvait s’empêcher de rire aux éclats. Ses yeux brillaient. Quelle tristesse, il aura fallu attendre que son visage soit ravagé par la mort pour y voir une joie franche et affranchie de toute retenue.

- Grand-mère Ida ? appela Lukas en se relevant.

Le fantôme, dont seule la tête dépassait de l’abattis de pierre et de bois, s’avança vers Lukas avec un air détaché ; comme s’il lui en coûtait et qu’il avait mieux à faire.
- Merci, dit Lukas.
Grand-mère Ida acquiesça brièvement puis se fendit d’une moue dubitative.
- Je me doutais bien que tu ne pouvais pas réussir complètement, dit-elle vertement. Et maintenant ? Que comptes-tu faire ?
Lukas se retourna vers les cinq tombes de sa famille et ses amis.
- Je vais leur trouver un endroit, répondit-il en s’approchant des stèles, passant sa main sur chacune d’elles. Je ne veux pas les laisser sur les lieux de leur mort. Je ne veux plus à avoir à revenir ici.
- Tu ne penses pas à Vienne tout de même ?
- Non. Ici, en Angleterre. Je leur trouverai un cimetière. Sa voix laissait supposé que son deuil avait été fait. Grand-mère Ida ? Où… où es-tu ? Je veux dire…
La vielle femme parue désemparée le temps d’une fraction de seconde puis elle leva la tête vers une colonne de pierre, une des seules qui ne s’étaient pas écroulées. Tout en haut, un squelette était accroché, ceint par une chaîne à pics autour du pilier. Une baguette était encore fermement coincée dans sa main gauche. L'agonie avait dû être effroyablement longue et douloureuse.
Lukas en eut des frissons. Il s’approcha de la colonne et leva un bras, la baguette s’agita et s’extirpa de son emprise osseuse.
- Tu permets que je la garde, demanda-t-il. Je crois que la mienne est cassée.
- Non, répondit Grand-mère Ida tout à trac. Mais c’est pas comme si j’étais réellement à même de m’y opposer.
- Merci, dit Lukas tandis que la vielle femme le chargeait d’imprécations à voix basse.

Il faisait nuit noire à présent. Lukas raviva le feu dans l’âtre d’un coup de baguette.
- Où va habiter Maître Lukas maintenant ? demanda Balto avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Eh bien… Je crois qu’il va falloir nous trouver un nouveau refuge. Peut être même… nous en construire un. Inconnu de tous et à l’abris des regards.
- Samuelle vient avec nous, hein Maître Lukas ?
Le sorcier releva la tête et la déferlante azur enveloppa Samuelle. Il attendait que la réponse vienne d’elle.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Ven 27 Jan - 21:39


« Non mais tu t’es vu? » rétorqua-t-elle agressivement. Pas de faux semblant. Pas de place à l’apitoiement. « Je n’ai jamais eu peur des apparences. » cracha-t-elle avec mépris. Comment pouvait-il la croire si faible? La connaissait-il si mal? Non! Samuelle était terrifié! Mais pas par les apparences. Elle avait de vrai bonnes raisons d’avoir peur. D’avoir peur de lui. Et pourtant elle était là.

Parce qu’on est seul, puisqu’ils sont si nombreux..

Une réponse qui vienne d’elle. Pour quelqu’un qui luttait avec une telle énergie pour préserver sa liberté, elle mit étonnamment peu de temps à répondre. Elle eut un reniflement méprisant et se dirigea vers l’ancien seuil du manoir. « Il ne m’a toujours pas rendu mon tshirt, non? » fit-elle le menton haut, en passant entre eux pour sortir sous les étoiles. Elle siffla Balto de quelque part dans la nuit. « Viens Balto! Allons chez les Rocstones, ils ont des couvertures et de l’eau chaude! »









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

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Resurrectio malum. Resurrectio amoris. #Sam 28 Jan - 11:57


Lukas regarda Sam passer devant lui puis posa ses yeux sur Balto. Grand-mère Ida aurait juré voir acquiescer le maître. Balto suivit Sam non sans un dernier regard vers Lukas. Lorsque soudain CRACK ! le sorcier disparut.
- De l’eau chaude dit Samuelle, mais pourquoi faire ? s’inquiéta le beauceron en trottinant à la suite de la métisse.
En arrière-plan, le visage du fantôme de Grand-mère Ida successivement se tordit d’incompréhension, puis se peignit d’une lumière raisonnée, une stupéfaction étira ses traits et, finalement, la vielle femme explosa de rire à gorge déployée.
- Ooooh ! Je vois ! Je viens de comprendre, murmura-t-elle d’abord pour elle. Vous aviez raison Sam vous n’êtes pas son serviteur, s’écria-t-elle par la suite entre deux éclats. Enfin, vous ne l’étiez pas. Et puis vous avez donné votre chair. Le fantôme se tordait de rire. Cette potion ne pouvait pas marcher. Les conditions n’étaient pas réunies. Vous l’avez rendue possible. La vielle femme n’y tenait plus, elle flottait à la verticale dans les airs et se tenait le ventre. Oooh comme c’est pernicieux, je n’y aurais pas pensé moi-même. Mais voilà, vous êtes liés tous les deux à présent. Magiquement, et sacrément liés même ! L’élève partage la chair du serviteur. Mais oui, bien sûr, partager dans le vieux sens de gratifier. L’élève gratifie la chair du serviteur. Ouh que c’est tordu... et tordant ! finit-elle par dire en s’éloignant dans la nuit noire. Son petit rire résonna alentour pendant quelques minutes encore.










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