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 Les voyages forment la jeunesse... (pv)

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PROFIL & INFORMATIONS









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Mer 22 Sep - 23:13


Les voyages forment la jeunesse... (pv) Noraz
feat. Nora d'Arcadie, 22 ans

(s-d-v)

Il y avait une douce ritournelle qui s'échappait de chez Johann et Nora. La jeune fille venait de quitter le lit et sa bonne humeur naturelle imprégnait déjà tout autour d'elle. Pieds nus dans sa robette bleue, elle suivit son petit rituel du matin, ouvrant les volets et les fenêtres en grand pour laisser entrer l'air pur. Mais il y avait un petit quelque chose de changer cependant. Ce n'était pas Nora qui fredonnait, ça elle le faisait toujours mais c'était deux ballots ronds assez volumineux qui attendaient sagement au pied du lit. Ce matin était un matin particulier, parce qu'ils allaient partir en voyage. Partir pour la première fois. Nora se faisait une joie et son beau visage était rayonnant. La blondinette se sentait des pieds ailés, et on aurait presque cru que les oiseaux sur son pyjama allaient s'envoler. Quel pur bonheur que de vivre avec l'homme qu'elle aimait et de s'en aller découvrir le monde à ses côtés. Une fois le tour de la maison fait, la douce revint poser un baiser léger comme un battement de coeur amoureux sur les lèvres de son Johann. Elle lui sourit annonçant:

« Je suis presque prête, j'arrive. »

Et sur ses mots, le papillon s'envola dans un flot de boucles d'or. Elle courrait embrasser son père et sa mère avant de partir comme c'était la toute première fois qu'elle allait s'éloigner autant d'eux. Kohar l'attendait, grande et magnifique comme toujours, mais avec une petite lueur d'inquiétude peut-être. Nora aimait le contact de la peau glacée de sa mère. Plus petite que ses parents elle se perdait dans leur bras comme leur éternel petite fille, leur trésor comme disait Kohar. Pourtant à la voir dans les bras de sa mère, on pouvait sans mal se rendre compte qu'il n'y avait aucun lien de sang mais seulement un lien d'amour indéfectible. Kohar avait les yeux d'un bleu perçant et très intense. Nora avait les yeux verts très clair mais bien vert. Ou encore ces beaux cheveux ébènes qui n'auraient jamais pu s'oublier dans un blond d'or comme celui de Nora. Mais ça n'avait pas d'importance ce genre de chose. Que Nora ait de jolies formes un peu arrondies alors que Kohar était grande et plutôt sèche, ça n'était rien non plus. Parfois on lui avait dit qu'elle ressemblait à son père. Alors elle avait ri parce que quelque part ce n'était pas possible. Mais elle leur ressemblait au delà de l'apparence physique.

Elle trouva son père dans leur petit jardin qu'elle continuait de venir entretenir avec lui tous les jours. Elle sourit et mit les genoux dans l'herbe pour ramasser les escargots, puis lui sourit et le serra dans ses bras. Les larmes lui montaient aux yeux, c'était quand même plus difficile qu'elle ne l'aurait cru même si elle était plus qu'heureuse de ce projet de voyage:

« J'écrirai tous les jours. »

***

« Où iront nous en premier? », demanda Nora qui marchait à côté de Johann, une main posée sur l'encolure du cheval et l'autre dans la main du loup. Derrière eux le camp avait disparu et le soleil promettait de les suivre où qu'ils aillent.
Elle marchait au rythme de Johann pour le moment, bien décidée à ne pas s'ajouter au poids des bagages que trimballait leur cheval. Nora était une fille robuste même si elle était mortelle et donc pas increvable.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Jeu 23 Sep - 23:21




Il dormait paisiblement, mais d'un œil seulement. C'était sa partie oisive et harmonieuse qui dormait, alors que son côté obscure, elle, guettait. Son bras droite entourait le corps de son aimée, et son autre part ruminait au plus profond de lui. Et tout ça en dormant. Johann avait cette habitude d'être là sans y être. De s'auto-déconnecter du monde. C'était sa façon à lui de protéger son entourage, et de ne pas se faire du mal à lui-même. Il la sentit se lever mais ne fit rien. Il était un homme, alors il avait une réaction matine masculine, et... et il attendrait que ça passe, en regardant le plafond, paisible et tranquille. Johann était généralement décrit comme quelqu'un de lent, de très lent, mais c'était davantage car il mettait du temps à réfléchir. C'était son côté harmonieux qui devait forcément discute avec son autre côté, pour se mettre d'accord. Pour savoir qui allait répondre. Il regardait le plafond, pensait à la journée, et listait silencieusement les choses qu'il avait à faire. Il avait encore un petit air endormi, mais il était quand même très beau, Johann, et ses yeux bleu foncé ressemblaient à un fond marin, très profond, là où la lumière ne perce jamais. Oui, il était beau Johann, derrière ses mèches noires. Il se redressa à peine, la regarda passait avec un léger sourire. Nora d'Arcadie était le rayon lumineux dans sa vie. Elle était cette petite voix qui le sortait de l'obscurité, et si une fois elle avait déjà vu son côté obscure, elle avait par la suite compris que cette partie était lui, et que les deux facettes de sa personnalité n'en était en réalité qu'une seule. Il ferma les yeux comme elle l'embrassait, par habitude, et appuya son visage sur le sien comme elle repartait, l'air de rien. Voleuse de baiser. Il était heureux, au plus profond de lui.

« Je suis presque prête, j'arrive. »

Il s'était levé, géant dans cette maison. Comme les autres loups de son âge, Johann avait atteint ce qui serait sa taille finale. Du haut de ses vingt-six ans, il avait l'air d'un monstre, quoi qu'il eut un air gringalet comme son squelette était relativement plus long que large. Il était beau. Un corps finement élancé, des épaules larges d'homme fort, un visage carré, des cheveux courts et noirs d'ébène, et de magnifiques yeux bleu foncé, entouré d'un halo plus clair. Une constellation de point noire dans l'iris de son œil. Il s'habillait très simplement. Un pantalon de toile noire et une longue chemise blanche. C'était sa tenue règlementaire, en quelque sorte. Avec un épis derrière la tête, qui formait comme une virgule au dessus de sa tête. Il descendit les marches, avec les sacs, et sortit dehors. Devant, Nabor, Loki, Sindri et Oskar attendaient. Loà n'était pas là. Encore partie. Encore disparue. Nabor fut le premier à faire un pas, comme Héméra se concentrait très fort pour ne pas éclater en pleurs. La main large de Nabor tapota la tête du grand Johann comme s'il avait été tout petit.

« Tu jures de faire attention à toi, Johann. »

Le grand jeune homme eut un sourire amusé, un peu léger, mais déjà tellement pour quelqu'un comme lui. Héméra éclata et prit son enfant tout contre elle, le serrant en chouinant un peu. Elle était grande, un peu plus que lui, elle était démesurément grande, et elle l'aimait tellement, son petit homme, celui qu'elle avait tenu dans ses bras en pleurant, pour qu'il s'arrête, quand il hurlait trop fort, quand ses poumons réveillaient toute la maison. Johann avait été le plus terrible, mais non. Il avait été le plus fragile aussi. Loki approcha, prit son fils contre lui, mais ne dit rien. Ce n'était pas son genre, à lui, de dire ses sentiments, et c'était une chose que Johann comprenait. Oskar, Johann et Sindri se serrèrent tous les trois ensemble, comme ils avaient l'habitude de faire quand Jonas était encore vivant. Johann se détacha d'eux, attela les sacs aux flancs de l'étalon et de la jument, et se dirigea finalement vers chez le vieux Kveld d'Arcadie. Il avait un air assez retenu. Il savait que les deux parents s'inquiétaient pour leur fille, et il ne pouvait pas leur en vouloir. Il savait qu'il était dangereux.

Kveld était là. Il avait un sourire triste sur les lèvres, mais s'efforçait d'encourager sa fille, dans l'espoir de la voir revenir en un seul morceau. Johann ferma les yeux. Il resta en retrait.


~*~

Johann marchait calmement. Il sentait la morsure du soleil derrière eux. Cela voulait dire que pour l'instant, il allait à l'est. Et à l'est, il y avait les pays les plus froids. Ça ne serait pas une bonne chose pour Nora, comme elle était un peu fragile, et qu'il comprenait bien qu'un corps comme le sien souffrirait des engelures, aussi il réfléchissait, et comme ils semblaient être en parfaite harmonie, elle posa la question quand il n'avait qu'une ébauche de réponse.

« Où iront nous en premier? »

Il la regarda, regarda devant lui, et il y eut un silence. Il avait un visage indifférent, cela voulait dire qu'il était plutôt content. Plutôt calme, en réalité. Il fronça le sourcil droit, comme il réfléchissait. Sa main serrait la sienne, et son pouce caressait le dos de sa main, calme. Il reprit la parole, avec une voix calme. Il avait une voix grave, Johann, une voix d'homme, imposant, qui pouvait bien vite devenir menaçante et sournoise quand il était en colère. Mais là, il était doux comme un agneau, car c'était son autre facette. Johann connaissait ses extrêmes. Il était extrême en lui-même. Ses colères comme ses amours l'étaient.

« Nous irons jusqu'en Mongolie, et de là, on traversa la mer pour aller jusqu'en Bolivie, et on s'enfoncera dans la forêt Amazonienne. » Silence. Il posa son regard bleu foncé sur elle, un sourire léger sur les lèvres. « Est-ce que ça te va? »

Il était heureux qu'elle soit avec lui. Qu'elle n'est pas peur de lui, elle qui était peut être la seule à qui il aurait sûrement plus que des regrets si jamais il lui faisait mal. Elle était son petit rayon de soleil, et un rayon de soleil, ça se choie, non? Alors Nora serait celle qu'il choierait le plus. Après la magnifique bague qu'il avait demandé à Sindri pour lui, ce soir, il lui offrirait le collier qui allait avec, et que Sindri avait mit un peu plus de temps à faire, comme il lui avait fallu plusieurs semaines pour récupérer des pierres qui possédaient plus ou moins les mêmes nuances. Et ce collier, en œil de tigre, était vraiment magnifique, tout au fond de la poche du loup.










Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Mer 29 Sep - 17:58


« Nous irons jusqu'en Mongolie, et de là, on traversa la mer pour aller jusqu'en Bolivie, et on s'enfoncera dans la forêt Amazonienne. »

A mesure qu'il énonçait les noms de ces lieux si lointains, le sourire de Nora s'étendait comme une plante s'épanouirait au soleil. Ces quelques mots de Johann la faisait rêver et elle voyageait déjà, le coeur un peu plus léger à chaque syllabe. Pour elle ces noms là étaient des noms de livres de contes. Des noms tout droit sortis des livres que sa mère lui avait lus toute son enfance et qui la portait au delà de son petit lit douillet dans ce monde imagé et coloré qui se cachait derrière les yeux et qu'on n'atteignait bien qu'une fois endormi. Ces livres qu'elle ne pouvait pas lire elle même, parce qu'elle ne maîtrisait que trois langues, mais qu'elle aimait à parcourir encore aujourd'hui juste pour leurs superbes illustrations, et pour le plaisir de sentir le grain des pages légèrement cartonnées sous ses doigts. De respirer leurs odeurs de vieux livres qui traînaient dans leur reliures les odeurs, les épices des mondes imaginaires d'où Kohar les avait ramenés. Aujourd'hui bien sûr, ses parents ne lui lisaient plus d'histoire à l'heure de la border, sinon dans ces souvenirs, mais il y avait Johann et sa voix posée et calme, imposante comme la voix de l'orage qui gronde dans un murmure qui n'appartient qu'au ciel de fredonner. Nora avait toujours été fascinée par les orages. Quand la douce princesse Ella de Laconie se mettait à pleurer enfant, réclamant son père à corps et à cris, terrifiée, Nora elle allait coller son visage rond à la fenêtre pour regarder les éclairs, pour sentir les vitres vibrer sous la voix du ciel.
De la même façon, elle n'avait jamais eu peur de Johann et elle aimait le son de sa voix. Elle en aimait les nuances et en connaissait les changement. Quand elle se tenait à l'écart ce n'était pas par crainte mais parce qu'il le valait mieux, parce qu'elle savait comment l'apaiser la plupart du temps, et que le meilleur des remèdes étaient souvent de le laisser tranquille.

Lui seul pouvait rendre toutes ces choses possibles. Ces pays lointains dont il parlait et vers lesquels elle n'aurait jamais pu aller sans sa force à lui. Bien sûr elle aurait pu faire comme les autres mortels, prendre l'avion ou le train. Mais elle n'aimait guère ces choses là. Tout allait trop vite dans les moyens de transport et puis elle préférait le grondement de l'orage à celui des rails. C'était ainsi.
Johann sourit et à son tour elle sourit sans vraiment le faire exprès. Simplement parce qu'elle était toujours heureuse qu'il lui donne un sourire.

« Est-ce que ça te va? »
« C'est parfait. »

Ils marchèrent toute la journée, se repérant grâce au soleil et quand la nuit tomba, ils arrivaient tout juste en vue d'une petite forêt de frênes. Nora leur arrangea un petit camp de fortune pendant que Johann partait chasser. Elle commença par allumer un bon feu, puis alla ramasser des bâtons longs pour pouvoir faire une structure sur laquelle elle tendrait la peau de buffle qu'elle avait emportait parce qu'elle était légère mais très imperméable. Cela leur ferait un toit. Et au sol, la peau d'ours dans laquelle sa mère l'avait ramenée à la maison la première fois. Cette peau d'ours avait une valeur inestimable à ses yeux. C'était le cadeau de mariage de sa mère d'ailleurs. Quand Johann revint, elle était agenouillée juste devant leur tente, balayant la peau d'ours blanc du plat de la main pour s'assurer qu'il n'y avait pas de caillou ou de brindille. Au dessus d'eux, le ciel était clair, plein d'étoiles.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 3:54




La journée fut longue, et le soleil harassant. Il ne lui disait rien. Johann n'avait jamais beaucoup parlé, pas plus qu'il n'était bavard et expressif. Enfant étrange, souvent gardé par sa mère, de peur qu'il ne fasse du mal aux autres enfants, Johann avait longtemps été incompris. Loki riait, disait qu'il était un peu impulsif, comme son grand-père, mais tout le monde savait que ce n'était pas vraiment ça. Que c'était plus compliqué que ça. Avec les années et par habitude, Johann était passé outre mesure et avait fini par accepter sa condition. Il était dangereux. Il le savait. Et pourtant, le jour où Jonas était mort, il n'avait pas bougé. Les gens avaient dit que ce n'était pas grave, pas étonnant, car il n'était pas « normale », mais il se rappelait surtout du regard de Loà, quand elle la gifla en lui hurlant : « tu l'as tué! ». Il n'avait tué personne, justement.
Il marcha toute la journée, et finalement s'arrêtèrent un peu avant que le soleil ne tombe. Il abandonna sa jolie compagne au campement et alla chercher de quoi manger. Un simple couteau dans la main droite. Généralement, Johann évitait de se transformer. Il s'énervait très vite. Au moindre bruit désagréable, à la moindre atteinte physique, il changeait de « personnalité ». On avait souvent dit qu'il était malade mentale, mais les loups ne sont pas atteints par ce genre de chose. Johann était juste comme ça. Juste comme ça. Après une petite demi-heure de chasse, il ramena deux beaux lapins et un perdrix, de quoi manger ce soir. Il n'avait pas besoin de gros gibiers. Il mettrait trop de temps à le dépecer – puisqu'il était hors de question de tuer un habitant de la forêt pour ne récupérer qu'un organe ou une partie de son corps. Quand on tue, on mange tout. Absolument tout.
Il se traîna jusqu'au campement, l'air nonchalant comme à son habitude, et posa les deux lapins et la perdrix au milieu du campement. Nora était en train de vérifier quelques choses sur la peau d'ours. Il avança, se pencha, et embrassa sa nuque. Son visage était si indifférent qu'on aurait pu douté de son sentiment, mais il était comme ça, Johann. Indifférent sans l'être.
On ne mit pas longtemps à dépecer les lapins et à les couper en morceaux, puis à les faire bouillir dans une petite casserole d'eau, aromatisée de quelques herbes que Célio avait insisté à leur donner pour le voyage. Aussi fou que son père celui-la. Il regarda la tente de fortune construite par Nora et eut un sourire intérieur, appréciant le travail de la jeune humaine. Il était même étonné qu'elle ait marché toute la journée sans se plaindre – encore que ce ne fut que le premier jour. Il devrait penser à dégoter un âne ou un cheval pour elle, quand le paysage et le temps serait trop mauvais qu'il marcherait à ses côtés sous sa forme bestiale. Son père lui avait raconté qu'il était impossible dans les déserts de glace en pleine tempête d'avancer autrement que sous la forme de loup.
Le ciel était déjà quasiment sombre, avec des centaines d'étoile. L'odeur chaude de la nourriture, et la présence de Nora. Johann n'aurait rien demandé de plus. Il se posa sur le sol, tira des sacs deux bols et de quoi manger. Lui avait appris à manger avec les doigts en Inde et au Maroc. C'était utile, parfois. Il remplit les deux bols de quoi manger, gardant la belle perdrix pour le lendemain midi. Il eut un petit sourire – quasi invisible, fier de lui, et tendit le bol à Nora.

« Je suis content qu'on soit là, tous les deux. Juste tous les deux. »

Il avait un sourire, existant cette fois-ci, sur son visage. Il avait quelque chose dans les yeux, une étoile peut être? Ou étais-ce le reflet? Il avait fini son bol quand il plongea sa main dans sa poche de sa veste et en tira un bijou. Un unique, de la main de Sindri – si reconnaissable par son adresse. Il eut un petit sourire gêné. C'était rare, de voir Johann si expressif (encore que sur une échelle sur 10, on le case au niveau 3), mais c'était le moment, l'instant. Il était vraiment heureux. Il regarda Nora, et tendit son collier magnifique œil-de-tigre. Il n'avait pas besoin de lui dire « c'est pour toi ». Le regard en disant plus long que tout.










Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 16:53


Il y avait sur le visage de Johann toutes ses petites expressions, ces petits débuts de quelque chose que la plupart des gens auraient trouvé insuffisants voire qu'ils n'auraient même pas vus. Mais pour Nora ces signes c'était énormément. Elle avait l'habitude de les chercher sur le visage de Johann comme pour ne rien en perdre. Parce qu'ils étaient rares, et précieux. Et surtout aussi parce qu'il n'y avait rien de plus vrai au monde que ces petits signes. Quand elle prit le bol ses mains s'attardèrent sur celles du loup sans le contenir, surtout pas. Elles étaient douces ses mains à elle malgré toute la terre qu'elles passaient leur temps à retourner. C'était un des secrets d'arménienne de Kohar ça.

« Je suis content qu'on soit là, tous les deux. Juste tous les deux. »

Elle voudrait répondre qu'elle aussi mais il ne lui en laisse pas le temps, c'est un collier d'oeils-de-tigre qu'il lui présente et les yeux de la douce Nora s'éclaire tout d'un coup.

« Johann il est magnifique. »

Doucement elle s'approche pour qu'il le lui passe et c'est d'un baiser qu'elle lui dit merci. Il y a encore longtemps de ce geste d'infinie tendresse à plus c'est vrai, mais il y a tellement plus que le seul contact physique. Ce soir là, ils finirent de manger puis Nora lui parla longuement des étoiles et le sommeil leur tomba dessus comme un drap doux et léger.
Les jours se ressemblaient mais pas les paysages. Ils marchaient, la main de Nora souvent glissée dans celle de Johann ou tout près. Elle se montait un robuste petit bout de femme Nora. Elle ne se plaint pas une fois de la fatigue et si on lui posait la question elle répondait que c'était de la bonne fatigue. Parfois c'était Johann qui décidait de faire une halte, pas parce qu'il était fatigué mais parce qu'il savait que c'était sans doute son cas à elle. D'autres fois, une ville tombait à point nommé et ils y restaient quelques jours pour le plus grand plaisir de Nora qui aimait visiter. Elle trouva Rome trop peuplée, un peu angoissante d'ailleurs, mais elle aima le sud de l'Italie. Plus tard ils traversèrent la mer et se retrouvèrent en Crête, loin de tout ce que la blondine avait pu connaître. Là l'hospitalité des gens leur permit de goûter à la cuisine et aux coutumes locales sans trop de mal. Nora passait sans doute le moment le plus merveilleux et comme le soleil était en plus au rendez vous...

« Ah ça, je vous assure que l'argent ça fait beaucoup plus jeune! »
« Je ne veux pas vous contredire mais je le connais bien, il préférera l'or blanc. », répondait-elle en riant.

Évidemment que l'argent c'aurait été de très mauvais goût pour faire une surprise à Johann. Elle le surveillait du coin de l'oeil un peu plus loin dans la foule, rayonnante de bonheur. Il ne fallait pas qu'il la prenne sur le fait alors qu'elle lui achetait quelque chose. Le vendeur lui sortit une blague qu'elle ne comprit pas sur le coup. Puis elle eut un grand éclat de rire, le remercia et partit.
Ca faisait bien trois mois qu'ils étaient partis à l'aventure et tout se passait extraordinairement bien. Alors ce soir là elle s'était dit qu'elle allait le surprendre. Pas vraiment au sens où vous l'imaginez parce que Nora n'était ni aguicheuse ni très amatrice de lingerie affriolante. Pour elle faire une surprise à Johann ça ne devait pas être vulgaire, ni trop surprenant non plus. Il ne fallait pas qu'il le prenne mal. Alors bien souvent ça s'arrêtait à brosser ses cheveux un très long moment pour qu'ils soient bien doux, à mettre une robe dont elle devinait qu'il l'aimait plus que les autres, et à lui faire un plat qu'il aurait plaisir à manger. Parfois comme là, elle avait un cadeau pour lui. Et chaque fois elle était pleine de tendresse, quoiqu'elle n'ait osé qu'une ou deux fois pousser un peu plus loin mais chaque fois la tentative avait été avortée. Il n'était pas très réceptif et elle, pas très courageuse là dessus alors... ils étaient patients. Et c'était bien comme ça.
Elle donna un centième coup de brosse à ses cheveux blond des blés et comme elle poussait la porte de la petite chambre qu'un habitant leur avait laissé dans sa maison de vacances, elle se heurta à Johann. Sa brosse tomba et elle la ramassa, un peu hésitante. Il n'aimait pas qu'on le touche par inadvertance, ça le mettait de mauvaise humeur et à en juger par son regard, il était déjà de mauvaise humeur.

« Excuse-moi mon Johann, je ne pensais pas que... »

Mais un frisson qui lui remontait le long de la colonne vertébrale lui coupa la parole... il n'était pas de bonne humeur.











Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 18:00




Ils avaient beaucoup marché. L'Italie, Rome, la foule. Tout ça l'avait énervé. Il ne s'était pas bien sentit. Même devant la tombe de Raphaël, il n'avait pu que sentir la sueur des gens qui passaient et le bousculaient. Johann était un homme effrayant, mais personne n'avait le droit de le juger, parce qu'il n'avait jamais fait du mal à qui que ce soit jusqu'à maintenant. À lui, oui. Beaucoup. Comme toutes les fois où il avait frappé sa tête si fort contre un mur qu'il était tombé à genoux. Comme toutes les fois où il s'était mordu le poignet et l'avant bras, pour ne pas hurler, pour juste... juste ne pas être horrible avec les autres. Personne n'avait le droit de le juger. Surtout pas eux qui avait la possibilité de vivre comme il le voulait, sans avoir à lutter avec l'envie de donner la mort dès qu'on le bousculait. Par habitude, il s'était tenu loin des bains de foule. Il avait fait le tour des marchés, mais très tôt dans la matinée, afin que personne ne lui rentre dedans. Il y avait bien eut un incident, mais il avait réussi à se calmer et à détourner son attention. Nora avait été là et avait pu le calmer. C'était peut être aussi bien, qu'elle soit là. Il l'aurait sans doute tué si elle n'avait pas été là.
La Crête était sympathique. C'était le pays de ses ancêtres. Une terre particulièrement sacrée, où Moëris avait grandi. Ses pieds avaient foulé ces pierres avant lui, et Johann se sentait rempli de quelque chose dont il ne connaissait ni le nom, ni la provenance. Il était juste heureux d'être ici, et avait même prolongé son voyage en Crêtes, pour ça. Pour goûter les joies du soleil chaud et de l'eau qui borde les îles. Il était sortit ce matin, et dans la rue, il s'était énervé. Il était de mauvaise humeur. Il le savait. Il avait traversé la route, et juste à ce moment là, un ballon avait frappé son front. Un sale gamin de sept ans qui avait mal visé, mais qui frappait fort pourtant. Il aurait pu l'étriper sur place, mais à la place, il avait tourné le dos et sans un mot, il avait rejoint la chambre qu'on leur prêtait. Sans dire bonjour. Sans rien.
Enfermé dans sa chambre, il rôdait comme un lion en cage. Il ne pouvait décidément pas se frapper la tête contre un mur ou la porte. Ça ferait du bruit, et il devrait expliquer à la femme de chambre qu'il faisait ça pour se calmer. Pour quel genre d'homme passerait-il? Non. La question qui était dans sa tête, c'était où était Nora. Il voulait voir sa Nora. Mais le marché de toute la Crête, il ne pouvait décidément pas descendre et l'y retrouvait. Il tournait, violent. Il avait envie de briser chaque meuble qui se trouvait dans cette pièce, de déchirer chaque petite chose qui s'y trouvait. Il voulait tout briser, tout faire disparaître. Son coté animal le rongeait. Plus que ça, ça le rendait malade. Parfois, sa grimace se transformait et il fronçait les sourcils comme s'il voulait pleurer, mais bien vite la peine partait pour ne laisser place qu'à la colère. La colère, un sentiment qu'il connaissait bien. Il s'en nourrissait. Il avança d'un pas quand dans son dos, il sentit le choc. Le choc. Pour vous, ça ne peut être rien. Mais pour Johann, ce simple choc, c'est un affront, une déclaration de guerre. Il suffit juste que son coeur rate un battement pour que son corps entier se tende, se crispe. Que tous ses muscles se gonflent à bloc. Qu'une veine apparaisse au niveau de sa jugulaire. Qu'elle se gonfle, elle aussi. Ses pupilles se rétractent. Un instant, il reste immobile. Immobile comme une statue de sel. Mais comme le cire, ce masque va fondre tôt ou tard. Les paupières se referment lentement, et sa pupille, basse dans son œil, est ridiculement petite. Il ferait peur au diable.

« Excuse-moi mon Johann, je ne pensais pas que... »
« A quoi pense-tu, petite sotte? A un de ces mâles de la plage? »

Le sourire qui fends son visage est celui du mal. Il se retourne, à peine, lentement. Il tends son bras, lentement, et du coup des doigts, il repousse la porte qui se referme dans un cliquetis métallique. Sa main se pose sur le bois alors qu'il se penche, lentement, au dessus d'elle. Johann est grand. Son regard est juste terrible, comme celui qui persécute et fait mal. Johann a l'air d'un acteur de mauvais genre, dans un film interdit au moins de seize ans. Le genre violent. Comme le film où De Niro viole une gamine. Pour rire.

« Me regarde pas comme ça. Ça me donne envie d'te faire pleurer. »

Sa main suit sa pensée, attrape la gorge de la jolie blonde, se presse autour et la soulève sans aucune difficulté. Johann est fort comme un bœuf. On dit que les gens handicapés le sont plus que tous. C'est peut être vrai. Jusqu'à maintenant, seul Rafael avait réussi à le mettre à terre ou à le retenir. Ce n'était pas une humaine qui allait pouvoir le contenir, lui qui était plus terrible que tous ses frères. Encore que Sindri avait pris du poil de la bête. Il serra la main autour de la gorge blanche, et il arqua un sourcil. Il était amusé par la situation. Mais son regard en disait plus long. Son autre main glissa lentement sur la cuisse de Nora, remontant lentement sa robe.

« Tu en as envie n'est-ce pas? À me chercher, comme ça. À me chauffer. Désolé d'avoir pris mon temps, ma puce. C'est le temps que je ressorte. » Le regard du loup est vicieux. Il se rapproche d'un pas. Ses lèvres se retroussent, laissent apercevoir quatre larges canines. « J'vais exaucer tes prières. J'vais te sauter ce soir. Tu s'ras satisfaite, comme ça. Et t'iras pas voir les crêtois, 'kay? »

Johann énervé? Vous ne le connaissez pas n'est-ce pas? Maintenant, vous le comprenez. Vous comprenez toutes les fois où Héméra a gardé son fils contre elle quand tous les autres s'amusaient. Comme toutes ses fois où les autres mamans s'étaient étonnées de voir que Johann, âgé de trois ans, se mettait à hurler en continu dans le bac à sable, quand Sindri avait par malheur bousculé son frère. Johann était comme ça. Et il ne changerait pas.










Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 19:04


Ce regard là elle le connaissait. Elle s'était déjà faite mille fois toute petite devant lui, humble surtout, pour ne pas attiser sa colère. Elle l'avait toujours laissé se calmer quand elle lisait dans son regard qu'elle ne lui serait d'aucun secours. Présentement, c'était ce qu'elle ressentit. Elle ne le prit pas mal, et si elle ne jouerait pas les femmes de caractère avec lui, elle n'avait pas vraiment peur. C'était une des bases les plus solides de leur relation. Cette connaissance intime du coeur de Johann qui l'assurait qu'il se ferait du mal à lui même plutôt que de lui en faire à elle. Elle n'était pourtant pas idiote, elle savait que ça pouvait arriver... par accident.

« A quoi pense-tu, petite sotte? A un de ces mâles de la plage? »
« Johann... bien sûr que non, c'est à toi que je pensais je... »

Mais les mots se meurent parce qu'elle sait que ça ne sert à rien. Elle passe sur le mépris et sur les accusations. Elle sait qu'il ne le pense pas et surtout elle sait qu'elle n'a rien fait de mal. Ses grands yeux très expressifs la montre peinée mais elle essaye au mieux de s'en cacher. Elle ne veut pas qu'il culpabilise. Ce n'est pas de sa faute, il ne contrôle tout simplement plus. Elle est touchante si petite devant lui à ne pas trembler, à garder ses yeux dans les siens comme pour lui assurer qu'elle est là pour lui. Que tout ira bien. Qu'il arrivera à se calmer, comme ils y arrivent toujours. Parce qu'ils sont là l'un pour l'autre. Toujours. Fidèles.

« Me regarde pas comme ça. Ça me donne envie d'te faire pleurer. »

Sur l'instant, épouse docile, elle détourne le regard. Elle ne veut pas le contrarier d'avantage, il n'en a pas besoin, mais quand il la saisit à la gorge elle a un hoquet de surprise. Ses mains délicates se posent sur celle de Johann mais elle ne veut pas le serrer, elle ne veut pas lui faire mal. Pourtant lui, lui fait mal. Il l'étrangle. Par réflexe, ses pieds cherchent le sol. On dirait une petite souris blanche qui se débat pourtant Nora fait de son mieux pour ne pas se débattre. Pour ne pas laisser son coeur s'emballer. Mais elle a peur malgré elle. Parce qu'il serre trop fort et qu'elle a du mal à respirer, à se calmer elle même. Son visage rond et blanc ressemble à celui d'une vierge miséricordieuse. Que ne donnerait-elle pas pour lui? Elle ne lui en veut pas. Pas même là.

« Johann s'il te plait... tu me fais mal mon amour, je t'en prie calme-toi. »

Elle a se ton doux et implorant que n'ont que les mères car il n'y a que les mères pour être si patientes. Les mères et les anges. Pourtant elle n'est ni l'un ni l'autre. Elle le regarde dans les yeux, et sa tendresse c'est le vert délicat de ses iris. Elle ne disparaîtra jamais. Pas même lorsqu'elle a un soubresaut nerveux en sentant la main de Johann glisser sous sa robe. Pourtant ce qu'elle lit dans les yeux de son loup ne lui plait pas. Elle a peur, peur de ne pas arriver à le calmer, ou de n'y arriver qu'une fois que le mal sera fait. Pourtant à chaque battement de coeur elle se rappelle qu'il a le coeur bon, qu'il ne lui fera pas de mal. Elle se raccroche à ça parce que pour être honnête, à cet instant elle n'a que ça. Jamais elle n'a regardé un autre que lui. Ni quand elle n'avait pas l'âge de penser à ce genre de choses, ni même maintenant qu'ils étaient ensemble depuis quelques années sans jamais s'être touchés. C'était vrai que son corps de femme adulte, éphémère, se languissait parfois. Il lui prenait de rêver qu'il la dévêtait ou qu'il la serrait contre lui avec plus de passion qu'ils n'osaient jusque là. Mais n'oublions pas quelle femme douce et timide elle pouvait être. Elle était même pudique dans sa façon de se dévêtir pour le rejoindre dans leur lit. On aurait eu peine à l'imaginer déshabillant des hommes du regard fût-il son propre mari. Elle n'aurait pas menti à ce sujet, elle y pensait parfois. Elle rougissait toujours de le voir retirer son t-shirt ou même simplement de le voir les cheveux mouillés. Mais elle était fidèle. Dévouée même.

« Tu en as envie n'est-ce pas? À me chercher, comme ça. À me chauffer. Désolé d'avoir pris mon temps, ma puce. C'est le temps que je ressorte. »
« Non Johann, ne fais pas ça. Je ne veux rien de tout ça, et toi non plus. Tu le sais... calme-toi. Tout ira bien je te jure Johann... écoutes. »
« J'vais exaucer tes prières. J'vais te sauter ce soir. Tu s'ras satisfaite, comme ça. Et t'iras pas voir les crêtois, 'kay? »
« Mais... », les larmes lui montent aux yeux comme rien, mais elle est forte alors elle retient tout.

Elle serre un peu les dents. Ravale tant bien que mal un sanglot. Il est cru et blessant, mais si elle se met à pleurer c'est à lui qu'elle fera mal. Et pour rien au monde...

« Je ne suis jamais allée voir qui que ce soit. Tu le sais ça. Il n'y a que toi... tu le sais Johann. Ne fais pas ça. »

Sa voix a du mal à sortir comme il la serre toujours à la gorge, mais s'il faut se saigner aux quatre veines pour lui elle le fera. Il le sait ça aussi. Elle espère qu'il le sait encore. Une larme lui échappe et va rouler sur le pouce de Johann. Et les larmes de Nora sont comme des caresses. Elles sont un cordial pour apaiser les âmes égarées... mais peut-être pas toujours.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
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► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 20:20




Elle détourne son visage. Johann aime quand elle est comme ça. Quand elle écoute. Quand elle ne fait rien pour le fâcher, parce que si elle le fâche, il sera plus en colère encore, et il se pourrait bien qu'un jour ou l'autre, il la tue. Juste parce qu'elle est comme ça. Qu'elle lui échappe. Il la soulève sans difficulté, force de la nature. Les loups sont des créatures puissantes, et pourtant dans l'ombre. C'est une drôle de chose, quand on sait qu'il pourrait lui arracher le cou, plonger ses doigts dans sa gorge pour en retirer quelques vaisseaux sanguins. Parfois il rêve de sa gorge, de pouvoir plonger ses dents dans sa chair, et goûter le fruit de sa jugulaire. Johann a des rêves en rouge. Le pire, c'est que ça l'excites.

« Johann s'il te plait... tu me fais mal mon amour, je t'en prie calme-toi. » Il a un petit rire, du bout des lèvres.
« Je suis calme, ma puce. Très calme. »

Et il disait vrai. Dans le cas actuel, il était calme. Pas gentil. Mais calme. Et comme il ressert ses doigts sur sa gorge, il n'oublie pas de faire un pas vers elle, et de laisser sa main sur sa cuisse, dessiner le contour de son genou, et remonter, se glissant lascivement sous sa robe. Du bout des doigts il effleure le haut de sa cuisse, son intérieur, et le tissu de ses sous-vêtements, mais n'y touche pas. Pas encore. Il se fait lui-même languir, parce que rien n'est meilleur que lorsque c'est attendu. Il pourrait se faire attendre une éternité pour ça, parce qu'il est patient quand il s'agit de ressentir le bien être. Il aime ça, plus que tout, et l'idée de déflorer cette petite créature qu'il tient au bout du bras, cette idée le rendrait presque joyeux. Oh, bien sûr il ne perds pas son sourire fin et large, ce sourire pincé et pervers, mais il n'y peut rien. Il n'y peut plus rien, puisqu'il ne contrôle plus rien. Ni son esprit ni son corps. Le Johann qu'elle aime avoir en face d'elle n'est pas là. Endormi au fond de sa conscience. Il laisse parler son autre facette. Le moins gentil. Le Johann qui faisait du mal aux autres enfants quand il était petit, qui a cent fois demander à sa mère de crever. Ce Johann si mauvais dans le fond.

« Tu en as envie n'est-ce pas? À me chercher, comme ça. À me chauffer. Désolé d'avoir pris mon temps, ma puce. C'est le temps que je ressorte. »
« Non Johann, ne fais pas ça. Je ne veux rien de tout ça, et toi non plus. Tu le sais... calme-toi. Tout ira bien je te jure Johann... écoutes. »
« J'vais exaucer tes prières. J'vais te sauter ce soir. Tu s'ras satisfaite, comme ça. Et t'iras pas voir les crêtois, 'kay? »
« Mais... »

La pauvre petite chose, elle pleur. Cela fait rire Johann qui se délecte de sa pureté. Où l'a t-il trouvé, cette Nora qui comprends et jamais ne pleur? Jamais ne cherche à se rebeller, à le gifler et à le mordre? Où est-elle, celle qui le tente tous les jours, quand elle dort dans ses bras? Il aimerait la prendre maintenant, contre la porte. Il aimerait serrer son corps, quitte à lui briser la colonne vertébrale dans son étreinte. Johann est violent. Ceux sont ses sentiments qui, lorsqu'ils sont libérés, n'en font qu'à leur tête. Ils sont tous très forts, et ils ne les contrôlent pas. Sa colère, son désir, sa haine. Tout ça, c'est comme un flot surpuissant qui se déverse jusqu'à qu'il n'y est plus rien. Plus la moindre goutte. Ensuite l'homme vide se relève, et il se remplira, jusqu'à la prochaine fuite. C'est la fission. C'est son caractère qui est fissurait et qui fuit. Johann est un extrême à lui tout seul. Tantôt froid et distant, tantôt brûlant.

« Je ne suis jamais allée voir qui que ce soit. Tu le sais ça. Il n'y a que toi... tu le sais Johann. Ne fais pas ça. »
« Tes supplications ne changeront pas ma décision. J'ai envie de toi. J'ai envie, de le faire jusqu'à l'épuisement. De le faire jusqu'à que mon corps s'endorme dans le tien. Je vais le faire. Que tu sois d'accord, ou non. Parce que je t'aime, Nora. »

Et même lorsqu'il disait l'aimer, il avait ce sourire sincère mais pervers. C'était sûr, il ne désirait qu'elle, mais quelle femme sainte d'esprit aimerait être désiré au point d'être violée? Sans doute aucune, ou celle qui n'ont connu aucun amour avant. Il la repose sur le sol, la détaille un instant. Il est beau, Johann. Grand, large, mais pas trop. Ses cheveux noirs sont courts, et tombent sur sa nuque. Il a les yeux clairs, bleus. Comme sa mère. Mais ses yeux à lui sont sombres, et ils ne sont pas doux. À ce moment, ils sont petits, et ils sont vicieux.

« Allonge toi sur le lit. »

Comme il parle, il défait ses manches et retire sa veste noire qui tombe sur le sol. Elle ne cille pas, ne bouge pas. Elle a peur? Et de quoi? Il siffle, agacé, et d'une main large et forte – qui ne contrôle pas sa force – il la pousse vers le lit. Quelques secondes plus tard, c'est le tissu blanc de sa chemise qui découvre le torse finement musclé du lycanthrope. Les dessins des muscles sur le buste, et la parfaite géométrie de ses épaules et de ses omoplates en auraient fait pâlir plus d'un. La peau de Johann est tannée par le soleil, pas énormément, mais assez pour qu'on la sente pleine de vie, cette peau de loup. Il grimpe dans le lit, se colle à elle. Même si il est en colère et vicieux, et que ses gestes n'ont aucune pudeur et aucune tendresse, il y a de la passion dans le geste. Il la désire, et pas une autre, et même si il la viole, il y a du sentiment, et pas juste le désir pervers de la faire pleurer. Encore que c'est plutôt beau, non? Pendant l'acte, de pleurer.

« T'inquiètes pas. La première fois, ça fait toujours un peu mal, mais j'suis sûr que tu vas aimer. Relax juste, et laisse toi faire, ma puce. »

Il se penche sur elle, tire ses jambes de chaque côté de ses hanches. Soumise à lui, dans la position la plus commune qui soit. Et lui, ça le fait rire, comme il pose sa bouche sur la sienne, comme il embrasse sa gorge, et même si elle n'est pas d'accord, c'est pareil. Et puis même si elle le dit, il fera ce qu'il voudra, parce qu'il est comme ça, Johann. Il décide de ce qu'il veut faire. Et si elle dit non, il se mettra sans doute en colère. Et là, et seulement là, il risque d'être violent. Plus qu'il ne l'est déjà.










Elladora Konstantine

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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 21:07


Elle frissonne quand il la touche. Mais pas de plaisir. Son dos aimerait fusionner avec le mur pour lui échapper. S'il y avait un dieu clément pour elle, il l'aurait changé en laurier comme une de ses femmes de la mythologie. Mais il n'y a ni dieu ni ange sur les douces épaules de Nora. Son Johann elle l'implore du regard, elle supplie qu'il refasse surface. Qu'il la sauve peut-être, parce qu'il l'aime. Elle n'en doute pas.

« Tes supplications ne changeront pas ma décision. J'ai envie de toi. J'ai envie, de le faire jusqu'à l'épuisement. De le faire jusqu'à que mon corps s'endorme dans le tien. Je vais le faire. Que tu sois d'accord, ou non. Parce que je t'aime, Nora. »

Il la repose au sol et l'air qui circule à nouveau s'étrangle dans sa gorge libérée. Elle porte la main à son cou et le regarde implorante. Elle sait que si elle ne veut pas le rendre plus mal disposé encore, elle doit prendre sur elle, ne pas le contredire. Elle sait qu'il l'aime. Mais elle sait aussi qu'il ne l'épargnera pas cette nuit. A moins qu'elle arrive à le toucher en plein coeur. Mais est-ce vraiment possible?

« Allonge toi sur le lit. »

Elle ne le regarde même pas faire alors qu'il commence à se déshabiller. Quelque part, avec toute la bonne volonté du monde, c'est au dessus de ses forces. Il la répugnerait si elle ne restait pas convaincue que tout ça ce n'était pas de sa faute. Mais au lieu d'obéir elle se protége de ses propres bras, serre les dents car elle sent qu'elle ne retient plus guère ses larmes, et derrière un rideau de boucles blondes qu'elle a coiffés longuement - pour lui - c'est un visage de piéta qui se cache. Mais il n'y est pas sensible. Il la pousse sans ménagement sur le lit. Alors elle pleure ouvertement, pas comme ses filles qui sanglotent et geignent. Nora ne fait presque pas de bruit quand elle pleure. Ses larmes coulent comme des rivières d'argent sur ses joues rosées et son regard reste suppliant. Mais ça n'a aucun effet sur Johann, malgré tout il se colle à elle, impudique, indélicat. Elle essaye de se soustraire à lui, se retrouve assise dans le lit, dos au mur. Elle prend le visage de Johann entre ses mains et murmure:

« Pitié non... non...»

Mais il ne l'écoute même pas. Il fait d'elle ce qu'il veut et comme elle sait qu'avec ces mains qui lui imposent de l'accueillir malgré elle, il pourrait la broyer, il pourrait la tuer, alors elle ne résiste pas trop. Elle ferme les yeux un instant et les larmes se font plus abondantes. Elle se mord la lèvre pour ne pas hurler d'horreur et pourtant il n'a encore rien fait n'est-ce pas?

« T'inquiètes pas. La première fois, ça fait toujours un peu mal, mais j'suis sûr que tu vas aimer. Relax juste, et laisse toi faire, ma puce. »

Elle lit dans ses yeux cet instinct destructeur qui promet le pire si elle s'oppose à lui. Alors elle essaye de faire ce qu'il lui demande. D'arrêter les larmes, les tremblements, elle essaye d'ordonner à ses lèvres de rendre ce baiser qu'il lui impose. Mais elle ne peut pas. Elle n'en a tellement pas envie. Si elle essaye ce n'est plus pour ne pas le contrarier, c'est parce que c'est lui qui a raison. Puisqu'elle ne peut pas se soustraire à lui, en n'essayant pas d'oublier sa réticence, c'est à elle même qu'elle rend les choses plus difficiles. Elle va souffrir. Il a raison. Alors elle caresse ce visage qu'elle ramène contre le sien...

« Johann j't'en prie... je t'en supplie. Tu ne veux pas, tu ne veux pas au fond de toi, je le sais moi. Ne fais pas ça... ne me force pas, laisse moi... laisse moi l'occasion de me donner, s'il te plait. Rien que ça. »

Elle le serre un instant contre elle. Pleure sur son épaule. S'il y avait eu un dieu ou un ange sur cette épaule, il aurait eu pitié d'un coeur aussi honnête, aimant. Mais il n'y avait pas de dieu... pas d'ange.









Wolfgang S. Orlov

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► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 21:40




Il la regarde, et elle est belle, Nora. Belle et proie facile pour les autres hommes. Il la tuerait si elle n'était pas vierge. Il veut savoir, tout de suite, maintenant, si il est son premier, si elle est celui qui l'aura du début à la fin. Et elle se refuse à lui, elle semble vouloir s'échapper. Il fronce un peu les sourcils, énervé, mais pas plus qu'avant. Il pourrait s'énerver encore plus que ça, mais ne le fera pas, parce que si il s'énerve, il l'étranglera et la tuera. Elle le fixe, et elle a peur. Elle a raison d'avoir peur, parce qu'il n'aura aucune pitié pour elle. Il va la briser sous ses doigts, et va en rire après, puis demain, lorsqu'il se réveillera et qu'il verra le sang sur les draps, et les pleurs de Nora, il comprendra et regrettera sans pouvoir le dire. Il est comme ça, Johann. Des sentiments qui ne sortent pas, ou qui sortent trop. Il a un sourire quand elle prends son visage. Peut-il l'embrasser, ou cherche t-elle encore à se soustraire à lui, vilaine?

« Johann j't'en prie... je t'en supplie. Tu ne veux pas, tu ne veux pas au fond de toi, je le sais moi. Ne fais pas ça... ne me force pas, laisse moi... laisse moi l'occasion de me donner, s'il te plait. Rien que ça. »

Il la regarde comme elle pleur, mais il n'est pas blessé, ni touché par les sanglots. C'est la marque des faibles. Personne ne devrait pleurer pour se sauver, parce que c'est une arme qui ne marche jamais en réalité. Bien au contraire d'ailleurs. Il la fixe, et a un petit sourire au coin des lèvres. Il se redresse, la fixe. Ses mains glissent de ses joues à ses seins, et de ses seins à ses hanches, puis quitte le corps parfait. Il se redresse, à genoux dans le lit, et il la regarde. C'est presque un regard de défi. Il n'a pas abandonné. Pas encore.

« Te donner à moi? Je te le laisse, ce moment. Je ne décide qu'une chose : il sera maintenant. » Il a un sourire lupin. Pas baveux, mais presque. « Séduis-moi comme ces deux fois. Séduis-moi. Je veux venir sans te toucher. »

Il a un petit rire du bout des lèvres. Pour lui, tout ça n'est qu'un jeu, une blague, une grande rigolade. Il n'a pas cette idée, infime, qui pourrait lui dire : tu pourris le restant de la vie de ta femme. Ça? Il n'en a rien à faire. Les pots cassés, c'est le Johann dépressif qui s'en chargera. Parce que Johann, c'est trois facettes. C'est trois états. L'état basique. L'état « Bad ». Et l'état « Post-Bad ». Le plus drôle. Celui qui hurle, qui chiale, qui jure préférer crever que de continuer à faire du mal à autrui. Comme si il le pensait. Au petit matin, c'est toujours le basique qui retrouve son corps, ses sensations. Ses souvenirs. Et qui ne dit rien. Parce que lui, il est privé de sentiment.
Non, vraiment, le monde est mal foutu.










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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 21:59


« Te donner à moi? Je te le laisse, ce moment. Je ne décide qu'une chose : il sera maintenant. Séduis-moi comme ces deux fois. Séduis-moi. Je veux venir sans te toucher. »

Il est écoeurant dans le cru de ses mots. Pourquoi faut-il qu'il soit si appliqué dans sa mesquinerie. Comme il s'écarte elle pourrait s'enfuir mais pas vraiment. Il ne la laisserait pas fuir et ensuite tout serait pire. Elle déglutit, se colle à nouveau au mur comme s'il pouvait la protéger. Comme s'il pouvait avoir pitié d'elle, lui.
Le séduire? Elle n'avait jamais su faire. Nora savait faire s'épanouir les fleurs. Elle savait retourner la terre pour la faire respirer. Elle savait suivre Johann sans se plaindre qu'ils aillent au bout du monde ou simplement au coin de la rue. Mais séduire... ça n'avait jamais été son domaine. Et les deux seules fois où elle avait osé s'y essayer avaient été de tel échec que même sans un époux criant de méchanceté devant elle, elle n'y serait peut-être pas arrivée. Elle n'avait jamais été à l'aise dans le rôle alors...

Et le sourire large de Johann ne l'aide pas. Non plus que son regard insistant. Elle baisse la tête, ferme les yeux forts et les essuie de son bras. Les dents toujours serrées, elle déglutit, et serre ses épaules entre ses mains comme pour défendre son corps mais petit à petit, avant qu'il ne devienne fou et qu'il ne la tue pour la lui arracher, elle défait les boutons de sa robe. Ses mains tremblent. Elle est maladroite. Elle s'y reprend parfois et elle est lente mais petit à petit, la robe s'ouvre. Elle hésite. Sanglote. Puis une de ses mains se pose sur son épaule et dénude son épaule. Rien qu'une parce qu'après elle n'a plus la force. Elle n'a même plus le courage de le regarder en face parce que maintenant elle a autant honte que peur. Elle voudrait tirer le drap sur cette épaule nue et s'enfuir. Elle n'est pas capable de plus. Elle se recroqueville un peu sur elle et ne souhaite qu'une chose: que ça se finisse vite.









Wolfgang S. Orlov

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► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 22:26




Elle est lente, mais lui se délecte du spectacle. Il est patient. Il a de plus en plus envie de la plaquer contre le matelas, mais ce n'est pas grave. Il attendra. Il la regarde, sourit au plus profond de lui, comme elle est prude. Si il est intéressant de voir qu'il a les mains sur ses propres cuisses, à proximité de sa ceinture, il ne fait rien de plus. Il la regarde. Il la fixe. Peut être trop quelque part, mais il n'en fout. Il n'a pas de honte. La morale, il ne connaît pas. C'est une science qu'il a oublié, qui n'a pas passé le cap de ses tympans. Mais elle s'arrête. Il relève le nez. Peut être était-ce trop demandé. Qu'importe. Il se servira. Il tends sa main, la pose sur sa nuque, avec un sourire fin.

« Allez, respire un peu bon coup. Faut se détendre. Si t'es toute tendue, ça te blessera. Allez, viens pas là. J'vais te détendre. »

Il s'approche d'elle, mais doucement. Oh certes, il n'est pas très poli, et pas très doux quand sa main épouse sa gorge, mais c'est parce qu'il est comme ça. Un peu brutal. Il est de ces hommes qui aiment faire grincer le lit quand ils sont amoureux. Ce n'est pas de sa faute. Johann, là, n'est qu'un concentré de sentiment refoulé et enfermé. Ça sort d'un coup, alors forcément, c'est plus fort, c'est sans limite. C'est un flot, un barrage qui éclate. Et quand il se colle à elle, qu'il embrasse sa gorge, que son autre main épouse son dos pour la coller à lui, il est amoureux, c'est sûr. Il est brusque. Juste. Un peu bourru quand sa bouche se presse sur celle Nora. Il se laisse tomber en arrière, sur le côté, emportant avec lui le corps de Nora. Il l'a dit : ça sera ce soir. Il se hisse sur elle, et il l'embrasse, passionné, mais fort. Il l'aime, ça se voit, mais elle, elle ne veut pas. C'est bête. Et sa jambe se glisse entre les siennes, et sa main, elle, fait glisser la manche sur son épaule. La main est avide, comme la bouche. Les lèvres qui se pressent sans cesse sur celle de Nora, qui la force à l'embrasser, qui se force en elle, pour trouver sa jumelle. Il dévore sa bouche, même si elle ne le veut pas. Et sa main, elle tire sur le vêtement pour qu'il découvre un sein. Il est blanc, magnifique, ferme et petit. Johann a un petit rire, joyeux, quand sa main l'englobe, petit dans sa paume.










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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 22:49


« Allez, respire un peu bon coup. Faut se détendre. Si t'es toute tendue, ça te blessera. Allez, viens pas là. J'vais te détendre. »

Elle essaye d'acquiescer mais le moins qu'on puisse dire c'était qu'elle n'y allait que contrainte et forcée. Mine de rien, Johann avait de la force même sans trop en faire. Alors elle se laisse allonger presque docilement, et quand elle pense à son père; à ce qu'il dirait, elle a honte et les larmes se remettent à couler. Ce n'est pas à son père qu'elle aurait dû penser à ce moment. Leur première fois aurait dû être leur moment à tous les deux. Elle aurait dû être parfaite. Au lieu de ça...
Elle ne lui parlait pas, prostrée en elle même. La passion dont fait preuve son mari l'étouffe plus qu'elle ne la met à l'aise. Elle le lui rend rien de ces caresses et se fait simplement violence pour ne pas le gifler, pour ne pas hurler. Elle criera en dedans c'est tout ce qu'elle peut se permettre.
Tout lui est insupportable. La chaleur du corps de Johann sous lequel elle est coincée. Sa façon de se forcer un passage entre ses cuisses qu'elle serre malgré elle, par réflexe. Sa façon de la déshabiller sans prendre le temps de vraiment la rassurer.
Elle s'était imaginé mille fois ce moment, et tandis que ses larmes continuent de couler, elle abandonne et son visage retombe sur l'oreiller. Elle ferme les yeux et se replonge dans ce qu'elle avait pensé que serait leur première fois. Elle imaginait Johann l'approcher avec sa retenue et sa maladresse un peu hésitante qu'elle aimait tant. Elle l'imaginait baiser ses lèvres si doucement qu'à la fin c'aurait été elle qui se serait montrer plus entreprenante. Et il l'aurait dévêtue doucement, avec attention, pas simplement avec cette avidité malsaine qui lui crispait tout le corps. Non elle ne pouvait pas se détendre. Il n'arriverait pas à lui faire desserrer les poings. Et rien que de penser qu'à être aussi tendue, comme il dit, elle aura encore plus mal, elle sent la peur, la vraie peur lui nouer l'estomac.









Wolfgang S. Orlov

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► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 24 Oct - 23:12




Entreprenante? Plus vraiment. Elle ne dit rien, elle passe son temps à pleurer et se retenir. Il n'aime pas vraiment cette façon qu'elle a de se tenir et d'attendre. Elle est froide, et il déteste. Il n'y a pas d'amour, rien. Elle ne le tient même pas dans ses bras. Si elle le frappait encore...! au moins, il y aurait du sentiment, de l'exaltation! Quelque chose! Mais non, elle ne fait rien cette greluche, elle attends. Et ça l'énerve encore plus. Elle ne mérite d'être trousser à quatre pattes, comme les chiens. Mais en même temps, c'est … non, c'est plus compliqué. À l'intérieur, il y a l'obscène, mais il y a aussi celui qui aime, alors les deux sentiments se transforment en perversion passionnée. C'est fou ce qu'on est obsédé quand on aime, non? Il se redresse, la lâche, la regarde d'un œil réprobateur. Il n'est pas content de son comportement. Il a un air ennuyé et vexé sur le visage. N'est-il pas assez beau, Johann, quand son corps est un bloc de marbre parfaitement dessiné? Il n'est pas plus moche que les autres. Au contraire. Sa race lui confère ce charme tout lupin, ce charme qui fait tourner les têtes dans les rues, et ce malgré sa tête de tueur ou de perdu. Il est comme ça, Johann, il plaît à toutes, aux plus légères, mais pas à la fleur de coton qui lui sert de femme. Il siffle entre ses lèvres, attrape la robe et la déchire d'un coup sec, l'ouvrant comme on ouvrirait une chemise. Le bruit est sec, net. Devant lui, il y a le soutient gorge blanc, et la culotte aussi. Le corps blanc et exquis. Jamais touché par un autre que lui. Un corps qu'elle cherche par instinct à dissimuler. Il va la faire mourir de plaisir. Si elle n'aime pas, il s'énervera vraiment, et peut être même qu'il la brisera.

« Bouge pas, sinon je vais m'énerver. »

Il défait sa ceinture et la balance, mais ne touche pas aux boutons de son jeans. Il se penche, attentif, passe ses mains dans son dos et défait l'agrafe de son soutient gorge, le posant sur le rebords du lit. Il passe ses mains sur le corps blanc, mais laisse les doigts sur ses hanches, se penchant un peu plus. Patient? Atrocement. Son jeans est déformé depuis le début, mais il l'a dit, ce qu'il veut, c'est la voir pleurer de plaisir, qu'elle crie de continuer, jusqu'à tomber de fatigue. Et il continuera, jusqu'à ce qu'il ait ce qu'il veut, sans quoi, il se fâchera; vraiment. Et qui sait, un loup fâchait, ça mords, non?
Il embrasse la poitrine offerte, la mordille par endroit, goûte à cette peau qui est comme un désert sur ses lèvres, crémeuse, onctueuse. Joli teint de pêche au goût de rose alors. Sa bouche descends, comme ses mains. Parallèle est le mot. Ses mains sur ses genoux, ses lèvres embrassent son nombril. Patient, oui. Mais il s'impatiente. Elle a tout intérêt à ne pas se plaindre, et à apprécier, parce qu'il jure, il va la mordre si elle n'est pas contente. Il va la mordre, la dépecer, la manger. Il va la dévorer sur place, loup affamé qu'il est.
Enfin ses doigts remontent, retire le dernier tissu blanc, et se penche un peu plus. Sa bouche épouse les courbes gracieuses de l'entre-cuisse. Son regard, pourtant, est rivé sur son visage. Il veut qu'elle se sente coupable de ressentir ce plaisir. Il veut qu'elle pleur. Qu'elle pleur de joie, de plaisir, bordel. Pas de dégoût. Ça l'énerve, de se sentir inhumain. De croire qu'il est un monstre.
Non. Il le sait. Il n'est pas un monstre.
Il n'est que lui.










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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Lun 25 Oct - 9:51


Elle pousse un petit cri et se protège le visage quand il arrache sa robe. Elle a eu peur qu'il la frappe. Il aurait pu la frapper elle le sait. C'est pour ça qu'elle ne bouge pas, qu'elle le regarde dans les yeux. Peut-être que quelque par si elle avait osé avant ils n'en seraient pas là ce soir. Elle sait que s'il est en colère ce n'est pas de sa faute, pas entièrement. Elle n'a rien fait pour. Mais il n'aurait pas chercher à la violenté si quelque part elle avait été une meilleure épouse, si elle avait su, si elle ne l'avait pas frustré. Elle ne lui cherche pas d'excuses. Ce n'est pas ça. Elle est juste tellement désolée de ce qui leur arrive. Désolée de n'avoir pas appris assez vite, de ne pas encore avoir trouver la faille de ce Johann cruel pour le protéger de lui même. Pour lui éviter toutes ces larmes, parce qu'elle le sait, après il pleurera, et il n'aura rien d'autre que ses bras à elle pour le réchauffer, pour l'entourer. Alors il faudra qu'elle ait séché ses larmes à elle, pour lui. Parce que malgré tout elle l'aime, et elle l'aimera demain encore.

« Bouge pas, sinon je vais m'énerver. »

Mais elle ne bougera pas, pas tant qu'elle se dominera un tant soit peu. Quand la douleur sera insoutenable, elle fera de son mieux et ce ne sera pas assez. Elle elle le sait déjà pourtant, elle ne lui casse rien. Peut-être seulement le plaisir de la voir aussi prendre du plaisir mais comment aurait-elle pu? A le voir s'entêter malgré ses supplications alors qu'il aurait dû la rassurer, la traiter avec douceur... Elle n'est pas attentive aux caresses qu'il dispensait, c'était mieux ainsi. Si elle avait été à ce qu'il lui faisait, elle aurait sans doute paniqué ou crié, elle l'aurait mis en colère. Alors entre ses sanglots elle le supplie simplement d'être gentil et elle continue de l'appeler mon amour comme si elle parlait à cet autre Johann près duquel elle aimait s'endormir. Mais il ne lui répond jamais son Johann, alors elle regarde par la fenêtre parce qu'elle ne veut pas associer son beau visage à ce sourire foncièrement mauvais, à cette profanation. Elle serre un peu plus les cuisses, mais pas beaucoup plus parce que son instinct de survie lui dit de ne pas se défendre. Faire le mort dans la gueule du lion en espérant qu'il se lasse et se détourne simplement de vous. Qu'a-t-elle de mieux à faire?









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Lun 25 Oct - 13:33




Elle ne bouge pas. Ne dit rien. Elle attends que ça passe. Il se redresse, la regarde. Un instant, il hésite. Il pourrait la frapper, ou partir. Son corps lui dit de la frapper, de la briser dans son étreinte. Son coeur, lui, de partir, et d'aller faire quelque chose. D'autre. Mais il est bien connu que cette mauvaise face, que l'on surnomme le Bad Johann dans la famille – pour rire, n'écoute pas son coeur, ni même sa raison. Il n'y a qu'une chose qui est, et cette chose, c'est le désir. Il défait sa ceinture, l'air mauvais. Elle l'énerve. Elle pourrait au moins faire semblant. Elle pourrait faire sembler de l'aimer, au moins maintenant. Il pourrait lui tordre le coup quand elle fait comme ça, quand elle croit qu'il ne la voit pas. Il grogne quand il défait les boutons de son jeans, en sifflant.

« C'est comme ça que tu m'aimes? À regarder par la fenêtre? Y a quoi? Y a ton amant? Y a un petit pédé auquel tu penses? Pour ça que tu mouilles pas. Avec un peu d'chance, t'aurais été frigide, ça aurait été plus drôle. J'ai essayé d'être gentil, Nora, vraiment. Mais t'en fais qu'à ta tête, et j'commence à en avoir marre de te voire chialer. Y a des filles qui se saigneraient pour ça, et toi, tu chiales. »

Il se penche, attrape sa figure et la sert. Ses joues se creusent sous ses doigts, et son ongle coupe sa joue. Il sert, un peu plus encore. Il est violent, et son regard n'indique rien de bon pour la suite. Il se tends, son dos s'arque alors qu'il souffle sur ses lèvres, d'un ton bas et narquois :

« T'as intérêt à faire semblant d'aimer un minimum, parce que sinon, j'vais la prendre cette porte, et j'reviendrais pas pour te voir. J'reviendrais jamais, parce que t'es chiante comme fille. Allez, arrêtes de chialer et écartes. »

Il baisse son jeans, son caleçon jusqu'au genoux. Il attrape une jambe, sans douceur. Il en a marre d'être attentif, d'être doux dans ses gestes brusques. Il tire sur ses jambes, la faisant glisser sur lit. Allongé devant lui, alors qu'il tient une jambe bien haute, il peut voir toutes ses formes, jusqu'à la courbe de son dos. Son autre main attrape l'autre jambe, la tire également, et ses mains glissent le long des jambes blanches jusqu'à ses cuisses. La vérité, c'est que même ce garçon, impulsif, colérique, sans limite, l'aime cette Nora. Johann est Johann. Qu'il soit en colère ou non, il l'aime sa Nora. Juste qu'ils ont, ces deux facettes, deux façons bien différentes d'aimer une femme. L'un est maladroit, l'autre violent. Violent? Oui. Mais pas entièrement. C'est pour ça que lorsque Johann approche son bassin du sien, il garde un oeil sur son visage.

« A quatre j'entre, 'kay? ...un, deux... »

Un coup de bassin lent et long introduit le vît. Il s'arrête cependant en chemin, la sentant se raidir. Il a un regard ennuyé. C'est vraiment con. Il a essayé de la mettre dans le bain, mais elle s'est entêtée. Et puis, c'est pas en se barbouillant le sexe de gomina que ça va mieux rentrer. Y a que dans les films de pédé que ça marche. Il siffle du bout des lèvres, passe sa main sur son visage et le relève. Sa main est forte sur son visage, et si son visage est dur, son regard est inquiet dans le fond. Il la fixe, elle semble se détendre. Enfin, croire que c'est presque fini. Qu'il ira pas plus loin dans l'horreur. Il a envie de rire et de lui dire « mais ma puce, il reste cinq centimètres! » mais ne dit rien au final. Au moins, elle ne peut pas avoir plus mal que ça maintenant. Et puis, il peut bien être gentil à rester un instant sur place. Il a sentit l'hymen. La blague. Lui qui était persuadé qu'il y avait un autre qui en avait profité. Il soupire, passe sa main sur ses joues, mais il n'est pas tendre. Il ne peut pas l'être. Il aime violemment.

« Arrêtes de faire la chochotte et concentre toi un peu. Regarde-moi, et... et j'sais pas. Pense à un truc qui te fait plaisir. Mais arrêtes de chialer, parce que si ça continue, ça va te faire de plus en plus mal. C'est dans ton intérêt, de te concentrer. »

Il la regarde, ennuyé. Il est au fond, mais il ne bouge pas, parce que s'il bouge, il va la briser à l'intérieur, et que s'il est furieux, à l'intérieur, il est soulagé. Il est son premier. Il le restera. Elle est à lui, pour l'éternité. Enfin, pour sa durée de vie, à elle.











Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Lun 25 Oct - 14:12


Il s'énerve mais elle ne répond plus. Pourquoi faire? Lui dire encore des mots d'amour qu'il n'écoutera même pas. Elle ne peut plus l'apaiser, c'est à lui de se calmer tout seul mais il ne va pas la laisser le quitter une seule seconde. Alors elle devra le subir jusqu'à la fin.
La première fois de Nora est douloureuse. Pire que ça. Son corps de femme est fermé malgré elle. Et si un homme ordinaire n'aurait rien pu en faire, Johann, avec la force des loups ne se rend peut-être même pas compte qu'il n'y a pas de passage. Tout lui cède à lui et si la progression est difficile, elle se fait malgré tout. Dans le sang et la douleur. L'hymen qui se rompt ce n'est rien comparé au reste. L'hymen qui se rompt se n'est que trois petites gouttes de sang sur le drap blanc mais demain matin, Johann n'aura même pas le plaisir de les voir ces trois petites gouttes, parce qu'elles se seront oubliées dans un peu plus de sang. Pas assez pour inquiéter vraiment, mais suffisamment pour imprimer sur le lit un petit cercle de carmin, de la taille de la paume d'une main. Qu'est-ce que c'est après tout. Elle a si mal que ses ongles s'enfoncent dans le matelas, elle n'a que quelques gémissements stridents de douleur à donner et si elle sert ses bras autour de lui finalement c'est parce que c'est insoutenable. Peut-être qu'il l'a compris. Peut-être qu'il a eu pitié finalement parce qu'il ne bouge plus. Il s'est arrêté, alors elle rouvre les yeux, tremble mais le regarde. Elle semble si pâle tout à coup.

« Arrêtes de faire la chochotte et concentre toi un peu. Regarde-moi, et... et j'sais pas. Pense à un truc qui te fait plaisir. Mais arrêtes de chialer, parce que si ça continue, ça va te faire de plus en plus mal. C'est dans ton intérêt, de te concentrer. »
« ... alors... alors je vais penser à toi.. à tout ce que je t'aime quand tu me serres dans tes bras, doucement... que tu ne fais pas mal. Je vais rêver que tu m'aimes et que tu ne m'accuses pas de toutes... de toutes ces horreurs... je vais... rêver que tu es mon Johann qui ne me ferait jamais le moindre mal et qui me fait confiance quand il pose son front sur mes genoux... celui qui m'a promis... qui m'a promis jusqu'à ce que je meure... »

Elle va rêver parce que dormir c'est déjà un peu mourir et ne plus rien sentir. Elle ne fait pas sa chochotte comme il dit. Elle est forte. Elle n'a pas crié quand d'autres auraient déchiré le drap tellement ça fait mal. Ca fera toujours mal maintenant. Et si le sang donne à Johann l'impression d'être mieux accueilli, ce n'est qu'une illusion de rouge et de chairs à vif.
Une fraction de seconde elle pense qu'après ça, c'est elle qui va le quitter pour ne plus jamais revenir. Mais l'idée lui fait tellement mal. Non. Elle ne veut pas le quitter, et surtout, elle ne veut pas qu'il la quitte. Elle s'est emportée comme les mères quand elles ont un moment de fatigue et que leur enfant turbulent n'en manque pas une. Non elle ne le pensait pas. Pas vraiment. La seule manière de quitter Johann qui soit acceptable dans la tête de Nora, c'est la mort. Parce qu'ils se sont déjà mis d'accord là dessus. Parce que le temps passe sur elle et l'épargne lui et parce qu'elle n'a toujours pas eu le courage de faire ce qu'il fallait. Mais il a promis qu'il veillerait sur elle et elle, a promis de le laisser faire. Les choses sont ainsi faites. Lui l'immortel, elle l'éphémère. Elle ne va pas le quitter et si c'est lui qui la laisse elle mourra de chagrin. Sans qu'elle puisse y faire quoique ce soit les mots de Johann, ceux qu'elle n'a pas écouter, lui rongent le coeur et elle culpabilise. Peut-être que c'est vrai tout ça, peut-être qu'elle est ennuyeuse et que c'est lui le patient des deux.
Elle ferme les yeux parce qu'elle sait que c'est toujours comme ça. Elle ne peut pas être indifférente même en sachant qu'il n'est pas vraiment lui.

Elle lui caresse le visage et quand il ne dit rien, quand il arrête de sourire méchamment il est toutes ses personnalités à la fois. Il n'est qu'un en fait, alors elle a un sourire malheureux comme la pluie et elle l'attire contre elle, comme pour faire semblant qu'il l'aime même comme ça. Comme pour faire semblant que c'est fini et que c'était bien. Elle le serre contre elle pour avoir moins froid. Pour avoir moins peur. Pour que ça s'arrête.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
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► MESSAGES : 585
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 31 Oct - 1:02




« Arrêtes de faire la chochotte et concentre toi un peu. Regarde-moi, et... et j'sais pas. Pense à un truc qui te fait plaisir. Mais arrêtes de chialer, parce que si ça continue, ça va te faire de plus en plus mal. C'est dans ton intérêt, de te concentrer. »
« ... alors... alors je vais penser à toi.. à tout ce que je t'aime quand tu me serres dans tes bras, doucement... que tu ne fais pas mal. Je vais rêver que tu m'aimes et que tu ne m'accuses pas de toutes... de toutes ces horreurs... je vais... rêver que tu es mon Johann qui ne me ferait jamais le moindre mal et qui me fait confiance quand il pose son front sur mes genoux... celui qui m'a promis... qui m'a promis jusqu'à ce que je meure... »

Il la regarde. À la vérité, il n'est pas touché par toutes ses phrases. Pas encore. Il faut que son cerveau malade assimile les mots, un à un, qu'ils les assimilent pour les assembler et en faire un message. C'est une accusation forte qu'elle lui fait là, mais pour l'instant, c'est la personnalité la plus extrême qui a prit possession du corps, et c'est la seule qui régira la chair et les os du loup jusqu'à que le message soit compris, assimilé. Jusqu'à qu'il soit digéré par la cervelle grasse. Il ne bouge pas, la fixe, la regarde. Il sait bien que les mots ne sont pas vains, qu'elle a mal compris. Qu'elle croit que c'est fini. Mais non. Cet acte n'est pas stérile. Il ne le sera pas. Il ne le sera jamais, puisqu'il est loup, et que par conséquence, il est de ces hommes qui font bien l'amour, qui le font longtemps, qui le font bien. Enfin, en théorie. Parce que Johann a oublié dans son extrémisme comment on traite une femme, et si son comportement aurait plût à d'autres, plus vicelardes et moins pudiques, visiblement, Nora n'aime pas. Sinon pourquoi se serait si serrer tout en bas? Pourquoi il y aurait cette auréole rouge? Pourquoi ces filets de sang qui tâchent l'entre-cuisse blanc nacré? Le loup sent bien le sang, et si par instinct il aimerait y mordre, il se retient, parce qu'il n'est pas tout à fait fou. Extrême, oui. Mais pas fou. Pas encore.
Elle lui caresse alors le visage, il a un petit sourire en coin. Il n'est ni méchant, ni tendre. Il ne promet rien. C'est un sourire habituel pour ce Johann là. C'est un sourire banale. C'est un sourire qui n'a aucune signification, sinon celle d'un petit bonheur. Elle le sert aussi. Oui. Définitivement, elle n'a rien compris. Elle n'a rien saisit. Elle ne sait rien. Mais il ne peut pas lui en vouloir. Pas à elle. Il embrasse sa joue, puis sa pommette et son oreille. De nouveau sa joue, puis la commissure de ses lèvres et sa lèvre. Attentif, oui. Mais pas doux comme le serait Johann. On ne peut pas tout lui demander. Qu'il attende et qu'il soit patient, c'est déjà beaucoup pour un être extrême comme lui, qui ne connaît pas la demi mesure. Il est de ce genre d'homme qui tue par la colère, qui pleur par la peine, ou encore qui se tremble quand ils ont peur. Mais jamais, non, jamais, il ne fera une chose à moitié. Et comme il aime cette femme qui le sert contre elle, il l'embrasse, et ses mains se posent sur ses hanches. Il n'est pas brusque, mais il n'est pas patient non plus. Il ne peut pas l'être, parce que c'est douloureux dans le creux de son estomac. Parce qu'il commence à y avoir autre chose dans son crâne que cette fouterie de coucherie. Parce qu'il y a l'ébauche de sa dernière personnalité.
Il recommence ses mouvements calmes, lents et patients, mais ça doit forcément faire mal. Il y a pourquoi une certaine sensualité dans le geste, et il l'embrasse de cette façon qui ferait mourir toutes les autres filles. Mais rien. Ou alors si. La douleur. Mais lui n'y peut rien. Il n'y peut plus rien en réalité. Certains disent que les femmes qui s'abandonnent à leur agresseur ont un certain plaisir machinale, à cause de leur corps qui réagit par réflexe. Nora n'a visiblement aucun réflexe humain. C'est dommage. Il est calme, mais bientôt il se crispe, sert un peu ses mains sur ses hanches alors qu'il continue à être plutôt gentil avec elle. Gentil dans son sens. Il aurait pu cesser, mais ça, il se le refuse. Ne jamais rien faire à moitié. Alors il continue, il ondule son bassin contre le sien, et les coups sont doux, attentifs. Ils ne cherchent pas à la détruire. Ils cherchent au plus le plaisir, et si elle n'y est pas réceptive, il n'y peut rien. C'est comme ça pendant de longues minutes. Les cinq premières sont les plus difficiles, parce que le corps doit s'habituer, au rythme, au mouvement, et à ce corps étranger qui agresse. Puis quand le corps est habitué, quand les muscles ont finalement abandonné, la chose est moins douloureuse. Pas sans douleur. Juste moins douloureuse. Et il continue, encore. Encore, jusqu'à se courber, jusqu'à haletait, parce qu'il sent son corps qui tremble. Il a fermé les yeux. Un instant. Puis il les a rouvert, sur elle, qu'il a embrassé, encore une fois, et son corps, quand il a sentit son parfum, l'odeur du sang et celui du coït, son cerveau a cessé de fonctionner. Le corps s'est tendu, s'est crispé, il s'est rapproché au plus de son corps à elle, et il s'est rendu. Il s'est tout simplement rendu, fatigué, épuisé.
Et au moment même où il s'était arrêté, les larmes ont coulé. Ignobles sur le visage du loup. D'un extrême à un autre. Où est-il le violent guerrier, à la fierté et à la violence rare? Perdu. D'un extrême à un autre. Il montre un nouveau visage, et quand il se redresse, relâchant ce corps, rompant tout lien avec lui, il la voit sous un autre jour. Mon dieu que c'est laid, comme il voit les cuisses tâchaient de sang, et l'auréole sur le drap, ultime preuve de son crime. Il a envie de vomir. Il est malade. Vraiment malade. Son coeur se sert, et ses larmes coulent en des flots intarissables. Il pose sa main sur sa bouche, dans un haut le coeur.

« Qu'ai-je fait...? Mon Seth... Je... J-Je suis un monstre. »

Ultime instant de lucidité.










Elladora Konstantine

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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Dim 31 Oct - 19:27


Ce mauvais démon qui la martyrise, elle l'aime pourtant. De tout son coeur. On ne fait pas plus sincère que Nora quand elle parle d'amour à Johann. Et même ce diable qui se croit haït, elle ne lui en veut pas. D'ailleurs quand il se fait moins méchant et qu'il l'embrasse sans encore bouger, elle lui rend ses baisers. Peut-être pas avec la fougue qu'il voudrait car après tout elle n'était que Nora, pas une de ces femmes fatales que l'on voyait à la télé et qui avaient le don de tout prendre en main et de dominer en faisant croire qu'elles se laissaient faire finalement. Elle ne demande pas grand chose, juste à ne pas être forcée. Mais pour ça c'est trop tard. Entre ses larmes elle sourit mais ce cadeau s'évanouit sur ses lèvres lorsqu'il se remet à bouger.
Elle serre les dents et ses bras autour des épaules de Johann mais elle ne lui fera pas mal; il n'y a pas de risque. Les larmes se remettent à couler d'elles-mêmes et pour être honnête si elle ne hurle pas, la douleur est bien présente. Au début c'est même pire puis elle s'y habitue. Son corps à pitié d'elle peut-être, où bien est-ce celui de Johann qui est enfin décidé à l'épargner? Elle n'en sait rien mais elle s'habitue à la douleur le temps qu'il s'arrête à nouveau, pour de bon cette fois.

Nora le regarde se redresser. Il pleure, mais elle n'est pas surprise. Elle sait qu'il est comme ça. Qu'il n'y peut rien. Lorsqu'il se retire elle grimace mais se retient de pleurer encore, pour ne pas lui faire plus mal encore. Il a bien assez mal à voir leur lit dévasté. Les draps tâchés de sang et elle le visage tracé de larmes. D'instinct elle tire la couverture pour cacher tout ça, elle le regarde dans les yeux sans vraiment arriver à se donner la contenance qu'elle voudrait.

« Qu'ai-je fait...? Mon Seth... Je... J-Je suis un monstre. »

Cinq minutes avant qu'il ne change, elle s'était dit que la première chose qu'elle ferait quand il s'endormirait, ou quand il la quitterait tout simplement, ce serait de courir vers la salle de bain. S'y enfermer pour se retrouver seule avec elle même et l'illusion d'être protégée par les murs qui l'entouraient. Là, elle se serait lavée longuement, elle aurait pris un bain bien chaud pour oublier et peut-être s'endormir. Elle aurait eu ce moment à elle, rien qu'à elle, pour pardonner. Mais ce moment là, elle ne pourrait pas l'avoir maintenant. Ce n'était pas fini. Pas encore. Il fallait qu'elle soit là pour lui. Pour le tenir contre son épaule et lui murmurer que tout aller bien. Que tout irait bien malgré tout. Il fallait qu'elle soit là pour lui maintenir la tête hors de l'eau et elle serait là, comme toujours, et elle oublierait qu'elle aussi a mal jusqu'à ce qu'il s'endorme. Et peut-être qu'après ça, elle aurait son moment pour oublier et fermer les yeux elle aussi.

« Ne dis pas ça, ça n'est pas ta faute Johann... ça n'est pas ta faute. »

C'est la première fois qu'elle a mal à le lui dire. Elle voudrait avoir le droit de le haïr, rien qu'un instant, de se mettre en colère, de hurler mais elle ne le fera pas parce que dans le fond, ce qu'elle dit est vrai. Elle tend la main pour attraper sa chemise de nuit qui est toujours soigneusement pliée sous l'oreiller. Elle a honte et elle ne veut pas être regardée bien qu'elle mette pour l'instant de côté ses propres besoins. Elle se rapproche enfin, passe outre le frisson désagréable qui lui remonte l'échine à l'idée d'un contact physique, puis le prend dans ses bras. Ses lèvres baisent le front et les tempes de Johann. Elle a la douceur d'une mère Nora quand elle fait ça. Elle ne peut de toute façon pas encore avoir les attentions d'une amoureuse, pas ce soir. Même si elle l'aime sincèrement. Elle ne lui dira pas que ce n'était rien parce qu'elle ne lui ment pas. Mais il n'y a rien à faire, personne à accuser vraiment alors:

« Laisse-moi refaire le lit... »

Sa voix est douce mais elle n'arrive pas tout à fait à le regarder dans les yeux. Il faut qu'elle s'occupe les mains, alors elle s'applique. Elle retire les draps en prenant garde de ne pas exposer la marque accusatrice. Elle retire jusqu'à l'alaise elle aussi tâché de sang et leur refait un lit, propre. Vierge. Elle soupire enfin quand il part prendre une douche. Enfin elle descend à la cuisine et se rince le visage. Elle attendra son tour pour la douche. Elle reste un instant dans le noir, les poings serrés. Alors les larmes coulent, bruyantes, maintenant que Johann ne peut pas la voir, et ça fait du bien.









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
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► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Mer 24 Nov - 19:43


Sous l’eau, Johann ne dit pas un mot. Ses larmes sont salées. Il sait ce qu’il a fait, et il aimerait mourir. Mais rien ici ne l’aidera. Peut-être le miroir? S’il le brise et en prends le tranchant pour se rompre la gorge? Il ignore si cela aura un effet sur lui. Il ignore tout. Il aurait aimé avoir quelque chose en argent, pour mieux se l’enfoncer dans le corps, bien profond dans le coeur. Mourir vider de son sang dans la douche. Il grogne contre lui-même. Si seulement il pouvait revenir en arrière, mais rien n’est possible. Ce qui est fait est fait. Alors pendant plusieurs minutes, longues, il reste prostré dans le coin de la baignoire, les mains sur les tempes, et il réfléchit. A ce qui est le mieux. Partir et vivre avec. Il n’a pas le droit de choisir pour elle. Pas après ce qu’il a fait. Il a les paupières qui clignote. Il est fatigué comme s’il n’avait pas dormi pendant cent ans. Il sort de la douche, les épaules basses et le corps fourbu d’une fatigue qui n’existe pas. Ses yeux se baissent, il regarde le sol. Attrape une serviette et la passe dans ses cheveux, puis essuit ce corps traître, qu’il ne possède pas vraiment pour lui seul. Il secoue doucement la tête, entoure sa taille de la serviette blanche, et laisse sur le sol ses vêtements en vrac. Il ne ramassera pas. Parce qu’il n’a pas la tête à le faire, et parce qu’il sait qu’il va tomber dans quelques instants. Il le sait, quand il passe la porte et se laisse tomber dans le lit, le visage déjà fermé et endormi. Il a les yeux rougies par les larmes, les sourcils froncés, mais tout cela aura disparaît dans quelques heures, quand aux dernière heures de la journée la lune se lèvera et le rendra à sa première personnalité, celle que Nora aime, celle qui ne pourrait jamais lui faire du mal. Sur le lit, il dort, en attendant ce moment. Elle, ne remonte pas avant longtemps. Elle sait qu’il dort alors c’est le moment. Quand il dort elle peut pleurer sans lui faire mal. Elle peut se plonger elle aussi dans un bain brûlant et s’y noyer. Pendant qu’il dort. Parce qu’après, il faudra être forte pour lui, c’est comme ça. La chaleur de l’eau lui rougit la peau mais la lave du sang. Par endroit ça la brûle mais elle reste, parce que brûler c’est le seul moyen d’effacer. Peu à peu, pendant qu’elle infuse, elle s’apprend à ne pas lui en vouloir, avec amour. Puis elle sort de l’eau, ramasse leurs vêtements pour aller les laver. S’occuper. Ne pas penser à ça maintenant, tout simplement parce qu’elle pourrait être une sainte, elle ne serait pas pour autant sûre de pouvoir se contrôler elle non plus. Alors elle prend la matinée pour oublier. Elle se fait un café extra fort mais elle ne sort pas. Ca ne lui ressemble pas. Elle a tant aimé le soleil sur sa peau, dès le tout premier jour. Quelque part le soleil ressemble à son père, il est doux et chaud. Il vous enveloppe et vous protège. Or elle ne se sent pas prête même pour ça. C’est Johann qu’elle veut, celui qui dort à l’étage derrière un masque sans expression. Alors timidement elle remonte, incertaine. Elle entre dans leur chambre et le regarde dormir jusqu’à ce qu’elle sente venir le froid de la nuit. Alors elle se dit qu’elle devrait être près de lui quand il se réveillera, parce que c’est mieux. Surtout parce qu’elle ne veut pas rappeler hier. Hier était un autre jour. Elle prend sur elle et arrive même à faire naître un sourire doux sur ses lèvres, un peu pâle peut-être, à peine, mais il n’est pas hypocrite. Avec le vent du soir, et surtout les rayons de la lune, c’est Johann qui se réveille, lentement. Il ne bouge pas, parce qu’il est posé et doux comme la bise. Johann est doux, il n’y a que sa voix qui sonne comme le tonnerre, rauque et grave, quoique chaude. Il ouvre lentement les yeux et regarde autour de lui avant de bouger. Il fait toujours ça. Il apprends à reconnaître ce monde qui lui paraît bien étrange parfois. Il apprends à comprendre, à voir la couleur, à en déguster toutes les senteurs, pour mieux assimiler. Il se rappelle. Il n’est pas fou, pas de ces hommes qui peuvent se vanter et dire “je ne m’en rappelle pas”. Lui s’en rappelle. De tout ce qu’il fait. Des méchancetés jetés au visage de sa mère, nombre de fois quand il était jeune, et de toutes ses fois où il a été trop vite avec les filles. Deux exactement. Après il a fermé les yeux, il a arrêté, parce qu’il ne saurait jamais vraiment y faire avec elles. Parce qu’il n’est pas totalement doux, qu’il peut être terrible, avec des yeux qui cherchent à tuer et une bouche qui crache des couleuvres. Un corps qui ose détruire ce qu’il a de plus cher au monde. Il ne peut pas pleurer, parce que lorsqu’il est lui, il n’y arrive pas. Il n’a jamais pleurer et ne pleurera jamais. Il le sait. Pourtant, il aimerait à l’instant, car si la douleur est infime à l’intérieur, car étouffée dans un bain d’indifférence, il sait ce qu’il a fait, et ça lui suffit pour, quelque part, regretter d’être lui. Encore une fois.

“ Tu n’as pas besoin de sourire si tu ne le veux pas, Nora. ” Il se redresse lentement dans le lit, très lentement, regarde ses mains. Il a un peu froid, mais ne dit rien, n’a pas le droit de se plaindre de rien.

Elle fronce légèrement les sourcils, puis baisse les yeux. Rien qu’une seconde. Finalement c’est lui qu’elle regarde comme toujours. Elle hésite puis se rapproche sans toujours le toucher.

“ … Je... j’en ai envie.”, paradoxale vu la situation, elle s’en rendit sans doute compte puisque..., “ j’ai envie de sourire, j’ai envie d’oublier Johann.”

Dans ses yeux ce n’est ni haine, ni amertume, c’est un peu d’impuissance. Elle ne cherche là qu’une main tendue. Il la regarde, baisse les yeux un instant pour réfléchir, et il ne comprends pas vraiment ce qu’est qu’oublier, lui qui ne fait que ressasser, mais il imagine que c’est ce que les gens font de ce qui fait mal. Alors il veut bien. Pas oublier, mais juste ne pas en parler. Pour ne pas ressasser. Il relève les yeux sur elle et tends la main, lentement, elle s’arrête un instant, puis finalement frôle la joue de Nora et remet derrière ses oreilles une mèche de cheveux trop longue, qui barrait son visage. Il la regarde, sans un mot, avec ce regard qui n’appartient qu’à Johann, doux et absent à la fois. Il est un peu vague, mais c’est sa façon d’être. Elle est plus vivante à sa façon. Elle souffre peut-être de se rendre compte que malgré toute sa bonne volonté, ce n’est pas si facile. Elle couche son visage dans cette main qui la contient mais elle ne feint jamais et comme son coeur se serre, la douleur la casse en deux. Alors elle pose son front sur les genoux de Johann, leur monde à l’envers en quelque sorte, puis elle pleure. Pudique. Sans faire le moindre bruit. Il la regarde, sa main caresse ses cheveux, silencieux. Il est touché, c’est juste que ça ne se voit pas. N’importe quel homme devrait être toucher des larmes de sa femme.

***

Plitvice, Croatie

Les pieds dans l’eau, une après midi ensoleillée de Croatie, Nora a regardé Johann pêcher. Ici le poisson foisonne à ce point qu’elle les sent glisser sur ses chevilles. Le bas de sa robe d’été est un peu mouillée. Finalement elle sort de l’eau et va chercher quelque chose dans son sac. Elle s’y arrête un instant puis le referme finalement, comme si elle avait changé d’avis. Il y a une drôle d’expression sur son joli visage à peine halé par le soleil. D’un geste habitué, elle attache ses beaux cheveux blond d’or, puis se retourne vers Johann, dans l’eau jusqu’à la taille. Elle a fait un bon feu, un peu éloigné de l’endroit où ils dormiront ce soir pour ne pas attirer les ours. Les chemins de randonnées qui courent les lacs mineurs sont magnifiques à cette période de l’année. Les eaux bleues turquoises rappellent l’azur précieux des cieux, tout cela a un petit goût de paradis pourtant ils sont bien sur le chemin du retour. Ils rentrent parce que... c’est mieux ainsi. Sur la route Nora a été égale a elle même, douce comme un rayon de soleil. Elle a travaillé à oublier mais depuis quelque jour il semble que quelque chose ne va pas... Et si Johann ne dit mot, il l’a bien remarqué. Parce qu’il voit tout, à défaut de parler. Il sort lentement de l’eau, torse nu mais le short de toile trempé. Ce n’est pas ce qui le dérange, mais plutôt le bâton de fer où s’agite encore le poisson couleur arc-en-ciel qui s’y agite. Il était beau ce poisson, mais pas assez rapide, et c’est les plus faibles qui y restent - c’est bien connu. A sa main, plusieurs morsures de petits poissons qui se referment. Il s’approche du feu, s’agenouille et sort de son sac un couteau pour enlever les écailles de la bestiole, qui seraient dégoûtant à manger, et pas vraiment bon pour une humaine comme pour un loup. Il enlève une à une les écaille, puis, le poisson - posé sur une planche de bois, s’attends à bien pire encore : l’éventrement. Le couteau est sans pitié, mais rapide. Il coupe le ventre de la bête, en sort un filet noir qui, chauffé, aurait donné un goût exécrable au poisson, et finalement, d’un coup sec, il tranche la tête du poisson. C’est prêt à être cuit. Il relève le regard, tranche en lanières épaisses la chair rosée de l’animal, et les enfile sur un pic de fer, qu’il ajuste au dessus du feu, assez haut pour que la chair ne brûle pas trop vite. Il relève le nez, regarda Nora, toujours aussi belle. Il a un sourire à l’intérieur, et ça se trace à peine sur son visage, mais pour qui vit avec lui reconnaît deux expressions très différentes. Elle, rougit doucement et ce sourire lumineux qui la caractérise si bien vient effacer la légère ombre à ses yeux. Il s’assoit à côté d’elle, regarde le feu qui crépite, puis penche la tête, l’observe du coin de l’oeil :

“ Nous ne sommes plus très loin. Dans deux petites semaines, nous serons au campement. ”

“ Nous aurons été vite. D’après la carte de ma mère demain on va devoir se trouver une chambre en ville. Si on garde un bon rythme. Tiens.”, fit-elle en lui tendant un morceau de poisson.

Le repas finit, ils éteignirent le feu puis ils se lovèrent l’un contre l’autre, dans leur tente, un peu plus loin. Seulement Nora ne s’endormit pas. Elle avait l’esprit trop ailleurs. Les yeux bleus sombre de Johann l’observaient, sans un mot, puis son esprit lui dicta qu’il fallait bien qu’il parle. Au moins une fois. Qu’il pose cette question, parce qu’elle ne trouverait de réponse que si elle était posée.

“ ...tu es malade? ”

“ Moi? Non pourquoi, tu trouves que j’ai mauvaise mine?” Il eut un sourire, fin. L’oeil était amusé.

“ Non, tu es très bien. Un peu bizarre, c’est tout... Tu réfléchis beaucoup. ”

Elle savait pourtant bien que ce genre de chose ne pouvait pas lui échapper à lui. Elle eut un sourire un peu gênée.

“ Je pourrais être enceinte... Johann.”, finit-elle par avouer, pas vraiment sûr de ce qu’il en dirait.

Elle non plus n’était sûre de rien, ce n’était peut-être que spéculations fantasques mais mine de rien ça la travaillait. Ils n’avaient même encore jamais parlé d’enfant, et elle n’était pas persuadée qu’ils soient prêts à en avoir. Elle serra la main de Johann dans la sienne, attendant de savoir ce qu’il allait dire. Mais il resta plusieurs minutes silencieux. Il réfléchissait toujours un peu trop longtemps, c’était vrai. D’un côté, le bon Johann était patient et un peu lent, il mettait du temps dans sa réflexion autant que son dans action. De l’autre, on avait le terrible Johann, brutale et impulsif, qui ne réagissait qu’aux instincts et à ses envies. Autant dire qu’il valait mieux qu’il réfléchisse à cette question plus posément. Et comme il finissait sa réflexion, il souffla, sur le ton qui aurait servi à n’importe quelle phrase :

“ C’est dommage qu’on est pas de virginale pour vérifier alors? ”

Elle leva les yeux sur le visage de Johann, toujours surprise par ses réponses bien qu’elle le connaissait parfaitement bien.

“ J’ai acheté un test de grossesse quand on est passé à Zadar...”

“ Et ça donne...? ”

“ Je n’ai pas encore osé le faire.”, ses yeux trahissaient qu’elle avait un peu peur du résultat, elle ne le lui cachait pas. Il pencha un peu la tête :

“ Tu devrais. C’est important. ” Il réfléchit à nouveau, puis souffla : “ C’est parce que ça fait mal? ”

Il parlait bien évidemment du test, n’en sachant que trop rien. Ne s’y étant jamais vraiment intéressé. Ca avait été déjà une découverte quand il avait vu que sa femme saignait cinq jours par mois, alors imaginez un peu la surprise qu’il aurait face à un bout de plastique, trop habitué à voir les filles gloussaient et rougirent en tenant une virginale sans être enceinte, mais trop heureuses à l’idée qu’un jour, cette fleur fleurirait dans leur main. Nora eut un petit rire, comprenant bien le quiproquo.

“ Non, ça ne fait pas mal du tout c’est... un peu dégoûtant en fait comparé à la virginale. C’est moins romantique en tout cas. Mais ça ne fait pas mal, c’est juste que... c’est tôt non? Tu es prêt toi?...”

Johann la regarda, ne comprenant pas trop ce qu’elle voulait dire par “prêt”, étant donné qu’on est jamais vraiment prêt jusqu’à que ça nous arrive sur les bras, mais à leur âge, à tous deux, peut-être que c’était un peu tôt, quand on voyait que leurs parents avaient mis huit siècles à engendrer. Il eut un pauvre sourire, léger sur le visage, mais gros à l’intérieur :

“ On a pas vraiment le temps. Le plus vite sera encore le mieux. ”

Elle aussi eut un pauvre sourire. Pas le temps, en effet....

“ Je reviens.”

Elle glissa d’entre ses bras, filant hors de leur tente. Elle s’éloigna un peu plus loin dans les bois, le test à la main. Le bruit de l’eau omniprésent la rassurait un peu. Elle repensait à la manière dont cet enfant avait été conçu et pendant les trois longues minutes d’attente, elle se projeta, imaginant ce qu’elle pourrait bien dire. A son enfant. A son père. Aux louves qui se moqueraient encore un peu plus d’elle. Elle avait l’habitude des railleries ce n’était pas le problème. Les louves étaient cruelles quand elles en avaient après un prince. Elles ne savaient rien de Johann mais tout ce qu’elles voyaient c’était qu’il s’était trouvé comme elles le disaient elles même “un petit passe temps, un amuse-gueule”. Une humaine qui l’occuperait pour les quatre vingt ans à venir beaucoup moins avec un peu de chance. Nora sera les poings, contrariée. Elle avait tout entendu en matière de commentaires jaloux, méchants et aigris. Mais si elle devait avoir un enfant elle ne voulait pas que ça se répercuter sur lui. Si elle devait avoir un enfant il faudrait qu’elle apprenne à devenir une femme avant de devenir une mère. Qu’elle règle ce petit problème avec Johann qui avait si dramatiquement dérapé. Elle essayerait, mieux que les fois précédentes.

Les trois minutes étaient largement passées quand elle sortit de ses réflexions. Le test était positif. Elle prit encore un petit moment pour elle puis revint vers leur tente. Une heure avait passé à en juger par la lune, à quelque chose près. Elle s’agenouilla pour entrer, la fraîcheur de la nuit encore sur ses épaules. Johann n’avait pas bougé. Son regard fixait le ciel, et il se demandait ce que ça faisait d’être père, comment il serait avec cet enfant, s’il y en avait un. Serait-il dur comme Nabor, ou doux comme l’avait été Loki et Héméra avec lui? Serait-il patient comme sa mère, pour toutes les fois où il avait pu hurlé pour rien, pour peu de chose? Il n’en savait rien. Il l’ignorait le plus du monde. Il ferait au mieux, c’est tout ce qui lui venait à l’esprit. Il se redressa, la regarda et pencha la tête. Les loups ont un avantage sur les humains : ce sixième sens qui leur dit si leur interlocuteur a peur, ne les aime pas, est triste ou si...

“ On va avoir un enfant alors. ” Un fin sourire se dessina sur sa bouche, immense à l’intérieur, immense comme le monde peut-être. Avoir un enfant, ce n’était pas que l’assurance d’avoir une progéniture, c’était avoir plus que ça, c’était avoir avec soit le fruit d’un amour que l’on sait unique, et que l’on sait qu’il traversera les âges et les époques. Quelque chose de fort, de beau, de merveilleux, qui n’est pas tant donné que ça dans ce monde. “ Je ne sais pas vraiment quoi dire, en faite. ”

Elle vint se blottir contre lui. Le sourire de Johann se passait de mots à ses yeux, d’autres ne l’auraient même pas remarqué mais elle les gardait précieusement. Elle les cueillait sur ses lèvres, dans ses yeux, comme on cueille les premières fleurs du printemps. Elle sourit et ne dit rien elle non plus. Elle se pencha simplement au dessus de lui pour l’embrasser, de cette façon qui ne ressemblait pas à celle de tous les jours. Elle laissait transparaître tout l’amour qu’elle avait pour lui et la douceur aussi. Il la regarda, se demandant ce qu’elle faisait tout d’abord, puis comme elle l’embrassait, il l’embrassa en retour, doucement et sereinement, sa main épousant sa nuque, l’autre se posant sur ses hanches, par habitude. Il n’y avait que dans ses moments là que Johann était expressif. Plus que d’habitude. Comme si les muscles de son visage se mettaient en route, sans trop savoir pourquoi. Après un petit moment, elle rompit leur baiser avec un sourire doux mais venant se blottir tout contre lui, elle reprit la parole comme elle ne se sentait pas prête, elle frissonnait encore malgré elle de leur seule et désagréable nuit.

“ Tu crois que les autres vont le prendre comment...?” , mal évidemment pour la plupart.

“ Je n’en sais rien... Ca m’importe peu. ” répondit-il, tout simplement.

Elle sourit. Il valait mieux dans un sens. Pour elle ça n’avait pas non plus d’importance, seul le regard de ses parents lui importait. Quand ils arrivèrent deux semaines plus tard, ils ne dirent rien. Son ventre n’était pas encore rond. Elle choisit de rester chez eux quelques jours encore, le temps de trouver que dire à son père. Mais repoussant un jour après l’autre, une semaine avait bientôt passé sans qu’elle ne sorte.

Johann sortait, lui. Il redécouvrait un peu les choses qu’il avait raté. Il découvrait la grande Mahel, toujours aussi gueularde, et la belle Milly. Les gens avec lesquels il avait grandi. De Lev à Khôma, en passant par Jude le doux et Rafael, toujours aussi taciturne. Ces choses-là lui faisaient du bien. Il retrouvait en quelque sorte ses repères. Et il retrouvait surtout sa famille. Héméra était resplendissante à l’idée de retrouver son fils - et Nora entière. Elle s’était faite énormément de soucis, parce qu’elle ne voulait surtout pas que l’on dise “c’était à prévoir”, si jamais il était arrivé quelque chose, et que ça avait été la faute de son fils. Elle l’aimait sincèrement, ce petit bonhomme. Elle l’avait défendu cent fois envers les autres mères, aussi cruelles qu’hypocrites. Combien de fois Johann avait pu pleuré de ne pas être convier à un dîner quand ses frères l’étaient? Elle leur en voudrait à jamais d’avoir mal jugé son fils, et c’est autour de la table, durant une visite journalière, la blonde et gracieuse Héméra jeta un oeil par la fenêtre, penchant la tête, l’air un peu inquiet :

“ Nora ne veut pas nous voir? ” Johann releva le nez, regardant son baraquement, un peu plus loin.

“ Nora veut juste rester à la maison Maman. ”

“ Mh... Tu devrais quand même l’emmener manger à la maison un soir Johann. Ça fait longtemps qu’on ne l’a pas vu, tu sais. On aimerait quand même faire un petit repas de famille. Surtout que Loà réclame ce repas depuis je ne sais combien de temps. ”

Johann eut un sourire fin et léger et haussa les épaules. Un repas de famille. Il regarda par la fenêtre, reposant son thé sur le table et sortit de la maison de ses parents. Loki n’y était pas de toute façon. Encore à traîner dans le coin, ou à faire croire qu’il entraîne avec un de ses oncles. Il avança lentement jusqu’à chez lui. Une jeune brunette sortit de nulle part et se pointa devant lui, alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de chez lui. Infâme obstacle. Johann arque un sourcil - à peine.

“ Tu es... Johann de Lassithi, c’est ça? ” Le garçon regarda autour de lui, et haussa les épaules. “ J’ai.. ”

“ Tu es qui? ”

“ Ah. Eh. ” Et elle gloussa. Johann regarda ses pieds. “ Je suis Méliane, tu vois. Méliane de la meute de, mh, d’Egon. ”

“ Une hybride. ” cela sortit tout seul, sans qu’il ne sache pourquoi, c’était la seule idée qui venait de traverser son crâne. Et la jeune fille rougit, presque honteuse.

“ Tout le monde parle de toi. Tu viens de Croatie, c’est ça? ”

“ De Croatie, et des pays, autour... ”

“ Et, mh, c’était bien? ”

Johann lui répondit, et elle reposa une question. Alors il répondit, encore une fois, et elle lui reposa encore une question. Le manége s’intensifiait, comme le garçon ne semblait pas lassait alors qu’il l’était. Ce qu’il voulait? Une discussion avec sa femme. Au lieu de ça, la jolie brune lui parlait de voyage, lui demandait s’il parlait plusieurs langues, s’il aimait la plage, s’il aimait les forêts. Des trucs bêtes. Inutiles même. Et il répondait, par politesse, car sinon on allait encore dire que Johann de Lassithi était un homme rude et mal élevé, que ses parents avaient oublié quelque chose, et ça, il ne le supportait pas. Alors c’est presque patient qu’il lui parla, une bonne heure durant, sans remarquer que la jeune fille se rapprochait de lui, lui prenait la main par instant, un sourire toujours bien tiré sur ses lèvres. Et il continuait, lui expliquer la pêche au poisson, alors qu’elle le regardait mais ne l’écoutait de toute façon plus vraiment. Une fille passa juste derrière et eut un rire moqueur. Après tout, ça serait comme ça pour toujours. Nora qui ne sort pas depuis une semaine, et une fille qui s’accroche au bras de Johann juste devant la maison. Un jouet, la jolie fille d’Arcadie? Ce que les gens pensaient, oui. Pas ce que Johann ressentait, mais après tout, on ne lui avait jamais demandé son avis. Par le plus pur hasard, Nora passait justement devant la fenêtre, dans le train train de son petit nettoyage de fin d’été. Bien sûr la grande silhouette de Johann attira son attention, alors après avoir longuement hésité, comme elle le voyait toujours planté au milieu de rien, elle sortit, inquiète. Qu’est-ce qui n’allait pas pour qu’il reste là comme ça? Elle ne pensa même pas une minute à une éventuelle fille, jusqu’à ce qu’arrivée près de Johann elle la vit qui lui tenait même la main. Une expression outrée puis fâchée passa sur son joli visage. Il y avait quelque chose de différent chez Nora, elle semblait fraîche comme une rose, pure ou quelque chose comme ça. Mais comme elle n’était pas le genre à hurler ou à faire une crise comme Ella Orlov par exemple, elle se contenta de s’éclaircir la voix, signifiant clairement à l’autre fille qu’elle la trouvait un peu trop proche de Johann, sans pour autant rien dire. Elle ne pensait pas qu’on put déceller d’aucune manière qu’elle était enceinte, puisque qu’il n’y avait rien de visible.

“ Il y a un problème?”, demanda-t-elle sans aucune sorte d’animosité dans la voix.

“ Il semble y avoir un problème? ” répliqua Méliane, un sourire en coin mais presque trop douce. Elle tenait encore la main trop large du loup dans sa main, alors que Johann souriait en voyant Nora, sans plus se soucier du reste. Reconnaissant immédiatement ce genre de sourire, Nora savait qu’elle ne devait pas s’emporter au risque d’énerver Johann aussi. Pourtant elle ne comptait pas s’assoir sur son honneur.

“ J’apprécierai que tu ne tiennes pas la main de mon mari comme ça. Sincèrement.”

“ Sa... main. ” La jeune fille releva son regard sur Johann, deux yeux noisettes. “ Est-ce que ça te dérange, Johann? ”

Le loup regarda Méliane, puis Nora, sans comprendre ce qu’il y avait de mal à tenir une main, mais également ce qu’il y avait de sous-entendu dans cette dernière phrase. Une sorte de duel entre femmes par les mots? Il souffla finalement :

“ Si Nora n’aime pas... ”

Et visiblement, cela vexa la jeune louve qui relâcha lentement la main, ne s’en prenant pas à Johann. Non, tout ça, c’était la faute de l’humaine. C’était forcément sa faute. Un prince ne se trompait pas. Elle eut une moue sévère à un moment, alors que Johann regardait déjà ailleurs, Oskar passait avec Mishka. Méliane jeta un regard noir à Nora, furieuse.

“ Ton mari... pour 80 ans? ”

“ Je...”, Nora recula d’un pas fronçant les sourcils. Cet argument elle avait beau se l’être pris cent fois dans la face, ça lui faisait toujours l’effet d’une claque. La douce blonde fronça les sourcils et se reprit, “ Peut-être bien, mais tant que j’aurais mon mot à dire, oui ce sera mon mari.”, répondit-elle, ferme, mais sans hausser le ton. La louve eut soupçon de dédain sur l’instant :

“ Ce que tu peux être cruelle, à lier à toi un immortel quand toi tu mourra. ”

Méliane avait le regard dur, parce qu’ils le savaient tous, ici, qu’une âme de fils d’Abel ne retrouve jamais une âme de fils de Seth. La même chose pour les fils de Caïn se liant aux autres enfants. Rien de plus triste qu’une âme de loup vouée à la solitude éternelle. Il fallait voir cet homme ayant perdu son humaine assis sur un banc, attendant la mort, attendant tout simplement. L’argument était terrible, mais Johann ne l’avait pas entendu. Lui aurait répliqué que dix, vingt, trente ou même deux ans aux côtés de Nora étaient plus savoureux qu’une éternité avec des êtres qui n’aiment pas vraiment. Parce qu’il n’y avait que Nora pour l’aimer comme il était vraiment.

“ J’ai promis devant tous de ne pas rester telle que je suis. Je suis mortelle c’est vrai mais cela ne te donne pas le droit de séduire mon mari.”, sans doute son premier mois de grossesse touchant à sa fin, elle était plus émotive. Mais de toute manière, la remarque avait toujours été blessante.

“ Au contraire. J’ai de quoi le rendre heureux, et ce, pour une durée sans limite. ”

Méliane défiait sans vergogne, parce que dans un monde de chien, il n’y a pas de pitié pour les plus faibles. Comment expliquer à une louve qu’une femme donne de beaux enfants, alors qu’il reste neuf mois dans leur ventre? Tant de chose qui divergent, pourtant, la meute d’Egon était bien connue pour être faite non pas de guerrier, mais de pacifiste marcheurs.

Les larmes troublaient les yeux de la belle Nora sans couler. C’était plus des larmes de colère qu’autre chose, mais elle ne voulait pas crier même si l’envie ne manquait pas. Elle ferma les yeux, tentant de se tempérer. Elle n’était pas non plus la fille de deux sages penseurs pour rien.

“ Tu dis pouvoir rendre mon Johann plus heureux que moi je ne le pourrais jamais. Mais sais-tu seulement voir quand il est heureux? Voir tous ses sourires qui sont plus précieux que des trésors. Tu saurais?”

Elle essayait en vain de lui expliquer qu’elle se trompait. Nora pouvait bien pardonner, si l’on restait ouvert à la discussion fut-elle toujours la même vieille rengaine blessante. Méliane eut un rire, un gloussement typique de ce genre de fille, et releva le nez pour voir Johann, lui donnant un coup de coude au niveau des côtes pour attirer son attention alors qu’il regardait ailleurs.

“ N’aies-tu pas- ”

“ Conne. ”

Le visage de Johann avait changé, du tout au tour. Une agression. La moindre agression. Ses yeux bleus foncé, qui fixaient jusqu’alors un point qui n’existait que pour lui, fixaient à présent une personne, de chair et de sang, ils fixaient avec toute la haine du monde. Cette personne aurait pu être n’importe qui. Une femme ou un homme, cela n’importait pas. La colère est aveugle. La main de Johann se leva et attrapa la gorge de la jeune fille, la soulevant sans mal à une dizaine de centimètres du sol. Mais Nora ne laissa pas faire quoiqu’elle aurait bien étrangler la fille elle même, quelques minutes plus tôt. Elle attrapa Johann à l’avant-bras, surtout sans brusquerie, sans le serrer non plus, mais les yeux dans les yeux elle lui dit:










Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Les voyages forment la jeunesse... (pv) #Mer 24 Nov - 19:44


“ Johann, non.”

“ N’aimerais-tu pas sa langue? ” Il grimaçait, mauvais. Il la haïssait. Il avait écouté d’une oreille absente, peut-être même que son ancienne personnalité n’avait rien entendu. Mais lui, il entendait tout, et il se souvenait, pour mieux le ressortir. Il savait. Et il ne laisserait pas dire de telles sottises sur celle qu’il avait choisi, avec les “autres”, parce qu’elle était la seule qui pouvait réellement le contenir. “ Elle ne mérite que ça Nora. ”

Méliane s’accrochait au poignet de Johann, le serrant comme elle avait du mal à respirer, cherchant un point d’appuie pour prendre ne serais-ce qu’une seule bouffée. Elle ferma les yeux, les larmes aux yeux.

“ Johann je t’en prie, non. Ne fais pas ça. Tout n’en sera que plus compliqué pour nous, tu le sais. Et puis... ça ne compte pas ce que pense les autres...”

“ Ca ne compte pas?! ” Il avait gueulé, un peu trop fort. Des loups s’étaient retournés, le vacarme de la voix rauque du loup n’aurait pas pu passé inaperçu de toute façon. “ Mais ça compte! Elle t’insulte et tu cherches à être clémente? Que je lui fasse comprendre qu’elle ne saura jamais te remplacer, voilà. ”

“ Si tu veux vraiment lui faire mal alors ne la tue pas. Dis-lui à quel point ce qu’elle dit ne compte pas, parce que nous sommes heureux ensemble, que nous n’avons pas besoin d’elle. Dis-le lui.”

Il fronça les sourcils, et finalement jeta sur le sol, violemment, Méliane. La louve s’éclata le crâne sur le sol, la tempe en sang. Au moins ne l’avait-il pas frappé. Johann était de ces loups qui ne contrôlent par leur force. Sa main passa dans le dos de Nora, l’attirant contre lui, serrée à lui, avec cette présence possessive, étouffante même. Mais c’était Johann, le terrible, celui qui ne connaît pas la pitié.

“ Tu peux te relever, je ne vais pas te frapper, car sinon on dira que je suis un monstre. Mais tu ne dois ça qu’à celle que tu as insulté. Ne crois pas que j’oublie. Je m’en souviendrais jusqu’à la fin. Et dans quatre siècles, si nous nous recroisons, imagine bien que Nora ne sera pas là pour te sauver la mise. ”

Et le spectacle est fini. Il soulève Nora, sans difficulté parce qu’elle est une plume dans ses bras, et rentre chez lui, refermant la porte en claquant derrière lui, la reposant sur le sol pour mieux la repousser contre un mur, posant son front contre le sien, mauvais :

“ Éternellement. ” souffla t-il, toujours aussi mauvais. “ Pas quatre vingt-ans. C’est éternellement, que tu auras ton mot à dire, que tu imposeras ta volonté. La mort n’est rien, tu entends? Alors ne réponds pas comme si ça allait s’arrêter demain, parce que si tu veux pas m’énerver davantage... tu arrêtes tout de suite ce manège à deux balles. ”

Elle lui caressait le visage tout en même temps qu’il lui parlait.

“ Éternellement c’est promis. Johann...”, elle n’avait jamais pensé autrement, seulement par moment, elle espérait que si elle avait à mourir sans avoir pu se résoudre à la morsure, il trouverait une autre femme, une louve pour l’aimer comme elle l’avait aimé, “ Je t’aime, je t’aimerai toujours peu importe comment. Bientôt nous aurons un enfant alors je sais que je ne te quitterai jamais... jamais.”

“ Ne laisse pas ces louves te parlaient comme ça. Si tu ne réagis pas, c’est moi qui le ferait. ” A cause des nerfs, son poing se décolla du mur et le frappa violemment. Le front du loup était toujours posé contre celui de sa femme, alors qu’on voyait très clairement à ses mouvements saccadés et incontrôlés que Johann n’était pas bien, qu’il avait besoin de se défouler sans pouvoir y parvenir; il était énervé. “ Ca me rends fou, ces... hmpfr. T’es la seule Nora. Tu seras la seule, alors je ne veux pas te voir triste, ou quelques larmes... Demain, on va manger chez ma mère, et on lui annoncera qu’on va avoir un enfant. Si tu ne le fais pas, je le ferais. Si les gens ne comprennent que comme ça, alors ils comprendront. ”

Au moins, c’était clair et net.

“ Bien, tu sembles si sûr.”, elle sourit, baisant son front et ses lèvres avant de l’attirer contre elle, “ Viens dans mes bras, calme-toi maintenant, calme-toi.”

Il fronça les sourcils mais ne dit rien, se penchant pour la serrer contre lui, fermant les yeux. Il était fort Johann, le plus fort des fils de Loki, mais c’était une force d’ailleurs. Une force donnée. Il resta vouté ainsi longtemps, les yeux fermés pour expier, un peu. Repousser la haine, ailleurs... Plus loin. Nora elle, le berçait presque dans ses bras, toute entière à lui. Elle pensait à demain, et demain vint vite.

Il faisait nuit tôt sur le petit campement, et ce n’était pas sans plaire aux habitants qui préféraient la douceur des nuits, sa fraîcheur et son calme, au vacarme des journées. C’est sous une lune naissante que Nora et Johann sortirent de la maison, tous les deux, ensemble. Il était calme, un sourire léger sur la bouche, tenant la main de celle qui portait sa descendance et qui avait tout son amour. Le matin même il avait dit à sa mère que le soir, le repas de famille aurait lieu. Ainsi, il y avait Loki à table, et qui disait famille, disait forcément tout le monde (heureusement que la blonde Héméra avait une grande cuisine...). Dans le salon, Nabor, Lapyx et Vasco parlaient d’une centième connerie, d’une histoire qui aurait survenu à ce pauvre Cerberus alors qu’il traversait l’Amérique, où on l’aurait pris pour une super star, ou quelque chose comme ça. Dans la cuisine, Leah, Loà et Héméra parlaient également, s’activant à faire à manger, tout pendant que Reagan parlait à sa femme. Le visage de Reagan indiquait clairement qu’on lui avait posé une question, et qu’il n’avait pas exactement la réponse appropriée. Plus loin, Masael et Loki étaient à table et parlaient, un large sourire aux lèvres, à Mishka et Oskar. Encore derrière, Loà et Ella semblaient faire un concours de laquelle était la plus jolie. Mais la plus jolie ce soir, c’était Nora, si humaine et si banale soit-elle. Johann referma la porte derrière lui, se tenant juste derrière Nora quand sa mère déboula, un grand sourire acceuillant et chaleureux sur les lèvres. Si Héméra avait pu avoir cent enfants, sans doute en aurait-elle eut plus encore.

“ Ah Nora! Tu arrives juste au bon moment! ”

N’importe quel moment aurait été le bon de toute façon, pensa Johann un petit sourire au coin des lèvres alors que sa mère embrassait le front de l’humaine, si grande et si pulpeuse. Héméra était une beauté maternelle. Elle était née pour être mère, c’était sûr, et son fils, plus grand qu’elle à présent, se pencha alors qu’elle le prenait dans ses bras, comme à chaque fois qu’il avait pu traversé la porte. Les yeux bleus sombre de Johann se posèrent sur Nora, puis il tourna lentement les talons, pour tirer une chaise pour la jolie blonde. Loà, les cheveux détachés et longs dans le dos, d’un bleu éclatant, s’approcha presque en sautillant. Resplendissante. Elle eut un sourire pour Johann, puis tira une chaise et se posa juste en face de Nora, les yeux plein d’étoile.

“ Alors Nora, tu t’es bien remis du retour? ”

Pas d’autres explications quand on reste enfermé une semaine dans sa baraque. Johann lui releva le nez pour voir Sindri, un peu plus loin dans la salle, qui expliquait encore un truc à Sasha, petite à côté de lui, à propos de ce qu’il avait dans les mains et qui n’avait pas du intéressé Oskar. Il détourna le regard et reposa ses yeux sur la belle Nora. L’échange se prolongea un petit peu. Est-ce que c’était le bon moment pour le dire? Fallait-il attendre le dessert ou alors... non elle attendrait, parce que les deux personnes qui comptaient le plus à ses yeux n’étaient pas encore là. Ses parents à elle. Elle sourit à Loà et répondit tout simplement:

“ Oui, nous avons vraiment vu des choses magnifiques.”

Elle ne voulait pas mentir, ni non plus trop en raconter avant que tout le monde soit là.

“ En tout cas le soleil de l’été t’as fait une mine radieuse, vous trouvez pas?”, demanda la très jolie Ella, adressant un regard enthousiaste à son Oskar.

Nora sourit, toujours heureuse de voir les couples si bien assorti que faisaient les frères de Johann avec leurs épouses. Ella était la plus amusante à regarder, une vrai princesse de conte de fées. Elle avait des cheveux magnifiques et incroyablement fins, les pommettes hautes et un peu saillantes qui lui donnaient un petit air noble. Ses ongles étaient à eux seuls de vrais petits bijoux tant elle s’en occupait bien et tout chez elle avait l’air aussi étudié, sophistiqué que chez ces magnifiques poupées de porcelaine modernes qui vous faisaient sans mal croire aux fées tant le soucis du détail, des cils posés un à un aux broderies de leurs robes y était. Même quand elle feignait d’être décontractée, sa tenue était toujours soigneusement étudiée. C’était son plaisir. A côté, Sasha au rire d’enfant était bien différente. Il y avait toujours un truc qui n’allait pas chez Sasha quand on la mettait à côté de sa soeur Ella. Une marque de peinture sur le front. Un épis de blé oublié dans ses cheveux, une robe qui racontait tout ce que Sasha avait fait de sa journée. Ce soir là c’était simplement les crayons de couleur avec lesquels elle tenait ses cheveux attachés. Elle avait bien eu l’intention de les remplacer par une des magnifiques piques que Sindri avait fait pour elle, mais à la dernière minute ils s’étaient hâtés pour ne pas être en retard, et la pique de bronze gemmée était restée sur le rebord de la table de nuit. C’était ainsi. Leah sortit le nez de la cuisine juste pour renchérir:

“ Rien de tels que les voyages pour être en pleine santé. Chéri si tu crois que je t’ai pas vu...”

Masael releva le nez, étonné :

“ Mais...! J’ai encore rien fait! ” Oskar eut un rire, alors que Johann souriait doucement, regardant la nappe de la table, brodée. Héméra ou Loà? Il n’en était pas sûr, mais il ne la connaissait pas, alors ça ne l’aurait pas vraiment étonné. Son regard glissa sur côté quand la porte s’ouvrit sur la belle Kohar. Derrière, Kveld, aussi large que Wolfgang, mais lui avait quelque chose de doux qui le rendait moins imposant. Il était douceur, comme sa fille. Johann détourna le regard, se leva et alla dans la cuisine voir sa mère, pour l’aider à sortir la cuisse de renne qui traînait sur le feu. Kveld le suivit du regard mais ne dit pas mot, car déjà derrière ça poussait. Mahel pointait son nez, accompagnée de Lucian. On se rameutait, peu à peu. Kveld eut un petit sourire pour tout le monde et se dirigea vers Nora, prenant sa fille contre lui, passant sa main dans son dos, tendre avec cette enfant.

“ Tu es magnifique mon ange. ” , à ce commentaire , qui n’en était pas un, Kohar eut un étrange sourire interrogateur mais qui dut être laisser pour encore un peu en suspens.

Et déjà Vasco revenait, le visage courroucé. Il se pointa derrière Nora, mais si grand qu’il dépassait la petite blonde, et fixa Kveld, les sourcils froncés.

“ Depuis quand Valerian a sept fils?! ” Kveld arqua un sourcil. Nora sursauta en entendant cette voix pleine de feu.

“ Depuis toujours Vasco. ”

“ C’était pas six? ”

“ Six depuis qu’il y en a un qui est mort. ”

“ AH! J’avais raison! ” reprit le vieux en regardant Nabor qui lui protestait déjà. Kveld eut un rire, amusé. Une polémique sur quelques bêtises, encore. Nora serra son père, déjà un peu coupable à l’idée de ce qu’elle avait à annoncer ce soir. Surtout parce qu’elle avait reporter de jour en jour le moment de venir le voir alors que d’ordinaire elle serait venu frapper à leur porte avant même d’avoir posé ses bagages. La main froide de Kohar vint se poser sur sa joue, puis un baiser sur son front comme si rien ne pouvait changer. Dans les yeux de sa mère, elle serait toujours ce petit bébé grelottant de froid qu’elle avait ramené à Kveld un soir sans prévernir. Leur bébé. Ca n’avait jamais déranger Nora qui de bonne composition, pouvait bien être le bébé de ses parents pour autant de temps qu’ils le voudraient bien qu’elle fut devenu une belle jeune femme parfaitement autonome.

“ T’es tu baignée dans les lacs de Croatie?”, la vampire avait un sourire qui avait ce goût d’épices et de pierres précieuses. Un goût de voyage déjà.

“ Oui et dans l’adriatique aussi, l’eau était si claire.”, racontait-Nora en leur tirant deux chaises à côté d’elle. Kveld s’y assit, un sourire calme. Ils n’étaient pas les derniers à devoir arriver, il y aurait bien d’autres personnes. Johann, lui, restait dans la cuisine, comme un animal en cage, prit entre deux étaux. D’un côté, rester dans la cuisine et ne pas s’imposer. De l’autre côté, affronter Kveld avec qui ça n’avait jamais vraiment passé. Kveld et Johann ne s’entendraient jamais. Parce que l’un était sage et le plus contrôlé des loups, et que Johann était le plus incontrôlable des loups. Il était d’autant plus dangereux qu’il pouvait se transformer à volonté, et tuer, sans en éprouver un seul remords. Kveld aimait trop sa fille pour la laisser aux mains d’un fou dangereux comme lui, alors forcément, ça ne l’avait pas fait. Et on ne changeait pas un vieux loup comme Kveld, malgré qu’il fut un esprit ouvert et un libre penseur.

“ Tu peux mettre le plat sur la table s’il te plaît mon chat? ” Johann sortit de ses pensées et hocha la tête, prenant le plat que tenait sa mère pour l’amener dans la salle à manger. Ce n’était que l’entrée, mais c’était déjà trop copieux, même pour des loups. Encore qu’elle avait fait des efforts : on voyait là un plat de salade, et elle avait rajouté quelques légumes avec la viande, ainsi que des champignons. Héméra était attentive, plus que l’on ne l’aurait cru, et elle voyait bien que son fils restait dans la cuisine, tournait, cherchant quelque à faire, sans rien trouver. Parce qu’il n’y avait rien à faire, juste surveiller. Elle le regarda, et eut un petit rire : “ Comment a été ton voyage? ”

Il la regarda et haussa les épaules.

“ Ca a été. ”

Héméra grimaça, mais ne répondit pas. Elle ne voulait pas savoir. La porte s’ouvrit à nouveau, mais cette fois-ci sur Landres qui arrivait au même moment que Kirill et Elladora. Qui manquait-il? Il fallait se le demander. On ne savait jamais combien de personne Héméra pouvait inviter.

“ On ne va pas tarder à passer à table. Ne reste pas dans la cuisine, Johann. ” Elle passa, lui embrassa le front comme si il était un enfant, et peut-être qu’il l’était. A sa façon il le serait toujours. Il ne serait jamais seul. Il ne pourrait jamais vraiment être responsable, ou jugé comme tel. Il prit le plat de viande, le souleva et le posa sur la table. Il regarda les gens se mettrent à leur place et remarque également qu’avec ces conneries, il se retrouvait décaller de deux rangs vis à vis de Nora. Il ne dit rien et se posa, entre Mishka et Mahel. Loki eut un rire, se leva, ouvrit la bouche, puis finalement souffla un “bon appétit”, et se reposa. Généralement, ils avaient le droit à cette prière à la con, de trois vers, sur Seth, mais bizarrement, pas aujourd’hui. Tout le monde commença à manger, riant un peu. Johann mangeait, tout simplement. Nora lui jetait un petit regard de temps en temps quand elle croyait que personne ne la voyait. C’était bête, ils étaient le seul couple qui ne se retrouvait pas à côté finalement. Sa mère lui sourit, peut-être que si ce soir on se passait des petits vers habituels c’était en partie à cause (ou grâce dirait Landres qu’on avait pas habitué comme ça) à elles deux. Nora avait remarqué qu’Héméra avait tenu compte d’elle comme toujours et c’était un petit geste qui avait de l’importance à ses yeux. Souvent quand on l’invitait on oubliait qu’elle ne pouvait pas vraiment se nourrir de gibier presque cru ou le plus souvent on ne l’invitait carrément pas comme ça c’était fait. Quelque part là dessus, elle et Johann c’était bien trouvés.

“ C’est délicieux.”, dit-elle poliment, un peu embarrasser par l’assiette vide de sa mère à côté.

“ C’est très gentil à toi, Nora. ” Héméra eut un petit rire, radieuse comme toujours, jamais vraiment vexée de devoir faire quelques efforts pour ses invités. Elle eut un sourire charmant et calme : “ Ce n’est pas tous les jours que je peux faire des légumes à ces carnassiers. ”

Reagan releva le nez, captant que forcément, ça ne pouvait s’adresser qu’à lui et ses deux compères.

“ Je mange de la tomate, eh. ” reprit Masael, comme si tout cela ne pouvait pas le concerner.

“ T’es bien obligé d’en manger de temps en temps de toute manière, et vous aussi là.”, fit Leah en pointant ses enfants. On savait qu’à la maison elle passait pour la tortionnaire de service à leur faire manger (en quantité infinitésimale mais soit) des céréales et parfois même - horreur! - des légumes verts.

“ Je suis un fan d’agrume. ” souffla Reagan.

“ Comment t’es trop injuste Héméra...! ” siffla Loki, prenant une posture dramatique à souhait. “ Moi qui fait tant d’effort pour ne pas t’avouer que... ” silence complet. “ J’aime le brocolis. ”

Masael recracha dans son assiette, hilare au dessus de son assiette. Héméra aussi riait, un peu, par habitude. Johann ne disait pas un mot. Il attendait le moment, un peu perdu. Le regard dans le vague, concentré sur un point qui n’existait pas, ou alors que pour lui. Le repas avança, rythmé des conneries tour à tour lancés. Un repas avec le trio était forcément amusant, pour n’importe qui. Et Kirill y mettait parfois du sien, repenant derrière Masael toutes les bêtises qu’ils avaient pu faire plus jeunes. Héméra se leva finalement, pour débarasser. Loà se leva aussi, aidant sa mère. C’était l’heure du dessert, et du gâteau blanc qu’elle avait fait au petit matin. Nora se leva également pour aider, parce qu’elle était bien élevée. Elle en profita pour remercier encore Héméra, de sa part et de celle de Johann. Elle savait que retrouver toute la famille lui faisait du bien.

“ Est-ce que je peux vous aider?”, tenta-t-elle, toujours un peu intimidé par cette femme pleine de vigueur et qui d’ailleurs était beaucoup plus grande qu’elle. Aux yeux de Nora, Héméra avait toujours eu l’air de ces déesses antiques dont on avait par mille fois sculpté le corps dans le marbre, exemple de vertus et de féminité tout à la fois ou peut-être était-ce seulement son prénom, Héméra, qui portait en lui la promesse d’une bonne mère et d’une bonne épouse. Clémente mais solide à la fois. Nora à côté ressemblait plus à ces douces pâtres de pastorales grecques, des adolescentes aux corps voluptueux et aux visages ronds et naïfs. Des agneaux entre leurs agneaux.

“ Je ferais la vaiselle après, alors, mh, prends les assiettes là. ”

La blonde Héméra eut un sourire, montrant les assiettes séparés en deux tas qui attendaient d’être mises sur la table. Loà passa dans la cuisine, attrapa les petites ceuillières et repartit dans la salle à manger pour les poser sur la table, suivie de Nora avec les assiettes. Johann resta en place. Sindri lui posa trente questions, sur la beauté du paysage, et Johann répondait, toujours très concis, il lui racontait qu’il avait également gardé des pierres de Grêce, parce que là bas les pierres étaient belles. Héméra arriva avec un gâteau, magnifique, blanc, à la fraise avec de la chantilli et une crème vanille et chococat blanc. Le genre trop bon, que tu crois rester sur ton estomac alors qu’il est léger comme une plume. Elle le posa au milieu de table et tendit un couteau à Johann pour qu’il le coupe. Il le prit, eut un sourire léger, puis posa son regard sur Nora. C’était le moment, le bon moment. Il n’y avait que ce sourire là pour lui faire oublier la crainte de la colère de son père, ou des mines décomposées des autres. Il ne fallait pas remonter bien loin dans le temps pour savoir que leur union, non content de pas plaire, ne vallait rien aux yeux de la plupart des gens. Elle savait qu’Oskar et Ella désapprouvaient dans le fond même s’ils n’avaient rien dit pour ne pas la blesser elle, et par égard pour Johann. Elle savait tout ça mais elle ne pourrait pas se terrer dans leur maison ad vitam eternam (surtout pas eternam c’était bien ce qui posait problème aux autres). Elle resta debout, devant sa chaise, toujours à deux places d’écart de Johann, les mains posées sur le dossier de sa chaise.

“ Johann et moi aimerions faire... une annonce.”, commença-t-elle pour attirer l’attention des quelques uns qui parlaient. Elle adressa à nouveau un regard à Johann, cherchant son mari sûr de lui et ferme, derrière le posé presque indifférent. Johann eut un sourire, fin, parce que dans un tel moment, il n’était capable que de ça. Kveld, lui, releva la tête, se demandant encore quel idiotie il avait inventé et lui avait mis dans le crâne, alors c’est avec un regard qui attends qu’il fixa sa fille. Héméra elle, attendait avec un sourire, toujours trop heureuse aux yeux de certains. Johann coupa une première part du gâteau. Si c’est lui qui le disait, tout le monde allait croire que, mon dieu, il la séquestrait et l’y obligeait. Ou quelque chose comme ça. Après tout, qu’est-ce qui avait pu plaire à Nora que cet aura lycane, qui faisait que la beauté était différente. Plus... prenante et attirante, peut-être? On se disait que Nora aurait été séduite par n’importe quel loup, mais le seul qui restait, c’était ce bon Johann, qu’une louve saine n’aurait pas aimé pour rien au monde. Un loup fou. Il commença à couper le gâteau, concentré et calme. Nora sentait le regard de son père sur elle, elle lui sourit du mieux qu’elle put et se lança avant que tous ces regards braqués sur eux ne l’incommode de trop.

“ Nous... allons avoir un enfant.” Dit comme ça ça ne pouvait que faire l’effet d’une bombe mais comment faire sinon comme ça ou en tournant cent ans autour du pot. Elle baissa le regard vers son père, redoutant par avance son regard à lui. Et c’est Kveld qui eut la plus violente réactions. Il se leva d’un coup, par les nerfs peut-être, et sa chaise tomba en arrière. La table bougea aussi, à peine. Mais assez pour que le couteau glisse sur le gateau et ne coupe finement la main de Johann. A peine. La blessure se refermait déjà, et on y voyait plus rien.

“ C’est merveilleux! ” sourit Héméra, qui ne se rendait pas bien compte de l’effet de l’annonce.

“ Merveilleux?! Merveilleux?! ” reprit Kveld, excédé “ Mais ça n’a rien de merveilleux du tout! ”

Johann releva le nez, l’air terrible. Loà regarda aussitôt ailleurs. Elle ne voulait absolument pas voir ça. Oskar et Sindri posèrent les yeux sur le couteau qu’il tenait dans les mains, qui glissa et pivota., pour finalement se planter dans le gâteau, brutalement.

“ Y a un problème? ” siffla t-il.

“ Ce n’est plus un problème qu’il y a. ” répondit Kveld.

“ Allons, allons... ” reprit Nabor, qui s’était levé. “ On va se calmer, parce que, c’est pas bon de s’énerver alors qu’on digère, hein. Alors, félicitations Johann et Nora. ”

Kveld regardait Nabor comme s’il avait été un médiocre homme, mais le conseiller ne lui en tint pas compte. Loki ne disait pas mot. Il était peut-être dans sa maison, mais il ne savait plus vraiment quoi penser. Pas qu’il en pensait du mal - il pensait comme Héméra à ce sujet - mais à voir Kveld s’énervait, il essayait de savoir s’il devait se sentir vexé, ou pas.

“ Je ne pense pas que vous comprenez... ” reprit Kveld, sur le même ton. “ Quand on a 22 ans, quand on est humaine, on ne devrait pas avoir un enfant d’un.. d’un...”

Héméra resta interdite. Oskar haussa un sourcil. Loki également.

“ D’un quoi, Kveld? D’un loup. ” dit Nabor.

“ Ne vous disputez pas s’il vous plait...”

Nora posa sa main sur celle de Johann, préférant prévenir. Si ça n’avait pas été lui, si elle n’avait pas su a quel point à ce moment là il allait falloir se montrer forte et garder la tête haute, elle aurait peut-être fondu en larmes devant la réaction de son père. Mais Nora ne pouvait pas se permettre ce genre de coup d’éclat. A côté de Kveld, Kohar ne disait mot, sachant très bien ce qui mettait le père de Nora dans un tel état. Ils en avaient tellement discuté.

“ … nous savions que tout le monde ne serait pas enchanté. Nous voulions simplement vous informer, parce que vous êtes notre famille.”, Nora toujours douce pourtant laisser sentir qu’elle se défendrait s’il y avait à le faire... “ papa...”, implora-t-elle doucement pour finir, ses yeux clairs se posant sur lui, cherchant un regard... quelque chose. Kveld renacla, agacé.

“ Je n’ai rien contre toi, Nora. Ce n’est pas... toi. ” siffla t-il. “ Ce n’est pas toi qui a causé tout ça. C’est... ”

“ Moi? ” Johann arqua un sourcil. “ Je ne pense pas avoir forcé votre fille à me suivre que je sache. Je ne pense pas l’avoir séquestrer dans une maison. Je ne pense pas avoir été le pire des maris. Je ne pense pas que vous avez votre mot à dire dans cette histoire de toute façon. ” Kveld eut un rire, mais ça n’avait rien de joyeux.

“ Mais tu pourrais la tuer sans t’en rendre compte! Tu la briserais sans que tu ne le vois! Un malade, voilà ce que tu es. Un malade. ”

Et aucune réflexion. Johann monta sur le table, couteau en main. Aucune pitié, on a dit. Mais qu’est-ce qu’il aurait pu faire? Kveld le poussa à peine, d’un air dédaigneux, et Johann se retrouva sur le sol à ses pieds, le couteau toujours dans la main droite, l’air mauvais. Loà fermait les yeux, pas rassurée. Nora elle, avait bondi presque d’instinct aux derniers mots de son père, s’interposant entre les deux hommes. Son regard se posa sur le couteau qu’elle aurait dû mettre hors de portée quelques minutes plutôt, seulement elle s’était dit que c’était typiquement le genre de geste qui aurait blessé son mari. Alors elle n’en avait rien fait. Elle avait déjà vu le pire de Johann, elle le connaissait mieux que personne et elle savait que là pour lui s’en était beaucoup, beaucoup trop. D’un autre côté elle connaissait aussi son père, quoiqu’elle ne l’ait jamais vu ainsi. Leste, elle glissa sa main sur celle de Johann, un genou sur le sol, s’il fallait qu’elle soit son prince elle le serait. Lui était bien le sien tous les jours, qu’importe l’humeur. Elle le regardait dans les yeux, inébranlable, retirant doucement le couteau s’il la laissait faire.

“ Ne le condamne pas papa. Johann ne m’a jamais fait le moindre mal, il ne me ferais jamais rien intentionnellement et jusque là... il m’a toujours aimée et protégée qu’importe le visage qu’il avait. Ce n’est pas un monstre.”, elle disait papa mais en fait c’était à tous qu’elle s’adressait. Elle s’était redressée, toujours devant son Johann, prête à le défendre corps et âme s’il fallait. C’était dans ces rares moments où l’on voyait que loin de ressembler aux autres filles de son âge, Nora avait du plomb dans la tête et la tête bien sur les épaules, solide malgré sa nature plus faible. Elle venait de mentir à son père, pour la première fois de sa vie et ça, c’était douloureux mais le reste... Elle pouvait tout braver à ce moment là. Kvel râla et regarda ses pieds. Il ne pouvait pas lui faire confiance. Comment aurait-il pu, quand il n’imaginait pas ce visage déversait sa haine ailleurs que sur Nora quand, à la maison ils n’étaient que deux. Ca lui avait troué le coeur de les savoir loin de lui, mais maintenant qu’il y avait un enfant, ce n’était plus Nora qui était en danger, mais également l’enfant. Qui aurait supporté les cris et les pleurs d’un enfant? Ses bêtises et ses caprices? Johann se releva, sans couteau cette fois, mais toujours terrible. Sa main se posait sur Nora, la serrant contre lui, pas en tant que bouclier non, mais pour s’opposer de tout son être à cet homme qu’il détestait, oh dieu qu’il le haïssait.

“ On rentre à la maison Nora. Merci ‘man. ” Il poussait déjà Nora vers la sortie. Kveld grogna.

“ Je n’ai pas dis... ”

“ Tu n’as rien à dire. ” répliqua aussitôt Johann. “ Quand on est un planqué, on parle pas. ”

Kveld le regarda, et si il aurait aimé répliquer, s’exclamer, s’offusquer, c’était trop tard. Depuis longtemps. Depuis la première fois que les serres avaient pris sa petite fille loin de lui. Il gronda, alors que Johann mettait un coup de pieds dans la porte pour qu’elle s’ouvre (quand on est en colère, on sait pas que ça existe, les clanches) et poussait davantage Nora dehors. Il marchait rapidement. Avec une batte, il l’aurait tué. C’était sûr. Il s’y serait usé, jusqu’à la moëlle, à sang, mais il l’aurait tué. Il passa devant Nora.

Loki jeta un regard à l’assemblée, et souffla, ennuyé :

“ Voilà. On me doit une porte maintenant. ”

Mais la blague tomba à l’eau. Loà se leva, tira mishka vers la sortie. Tout le monde s’en alla, peu à peu. Kveld, fâché avec sa Kohar qui n’avait pas dit un mot pour ne pas envenimer la situation d’avantage qu’elle ne l’était déjà. Il faudrait crier une fois à la maison, parler, beaucoup, comme toujours, ou bouder peut-être, le temps de se calmer seulement. En tout cas la pillule ne passerait pas si facilement. Kirill et Ella, qui ne savaient pas quoi dire et quoi penser. Oskar et Ella, toujours aussi indécis. Puis les autres, mitigés. Il ne resta bientôt plus que Héméra et Loki. Héméra qui ramassa les morceaux, et força également Loki à le faire.

Dans la maison, à quelques pas de là, Johann fermait la porte en la claquant, fonçant faire les cents pas à une vitesse incroyable dans le couloir, pour se calmer, pour ne pas hurler et frapper les murs bêtement. Nora le suivait du regard, désespérée.

“ Il l’acceptera je...”, non elle ne pouvait même pas le lui promettre, “ Johann je t’en prie, calme-toi.”

Nora savait bien toute la colère qu’il gardait comme il pouvait en dedans, et quelque part, on lui aurait fait remarqué que c’était dangereux de resta là alors qu’il était dans cet état (pour ne pas donner raison à son père). Elle aurait eu mille choses à lui reprocher si ça n’avait pas été lui. Avoir insulté son père par exemple mais pouvait-il faire autrement? Non. Alors elle ne le lui reprocherait pas, elle irait s’excuser auprès de ses parents. Parce qu’elle ne supportait pas l’idée de leur déplaire bien qu’en ayant choisi Johann contre l’avis de son père, elle ne pouvait que déplaire.

“ Laisse-moi aller lui parler Johann, il se calmera. Il l’aimera cet enfant je le sais, je n’ai même pas besoin de me le demander... Johann...”. Mais n’était-ce pas vain tout ça?

“ Je me fous de lui, de tout, de... MERDE! ” Il frappa dans un pan de mur, attrapant Nora pour la coller contre le mur, se collant à elle, la serrant trop fort peut-être. “ Je ne suis pas malade. Je ne suis pas malade... ”

“ Je sais Johann, calme-toi, il n’y a plus que nous deux, je ne t’ai jamais vu comme un malade... tu le sais bien...”.

Si elle en avait eu le loisir elle lui aurait pris la tête entre les mains, posé son front contre le sien. Ca marchait le plus souvent, mais là, elle n’avait pas les mains libres. Il frotta son front contre le sien, son nez également, sa bouche effleurant la sienne sans l’embrasser.

“ Je t’aime tellement... ” et comme il le fisait, son corps frissonna, tendu, mais il recula d’un coup sec. Il passa sa main sur son visage, soupira. “ Je reviens plus tard. ”

Il tourna le dos et sortit de la maison. Il se transforme aussitôt sur le palier et s’éloigna, sous sa forme la plus lupine, pour oublier et courir, un peu. Nora resta un instant sur le pas de la porte. De là où elle était, elle pouvait voir la maison de son père. Les fenêtres allumées et la longue silhouette de sa mère qui passait en ombre chinoise par moment. Calme. Sa mère était comme ça. Une rose des sables, belle et éternellement posée. Un paysage de dunes et de sables, mouvant, envoutant mais imperturbable aussi. Là, loin des oreilles de leur petite fille en sucre, Kohar se posait devant Kveld lui relevant le menton avec un mmh, si doux. Peut-être que de sa place Nora se figurait la scène parce qu’elle ne traversa pas les quelques mètres qui la séparaient de la porte de ce qui était encore un tout petit peu chez elle. Finalement elle rentra, parce que le frais de la nuit lui tombait sur les épaules et là elle attendit son Johann. Dehors, il y avait des filles qui jasaient, des filles qui avaient entendu Méliane se plaindre de cette saleté de petit cadavre en sursit qui osait se vautrer dans le lit d’un prince, des filles qui avaient entendu crier dans la maison d’Héméra et qui avait vu Johann passer en furie. Alors elles espéraient que cette fois, il s’était bel et bien lassé de sa petite sotte de blonde et que maintenant la voie était libre. C’était ce qui se disait, toujours dans le dos de Johann et Nora. Le lendemain, quand la nouvelle aurait fait le tour, parce qu’elle allait le faire, ce serait différent. En se levant le matin, elle alla lui faire son café, poser un baiser sur ses tempes alors qu’il dormait, puis elle reprit son train train quotidien. Aussi, on la vit sortir avec les premiers rayons du soleil, ses petits outils de jardinage à la main et un de ses shorts en jean qu’elle avait l’habitude de mettre quand elle savait qu’elle allait se salir. Une autre louve passa par là, lui adressant un regard dédaigneux. Nora feignit de l’ignorer au début, puis, regardant vers la maison de ses parents, elle demanda:

“ Oui?”, d’un ton un peu froid.

“ Je suppose que tu es fière de toi Nora...”

“ Fière de moi?”

“ Ben oui, maintenant que tu as réussi à te faire engrosser tu t’im...”

Mais Nora ne la laissa pas poursuivre. Elle se leva, l’air menaçant.

“ Je n’ai pas “réussi à me faire engrosser” comme tu dis. C’est arrivé comme ça serait arrivé à n’importe quel couple qui s’aime.”

“ Ce que tu peux être idiote ma pauvre Nora.”

“ Et toi tu dois beaucoup t’ennuyer pour n’avoir rien d’autre à faire que venir devant chez moi à 8h du matin.”

“ Mais c’est qu’elle se rebellerait. Je ne vais pas rentrer dans ton jeu de toute manière. On sait tous que c’est pas ton mouflet qui changera la donne, mortelle.”

Nora la laissa s’en aller malgré son envie de l’étriper. Ca n’en finirait donc jamais? Mahel qui passait au même moment rentra volontairement dans la jeune fille qui tomba aussitôt sur le sol. La force terassante de la rousse, pour son âge, n’avait pas vraiment d’équivalent féminin - et ce fut normal, quand on voyait la bête. La jeune fille releva un regard terrible sur elle, alors que la rousse arqua un sourcil.

“ Un peu plus et j’marchais dans la merde. ”

La fille la fixa, elle aurait aimé répliquer, mais quoi? Rien. Sincèrement rien. Mahel était des plus pures, et descendait de deux grandes familles. Autrement dit : intouchable. Ou presque. La jeune fille se releva :

“ Apprends à être une fille ma pauvre. ”

Un second pas et c’est le pieds de Mahel qui s’allonge, faisant chuter une nouvelle fois la fille.

“ Et toi à fermer ta gueule, mordue. ”

Terrible. La rousse détourna finalement l’attention, snobant la petite chose qui parlait dans son dos pour s’approcher de Nora, un sac à l’épaule. Elle était calme, patiente. Comme toujours. Mahel détestait la violence gratuite... encore que, elle convenait à ce que la violence n’était jamais gratuite. Elle se pointa devant Nora, avec un petit sourire en coin.

“ Salut Nora.. ça va? ”

Nora eut un petit rire qui se dirigeait droit vers Mahel et ses manières peu orthodoxes. Elle l’avait toujours beaucoup appréciée pour son impartialité et sa franchise.

“ Ca va. Tu n’étais pas obligée, d’habitude je me contente de les ignorer, mais avec hier... je ne sais pas. Je n’étais pas trop d’humeur à laisser dire.”, elle eut un large sourire, puis avisant le sac sur l’épaule de Mahel.

“ Tu repars déjà?”, elle ne restait jamais bien longtemps. Ca faisait souvent dire à ce qui ne connaissait pas la rouquine qu’elle était comme ces chiens de lyciens plutôt que comme les fiers Lusitanie. Inutile de dire que les gens qui jasaient dans le dos des autres, c’était toujours les mêmes. Elle hocha la tête négativement.

“ Pas aujourd’hui. J’ai été envoyé par ‘Taly, vu que je suis allée le voir ce matin. Du coup j’ai plein de truc, et... j’en ai marre de tenir les trucs en main. Alors, tadam! ” Elle attrapa sa besace, l’ouvrit et en sortit une fleur encore en pot. “ ‘Taly dit que c’est juste pour que tu vois ce que ça fait. C’est une Virginale.” Encore enpoter, il aurait fallu la cueillir pour voir l’éclosion rougeâtre de la magnifique. Elle sortit également plusieurs sachets, de feuilles séchées, et ces conneries. Elle soupira : “ Alors ça c’est pour les nausées, ça c’est pour les fois où tu te sens flagada, et là c’est pour dormir. Mh. Ah ouais, celle là c’est pour... que je me rappelle... Le ventre. Je sais plus ce qu’il a dit, mais tu commences à le prendre en infusion à partir de trois mois. Ok. Euh. ” Elle sortit une fiole, plutôt volumineuse, remplie d’un liquide rouge, ressemblant étrangement à de l’huile. “ Ca, c’est une... mh, huile je dirais, de je ne sais quelle plante en faite. Mais je sais que c’est pour les, comment dire... vergetures, tu vois. Pour éviter. Tu les mets sur le ventre et les cuisses d’après Loà, mais moi j’en sais rien. Donc tu vois ça avec elle. Et t’en auras pas besoin avant long time de toute façon. Et..! ” Elle fouilla au fond du sac : “ Ca c’est la clef. C’est con. C’est Kirill qui me l’a filé, il a dit qu’il y aurait un coffre à jouet qui viendrait avec, mais plus tard, parce qu’il l’a pas fini. Et enfin, attention..! ” Mahel sortit un dessin, mal fait, mais on voyait l’essentiel : “ Ca c’est le brouillon. C’est Nabor qui me l’a donné. Il a dit que c’était la base du berceau, tu vois. Et que si t’aimais pas, t’avais qu’à aller lui dire pour qu’il change les motifs. Voilà. ” Elle secoua la tête et sortit un bracelet, soupirant : “ Et ça c’est moi. C’est un grigris du Tibet. Ca protégera l’enfant des cauchemars et des prédateurs. Avec ça, j’ai jamais eut de problème en Roumanie et en Tchécoslovaquie. ”

Mahel eut un sourire, calme, toujours. Nora elle était émue aux larmes, et son sourire n’avait fait que grandir pendant que Mahel parlait. Elle la prit dans ses bras, plutôt longuement d’ailleurs:

“ Oh Mahel... si tu savais comme ça me fait plaisir.”

On ne pouvait que s’en douter après tout ce qu’elle s’entendait dire à longueur de journée et après l’effet d’annonce de la veille... elle ne s’était vraiment pas attendue à tout ça. Mahel eut un rire.

“ J’ai pas pu tout amener, parce que j’ai pas vu Mishka et mes frères, tu vois. Ni même les autres. Parce que là, c’est pareil, j’ai pas vu Loà, mais elle a dit qu’elle ferait des vêtements, eh... non, j’ai un peu la flemme là. ” Elle eut un sourire désolé, parce qu’elle n’avait pas forcément bien fait à ses yeux, mais c’était aussi bien. Elle arqua un sourcil : “ Ca c’est bien passé hier, en rentrant? Je l’ai vu courir autour du lac, alors... ”

“ Il avait besoin de se calmer”, expliqua Nora en s’asseyant sur la barrière de bois de devant chez elle, elle eut un petit rire un peu désolé, son regard fixant ce point imaginaire au loin que Johann observait si souvent, “ … les gens se l’imaginent toujours piquer des colères noires et les passer sur moi mais c’est pas vrai. Il sort et puis il revient quand il est mort de fatigue. Là il dort.”, il y avait beaucoup de tendresse dans la voix de Nora. Elle invita Mahel à s’assoir à côté d’elle, puis attrapant le pot avec la virginale, elle eut un petit rire beaucoup plus enchanté, “ tu crois que ça marche aussi pour moi ça?”

Mahel haussa les épaules :

“ ‘Taly me l’aurait pas donné pour rien je crois. J’te dirais bien d’essayer... ” La rousse pencha la tête.

Nora posa le pot sur ses genoux, regardant Mahel d’un air complice, puis elle cueillit la fleur, se promettant de planter le bulbe dans son jardin. La fleur s’ouvrit, magnifique, rouge vif devant les deux filles. Inutile de dire qu’un peu plus loin on les regardait en grimaçant mais Nora, trop émerveillée, ne remarquait même pas.

“ Je la montrerai à Johann quand il se réveillera, il sera content!”, même si la notion devait semblait bizarre à Mahel qui ne vivait pas avec lui. “ Tu as déjeuné? J’allais ramasser les mûres... avec un rayon de miel sur une tranche de pain c’est délicieux... et j’ai aussi du steak à la maison.”

Mahel la regarda, et eut un rire, sortant une enième chose de son sac à dos :

“ Gaspacho façon Vasco. Mais pourquoi pas. J’vais t’aider pour les mûres. ”

Quand on voyage comme Mahel et que l’on passe une semaine entière sans voir un seul animal, on s’habitue vite à manger ce qui traîne, des baies empoisonnées dégueulasses aux fruits basiques. La rousse se leva, gardant son sac sur le dos, comme si c’était essentiel. Peut-être que ça l’était. Nora sauta de la barrière, lui faisant signe de la suivre alors qu’elle mettait les genoux dans l’herbe devant un buisson épineux qu’il n’y avait qu’elle pour garder propre. Les ronces étaient alourdies de petits fruits noirs qui avaient siroté tout le soleil de l’été, et quand les oiseaux du matin venaient s’en régaler, c’était qu’ils étaient au mieux pour la récolte. Elle tendit son t-shirt pour servir de panier et elles ramassèrent les mûres en discutant, puis la blonde se leva pour aller chercher une nappe, du pain, du beurre, deux grands verres pour le gaspacho, un petit pot de fromage blanc, le pot de miel et les indispensables lanières de porc salé.

“ Voilà, fais toi plaisir. Je ne sais pas toi mais là, je crois que je pourrais avaler un éléphant.”

“ J’ai mangé un bout avant, mais j’te rassure, je mangerais un éléphant aussi. ” Elle imaginait déjà un éléphant cuit... mh. Elle eut un petit sourire, observant un instant les ingrédients, et mit le gaspacho sur la table, avec un sourire.

“ Oh. ” Johann venait de passer la tête par la porte, voyant Mahel et sa femme sur la petite table du jardin. Il eut un léger sourire, sortant habillé mais pieds nus, et s’approcha des deux jeunes filles, une tasse de café à la main. Il les regarda, un instant, cherchant quoi dire, puis souffla : “ Bonjour Mahel. ”

“ Salut Johann. ” elle eut un sourire, large.

“ Tu...? ”

“ Oh. Porter des cadeaux de la famiglia. ”

Ca pouvait paraître étrange, mais ça ne l’était pas. La meute de Lusitanie avait toujours été proche de celle des Lassithi et des Nicée. Ils étaient un trio imprenable. Si leur nombre dans le passé en avait fait une cohalition puissante et terrible, aujourd’hui on ne pouvait pas vraiment dire qu’ils étaient une armée puissante. Ils leur restait les plus fidèles et les plus puissants, mais... Mahel et Johann le savaient : leur père avait été elévé d’une même façon, dans une même maison, par trois pères à la même poigne. Alors ils étaient frères, et eux... Quelque part, ils étaient frères. A leur façon. Mahel se leva, avec un sourire, et tendit à Johann sa main. Il la regarda et la serra, hochant la tête. Johann s’approcha finalement, prenant place à la table. Nora était redevenue ce petit rayon de soleil qui avait filé avec lui un matin à la fin du printemps, en suivant le chemin qui commençait devant leur porte.

“ Regarde!”, elle lui montra la virginale éclose, magnifique, “ c’est un cadeau de Vitaly. Je te fais une tartine?”, comme elle en faisait justement une.

Nora n’avait besoin de rien ou presque pour être heureuse. Son esprit ne se nourrissait que de petits choses de rien, des sourires de Johann au simple plaisir d’avoir quelqu’un à déjeuner. Elle pardonnait vite parce qu’elle avait bon coeur. Bon coeur et pour une fois un appetit d’ogre. Elle se releva pour aller chercher le café et le lait à l’intérieur. Puis servit qui en voulait avant de se servir elle même:

“ Tu as bien dormi?”

“ Bien, oui. ” Il eut un sourire léger en hochant la tête.

Mahel se servit du gaspacho, par habitude, avec que Johann prenait du café. Si cela pouvait en énerver plus d’un, il y avait peu de chance que le bon Johann ne s’en énerve. Il était beaucoup trop calme pour ça.










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