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 (v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended-

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PROFIL & INFORMATIONS









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(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:03


(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- 47740775
(c) sugarfall
Her love is a gun, her love is a blade, she's a killer
Bitch is insane, she deals in pain, she's a killer
Ooh, she'll cut you clean, then she'll watch you bleed
So obscene, she's what I need, she loves to hear me scream
Black lace, stiletto heels, she's a killer
Crack the whip, submission trip, she's a killer
Ooh, cat in heat, mistress of deceit
Nerves of steel, her next meal, she's searching for the meat
KILLER- KISS
NOM : Ewing.
PRENOM(S) : Alice-Marble Olivia Roxane.
AGE : 24 ans
ORIGINE(S) : Inconnues. Tout ce qu'on sait c'est qu'elle a été abandonnée aux portes d'un orphelinat à Oxford.
PROFESSION : Prostituée. C'est peut-être trivial dit comme ça, mais c'est pratique pour avoir des contacts et fouiner. Aussi pratique que dangereux.
ETAT CIVIL : Célibataire, évidemment. Alice, avoir quelqu'un dans sa vie? Impossible, elle n'aime que sa personne. S'attacher, ça craint.


OO3. Nous avons les moyens de vous faire parler.


Quelle forme prend votre Epouvantard ? Un épouvantard? Uh, bonne question. Celui d'Alice prendrait sans aucun doute la forme d'une allégorie du néant, de la non-existence. Ne plus être, ne plus paraître, voilà qui la terrifie au plus haut point.
Que verriez-vous dans le Miroir du Risèd ? Une famille. C'est ce qui a toujours manqué à Alice, de ne pas connaître ses origines, d'ignorer qui sont ses parents. Pendant un moment elle a recherché sans relâches, mais faute d'indices, elle a tout bonnement abandonné. Alice est et restera la fille sans passé, avec seulement un avenir.
Où transplaneriez-vous si vous en aviez la possibilité ? Quelle étrange question. Transplaner ne permet-il pas justement d'aller où on veut en un rien de temps?
Quelle forme prend votre Patronus ? Alice n'a jamais été capable d'en produire un en bonne et dûe forme. Pas même un nuage argenté un peu abstrait qui est la base des bases. Soit parce qu'elle est effectivement très nulle en magie, soit parce qu'aucun souvenir n'est assez puissant pour fournir la dose de bonheur nécessaire.
Quel est votre sortilège favori ? Comme dit plus haut on n'a jamais vraiment vu Alice pratiquer la moindre forme de magie. On se demande si elle est vraiment une sorcière. Son talent pour les potions néanmoins lève tout doute. C'est juste qu'elle n'a jamais vraiment utilisé de baguette magique, elle y va à la Rambo. Après tout, les sorciers sont des incapables dès qu'ils ont plus leur baguette. Alors bon, voilà quoi.
Quel est celui qui vous terrifie le plus ? Voir question précédente (a)
Qu’avez-vous ressenti en entrant à Poudlard ? Alice n'est pas allée à Poudlard, voilà qui règle la question.
Quelle forme de magie vous attire le plus ? Magie noire, incontestablement.
Appréciez-vous la discipline ? Quelle question! Alice n'a jamais voulu se mettre sous l'emprise d'un quelconque règlement, elle a toujours transgressé joyeusement les règles. Etant elle-même une hors-la-loi on aura compris.
Quelle est la pureté de votre sang ? Inconnu. Même s'il y a de fortes chances pour qu'elle soit une née de Moldus comme il se doit.

OO4. Vous ! Oui, vous !


    PSEUDONYME, PRENOM : Styxx, Styxxounette (a) Sinon moi, c'est Audrey *SBAAF*
    AGE : 19 ans
    AVATAR UTILISE : Daisy Lowe
    COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? QU’EN PENSEZ-VOUS ? Pfeuh. Mawiie, c'te sale bête m'a convaincue de venir u.u' Et j'aime bien sinon je ne me serais pas inscrite.
    LE MOT DE LA FIN ? ALICE IS BACK GUYS! Tremblez *est déjà dehors*









Anonymous

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(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:03


OO2. L'histoire nous façonne, les souvenirs nous construisent.


(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- 70390695(c) Sugarfall
Errare humanum est, perseverare diabolicum est.
Confessions d'une âme trouble et dérangée.
__________________________________________________
un sourire fendit le visage de l’intruse, un sourire couleur vermeil. Seule cette bouche trop rouge était visible, le reste de son visage étant dissimulé sous un voile de tulle noir. Un grand chapeau extravagant ornait son chef, son corps quant à lui pour le coup était dissimulé dans une cape noire, pour la protéger du froid mordant de ce milieu de décembre. Son regard vif et vicieux scrutait la pénombre environnante, alors qu’elle progressait dans les allées de la petite église baptiste, au nord-est de Londres. Ses talons hauts claquaient sur le pavé à pas cadencés, elle se mouvait dans un bruit d’étoffe. Le sourire se fit plus large à mesure qu’elle avançait vers le confessionnal. Au passage elle lava ses mains ensanglantées dans le bénitier, colorant l’eau bénite d’écarlate. Le sourire cruel toujours rivé sur ses lèvres, l’espèce de démence troublant son regard déjà sombre, elle entra et s’assit sur le petit banc, en face du prêtre qui bientôt allait accueillir ses sombres révélations. Elle leva son poing et toqua. Quelques secondes plus tard, l’abbé apparut, visage à moitié dissimulé derrière un grillage. Un courant d’air souffla les cierges allumés, privant l’église de la lumière sacrée. Au loin, une porte grinça et se referma en tremblant. L’inconnue s’éclaircit la gorge alors qu’elle sortait de son sac un bréviaire, dont elle commençait à tourner les pages, distraitement, de ses doigts encore un peu ensanglantés. Le sourire toujours ancré sur ses lèvres trop rouges. Elle croisa ses bras sur le bouquin sacré, se penchant davantage, comme pour une séance de confidences, son souffle empoisonné effleurant le visage du sacristain. La voix suave et douce de l’homme d’église s’éleva alors, rompant le silence qui devenait oppressant.

« -Désolé Mademoiselle, les confessions ne rouvriront pas avant demain matin. »

Alice regarda attentivement l’homme d’église, dont elle ne parvenait pas à distinguer clairement les traits. Derrière elle, la statue de la vierge Marie semblait se lamenter d’une telle présence en ces lieux saints, alors que le Christ crucifié tordait son visage de douleur, dans son agonie ultime. Ses ongles vernis de rouge tapotèrent le bois d’ébène de la table, alors qu’elle se penchait davantage, le bout de son nez touchait le grillage qui les séparait. Elle ôta son chapeau, révélant son visage. Ses yeux semblaient dire au prêtre qu’il n’avait pas d’autre choix que d’accepter, qu’aucune négociation n’était possible. Il rajusta sa bure. Alice murmura à son tour, d’un ton ferme et définitif:

« - Demain je serai loin. Je reprendrai mon périple jusqu’à l’absolution, mais trop de péchés encombrent ma voie. C’est important pour moi de m’en débarrasser dès maintenant. Que me conseillez vous, mon père, comme pénitence? »

Elle fixait de ses yeux ambrés l’homme d’église qu’elle connaissait bien maintenant. Son rictus ne quittait pas ses lèvres, la cruauté pouvait se lire dans les yeux de la brune. Ses serres attrapèrent le grillage, comme si elle voulait l’arracher. Son visage de poupée était désormais effrayant, et le moine recula d’un pas, comme effrayé parce qu’il venait de voir, par cet éclat de folie dangereuse qui avait possédé, un instant, le regard de la jeune femme, personnification du mal et du péché aux yeux du pauvre homme. Alice était désirable, trop désirable pour qu’il ne ressente pas le besoin de la toucher, d’effleurer cette peau trop pâle, résultat de ses années d’enfermement dans le service psychiatrique de Sainte-Mangouste. La jeune femme dérangeait les fidèles en se montrant dans le coin, ainsi n’avait-il pas eu d’autre choix que de la virer en l’interdisant de revenir. Seulement les paroles de l’Autorité ecclésiastique n’avaient pas eu l’effet escompté, la demoiselle était revenue, comme hantant les lieux, les fidèles voyant en elle comme un blasphème envers le saint père. Blasphème dont elle se contrefichait royalement, n’étant nullement chrétienne. Elle ne revenait ici que pour harceler le saint homme à dire vrai, qui n’avait que cesse de la repousser. Se tassant contre le mur derrière lui, l’homme d’église toisait la brune de son regard froid et haineux. Sa main disparut sous sa bure pour brandir son crucifix, arme pathétique contre le démon qu’elle semblait être. La brune éclata de son rire sec et cassant, avant d’agripper un peu plus le grillage et de le secouer, comme un détenu fou furieux aurait fait en saquant sur ses barreaux. Du bout des lèvres, l’homme laissa échapper:

« -Toi. »

La brune éclata carrément de rire, son corps svelte et fin collé sur le grillage, comme si de la sorte elle pouvait éventuellement le traverser. Ses doigts l’enserrant toujours, à défaut de pouvoir enserrer le cou blême de l’ecclésiastique. Son sourire malsain et pervers ne quittait pas son visage, alors qu’un sentiment de triomphe avait empli sa poitrine, l’irradiant comme un soleil. C’était jouissif de voir qu’il l’avait reconnue, c’était jouissif de voir la peur dans son regard. Une peur identique à celle de ceux qui pourraient prononcer ces mots pour la dernière fois. Elle monta ses doigts qui vinrent accrocher un point plus haut sur le grillage, son vernis rouge écarlate s’écaillant dans la manœuvre. Le souffle rauque, l’air démentiel, la brune murmura.

« -Regarde toi Gabriel. Regarde comme tu es faible. Tu te prétends au dessus de toutes les tentations humaines mais au fond tu n’es pas mieux que les autres. Tu es aussi faible, aussi démuni face aux tentations qui t’assaillent. La chair reste un bon moyen de pression, et tu sais à quel point que pour se débarrasser d’une tentation c’est d’y céder. »

Sa langue se déliait à mesure qu’une colère sourde s’infiltrait dans les veines de la jeune femme. Alice avait toujours eu cette nette propension à changer d’humeur brutalement, devenant tout à coup folle furieuse, ne serait-ce qu’un simple mot. Elle n’avait pas aimé le ton méprisant de la façon dont il avait dit le toi, tant et si bien qu’Alice avait eu l’impression d’être insultée. Gabriel était pétrifié, de l’autre côté du grillage. Sans aucun doute devait-il remercier la présence de cette barrière. Surtout quand on connaissait les réactions aussi sauvages qu’imprévisibles d’Alice. Mais Gabriel dissimulait son trouble sous un calme olympien, se voulant aussi paisible qu’une mer d’huile. Mer d’huile qui ne tarderait pas à entrer en ébullition, Alice en était certaine.

« -Tu n’as pas le droit d’être ici »

Avait-il déclaré d’un ton froid et sans appel. Ton qui avait déclenché en la jeune démente une crise d’hilarité sans précédent. Elle secoua encore une fois le grillage, pensant cette fois ci le faire tomber. Mais la barrière tint bon. Elle se calma, avant de murmurer d’un air étrange.

« -En vertu de quelles règles? Les siennes? Elle désigna du pouce la statue du Christ derrière elle. Te fatigue pas Gabriel. Il n’est pas là ton Dieu. Il a déserté la place au moment même où j’ai posé les pieds sur le parvis. Crois moi, je serais en train de brûler vive s’il était encore là. Tu sais à quel point les démons peuvent détester l’eau bénite et tout ce qui est sacré. »

La dérision était plus que présente dans sa voix, le cynisme suintant de ses mots, alors que Gabriel était pétrifié. Alice venait de blasphémer et pas qu’un peu, mais à dire vrai, elle s’en fichait. Elle n’avait pas de salut à sauver, le sien était bien compromis depuis longtemps. Elle était condamnée à brûler en l’enfer sans passer par le Purgatoire. Mais qu’importe, elle ne croyait pas à toutes ces conneries. Elle n’avait jamais cru en Dieu. Elle n’avait par conséquent rien à faire dans un lieu saint. Si ce n’est que déranger ceux qui l’occupent. Père Gabriel allait dire quelque chose, mais il se ravisa. Il recommença son manège plusieurs fois, avant de répondre, d’un air grave.

« -Tu n’as pas le droit d’être ici. »

Nouveau rictus qui déforma son visage de porcelaine. Elle n’avait pas le droit d’être ici? Eh bien, en voilà une nouvelle. Comme si elle ne le savait pas en fait. Mais si, elle savait, et elle n’en avait rien à faire. L’interdire, c’est la commander. Elle n’avait jamais rien respecté, aucune règle, aucun règlement, aucune autorité. Son mentor avait d’ailleurs eu du fil à retordre avec elle. La brune s’écria, plutôt gaiement.

« - Crois-tu pourquoi je suis venue après le coucher du soleil? Je ne voudrais pas les déranger dans leur prière. »

Hypocrisie. Alice s’en contrefichait joyeusement des gens qui venaient prier. Elle savait qu’elle dérangeait. Qu’on parlait souvent d’elle. Mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Alice au fond était une repentie. Elle était sortie de l’hôpital psychiatrique il y a quelques mois de cela, pour y avoir été envoyée suite à un procès sommaire. Mais son comportement présentant une forte amélioration, Alice avait été remise en liberté, non sans qu’un énorme pot de vin ait été versé néanmoins pour soudoyer les personnes qui avaient en mains son dossier psychiatrique des plus inquiétants. Alors oui, Alice dérangeait, mais en même temps les gens flippaient pour un rien. Elle n’était pas dangereuse…Ou presque pas. En tout cas, elle n’avait pas perdu pendant son internement sa répartie tranchante, ses grands airs bravaches, son cynisme presque cruel. Gabriel, actuellement, en faisait les frais.

« -Tu es toujours là où l’on ne t’attend pas. Ils ne t’aiment pas. »

C’était tout ce qu’il avait à dire. Ses paroles étaient pitoyables, loin de la sempiternelle sagesse pour laquelle les hommes d’églises étaient réputés. Après tout, l’abbé d’une paroisse n’était-il pas censé être un chef spirituel? Alice regarda le jeune prêtre droit dans les yeux, avant de laisser échapper un petit rire cynique. Le énième d’une longue collection.

« - Qui m’aime de toute façon? »

Ce n’était pas là une façon quelconque de se plaindre. Ni même l’expression de sincères regrets, bien qu’Alice aurait aussi aimé avoir de la famille. Quelqu’un pour l’aider en cas de pépin. Mais Alice était seule, encore et toujours, vagabonde sauvage, une amazone. Elle n’avait pas besoin d’attaches, elle n’avait besoin ni de rien ni de personne. Elle était libre, c’était tout ce qui lui importait. Alice essuya machinalement le sang qui suintait d’une de ses blessures, ensanglantant une fois de plus son sang. Gabriel se rapprocha du grillage, pour regarder la jeune Ewing d’un peu plus près. Son regard un instant effleura ses bras meurtris.

« -D’où vient tout ce sang? »

Alice entortilla une mèche de cheveux autour de son index, haussant un sourcil. D’humeur provocatrice, elle se sentait de répondre au saint homme d’église quant à l’origine de ces sévices. Elle se pencha, étant à présent tout près de lui. Leurs souffles se frôlaient, Alice reposa sur ce grillage qui les séparait. Un rictus déforma de nouveau ses traits, mais celui-ci était teinté d’amertume.

« -Certains de mes clients ont des jeux plutôt bizarres. Alors je me plie parfois à leurs envies, même si c’est dégradant pour moi. Ca ne me plaît pas, toi qui connais ma nature rebelle, mais en échange d’un bon pactole je peux bien faire quelques sacrifices. »

Elle avait dit cela sur un ton extrêmement aguicheur, regardant l’homme d’église droit dans les yeux, un sourire satisfait ornant ses lèvres étirées ordinairement en moue boudeuse. Elle avait rivé ses prunelles sombres dans le regard d’acier de Gabriel, lequel déglutit avec difficulté. Elle avait ôté sa cape, se montrant dans une tenue pas très adaptée aux lieux. Sa tenue de travail, disait-elle, avec une pointe de cynisme. Mais Alice s’en fichait des mœurs, copieux même. En tout cas, malgré la pénombre ambiante, d’où filtrait une légère lumière malgré tout, on pouvait voir des rigoles plus sombres sur la peau blême. Les traces manifestes de ses jeux morbides et sombres d’il y a quelques heures pour satisfaire les envies perverses et condamnables d’un vieux pervers qui fantasmait un max sur l’idée d’avoir une jolie petite poupée toute disposée à écarter les cuisses pour satisfaire ses besoins animaux. Toujours regardant Gabriel droit dans les yeux, elle leva son poignet stigmatisé d’où coulait un peu de sang, d’une blessure bien trop profonde. Elle se pencha vers celui qu’elle convoitait, croisant les jambes avant de murmurer:

« -Ceci dit, si tu as des envies particulières je suis à ton entière disposition. Fais de moi ce que tu veux. Fais moi mal si ça te chante. Tu ne vas pas me refuser ça tout de même? Je m’en fous que t’aies fait vœu de chasteté. Tu sais nul homme n’est infaillible…Il te pardonnera ta faiblesse va. lui-même n’est pas très clean comme mec. Crois-tu pourquoi il condamne pas tout ce qui pourrit ses créations? Parce qu’il cautionne, c’est tout. Et il te pardonnera, même si tu fricotes avec la fille du Diable. »

La fille du diable, rien que ça. Mais n’était-ce pas ce qu’était Alice dans le fond? Qu’elle aurait été la fille de Satan lui-même n’aurait en rien été étonnant, tellement les tréfonds de son âme étaient sombres. Dans son esprit torturé se battaient perversion et masochisme, folies meurtrières et pulsions sadiques, le tout avec un penchant certain pour le morbide et ce comportement glauque qu’elle avait déjà acquis dès son plus jeune âge. Petite, elle s’éclatait à écraser les coccinelles, à couper les vers de terre en petits morceaux, arrachait les ailes aux papillons et aux autres bébêtes à ailes, une fois même elle avait tué un oiseau parce qu’il piaillait trop fort. Elle avait serré l’animal dans ses petites mains blanches jusqu’à ce qu’il s’étouffe de lui-même. Aussi loin qu’elle se rappelait elle avait aimé faire du mal. On ne lui chercha pas de circonstances atténuantes en trouvant des détails dans son enfance propre aux cas sociaux. Elle avait eu une enfance presque ordinaire. Elle n’avait pas eu à souffrir de la tyrannie paternelle ou même d’une mère trop castratrice, ayant vécu à l’orphelinat toute sa vie. Non, rien ne pouvait vraiment justifier son comportement de tueuse, ses affinités avec le mal. Elle avait juste eu les prédispositions nécessaires, et c’était tout.

Il y eut un mouvement de l’autre côté, puis un bruissement d’étoffe. Indiquant qu’une fois de plus, Alice avait gagné. Un sourire satisfait vint se pendre insolemment à ses lèvres, lequel s’étira davantage quand elle entendit un cliquetis non loin d’elle. Gabriel venait de faire céder le verrou du passage qui les séparait. La porte menant au côté où Gabriel se trouvait s’ouvrit, grinçant sinistrement dans ses gonds. L’homme apparut tout à coup aux côtés d’Alice, laquelle afficha un sourire triomphant. Elle le regarda à nouveau de son air aguicheur, penchant la tête sur le côté avant de murmurer:

« -Il faudrait songer à huiler les charnières tantôt. Ca grince à en faire réveiller un mort. »

**

Plus tard, Alice se tenait debout, de nouveau habillée. Elle regardait le corps sans vie de Gabriel, qui gisait au sol, baignant dans son sang. Entre les mains de la prostituée, un couteau, qu’elle nettoyait à l’aide d’un vieux mouchoir en papier. Ses mains de nouveau ensanglantées, du sang de celui qu’elle avait eu comme amant quelques minutes plus tôt. Elle se coiffa à nouveau de son chapeau, et la dame en noir s’éloigna, emportant entre les plis de sa robe l’arme du crime. Une lame, six centimètres. A double tranchant. Une de ses préférées, sans aucun doute. Une vraie petite merveille. Qui venait de prouver une fois de plus son efficacité. Quelle surprise allaient avoir les paroissiens au petit matin en voyant leur sainte église souillée du sang de leur bien aimé père…En sortant de la nef, Alice jeta un sourire goguenard au Christ crucifié, avant de s’éloigner dans l’obscurité dans un claquement d’étoffe, la nuit étant seule témoin de son crime.










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(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:03


(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- Dw3(c) Babacool
Quelle ingratitude que de tuer la main qui t'a nourrie.
Quand l'élève se retourne contre son maître.
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On a beau n’avoir besoin de rien ni de personne, dans les faits, tout homme a besoin d’un repère, pour ne pas voguer irrémédiablement en roue libre. Une bouée de sauvetage en quelque sorte. Sauf qu’il y a des êtres qui eux, n’ont pas de vrai repère. Juste un semblant de, en réalité. Alice était de ceux-là. Nul ne sait quand son histoire commence réellement, si histoire il y a. On recommence donc. Alice n’était personne. Elle n’était pas là par l’action du Saint-Esprit, bien évidemment, mais elle n’avait pas (tout du moins, plus) de parents. Elle n’avait jamais connu les siens, ayant été abandonnée aux portes de l’orphelinat où on l’avait recueillie. Toute petite, Alice faisait déjà frémir les plus courageux. Son regard marron semblait dire des milliers de choses aussi contradictoires les unes que les autres. Chacun s’accordait à dire que le regard de la jeune Orpheline n’était de jamais augure lorsqu’il était dardé sur vous, et dans les faits cela s’est avéré vrai. L’on parla par là bas de malédiction, chose totalement grotesque. La fillette qu’était Alice n’avait jamais su trouver crédit aux yeux des autres qui la fuyaient comme la peste. Elle faisait peur. D’elle se dégageait une aura inquiétante. Tant et si bien qu’elle était toujours seule. Et elle ne s’en plaignait pas, refusant de toute façon la compagnie, étant un brin misanthrope. Elle avait toujours ce regard vicieux de celui qui préparait un mauvais coup, un sourire sadique accroché à ses lèvres gourmandes. Jamais on n’avait vu de gamine aussi intelligente et ayant autant le sens des réalités, tant et si bien que c’en était flippant.

Elle avait toujours été du genre à répondre avec aplomb, parfois avec une méchanceté non dissimulée. Ses questions en pétrifiaient plus d’un tellement elles paraissaient inadaptées à une fillette de son âge. Là où les gamines de son âge rêvaient de licornes et autres contrées où le merveilleux régnait, Alice elle vivait déjà dans un monde à part, un monde glauque et morbide. Le tout enveloppé dans un silence presque oppressant. La jeune Ewing était avare en mots, préférant se réfugier dans son sempiternel mutisme. Et quand elle parlait, elle parlait vrai, sans fards ni artifices. Appelons un chat un chat, et tant pis si ça choque. Alice se souvenait des regards effrayés que les autres enfants lui lançaient. Tant et si bien qu’ils préféraient lui foutre la paix. Nul n’avait jamais voulu adopter la petite. Tant et si bien qu’elle resta seule pendant un moment encore. La demoiselle se complaisant dans ses histoires où l’obscurité menaçait, où la démence n’était jamais loin. Son regard marron était inviolable et gardait bien le coffre de ses secrets. Elle aurait très bien pu personnifier l’épouvante. D’autant plus que la nature l’avait dotée d’un physique pas du tout ingrat, enfermant dans du beau quelque chose de visiblement affreux. Une beauté empoisonnée, un cheval de Troie.

On se plaignait souvent de son manque de considération pour autrui. De son arrogance, qui s’était forgée par on ne savait trop quel moyen. Sûrement parce que d’emblée certaines personnes étaient prédisposées pour régner. Et dans le cas d’Alice, jamais personne n’avait cherché à contredire ce point, parce que tout était vrai. Alice était déjà une terreur, et pas la terreur des bacs à sable. Elle était différente. Pas normale. D’un autre genre. Et c’est pour cette raison qu’on l’excluait. Alors quand on disait que dans son enfance, rien ne permettait de justifier ce qu’elle était à présent, c’était un peu faux. Peut-être qu’implicitement, cet abandon avait eu plus d’impact sur sa personnalité. Mais nul ne pouvait vraiment dire si c’était le cas ou non. Alice n’étant ni plus ni moins qu’une énigme, une énigme insoluble.

Mais le destin n’avait pas oublié de sourire à l’enfant. La chance se présenta un matin d’avril, quand elle avait genre six ans. Ou peut-être plus tard, en réalité on ne connaissait pas son âge exact. Ni même sa date de naissance. Quand on vous dit que c’est l’inconnue de l’orphelinat d’Oxford, ce n’est pas faux dans un sens. Ses camarades s’étaient retrouvés là par la force des choses, bien souvent à cause du décès de leurs parents. Alice était l’une des seules, sinon la seule à avoir été abandonnée sans que sa famille biologique ne laisse de traces, comme si les siens avaient eu dans l’idée de l’abandonner sans qu’elle puisse les retrouver un jour. On a voulu se débarrasser de toi disait une petite voix insidieuse dans son esprit. Comme si au fond la sinistre enfant représentait une tare ou tout simplement qu’elle n’avait jamais été effrayée. Donnant une jeune fille incapable d’amour, qui a banni ce mot de son vocabulaire, et quand elle l’employait, c’était avec dérision. Toujours avec dérision.

La chance avait donc revêtu les traits de Rufus Swindler, un type qui disait-on avait des agissements assez louches et qui avait eu des démêlés avec la justice pour blanchiment d’argent et une sombre histoire de pédophilie, ainsi que faux et usage de faux. Le faussaire avait été blanchi pour les accusations d’abus sexuels sur mineurs mais on n’avait jamais pu trouver de preuves quant aux deux autres charges, ainsi donc l’enquête a été suspendue. Swindler avait déjà un fils, Sarajevo, âgé de 10 ans (ou dans ces eaux là) à l’époque des faits. Sarajevo, taciturne de son espèce, aussi mystérieux qu’inquiétant. Au tout départ, il avait vu d’un très mauvais œil cette nouvelle venue, sans doutes pour les motifs propres aux enfants, comme la jalousie, la peur de ne pas être le seul et l’unique dans le cœur des parents, une autre connerie du genre. Il avait haï Alice, rêvant de détruire son visage de poupée. Rufus avait ignoré toutes ses supplications, il avait emmené la petite avec lui dans la maison qu’il occupait avec le gamin. La directrice de l’orphelinat était tellement pressée de se débarrasser d’Alice qu’elle n’avait pas cherché à consulter le dossier de l’adoptant pour voir s’il ne représentait pas un danger pour l’enfant. Elle était bien contente que cet être de mauvais augure s’en aille, laissant les autres en paix. Eloigner les mauvais esprits en somme. Sarajevo ne parla pas. Il se contentait de regarder Alice, lèvres pincées, laquelle n’était pas très gourmande puisqu’elle peinait à finir son assiette. Le garçon la dévisagea un long moment, afin de lever le camp et de claquer la porte de sa chambre.

**

Il y avait toujours un endroit où on rêvait d’aller. Les conquistadores rêvaient d’El Dorado, les jeunes sorciers rêvaient de Poudlard. Il y avait un ailleurs qu’on enviait, plus que d’autres, un endroit où on pouvait s’échapper de la réalité, de la triste réalité. Pour Alice, c’était tout simplement être dans son rocking-chair, sa poupée de porcelaine posée par terre à côté, sur le vieux tapis usé. Dans sa main gauche, un couteau, une lame longue et effilée. Une première arme. Alice aussi loin qu’elle s’en rappelait avait toujours eu cette passion bizarre pour les armes blanches, couteaux ou canifs. Poignards ou dagues. Elle tenait un couteau de cuisine d’une bien étrange façon, et rien que le simple fait de la voir découper son pain suffisait à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Son geste était assuré, précis. Les gens qui en avaient l’habitude coupaient aussi leur pain correctement à la longue, mais chez Alice il y avait autre chose. Elle y prenait presque plaisir. Elle prenait presque plaisir de voir la croûte céder sous le tranchant de la lame, la mie s’affaisser sous le poids du métal. Les bruissements de la croûte qui se brisaient, dans un craquellement sinistre, et le chtak final qui indiquait qu’on en était venus au bout, heurtant la planche de bois. Dès lors, la même planche était imprégnée d’une fine marque, une cicatrice à vie, témoin silencieux d’un acte pourtant banal.

Et elle souriait, alors qu’elle beurrait son pain. Toujours le même mode opératoire, toujours la même précision macabre. C’était ça d’être né avec un grain, de ne pas voir les choses de la même façon. Même quand il s’agissait de préparer son petit déjeuner. Mais actuellement, bien calée dans son rocking-chair, Alice découpait un pain d’un autre genre. La fillette serrait dans sa main un couteau de cuisine, ce qu’il y avait de plus banal. Elle l’examinait sous les moindres recoins, et pour voir si ça coupait, elle se faisait une légère entaille dans le bras. Un sourire satisfait venait orner ses lèvres à la vue de la larme vermeille qui roulait sur sa peau d’albâtre, suintant de la sombre blessure. La seule larme qu’elle versait alors, ses yeux restaient obstinément secs, en dépit du léger picotement qu’elle avait alors ressenti. Voyant l’efficacité de son nouveau joujou, la fillette commença alors à se balancer sur son rocking-chair, la poupée étant présente sur ses genoux. Couteau à la main. Dès lors, elle se saisit des adorables anglaises de la petite créature, avant de les couper, impitoyablement, laissant les cheveux de nylon tomber au sol dans un chuintement sinistre. Mèche par mèche, elle défaisait la poupée de sa belle chevelure blonde, abîmant son jouet déjà torturé par l’amour trop fort qu’elle lui vouait. A mesure qu’elle coupait, elle comptait les mèches qui tombaient au sol en fredonnant une comptine qu’elle avait apprise, où il était question d’animaux où elle ne savait pas trop quoi d’autre. De toute façon, elle n’aimait pas les animaux. Le chien des voisins, qui aboyait sans cesse, avait fini d’une bien étrange façon, démembré dans un sac poubelle, parmi d’autres déchets, où auraient eu leur place tous les déchets humains qu’elle connaissait et qu’elle n’arrivait pas à apprécier.

Un cliquetis plus tard et la porte de la pièce où s’était réfugiée la gamine s’ouvrit, faisant apparaître Rufus. Le maître de la maison regarda Alice, dont le bras présentait une vilaine estafilade, puis la poupée qui avait perdu ses cheveux. La petite regarda droit dans les yeux son mentor, sans être intimidée. Il hocha la tête de gauche à droite d’un air navré, puis fit signe à la petite fille de se lever. Il constata les dégâts en voyant les cheveux blonds tomber des plis de la robe de la famine, et il en profita pour l’épousseter, lui confisquant du même coup son joujou. Rufus se pencha ensuite pour récupérer le cadavre de la poupée, avant de la présenter sous les yeux d’Alice et de murmurer:

« -Tu ne veux plus de ta poupée? »

La brune fronça les sourcils, s’interrogeant sur le sens de la question. Elle se contenta de rester les lèvres pincées, laissant planer un silence douteux dans la pièce, comme le silence précédant une mise à mort. Rufus ne s’indigna pas du silence de sa fille, ainsi il prit lui-même les devants. Il frappa la poupée sur l’accoudoir du fauteuil, lequel couina sous la violence du choc, alors que ce visage si parfait volait en éclats, éclats qui se dispersèrent sur le tapis. Il présenta à Alice le cadavre de la poupée, avant de dire, l’air grave.

« -C’est fini l’enfance Alice. Il est temps pour toi de commencer à devenir quelqu’un. »

La petite fille n’avait pas baissé le regard, déjà pleine d’aplomb. Elle n’avait même pas tressauté quand Rufus avait ruiné sa poupée, le seul lien qui la rattachait à son enfance beaucoup trop sombre. Elle avait pourtant compris la portée symbolique de cet acte, marquant avec perte et fracas son entrée dans l’âge adulte, mais cela lui faisait ni chaud ni froid, en dépit de tout ce que la poupée avait représenté pour elle. Marie-Madeleine n’était pas une simple poupée. Elle était le pendant positif d’Alice, ce qui la rattachait à un zeste d’innocence, à un tant soit peu de lumière. Elle était tout un symbole en réalité. Une amie, une sœur. Un inanimé qui connaissait les pulsions qui hantaient son cœur torturé. Ses pulsions déjà meurtrières, son envie de violence. Une envie qu’elle avait cultivé dès son plus jeune âge et qu’elle avait réfréné parce que ce n’était pas bien. Mais Rufus avait compris ce qui agitait l’esprit de sa pupille. Et il n’avait jamais cherché à entraver cet esprit criminel pourtant tellement prometteur. Au contraire, il n’avait fait que de l’exploiter. Tirer sur la corde jusqu’à ce qu’elle ne casse. Jusqu’à libérer pour de bon le monstre qui sommeillait en Alice. La fillette regarda le bandit, avant de murmurer:

« -Dis Papa, pourquoi les gens ils disent que je suis pas normale? »

Il était resté là, interloqué, pas habitué pour le moins du monde qu’on l’appelle Papa. De la bouche pure et innocente d’Alice, les mots semblaient insolites. La neutralité avec laquelle elle avait posé la question fatidique, quant à elle, était tout bonnement déconcertante. Pas d’air affligé. Juste un air interrogateur. Rufus ne pouvait s’empêcher de détailler son visage si parfait. Il était presque troublé par cette gamine aux yeux si semblables à ceux de son amour perdu. Si Swindler avait eu un cœur, il aurait été touché. Il inspira profondément, avant de répondre à la question de la fillette sur un ton paternaliste:

« -Parce que tu n’es pas comme toutes les autres Alice. Je sais ce qui t’habite et ce qui te rend aussi peu apte à la vie en société. Je ne suis pas là pour brimer ces pulsions Alice, elles sont naturelles, mais je peux toutefois t’aider à les gérer. Tu dois accepter ce que tu es, Alice. Les autres n’ont rien à dire. Tu vis pour toi et toi seule. N’oublie jamais ça. Tu n’as de comptes à rendre à personne. Celui qui se démarque des autres, c’est celui qui suit sa propre voie. Qu’elle soit sombre ou obscure. C’est toi et toi seule qui choisis. Il n’y a pas de destin. »

C’était l’un des nombreux enseignements de Rufus. Etre soi même. Ne pas chercher à renier ce que l’on est. Avancer, quoiqu’il arrive. Mais outre ces grands principes auxquels Alice s’était pliée dès son plus jeune âge, buvant les paroles de son mentor, ce qu’elle retint plus particulièrement, c’est cette aptitude spéciale qu’elle conserva alors par la suite, et qui s’avéra fort utile.

« -Ne cherche pas à justifier ce que tu es. Ne cherche pas non plus à te faire comprendre des autres, il ne sont pas faits pour toi. Caches-toi d’eux. Ils peuvent te faire prisonnière en te mettant en cage, en détruisant ton être à petit feu, mais ils n’auront jamais ton esprit et garde le bien en tête. Alors efforce-toi de le garder aussi impénétrable que possible. C’est pourquoi tu dois impérativement fermer ton esprit. C’est difficile surtout quand on essaie de s’y introduire de force, mais c’est primordial quand les gens comme nous cachent des secrets d’une autre importance. Rappelles toi! Toujours fermer ton esprit. A qui que ce soit, d’ailleurs. »

S’il y avait bien quelque chose à retenir de Rufus Swindler, c’est bel et bien son côté intransigeant et rigoureux. C’est ainsi que la jeune Ewing, dès lors, commença à prendre l’art rigoureux et difficile de l’occlumencie, se perfectionnant au fil de longues années de labeur. Il en fallait peu pour ouvrir la boîte de Pandore et de laisser par inadvertance laisser échapper des secrets trop bien gardés, enfouis au fond d’un cœur sombre et rongé par la haine.


**

Le temps passait, inexorablement. C’était toujours pareil, il y avait des détails dont on pourrait aisément se passer tellement ils semblent inutiles. Alice était debout, près de la table de cuisine, alors que Swindler père lisait son journal. Sarajevo était en train de rêver dans un coin, dans un de ses trop nombreux moments d’absence. Une scène qui pourrait paraître presque normal si seulement Alice ne tenait pas une lame de six millimètres dans sa main. Elle la portait à bout de bras, devant ses yeux afin d’en examiner le fil avec un sourire carnassier. Son regard sombre suivait la lame, en dessinait les contours avec délices. Elle pencha la tête sur le côté pour examiner son bébé sous un autre angle. Le cadeau était de Swindler père pour son anniversaire.

« -Alors, elle te plaît? »

Alice se redressa, s’apercevant qu’elle s’était légèrement avachie. Son sourire étirant toujours ses lèvres douces et pourtant pincées. Elle jeta un regard sournois à Sarajevo, toujours impassible dans son coin, adossé contre le mur, bras croisés. Elle regarda à nouveau la lame qui étincelait sous les néons de la cuisine, avant de jeter un regard enjôleur à celui qui était devenu son mentor. Rufus attendait sa réponse, l’air serein. Sarajevo, lui, fixait de son regard sombre la scène, détestant comme toujours le fait que Rufus s’intéresse plus à Alice qu’à lui. D’un demi tour leste et gracieux, le port de tête droit et altier, Alice se tourna vers le mur où était adossé Sarajevo, avant d’un mouvement du bras de balancer la lame qui alla se ficher droit dans la cible qui servait d’ordinaire à jouer aux fléchettes, non loin de Sarajevo. Elle ne mit pas en plein dans le mille, mais c’était suffisant pour que son frère adoptif ne s’éloigne en la gratifiant d’un regard noir.

« - Oui, beaucoup. C’est un petit bijou. »

De son pas léger la brune alla récupérer son bien, alors que Sarajevo s’éloignait, son regard signifiait qu’elle allait s’exposer à de nettes représailles un peu plus tard. Genre en privé. Elle lui dédia un adorable sourire. Si les représailles le rendaient plus fougueux et plus violent au lit alors tant mieux. Oui, elle couchait avec Sarajevo, et alors? Il était le seul d’ailleurs. L’unique. Mais elle n’en était pas amoureuse. Un être comme Alice était dépourvu de sentiments. Entre eux, c’était juste une histoire de cul lambda, si on oubliait le fait qu’ils étaient frère et sœur par adoption. Mais elle avait dix-huit ans, lui en avait vingt et quelques -elle avait perdu le compte tellement fêter les anniversaires ici bas était rare-, elle était majeure et vaccinée, et après tout elle s’en foutait. Parce que ça faisait comme quatre ans que ça avait commencé. Il avait été le seul. Il était toujours le seul. Et il le savait. Et cet immonde salopard de fils de pute s’en servait. Il la savait à sa merci, et ça la dégoûtait au plus haut point. Salaud, va. Swindler père ne releva pas leur jeu de regards et continua de lire son journal, tout en lançant, léger sourire aux lèvres:

« -Fais en bon usage. »

En faire bon usage? C’était mal connaître Alice. Elle allait en faire plus qu’un bon usage, c’était certain. Elle imaginait sans peine la lame entailler la chair tendre alors que l’hémoglobine suinterait de la blessure. Elle imaginait le métal s’enfoncer dans la peau, la découper comme du vulgaire papier sans opposer de résistance. Elle imaginait sans peine le couteau contre la jugulaire de Sarajevo, qui éclaterait lorsqu’elle presserait un peu plus. Oui, elle imaginait, et ça la faisait sourire. Diablement sourire. Elle regarda Swindler père droit dans les yeux, avant de regarder à nouveau l’arme, qu’elle chérissait à présent. Swindler père regarda Alice, puis posa son journal. La brune, droite et altière, accrochait le regard de son mentor, interrogative. Ses prunelles sombres tressautèrent, un moment, alors que son visage restait impassible. D’une voix plate, dénuée d’émotions, Alice demanda alors.

« -Pourquoi moi? Pourquoi être venu me chercher dans cet orphelinat pourri? Alors qu’il y en avait tant d’autres à adopter? »

La question avait franchi ses lèvres, bien qu’elle connaisse un tant soit peu la réponse. Swindler père alluma son cigare, et au bout d’un long moment répondit, l’air grave.

« -Pourquoi toi? Je t’ai toujours dit que tu étais différente, Alice. Tu n’avais pas de passé mais on pouvait te donner un avenir. Tu as toujours été supérieure aux autres. De par ton vécu et par ton intelligence. Quand je t’ai vue pour la première fois entre ces murs, je me suis dit «c’est elle ». Tu avais le même regard qu’elle. La même noirceur d’âme. La même présence. Je ne pouvais que succomber. Je l’ai vue elle. Comme si elle n’a jamais cessé d’exister. Comme si elle est toujours là. Et oui, j’ai l’impression qu’elle est toujours là quand je te regarde. Je peux continuer à vivre mon amour comme si rien ne s’était jamais arrêté. »

Depuis toujours on l’avait vue comme une erreur de la nature. Un être qui n’avait pas raison d’exister, qui était damné d’office. Quelqu’un à bannir, automatiquement, parce qu’elle n’était pas comme les autres. Elle n’était pas affreuse de banalité, elle était belle de démence, splendide d’obscurité. Belle à en pleurer. Belle à en faire des cauchemars. Alice avait toujours été la perle de Rufus Swindler. Sa pupille, son bien le plus précieux avec Sarajevo. Beaucoup plus que Sarajevo même. Elle était la dame de cœur. Sarajevo n’était que le dix de trèfle. Il avait toujours été moins qu’elle aux yeux du paternel et elle le savait. Elle était à part. Unique. Elle, réincarnée. L’amour défunt de l’homme qui ne se remit jamais de sa mort. L’amour est un salaud. Et Rufus l’avait eu bien profond. Alice ne risquait rien à ne pas ressentir. Elle ne connaissait pas la compassion, l’attachement. Elle ne voyait qu’elle, en réalité. Ce qui réduisait considérablement son champ d’action, bien que son égo fusse démesuré. La brune regardait intensément Rufus, comprenant ce qu’il voulait dire. Bien sûr. Sa femme. La mère de Sarajevo. Et Alice désormais comprenait pourquoi elle et pas une autre. Elle se sentait à présent effacée derrière l’image d’Hécate Swindler. Elle baissa ses prunelles marron. Se leva brusquement comme pour aller quitter la pièce, immodérément blessée. Alors qu’elle s’éloignait, Rufus la retint, par le poignet. Alice se dégagea, comme pour lui faire signifier de ne pas la toucher.

« -Non! Ne me touche pas! »

Elle comprenait. Elle comprenait à présent, pourquoi cet attachement. C’était faux, tronqué. Il vivait son amour défunt à travers elle. Il ne voyait pas Alice mais Hécate. La jeune femme se sentait humiliée. Rabaissée à l’état de rien, à l’état de souvenir. Il avait pourtant joyeusement entravé son corps, il l’avait baisée comme une chienne. Alice ne comprenait rien. Elle avait du mal. Elle se sentait emportée dans un flot d’émotions diverses, la colère, la haine, l’incompréhension. C’était suffisant en soi pour déclencher sa folie, elle qui était en équilibre sur son fil, prête à chuter dans le vide à la moindre bourrasque. Là, elle était soufflée, elle chutait. Elle n’entendait rien autour d’elle. Elle était aveuglée par sa rage, par son dégoût. Elle en était malade, mais elle trouva la foi d’attraper la lame. De frapper, une fois. Puis une autre. Encore une autre. Elle criait, hurlait, se laissait prendre dans les affres de sa démence. Le sang maculait ses mains, son être. Elle frappait, le temps que sa colère ne s’évapore d’elle-même. Elle avait mal au crâne, comme les lendemains de cuite. Sauf que son alcool, c’était la colère. Plus elle en avait, plus elle en redemandait. Elle était incapable de s’arrêter. Elle massacrait le corps déjà mort, utilisant sa lame nouvellement acquise. Elle ne sentait pas deux bras puissants ramener la forcenée en arrière; avant qu’un poing solide n’atteigne sa tempe droite. L’envoyant dans les vapes. Elle s’était calmée.











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(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:04


(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- 59639321(c) Sugarfall
Et lentement, pour tes yeux, ma vie s'empoisonne
Histoire d'une trahison et d'un procès sommaire qui se voulaient annonciateurs de ma fin. Plutôt raté.
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On avait besoin d’une personne pour faire sa réputation. Il en fallait une seule pour la détruire. Une personne pour détruire carrément une vie. Un putain de désir de vengeance. A la barre des accusés, les cheveux emmêlés, Alice scrutait le tribunal chargé de la juger. Coupable, elle sera coffrée. Elle retournera à Azkaban. Blanchie, elle ne sera de toute façon pas libre. Sarajevo saura faire d’elle sa captive. Cet enfant de salaud continuera de la tenir sous sa croupe. Il avait trouvé le putain de truc pour la faire taire. Mais à présent, elle le haïssait, lui, responsable de ce calvaire dans lequel elle était plongée jusqu’aux yeux. Ses yeux…Ses putains d’yeux rivés sur elle, elle aurait même juré le voir sourire. Un sourire qui déclenchait en elle un besoin maladif de violence, des pulsions meurtrières sans précédent. Alice avait le goût du sang dans la bouche, et maintenant qu’elle avait tué une fois, elle voulait recommencer. Encore et encore. Massacrer celui qui était devenu son bourreau. Elle imaginait sa très chère lame lacérer son putain de beau visage, qui semblait avoir été forgé par le Diable en personne.

Elle était sortie de sa détention provisoire, en attente du procès. Elle avait vu Azkaban, et elle avait plus que tout le désir de ne jamais y retourner. Tout là bas était atroce. La présence des Détraqueurs rendait la chose plus difficile encore. Tout ce froid. Tout ce désespoir. Toute cette haine. Etre enfermée dans sa tête avait été la chose la plus atroce qu’on l’ait obligée de faire. Un face à face avec ses souvenirs, il n’y avait rien de pire. Mais c’était bien ce que Sarajevo voulait. Un moyen de l’anéantir. De la faire taire à tout jamais. Il le lui avait avoué une fois. La démente serra ses poings liés, mains crispées sur la barre qui se dressait devant elle et qui la séparait du jury. On l’avait arrimée au sol pour être sûrs qu’elle ne soit un danger pour personne, ou alors qu’elle ne s’échappe. Elle portait les mêmes vêtements qu’à son incarcération. Combien de temps était-elle prisonnière de ce cauchemar? Elle n’en savait trop rien. Etre restée aussi longtemps retranchée derrière les murailles inviolables de son esprit avait suffi à lui faire perdre toute notion du temps. Et peut-être même le peu de raison qui lui restait, allez savoir. Elle avait pourtant essayé de fermer son esprit aux intrusions intempestives des détraqueurs, faisant fi des ondes de désespoir qui émanaient d’eux. Tout avait été conçu dans cette prison pour les faire craquer, pour les pousser dans leurs derniers retranchements. Alice avait cru ne jamais revoir le jour, et c’était ô combien terrible d’être privé ainsi de liberté alors qu’on en était tant épris.

Et puis, par intermittence, il n’y avait pas que les détraqueurs qui avaient forcé la barrière qu’elle avait bâtie autour d’elle. Dans son esprit déjà flouté par la lutte qu’elle menait intérieurement, à la fois contre ses vieux démons et ceux qu’il y avait dehors, des images apparaissaient ça et là, paraissant comme enfouies depuis des lustres, sans que personne avait pu y avoir accès un jour, même pas elle. Des souvenirs qu’elle ne se rappelait pas avoir vécus mais qui étaient là, qu’on ne pouvait ignorer. La genèse de son existence, bien plus encore. Une existence sinueuse et rythmée par les longues périodes de vide émotionnel, d’imperméabilité par rapport au monde extérieur, la haine latente contre certaines personnes et surtout lui. Lui, ce fils de pute, qu’elle ne rêvait que de faire mordre la poussière, de lui faire payer son atteinte. Elle n’allait pas laisser ce coup en suspens, il allait devoir payer. Peu importe le temps que cela prendra, la vengeance est un plat qui se mange froid. Elle voulait le crime parfait pour cet être dont elle exécrait jusqu’au nom.

Le verdict vient de tomber. Coupable. Les rapports psychiatriques sont accablants. Coupable, mais irresponsable. Au lieu de finir les jours en prison, elle finira ses jours dans une salle capitonnée au département psychiatrique de Sainte Mangouste, l’hôpital des sorciers. On avait démontrer sa folie, sa démence. Elle aurait préféré lutter contre les détraqueurs et se vider de sa force mentale de cette façon plutôt que de voir sa force mentale décroître à cause de toutes les inepties qu’ils pourraient lui injecter. Traitement ou calmants. Sédatifs ou médicaments. Passer sa vie enfermée dans une pièce sans fenêtre n’allait rien avoir de réjouissant. Si elle avait croupi en prison, il en aurait été de même. Un sourire hypocrite et cruel s’était formé sur les lèvres de Sarajevo. Il avait gagné. Elle avait perdu. Game over. Alors que la brochette des juges du Magenmagot se dispersait, les Aurors qui emmenaient la frêle jeune femme devenue cadavérique, le temps sembla passer en accéléré, Alice, elle, fonctionnant au ralenti. Un décalage qui existait depuis des plombes, et qui désormais n’avait fait que de se creuser.

**

Une heure…

Le sommeil peinait à venir. De toute façon depuis qu’ils injectaient ces saloperies dans son organisme, tout s’était détraqué. Tout. La pupille dilatée, la patiente examinait le plafond de sa place de détention. Détention qui n’était même pas provisoire. La brune savait qu’elle était faite. Qu’il n’y avait plus d’issue de secours possible. Et tout à ses déambulations, elle avait déjà fait le tour. Ne lui restait plus que l’évasion par l’esprit. Mais en elle, quelque chose s’était brisé. Sa tête lui tournait, un vertige l’avait saisie. Dès lors, elle avait hurlé à pleins poumons, début certain d’une crise d’hystérie comme elle savait si bien les faire. Elle avait roué de coups de poings, de ses petits poings frêles aux ongles coupés les murs nus, à s’en briser les os, incapable de s’arrêter. Dès lors que la patiente de la chambre 13 avait laissé ses démons se déchaîner, une cohorte de médecins avait fait irruption dans la pièce, séquestrant la démente sur son brancard, solidement arrimée avec des courroies en cuir. Plus tard, la tige d’une aiguille brillait sous la lueur blafarde des néons, se plantant droit dans la veine bleutée qui battait sous sa peau crayeuse.

Deux heures…

Les sédatifs avaient fait leur effet. Désormais, elle se tenait immobile. Les yeux vitreux, les effets de la drogue se dissipant dans son organisme déjà faible par les différentes injections. Une ecchymose maculait le creux de son coude, le garrot serrait la peau, laissant par la suite une marque rouge lorsqu’il fut enlevé. Elle avait l’esprit pâteux de par tout ça, elle ne parvenait pas à maintenir son esprit en alerte, à le visiter comme bon lui semblait. Liberté, elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Mais même de ça, ils avaient réussi à l’en priver. Il avait réussi. Ce fils de pute devait bien s’estimer heureux à l’heure qu’il est. Mais malgré tout, elle ne s’endormait pas. Elle se sentait vide. Epuisée. Mais Morphée se refusait à elle, refusant de lui prodiguer son sommeil réparateur. La vie était une belle salope. Dans un combat à armes égales contre elle, Alice n’était pas sûre de gagner. Pour le coup.

Trois heures…

Le tic-tac de l’horloge résonnait désagréablement. Pourtant, l’horloge n’existait pas. Ce n’était que le fruit de son imagination détraquée. Et l’horloge n’existait pas pour le moins du monde. Les murs étaient nus, dépourvus de toute décoration. Une uniformité qui faisait peur. Le mur était aussi blanc que pouvai être l’univers cotonneux et bizarre dans lequel elle s’enlisait, inexorablement. Elle n’avait plus vraiment conscience de quoi que ce soit. Elle discernait juste des formes, des couleurs qui étaient altérées par la drogue qui continuait d’agir. Au loin, une porte claquait, le son se réverbérant à la puissance dix dans l’espace confiné que constituait sa boîte crânienne. D’ailleurs, ladite boîte allait exploser un jour ou l’autre, ce n’était plus qu’une question de temps. On s’affairait autour d’elle. On l’examinait, pour voir si son état de santé ne se détériorait pas. Mais ce n’était pas son état qui se détériorait. C’est son esprit. Ne plus avoir le contrôle de quoi que ce soit était horrible. Elle se sentait faible, lamentable. Elle avait besoin de ce médicament qui faisait taire les migraines. Et puis, sortant petit à petit de sa léthargie, elle avait tourné la tête vers l’unique fenêtre qui donnait sur le couloir. Plus loin, il y avait un type de la sécurité, tapi dans sa guérite, qui bouffait tous les midis un sandwich au thon. Tous les jours, à la même heure. Comme s’il s’était réglé là-dessus. Le store cependant, avait été abaissé pour respecter l’intimité de la patiente. Mais entre les jours du rideau de plastique, Alice avait cru distinguer une silhouette. Une putain de silhouette, terriblement familière. Il était là. Il la regardait. Et ça le faisait marrer. Ce connard se marrait de la voir déchoir. Et lentement, mais sûrement, elle s’enfonçait dans sa déchéance. Putain de vie.

Quatre heures…

Elle était allongée, les yeux grands ouverts, pieds et poings liés. Elle avait repris brusquement connaissance, comme si on l’avait saisie par les épaules pour la plonger dans de l’eau glacée alors qu’elle était en train de dormir. Désormais, elle ne flottait plus dans cette léthargie qui l’avait caractérisée jusqu’alors. Elle se sentait vide. C’était pire que de se laisser assaillir par toutes les pensées parasites, relatives à tout et n’importe quoi. Elle ne ressentait ni colère, ni peine, ni haine. Ni satisfaction, ni frustration. Le Néant, des plus absolus. Et c’était avec ce néant qu’elle cohabitait, tous les jours; Ce néant qu’elle avait cherché à combattre tout d’abord, refusant de se laisser mourir à petit feu. Mais un détail était venu rompre le silence presque oppressant. Des bruits de pas se faisaient entendre dans le couloir. Il a fallu que les médecins déboulent dans la chambre. Contrôle habituel. Mais ce qui était inhabituel, c’était la porte, restée entrouverte. La porte, qui bien vite devint une obsession. D’abord laissant entrevoir une possibilité d’évasion, même réduite au vu de ses pieds et poings entravés, et l’armada du personnel médical présente, la porte était devenue l’ennemi public numéro 1. Elle fixait le battant des yeux, ne se préoccupant pas du personnel de santé présent. Fermer la porte. Il fallait fermer la porte. Cette putain de porte la provoquait. La narguait avec ses espoirs d’ailleurs. La porte béait, favorisant l’évasion. Et puis la porte se referma. Le cœur battant à tout rompre, la séquestrée se décrispa, lentement mais sûrement. Le silence était revenu.

Et puis le temps passait, inexorablement. Le grand sablier se vidait, lentement, ultime provocation, prolongeant la galère des suppliciés. Les âmes damnées gémissaient sous la souffrance, les cris résonnant par intermittence. Le monde était noir, sans couleur. S’alternant avec des périodes de vide sidéral, les périodes de coma. Les sédatifs s’écoulaient avec une lenteur presque sadique dans les veines, contaminant encore et encore l’organisme. L’amorphie continuait de guetter. Ils avaient tout volé là bas. Les sensations. Les émotions. Ils avaient drainé le corps de tout sentiment. Quand on y arrivait, on pensait être fort. Pouvoir lutter, être libre dans sa tête. Posséder encore et toujours sa pensée. Mais même ça, ce n’était plus possible, au vu de tout ce qui endormissait les présents. Sarajevo avait exigé un traitement particulier pour la patiente de la chambre 13. Comme un ultime cadeau, comme un ultime coup de pute. Une ultime machination foireuse. Il aura tout fait pour la détruire. Pour l’anéantir. L’affaiblir pour mieux l’asservir ensuite. Et il avait réussi, à la date de ce jour. Il pouvait être fier ce salaud. Il y eut un soir. Il y eut un matin. Puis, le cauchemar prit fin. Elle était libre.

**

Une ruelle sombre. Curieux parfum de liberté, parfum qui se répercutait jusque dans la faveur de la clope qu’elle fumait. Le tabac. Elle en avait manqué pendant tellement longtemps qu’elle en jouirait presque de sentir la fumée âcre lui brûler la gorge, lui altérer les muqueuses. Et puis elle marchait. Elle bénissait cette liberté qu’elle avait recouvrée. Mais à quel prix? Ses talons hauts claquaient sur le dallage humide. Son sac juché sur l’épaule, elle grimaçait quand ses vêtements effleuraient des coupures encore toutes fraîches, disséminées ça et là sur son corps à la peau blanche. Elle était libre, une fois pour toutes. Mais ce n’était qu’une illusion. Une illusion qui avait la vie dure. En fait, ses chaînes s’étaient resserrées, plus que jamais. La brune posa son regard sombre sur la silhouette qui se tenait là, clope au bec également. Alice pinça les lèvres, resserrant son sac contre elle, comme si elle craignait voleurs. Et la personne vers qui elle marchait constituait un voleur comme on n’en faisait plus. L’un des arnaqueurs les plus retors qu’elle connaissait. Un démon qui se cachait sous des faux semblants, sous une gueule d’ange. Une créature du diable. Tout comme elle. Alice savait qu’elle partageait avec Sarajevo plus qu’un lien juridique de frère et sœur adoptifs. Sarajevo, qu’elle le veuille ou non, était son âme-sœur. Une âme aussi perverse et retorse que la sienne, à la fois allié et ennemi. Pas d’affection, rien des sentiments pourtant humains n’apparaissaient entre eux. Juste un lien qui dépassait l’entendement. Un diable aux multiples visages. Et ce soir, il arborait un des pires visages qu’il pouvait avoir. Celui de son bourreau. Un salopard de bourreau. Un sourire étira ses lèvres exquises alors qu’elle approchait, l’air renfrogné, son sac presque intégré dans sa hanche tellement elle le serrait contre elle.

« -Tu as donc ramené ce que tu me dois? »

Sarajevo tira une nouvelle bouffée sur sa clope. Son visage était sublimé par la fumée de cigarette qui restait en suspens dans la nuit noire, le rendant encore plus mystérieux qu’à l’accoutumée. Alice le gratifia d’un regard noir, alors qu’elle ouvrait son sac et en extirpa son portefeuille. Elle compta quelques billets, et elle tendit la liasse de billets ainsi constituée à Sarajevo, qui empocha l’argent avec un rictus méprisant.

« -Tes clients n’ont pas été généreux on dirait. »

Sa remarque n’atteignit pas la jeune femme, qui toisa l’homme droit dans les yeux. Elle n’en revenait pas qu’elle en était arrivée là. Elle qui avait toujours été libre comme l’air avait fini assujettie à cet homme et de quelle façon! La brune, de son regard implacable, fixait son bourreau, alors qu’elle relevait ses manches, doucement, révélant ses coupures encore toutes fraîches pour certaines. Elle lui décocha un rictus malsain.

« -Je me suis montrée plus généreuse que de raison. Je leur ai accordé un petit extra. Mais j’ai ma propre dignité à respecter aussi. J’ai pas envie de crever saignée comme une truie. »

Un rire froid et sinistre s’échappa de Sarajevo, alors qu’il s’était emparé du poignet fin de la jeune femme, l’enserrant avec force. Alice avait tenté de s’en dégager, mais la poigne du jeune homme était trop forte. Elle se contenta de saquer un tant soit peu sur son point d’ancrage mais elle ne parvint pas à s’en défaire ainsi elle demeura statique, le regard désormais vide de toute substance, les lèvres pincées en une moue méprisante et hautement désapprobatrice. Déjà, les lèvres de Sarajevo s’étaient déplacées le long d’une belle estafilade, ayant manqué de peu la veine au niveau du poignet. Sa langue cueillit une goutte de sang qui y perlait alors qu’il exerçait une légère pression. Son regard s’alluma d’une lueur perverse.

« -Comment peux-tu parler de dignité, tu n’en as déjà plus. »

C’est vrai. Il avait horriblement raison. Elle n’était plus rien. Il avait réussi à la détruire. Elle n’était plus la même fille qu’avait recueillie Rufus Swindler. La Alice de la ruelle n’était plus qu’une ombre. Une de ces ombres qui se mêlaient avec celles de la nuit et qui fermaient gentiment leur gueule. Elle le haïssait, c’était certain. Mais si elle était libre, c’était aussi grâce à lui. Ils avaient conclu un deal. Elle se mettait à son service, en tant que prostituée. Une punition à la hauteur de son crime, estimait-il. En plus d’avoir de nettes prédispositions à tout ça. Elle était une chienne, comme il aimait dire. Elle avait réduit à néant le mythe de Swindler père. Swindler fils allait réduire à néant le mythe qui entourait sa pupille. Sa bienaimée pupille, qu’il a toujours haïe, au moment même où elle a posé ses pieds impurs dans la demeure. Mais malgré tout ce qui pouvait diamétralement les opposer, il y avait là ce désir de la chair, irrépressible. Un désir qui pour l’instant les consumait, et qui n’allait pas tarder à être assouvi.









Prudence Slayers

Prudence Slayers


► MESSAGES : 483
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:22


bIENVENUE a toi et parmis la miss. Bon courage pour la fiche .









Anonymous

Invité
Invité

(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:31


bienvenu What a Face bon courage pour ta fiche itou itou, j'ai hâte de te lire.









Charly R. Nicholls

Charly R. Nicholls
SORCIERE.
► vendeuse en pâtisserie.

► MESSAGES : 184
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Dim 7 Fév - 17:35


*O* Je réussis toujours. J'trouve toujours les bons arguments <3









Magdaleyna C. Dangelo

Magdaleyna C. Dangelo


► MESSAGES : 30
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Lun 8 Fév - 13:58


Charly R. Nicholls a écrit:
*O* Je réussis toujours. J'trouve toujours les bons arguments <3
ça va les chevilles ? Mdrr
Mais j'dois admettre que t'as raison ><
Mon power ranger rose (v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- 512973









Anonymous

Invité
Invité

(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Ven 12 Fév - 16:08


Merci tout le monde *O*
*refait surface maintenant, mais est en vacances*
J'espère finir ma fiche dans la semaine de ce fait =) (faudrait déjà que je la commence en fait .__.)









Anonymous

Invité
Invité

(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Mar 16 Fév - 17:47


    Hanw, ma n'Audrey n'a moi *O*
    * retourne à se fiche Umpf. *









Anonymous

Invité
Invité

(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Jeu 18 Fév - 22:20


Ouais Sarajevo, sweet darling, retourne donc faire ta fiche (a)

Avancement de la fiche:
Chapitre 1: Complete.
Chapitre 2: Complete.
Chapitre 3: 0%

Hey le peuple!
j'annonce que je ne serai pas là à partir de demain pour une durée de 4 jours environ. Je ne pourrai donc pas finir ma fiche pendant ce temps là, n'ayant aucun accès au net et laissant l'ordi chez moi xD Brefouille, je ne pourrai terminer qu'à partir de la semaine prochaine, voire du week-end prochain, tout dépend de mes devoirs en fait, être en droit n'étant pas de tout repos oO Brefouille, je passerai quand même lundi soir à mon retour =D See ya ♥️ (Merci donc de laisser mon compte tel quel même si j'aurai explosé le temps réglementaire pour faire ma fiche. S'il vous plaît *bat des paupières et yeux de merlan frit* )









The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Jeu 18 Fév - 23:11


(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- 511311 Je sais pas si ça va être possible ça... XD
* range sa tenue d'administratrice de l'enfer *

Sans soucis c'est noté.









The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Mer 3 Mar - 17:18


Pensez à finir vos fiches, ou à indiquer qu'elles sont terminées si vous voulez être validés. Ne nous laissez pas penser que votre fiche est inactive elle risque d'être déplacer à tord (ou à raison). Bon courage pour la fin.









Anonymous

Invité
Invité

(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Ven 5 Mar - 22:39


...On dirait que j'ai terminé oO Ouais, j'ai bel et bien terminé \o/ On débouche le champagne x)
Désolée pour le pavé et le glauque, mais... Razz
Bon courage à celui qui lira ma fiche xD









Yon Winchester

Yon Winchester
SORCIER.
membre du staff. ► jounaliste & gérant de bar.

► MESSAGES : 179
(v) Viens dans le noir, que je te montre & tu sauras. ♦ Alice -ended- #Ven 5 Mar - 23:56


C'est moi l'heureuse lectrice What a Face
Bon validée bien évidemment avec les compliments de la maison parce que j'ai très rarement lu une fiche aussi soignée, bien écrite, inventive, intéressante etc. Y a tout ce qu'il faut c'est un petit bijou. Je t'ajoute dans ton groupe et tutti quanti, si tu as une question n'hésite pas comme d'hab'.

Re -bienvenue donc.










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