Il n'approuvait pas, elle s'en serait douté. Mais Marla n'était pas du genre à lever la voix, ni a se disputer. Pas un mot plus haut que l'autre. Certainement pas avec Ezechkiel d'ailleurs. Pourtant, avec ce tempérament apparemment conciliant, elle ne se laissait jamais rien imposer. Elle n'appartenait pas à Ezechkiel, mais elle n'appartenait à aucun autre. Il n'avait plus rien dit et elle l'avait accompagné puis chacun était parti de son côté. Elle avait prétexté de devoir récupérer le sac qu'elle avait laissé derrière elle. Mais était-ce seulement ça? Elle ne savait pas vraiment. Peut-être qu'elle s'était dit que l'accompagner lui éviterait la longue crise d'angoisse, peut-être... A l'attendre les soirs où il retournait à Poudlard, elle se trouvait toutes les raisons du monde d'avoir peur. Pas seulement qu'il arrive quelque chose à Ezechkiel ou qu'il se fasse prendre mais surtout... qu'il ne revienne pas. Elle aurait pu avoir cette angoisse de voir débarquer sa mère, cette mère qui ne pensait qu'à la renvoyer dans le néant mais non. La seule chose qui pouvait réellement plonger Marla dans cet état de panique maladive, quand elle était là, enfoncée dans le damas vert sombre du fauteuil près de la cheminée, sous la couverture bien chaude, c'était la perspective qu'Ezechkiel ne viendrait plus la tirer du sommeil qui finissait toujours par la surprendre. C'est qu'il rentrait tôt le matin et qu'elle, n'était pas insomniaque. S'il ne venait plus la réveiller pour qu'ils aillent prendre un bain et se coucher se serait comme ne pas se réveiller du tout. Imaginez l'enfer de la mort éveillée où vous savez que vos yeux sont grands ouverts fixant le mur mais que vous êtes véritablement mort à l'intérieur. Cela l'angoissait. Et pour ça, elle dépendait d'Ezechkiel. Il le savait et il l'acceptait. Mais jusqu'à quand?

Il y avait aussi peut-être se désir caché de ne pas être partie comme une voleuse. Elle revenait en quelque sorte pour pouvoir bien partir. Une bonne fois pour toute. Elle savait qu'elle n'y reviendrait plus et quelque part ça lui faisait plaisir parce que Poudlard était comme un étau pour elle. Elle y suffoquait, à la mercie de toutes ses angoisses. Celle des autres. Son enfer. L'enfer d'être observée, d'être cerclée, cernée, touchée. Mais elle y revenait pour pouvoir le laisser derrière elle. Depuis la plate-forme d'astronomie qu'ils avaient trouvée déserte comme Ezechkiel l'avait prédit, elle n'avait pas eu de mal à retrouver le chemin de Serdaigle. La salle commune avait bien peu de défense face à un esprit de Serdaigle affûtée à toutes les énigmes. On aurait pu croire qu'à resté cloîtrés chez eux Ezechkiel et Marla se seraient ramollis, que leurs esprits se seraient endormis dans l'oisiveté. Pourtant l'un comme l'autre, n'avait jamais autant lu, autant parlé de leur vie.

Sous son lit elle trouva son sac comme prévu, plus d'un mois après son départ. Elle regarda les triplettes endormies comme des princesses dans leur lit et la préfète. Inoffensives qu'elles étaient, elles restaient inconscientes de l'ombre qui passait près d'elles quatre. C'était sans doute mieux. Marla fila comme une ombre son sac sur l'épaule. Comme convenu, elle n'attendrait pas Ezechkiel. Elle rentrait. Satisfaite. Pourtant, en descendant les escaliers de la tour pour chercher à reprendre ceux qui lui permettrait de retrouver l'air libre de la plate-forme d'astronomie, il arriva une chose à laquelle Marla ne c'était pas préparé. Ses grands yeux vert serpentine fixait droit devant avec cette lueur figée et indéchiffrable qui avait si souvent fait dire qu'elle était plus mauvaise encore que ça mère, cette folle furieuse de Cassandre Grey.

Elle ne bougeait pas, le laissant à celui qui lui faisait face. Elle qui était recherchée par les Aurors et qui étaient détestée ou crainte de tous, se serait bien passée d'une quelconque rencontre.