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 la nuit tous les chats sont gris.

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PROFIL & INFORMATIONS









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Dim 27 Sep - 13:30


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Ezechkiel & Mascha


La nuit tous les chats sont gris. C'est ce qu'on dit. Des fois on ferait mieux de ne rien dire. Non franchement, pourquoi inventer des proverbes aussi débiles? La nuit il fait noir, un point c'est tout. Tout le monde le sait. Alors pas la peine d'en faire tout un plat. Mascha le sait aussi, et elle aime ça. Mascha marche dans les griffes de la nuit. Mascha aime être prisonnière de ces mains, être étranglée, étouffée par l'obscurité, le froid, le mal qui sommeille dans la nuit. Elle, elle ne sommeille pas. Avant elle dormait bien sagement dans son dortoir, elle faisait des rêves des cauchemars. Aujourd'hui les cauchemars elle les fait en marchant. Un loup est peut-être caché dans son dos quand elle marche dans le parc, une armure ensorcelée va peut-être laisser tomber son épée sur elle quand elle marche dans les couloirs perdus du château, ou pire un professeur. Oh et puis un professeur qui la surprend à errer sans but dans le château, qu'est-ce que ça peut bien lui faire? Si ça se trouve même il la prendra pour un fantôme. La nuit Mascha ressemble plus à un fantôme. Elle a le visage gris, les yeux vides, le pas si lent qu'on croirait qu'elle flotte sur le plancher. Elle ne fait pas de bruit. Elle ne parle pas. Elle ne pense même pas. On pourrait croire qu'elle ne dort jamais. Elle ne dort que quand cela est nécessaire, et quand elle y arrive. Elle aime dormir le jour et marcher la nuit. Un vrai vampire, tss. C'est juste qu'elle déteste profondément l'agitation de tous ces gens, simplement parce que le soleil brille. Qu'est-ce qu'ils sont vides ceux-là. Insignifiants. Non vraiment ils ne servent à rien. Autant tous les pendre, coudre leurs lèvres entre elles et leur arracher toute la peau. Là ils seraient au moins beaux. Parfois Mascha se fait peur à elle-même, quand elle voit ce à quoi elle rêve. Non plutôt, Mascha fait peur à l'enfant qu'elle était. La Mascha de maintenant aime le massacre, et l'assume totalement. C'est pire encore cette année, oui. Elle ne peut s'empêcher de regarder n'importe quel petit première année et de l'imaginer brûler sur un bucher allumé par son intention. Ça la fait sourire. C'est un de ces sourires effrayants, possédés, brillant d'un feu à vous glacer le dos. Mascha a toujours caché un monstre au fond d'elle, oui depuis toujours. Un monstre qui sommeille sous ses yeux. On l'y avait enfermé quand elle n'était encore qu'un enfant, mais maintenant que l'enfant avait soulevé le voile des mensonges, le monstre avait brisé ses chaines.
Mascha marche dans la nuit de Poudlard. Ca pourrait être n'importe quelle nuit, mais c'est celle-là. Nous sommes en Octobre il me semble. Les feuilles des arbres ont roussi, elles ont brûlé. Mascha trouve la forêt interdite magnifique. Mais cette nuit là elle n'a pas envie de sortir. Elle a mis des talons, elle va les casser. Elle veut errer dans le château comme un esprit, comme un claquement du temps, comme un cavalier qui annonce l'Apocalypse. Ou pas vraiment, elle n'a pas envie de mettre le feu ce soir, elle veut que ce château reste beau, elle veut l'admirer comme elle l'a admiré le premier jour. Elle veut l'admirer dans l'obscurité, dans le vide, dans le calme étouffant de la nuit. Alors qu'elle marche dans les sous-sols, ce si sublime silence est brisé. Elle fait la moue. Elle aimait le silence. Elle entend des rires aigus, des soupirs inspirés quelque part à coté d'elle. Ça mériterait de tout brûler. Elle entend le souffle d'une voix grave, elle entend le massacre. Elle le reconnaît. Le massacre appelle le massacre. Elle sourit. Elle marche vers les voix. Il est plus de deux heures du matin. Elle n'a pas sommeil. Peut-être ira-t'elle dormir dans quelques heures. Il y a cours de métamorphose demain, elle ne veut pas rater ses sortilèges et transformer ses cheveux en tentacules de poulpe. Elle brulerait bien tous les poulpes.
Mascha rit quand elle arrive dans le grand couloir. Ses pas sont comme le tic-tac d'une horloge, ils sont légers, ils se fondent dans la nuit. Ils annoncent irrémédiablement la fin du monde, qu'on aurait préféré ne pas vouloir venir. « Franchement, Scylence, le silence, tu connais pas. »









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Dim 4 Oct - 3:02



Le corps de Connie était chaud, doux, et frêle. Un corps semblable n'aurait pourtant pas été aussi bon sans les petits gémissements qui rythmaient les coups de bassin du serdaigle, silencieux mais profitant bel et bien du moment. Tenant la jeune fille les mains dans le dos, fixant son dos se tordant, écoutant attentivement le moindre de ses petits couinements, qui cherchaient à appeler quelqu'un sans pour autant avertir tout le château, la gryffondor sous lui, aux mèches rousses et aux yeux grands verts comprenaient ce que signifiait alors « jouer avec le grand méchant loup », car c'était bel et bien ça, le jeu, non? S'approcher de Scylence, le charmer, coucher, et essayer de le garder. Jusqu'à maintenant, personne n'y avait jamais réussi, pour une seule et très bonne raison : c'est lui qui faisait les règles, et pas l'inverse. Garder Ezechkiel se retrouvait donc être plus qu'une mauvaise idée : c'était bel et bien impossible. Connie couinait, et ça amusait le Scylence qui restait silencieux. À croire que tout le monde s'accordait avec son prénom. Il accéléra, et le petit corps à la peau tannée se mit à haleter comme un petit chien, en manque d'air, alors qu'il enfonçait calmement les doigts de sa main dans sa bouche pour la maintenir ouverte, l'obligeant à grincer pour qu'on l'entende. Scylence n'aimait pas forcément être pris sur le fait – ça ne l'existait guère d'avantage – mais il adorait par dessus tout faire pleurer et rougir les petites filles. C'était son petit plaisir du soir, et pour le peu de fois qu'il s'y attelait, il essayait au moins de le faire « bien » quand l'occasion se présentait. L'occasion s'y prêtait cruellement ce soir, et le petit fils du directeur en profitait. Ses hanches se mouvaient avec une facilité déconcertante, à croire que le corps l'acceptait. La jeune fille mentait, et ses « non » restaient sensuels malgré tout. De plus en plus perverses ses petites filles. Il serra un peu plus brutalement ses hanches, la serrant contre lui. Elle le repoussa mais il la serra malgré elle contre lui, ses mains serrant sans tendresse sa petite poitrine, outrageusement découverte, alors qu'elle ouvrait un peu plus ses cuisses. Il admira les joues de la belle avec un sourire cynique et lécha sa gorge, du bout de la langue, alors qu'elle soupirait, retenant l'amplitude ses cris. Il se penche à son oreille, serpent plein de vanité... mais voyons. Vanités, tous est vanités. Voilà ce que dit l'Ecclésiastique, et croyez-le, il a plus d'une fois raison. Elle lèche le lobe, le mordille, ses mouvements de hanchent soulevant la poitrine de la rousse entre ses mains, alors qu'elle se cambre. Il siffle dans son oreille. Le serdaigle aux écailles émeraude? Drôle de mélange.

«  Tu vas pouvoir te vanter dès demain, n'est-ce pas Connie? Alors, quel effet ça fait? Oh... ne me regarde pas avec ces yeux. Je sais que tu adores quand je fais ça. » Il bougea un peu plus rapidement et elle serra les dents, une larme coulant sur sa joue, qu'il lécha du bout de la langue, un sourire ignoble sur les lèvres. « Quoi, tu ne veux plus jouer? Allons, je croyais que tu n'avais pas peur du grand méchant loup, Connie. Où sont tes belles paroles? Tu pleurs, gamine, tu pleures. »

Il accéléra le mouvement, des râlements graves s'échappant à son tour de ses lèvres, sans qu'il ne cherche à les contenir. Elle posa ses deux mains à nouveau contre le mur, écartant les cuisses, pour ne pas souffrir d'avantage, et serra les dents, les larmes coulant rapidement sur le sol, sa jupe à ses chevilles. Ses dessous aussi. Il serra ses hanches, ferma les yeux et râla un peu plus fort, la lâchant aussitôt, se retirant d'elle. Ne jamais les mettre enceinte. Il reprit sa respiration, calme et suave, satisfait, alors que la gryffondor remontait ses dessous et sa jupe sur ses hanches, reniflant bruyamment. Il ferma sa braguette et sortit de sa poche un mouchoir qu'il tendit à la jeune fille, avec un sourire particulièrement moqueur.

«  Je te l'avais dit, Connie. Quand on joue avec le diable, c'est qu'on a plus rien à perdre. Or, actuellement, je crois que tu viens de perdre quelque chose de très cher à tes yeux, pas vrai? » Elle lui jeta un regard d'incompréhension et il eut un sourire plus large, plus cruel encore. « Ta fierté, Connie. Ta fierté. »

Elle le regarde et éclata en sanglot, ses mèches collant à ses tempes. Elle n'avait l'air de rien, la petite fille n'était plus. Ses joues rouges, honteuse, elle regardait ses pieds, se cachant derrière ses cheveux roux. Elle était belle, vraiment belle, mais Ezechkiel ne l'aimait pas. Pas plus qu'il y avait cinq minutes, moins que dans cinq minutes. Il resta impassible et imperturbable. La peur, la détresse, la peine, la compassion, tout ça lui était complètement étranger, et il n'en avait cure. Vraiment, ça ne lui frôler pas même l'esprit. Il arqua un sourcil, en entendant les talons sur le parquet de bois. Il se retourna, serein pourtant. Ce n'était pas comme si il était dans l'illégalité, n'est-ce pas?

« Franchement, Scylence, le silence, tu connais pas. » Il eut un sourire moqueur, haussant un sourcil.
« Pitié, Sasnauskas, ton humour fait saigner mes oreilles, tais-toi... » Il roula des yeux, toujours aussi moqueur. « ...ce que c'est original tout de même. On ne me l'avait plus sortit depuis que j'ai cinq ans. Franchement impressionnant. Quoi que... pour une poufssoufle. Je ne pouvais pas m'attendre à plus intelligent. »

Connie le bouscula en partant en courrant, disparaissant dans l'obscurité. La gryffondor en avait même oublié son livre sur le sol. Pour réviser... mais bien sûr. Il regarda Mascha, un poil ennuyé.

« Tu viens de me faire perdre mon dîner. »

Un poil ennuyé? Ou plutôt débarassé...?









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Jeu 29 Oct - 19:18


J'ai franchement abusé pour le retard, je suis désolée v.v"

C'était si beau le silence. C'était la nuit, la beauté de la nuit. La nuit est calme, sereine, il n'y a pas lieu de la déranger. La nuit dort. Et même ceux qui vivent la nuit dorment, parce que leurs pas sont légers, leurs voix sont claires au milieu du silence, leur présence existe au milieu du vide. La nuit n'est qu'un grand sommeil. La nuit dorment les fantômes. La nuit est un voile doux et sombre qui les emmitoufle dans une étoffe moelleuse, dans le repos éternel. La nuit c'est le silence, c'est la douceur et la beauté du silence. Mascha aime ce silence. Elle aime le bruit aussi, mais la nuit c'est le silence et la marche dans le silence. Il n'y a qu'elle qui a droit de briser se silence, ou plutôt de le caresser légèrement d'un souffle dans l'air, d'un crépitement de flamme, d'un claquement de talon. Le silence est sacré. Le sommeil de Mascha le fantôme dans la nuit est sacré. Et lui l'a brisé. Il réveille Mascha d'un doux et paisible sommeil. Elle n'est plus l'étrange fantôme, la forme grise qui traverse les couloirs vers le vide, elle redevient Mascha la petite fille d'avant, le démon de maintenant. Elle hésite une fraction de seconde entre l'un ou l'autre, et c'est le monstre qui l'emporte. De toute façon en face d'Ezechkiel Scylence, c'est toujours les pires cotés qui ressortent. Une mauvaise fréquentation? Pas vraiment. C'est par sa seule présence qu'il accentue en elle des envies de meurtre, de massacre, de bûcher. Elle a même parfois envie de le massacrer, lui le parfait sociopathe, le plus insupportable de tous les êtres vivants sur cette planète et le plus adulé d'ici peut-être.
Puisqu'il a brisé la beauté du silence, et son sommeil, Mascha se permet d'interrompre son dîner. Ce n'est pas vraiment la première fois, non, qu'elle le voit suborner de jeunes filles dans les recoins sombres du château. Ce n'est un secret pour personne de toute façon. Toutes les filles veulent coucher avec lui, ce qui inspire un sentiment de dédain mêlé d'une goutte indescriptible de dégout à Mascha. Elle le regarde avec ce sentiment dans la moue, avec un air blasé dans les yeux. Il y a d'ailleurs encore un peu du fantôme endormi dans ses yeux. « Pitié, Sasnauskas, ton humour fait saigner mes oreilles, tais-toi. Ce que c'est original tout de même. On ne me l'avait plus sortit depuis que j'ai cinq ans. Franchement impressionnant. Quoi que... pour une poufssoufle. Je ne pouvais pas m'attendre à plus intelligent. » Il faut avouer que comme remarque c'était pas fin. Mettons ça sur le coup de l'air de fantôme. Oh et puis, arrêtons d'essayer de l'excuser, Mascha n'a jamais eu un humour très subtil et cassant. Il y a un ou deux ans encore elle croyait au Père Noël et faisait des farces nulles aux gens avec des fleurs qui projettent de l'eau. Il faut quand même du temps pour ce forger un mauvais esprit, et des réparties dignes des pires misanthropes. Quoique, vu comment elle est partie, ça peut venir très vite, surtout si elle doit se confronter à Scylence.
Mascha siffle entre ses deux, un peu moqueuse. « Quand même, tu pourrais faire honneur à ton nom. » Un sourire, du genre sourire satisfait. « C'est vraiment dommage que de nos jours, plus personne ne sache apprécier la beauté du silence. » Remarque d'une blasée de la vie, avec un soupçon de moquerie. Elle ne prend même pas la peine de répondre à la pique au sujet de sa maison, parce que de toute façon elle la déteste, elle déteste ce tas de bonne poires naïves dont elle n'a que trop longtemps fait partie. Et en plus, Ezechkiel le sait parfaitement, ou alors c'est qu'il ne comprend rien à rien, en la voyant claquer la porte du club des petits enfants modèles et niais. Enfin, Mascha sait très bien qu'il n'est pas si bête. Elle se souvient alors, quand elle était bête et petite, qu'il prenait un malin plaisir à la faire s'acharner sur elle, d'une façon toujours bien plus sournoise et tordue que le faisait les brutes épaisses. Et c'est surement ce qui faisait que même si les humiliations étaient monnaie courante, elle éprouvait une sorte de fascination pour cette ingéniosité, cet esprit mauvais qu'il y avait en lui, et qui faisait ronronner déjà le monstre alors enfermé au fond de la petite Mascha. Seulement, maintenant qu'il s'était réveillé, étiré et commençait à sévir, Mascha pouvait non pas prendre sa revanche, mais laisser sa folie se comparer, se frotter à celle d'Ezechkiel.
Elle a le regard planté dans le sien – et même si lui ne la regarde pas, elle fixe –, les yeux seulement à moitié ouverts mais tout à fait indéboulonables. Un instant elle regarde autour, et se rend compte que la fille, que dis-je la serpillière, a disparu. Elle a détalé comme un chien apeuré, ou peut-être un loup qu'on vient de libérer d'un piège. Si ça se trouve d'ailleurs elle va prendre Mascha pour sa sauveuse maintenant, tss, c'est d'une niaiserie. Mais Mascha a réussi son coup, et à même fait d'une pierre deux coups : elle s'est débarrassé d'une chose inutile, et a contrarié Scylence. C'est pourquoi elle sourit, d'un sourire un peu malsain, d'un sourire qui à l'air satisfait mais qui pourtant n'a pas encore fini. « Tu viens de me faire perdre mon dîner. » Il n'y a même pas d'agacement dans sa voix, ce n'aurait pas vraiment été digne de lui. Quel intérêt peut-il porter à ces morceaux de chair insignifiants? « C'est que tu avais l'air d'y être très attaché à ce... vagin. » Ironique, mais véridique. C'est qu'il a l'air d'avoir bien pris son pied ce petit salaud quand même. Mascha par contre, le sexe ça la dégoute, la met mal à l'aise depuis ce soir de l'été dernier, même surement depuis toujours. Mais elle ne laisse rien paraître, sauf peut-être un peu par le dédain dans sa voix.
Bon et puis après on fait quoi hein? On va peler des pommes de terre? Tant qu'on y est hein, autant se battre à coup de sarcasme. Mascha n'a plus envie d'aller dormir maintenant. Elle a juste envie de rester planter là et de déranger Scylence dans ses petites affaires. Qu'est-ce qu'elle est reloue, vraiment.









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Sam 31 Oct - 0:53


Pas grave :3

Mascha... petite chose fragile et obsolète, qui devenait au fil des ans de plus en plus intéressant. Ezechkiel posa son regard sur elle, attentif au moindre mouvement. Elle avait comme qui disait le truc pour venir l'interrompre. Heureusement qu'il en avait fini avec la pauvre Connie O'Malley. Mais avec Mascha, cela ne faisait que commencer. Il la détailla du regard. Il aurait pu commencer incisif, et lui demander ce qu'elle faisait là, mais le Scylence était toujours, et il fallait bien avouer que... qu'il avait envie de jouer avec elle, qu'elle soit obsolète ou frêle lui importait peu. Si elle se brisait rapidement sous ses mains, ça ne serait pas sa faute, mais de la sienne, à elle, petite téméraire qui se risquait jusque dans la gueule du loup à une morte douloureuse. Jeu dangereux... goût du risque, quand tu tiens en ton sein un ange déchu... Triste spectacle. Amusant tout de même.
« Quand même, tu pourrais faire honneur à ton nom. » Il haussa un sourcil, avec un sourire amusé. Honneur? Ce mot avait si peu de saveur au bout de lèvres aliénées...
« C'est vraiment dommage que de nos jours, plus personne ne sache apprécier la beauté du silence. » Il n'y avait aucune beauté. Le silence était froid, dangereux, inquiétant. Scylence était effrayant dans l'obscurité et dans le noir. Grande perche, fine mais robuste, il était un roseau. On ne pouvait le plier. Il ne se soumettrait jamais et toujours, oui, toujours, se relèverait. Un roseau... quelle image ridicule pour un être tel que lui. Le roseau, c'était ce qui avait fleuri en Mascha, qui faisait que peu à peu, le petit démon se réveillait en elle. Qu'est-ce qui l'avait poussé à la folie? Il n'en savait rien. Sa présence? Non. Même Marla n'avait pas autant déteint sur lui. C'était différent. Mascha était différente. Elle s'imprégnait, elle imitait, elle rendait sienne une méchanceté ancienne, et elle la métamorphosait en une chose encore différente de ce qu'était cette méchanceté à l'origine. Ici, Mascha cherchait à faire des moqueries que lui avait fait subir le serdaigle, jadis, en une sorte de jeu malsain, où l'on brûlait à chaud la peau d'un loup pour ensuite le détacher. C'était insouciant, téméraire... c'était ridiculement excitant.
« Tu te frottes à plus fort que toi, Mascha... tellement plus fort. » Il eut un sourire moqueur. « Je ne suis pas sûr que tu sois à la hauteur, d'ailleurs, pour jouer dans la même cours que moi... alors » souffla t-il « épargne moi tes singeries digne de mes dix premières années de vie, et sors moi quelque chose de plus incisif. Si tu joues avec le feu, plonge y la main, pas le bout des doigts... »
Connie fuit à la fin de ses mots, déguerpit, à moitié nue, laissant derrière une place vide. Il est débarrassé, mais il affiche une mine indéchiffrable. En colère d'avoir perdu son repas? Pas vraiment. Il est même plutôt content. Mais en même temps... c'est tellement plus amusant de faire croire à la jeune Mascha que l'on va se rabattre sur elle qu'il la fixe, qu'il hausse un sourcil et que son sourire se fend, corrosif. Il parle. Sa voix est monocorde, monotone aussi. Il parle toujours comme ça, comme si rien ne l'atteignait, comme si tout lui passait au dessus. Il sait que s'il est ennuyé, ça amusera la poufssoufle, et il ne veut sûrement pas lui faire ce plaisir. Ô non, surtout pas à elle en réalité. Il pose sur elle son regard bleu opaque. Ses prunelles brillent dans la nuit, d'une lueur étrange. C'est la flamme du prédateur qui guette une nouvelle proie... et quelle proie...
« C'est que tu avais l'air d'y être très attaché à ce... vagin. » Il a une lueur dans les yeux, qui passe, qui disparaît, et il rit, un petit rire vous voyez, un rire presque inaudible, mais il rit quand même, brièvement, de ce rire typique chez lui. Ça ressemble vaguement à un rictus, mais ça n'a rien de malsain, peut être est-ce moqueur? Oui. Ça l'est. Il ne sait pas être autrement. Il fait un pas, lent. Sa chemise est sortie de son jeans qui descend sur le bas de ses hanches. Lui qui est si impeccable en temps normal, lui qui est si propre, il est débraillé alors, et il ressemble à un de ses junkis qui jonchent le sol de Londres obscure, de Londres dégueulasse. Ses cheveux noirs, un instant, cache son regard. Il pose une main sur un plan de travail et se penche – c'est qu'il est très grand pour son âge. Il se penche, roseau flexible, et son visage arrive à la hauteur de celui de Mascha. Son regard bleu se plante dans celui de la poufssoufle. Il ne cille pas. Il semble en apnée. Il ressemble à un démon... mais il a le visage d'un ange. La peau pâle et les yeux bleus. Si proche, il semble beau. Il semble. Il ne l'est pas. C'est le diable même. « Je prends ce que l'on me donne, Mascha... Mais... toi... as-tu quelque chose à me donner? »
Il a un sourire froid, un sourire qui fait peur. Il fait peur. Surtout qu'il fait noir...









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Sam 31 Oct - 11:25


Mascha ne cille pas, Mascha ne ploie pas. Elle tient devant Scylence, devant celui qui fait trembler toutes les petites brindilles faibles et insignifiantes de Poudlard. Mascha est une brindille elle aussi, mince, légère, fragile, qui semble devoir se briser en un souffle de vent, mais il y a quelque chose de fort en elle, quelque chose qui plie et tremble dangereusement mais ne se brise jamais. Peut-être dissimule t'elle tout au fond sa chair un fil de fer, que même un orage, une tempête, un ouragan, ne pourrait casser, quand bien même aurait-il détruit tout ce qui le recouvrait. Scylence est fait différemment, il est dur, entièrement dur, c'est un roseau fait entièrement de fer, qui est assez souple pour se plier mais ne pourra jamais être même entaillé. Tout ceux qui s'y sont frottés, c'est à dire bien les deux tiers de Poudlard et nombre d'autres proies, le savent, et se souviennent d'avoir vu retourner leur assaut avec bien plus de virulence qu'il ne l'avait imaginé. Mais alors qu'on croit que Mascha n'est qu'une brindille déjà cassée, elle se révèle incassable, increvable, finalement très coriace, fut-ce t'elle réduite à la pire des positions. Mascha tient, Mascha s'accroche, Mascha est fixe devant le démon qu'est Ezechkiel Scylence, le diable peut-être en personne, qui se trahit par la terrible flamme qui brille dans ses yeux, que la petite fille a vue, parce que une étincelle de cette flamme elle-même s'est cachée dans les siens. « Tu te frottes à plus fort que toi, Mascha... tellement plus fort. Je ne suis pas sûr que tu sois à la hauteur, d'ailleurs, pour jouer dans la même cour que moi. » Elle le sait. Elle sait qu'elle n'est pas comparable à lui, mais elle sait qu'elle le peut. Il y a à cet instant du feu dans ses yeux, du feu dans ses mains. « Alors, épargne moi tes singeries digne de mes dix premières années de vie, et sors moi quelque chose de plus incisif. Si tu joues avec le feu, plonge y la main, pas le bout des doigts... » Elle ne comptait bien sûr pas en rester là. C'était un tour de chauffe, c'était pour aiguiser sa langue, pour la plonger peu à peu dans la forge brûlante.
Elle a l'air froid, glacé, éteint, mais on peut sentir brûler quelque chose dans le mouvement d'une paupière, dans le frissonnement d'un sourcil, dans la mince esquisse d'un sourire. Scylence a le don d'agiter le démon. Elle ne sait pas pourquoi, elle sait qu'il ne vient pas de lui, qu'il était déjà là. Elle sait que ce n'est même pas lui qui l'a réveillé. Mais elle ne sait plus être la petite fille naïve et manipulable à souhait devant lui. Il ne fait qu'alimenter son feu plus que les autres. Il ne le fait pas exprès lui-même. Cela peut lui déplaire, mais il n'y peut rien. Le démon de Mascha a fait son choix. Le démon se cache encore un peu, même si il n'a pas à se cacher devant Scylence. Le démon se cache de Mascha elle-même. Du sentiment de dégout qui fait trembler imperceptiblement ses lèvres et vagabonder une fraction de seconde son regard. Faiblesse? Faiblesse passagère. Mascha n'est pas faible, mais sa force n'est pas visible. Cette faiblesse s'envole quand elle laisse siffler l'ironie entre ses dents. Il y a toujours du dégout, mais se dégout est fort. Mascha détourne son attention d'Ezechkiel, pas parce qu'il gagne mais pour simplement prendre une clope. Elle la met dans ses lèvres et sort sa baguette. Alors elle regarde Scylence droit dans les yeux, de ce regard qui semble vide mais terriblement noir, ce n'est pas un vide de faiblesse, c'est l'abîme où elle s'est perdue. La cigarette s'allume, par un Incendio informulé, le seul qu'elle réussisse à la perfection, suffisamment pour ne faire jaillir qu'une gerbe d'étincelle. Elle inspire juste un peu et souffle une fumée presque invisible. Elle aime la douceur de la première bouffée, cette douceur au fond âcre, cette douceur à petite dose. Elle n'aime généralement pas les suivantes.
Il s'est approché. Il est plus grand qu'elle. Il a un regard perçant, pénétrant, qui semble vous déshabiller en une fraction de seconde, et qui fait des ravages sur toutes les jeunes filles en fleur. C'est un océan bleu dans les abysses duquel Mascha pourrait se perdre. L'abîme appelle l'abîme. Le vide terrifiant de leurs regards se répondent. Mascha est insensible à ce qui fait fondre toutes ces filles. Il est beau, très beau. Il a encore un petit soupçon d'enfance dans la courbe de son nez, mais c'est tout ce qu'il en reste. Chaque grain de peau, chaque trait est sublime mais infiniment sombre. Ezechkiel a la beauté du diable, l'irrésistible beauté du diable. L'irrésistible beauté à laquelle Mascha parvient à résister. Parce qu'elle a la même beauté? Probablement pas. C'est parce qu'elle est l'abîme de la beauté, parce qu'elle ne ressent plus rien pour la beauté. Parce que la beauté n'existe plus pour elle et la dégoute si elle la reconnaît, elle la dégoute autant que le sexe. Le sexe n'est pas beau. Ezechkiel n'est pas beau. Ezechkiel est débraillé. Il la fixe de ces yeux qui auraient du vaincre toutes résistance mais qui n'y arrivent désespérément pas. Elle reste de marbre. Il y a peaut-être quelque chose qui tremble au fond d'elle, quelque chose qu'il ne peut voir parce qu'elle sait bien la cacher, c'est un soupçon de peur dans la mare du dégout. « Je prends ce que l'on me donne, Mascha... Mais... toi... as-tu quelque chose à me donner? » Elle ne bouge pas. Ses yeux se vident, la flamme même qui les animent s'efface, elle se cache un instant. Les yeux de Mascha sont gris, ils ont perdu de leurs couleurs – bleu et vert qui s'enchainent et se déchainent -.
Elle remet dans ses lèvres la cigarette, sans ciller, fixant toujours le visage du diable. Le goût est âpre mais elle ne le sent pas. Elle inspire. Elle souffle une grande bouffée de fumée sur le visage de Scylence trop près du sien. C'est étouffant, asphyxiant, même pour elle. Mais Mascha aime l'odeur de la fumée, comme l'odeur du feu. C'est l'odeur de la mort, de la destruction la plus totale. Après le feu, Après le dernier vol de fumée il ne reste plus rien. Plus rien que le sourire de Mascha, le sourire moqueur, le sourire que le diable lui a offert un jour dans les limbes de l'enfer. « De la fumée. Je ne peux te donner que de la fumée. » Elle a ces paroles qui volent dans la cendre, ces paroles déjà évanescentes, qui ont déjà disparu. Elle dit le vent. « Je ne suis que de la fumée. Je ne suis qu'un fantôme. Un fantôme de fumée. » Son regard et son sourire se sont vidés. Ses yeux sont aussi gris que la fumée. Même si elle sait au fond qu'elle a peut-être touché quelque chose. Elle sait qu'Ezechkiel est germaphobe, et la fumée sale de la cigarette peut très probablement faire ressurgir sa phobie. Elle le fixe sans ciller. Son regard terriblement vide semble se consumer comme une braise qu'on ne peut éteindre, à travers les volutes de fumée.









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Sam 31 Oct - 13:02


c'est ridiculement court, et je m'en excuse, mais j'ai fait le paris risqué d'essayer de faire avancer les persos... pas sûr que ça ait marché. v.v
La fumée, la cigarette, le meilleur moyen d'avoir un cancer des poumons, de noircir, de se ronger, de mourir... vous trouvez ça sale? Ezechkiel aussi. Il trouve ça immonde même... mais il fume. Il dit que ça l'habitue à l'Enfer. Il a sans doute vrai par ailleurs. Il se brûlait les poignets aussi, pour les éteindre. C'était un moyen de supporter la douleur du futur Enfer, sans aucun doute. Une névrose? Encore une. Mais le démon sait à qui il appartient, et il sait aussi que le jour de sa mort il ne mettra pas même le pieds devant les portes éternelles, non. Lui, il descendra aussitôt en Enfer. Est-ce qu'il regrette? Est-ce qu'il en a peur? ...pitié. Vous parlez d'Ezechkiel Scylence. Aucun sentiment de culpabilité, aucune peur... pire que lui? Le malin, le vrai malin. Lui n'est qu'une incarnation réussie ici bas. Une image pâle du démon qui garde toute sa hargne, toute sa haine. La fumée dans la bouche de Mascha enfle et quand elle la recrache, il a un sourire, infime, au coin des lèvres. Elle fume. Elle se prépare pour quoi, elle? Un être comme elle n'ira qu'au purgatoire, avec une chance de rémission. Il grimace intérieur. Il haït ce qui est fait à demi. Peut être pourrait il l'envoyer au paradis en lui tuant maintenant, quand son âme n'est pas encore assez nécroser? Bonne question. Elle crache sa fumée. Il ferme les yeux. Ça pique, ça fait mal, ça les rougis, c'est mal. Il les rouvre sur son visage à elle. Pauvre petite fille.
« De la fumée. Je ne peux te donner que de la fumée. » Il a un sourire, bref. C'est amusant, le temps d'un instant. « Je ne suis que de la fumée. Je ne suis qu'un fantôme. Un fantôme de fumée. » « Les fantômes comme tu les conçois, ça n'existe que dans ta tête. Les fantômes, c'est les croyances des petits enfants. » Il a un sourire amusé, moqueur. « Je croyais que tu avais grandi... Tu n'es encore qu'une enfant. » Il se penche un peu plus, si proche, trop proche. Son regard bleu est corrosif, il cherche à faire baisser ce gris qui l'énerve, qui l'attise, démon muet. « Tu sais ce quel est mon passe-temps...? » Il se penche plus, ses lèvres à ses oreilles, il chuchote, serpent à plumes bleus. « C'est briser les gamines dans ton genre, Mascha. » Et il se redresse, calmement, sans un cillement. Pauvre gamine. Il la jauge du regard. Elle ne mérite pas grand chose. Pas plus d'attention sur les autres. Il s'écarte d'elle, se dirige vers l'extrémité du plan de travail et ouvre le robinet. Une eau claire et froide y coule. Il y plonge les mains. Le froid n'atteins pas ses chairs. Il est déjà froid lui aussi.
Il s'asperge le visage, se nettoie, désincruste avec les doigts les saletés imaginaires, puis referme le robinet. Il s'étire, fait craquer les vertèbres de sa nuque, de ses doigts, minutieux, puis remet en place sa chemise dans son jeans, en boutonne le dernier bouton, remet calmement le col en place, puis remet correctement les manches de son veston de feutre noir. Bien. Il ajuste sa cravate bleue. Il ressemble réellement à ce qu'il est maintenant. Il contemple ses ongles, blancs, longs et manucurés, et tourne lentement sa tête vers Mascha, à la fois indifférent et ennuyé par sa présence. « Tu présentes une nuisance. Je suis plutôt d'une grande bonté ce soir... mais, crois-moi, ça ne durera pas. Alors détale, tant qu'il est encore temps. » Son regard est fixe, froid derrière les longs cils – quasiment féminins – du diable. Il ne rigole pas. Il ne rigole jamais après tout.









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Sam 31 Oct - 22:51


et je ne sais faire que des pavés. v.v" des pavés qui n'avancent pas vraiment.
j'espère ne pas trop casser ce que tu voulais faire...


Mascha n'a pas encore plié. Ezechkiel non plus. Ils se tiennent là dans le fond d'un cachot l'un en face de l'autre. Sans bouger. Sans ciller. Deux piques, deux lances plantées dans le sol. Ces lances sont peut-être enflammées, et brûlent de se transpercer l'une et l'autre, mais elles ne bougent pas, ne font rien. Elles se regardent, s'observent. Elles cherchent peut-être une faille, la faille ou s'engouffrer, où alors ne cherche rien. Mascha ne cherche rien. Elle n'a pas intérêt à détruire Ezechkiel - elle sait qu'elle ne peut pas -, elle ne veut que rester là, l'ennuyer par sa simple présence, souffrir surement un peu ou beaucoup pour apprendre, pour changer, pour continuer sur la voie sombre qu'elle a choisie. Il y a du danger bien sûr. Elle aura mal. Il lui fera mal. Elle voit le danger, mais elle ne le sent pas. Le danger ne lui fait pas peur, et la souffrance non plus. Alors elle reste plantée là, son regard fixé dans celui de Scylence. Leurs deux corps plantés dans le silence, dans le vide sidéral de l'existence. Il n'y a rien. Ils n'existent même pas. Un corps ce n'est que constitué de quelque chose d'un peu plus solide que la fumée d'un fantôme. Mascha est un fantôme. Lui n'en est plus un. Il a la flamme du diable. Mascha est vide, vide mais gênante. Elle est un corps, un fantôme de fumée, de cette fumée qui vole plus loin encore que la fumée de la cigarette qu'elle vient de recracher. « Les fantômes comme tu les conçois, ça n'existe que dans ta tête. Les fantômes, c'est les croyances des petits enfants. Je croyais que tu avais grandi... Tu n'es encore qu'une enfant. » Mascha sent monter dans sa gorge le début d'un rire, mais elle le laisse prisonnier de ses cordes vocales, il parvient à s'échapper pourtant jusqu'à ses lèvres. « Les fantômes c'est tout ce que tu ne peux ni saisir ni comprendre, les enfants comprennent au moins ça. Je peux encore être une enfant si je sais ce qu'est un fantôme, ou plutôt ce qu'il n'est pas. Si je suis un fantôme, alors je ne suis rien, mais je suis là, je reste là, juste devant toi. » Son sourire s'affirme, un peu du flamboyant de la flamme recouvre le gris de l'abysse puis s'efface, car Mascha doit rester l'abysse.
« Tu sais ce quel est mon passe-temps...? C'est briser les gamines dans ton genre, Mascha. » Leurs visages se toucheraient presque, mais il n'y a que la fumée de tabac qui les lie, qui les étouffe dans le même voile. Le sourire, le rictus amusé de Mascha est toujours là, posé sur ses lêvres en signe de défi, mais il est vide, il est gris. Elle est éteinte. Non c'est une braise, on ne peut jamais l'éteindre. Car elle sait toujours se rallumer et brûler à nouveau. Mais là le démon a laissé place à son fantôme, au souvenir seulement du feu et du mal qui peut le déchainer, qui l'a déjà déchainé, qui le déchainera plus encore. Alors elle fixe avec son corps, ses yeux ses doigts sans vie, une flamme ardente qui se frotte à de la cendre qui ne peut plus brûler. Il ne peut pas la briser. Il aimerait bien. Mais les enfants dans le genre de Mascha sont les pires. Il ne le sait peut-être pas, parce qu'il n'a pas connu d'autres enfants dans son genre. Ils paraissent moins terrible que ceux dans le sien, mais renferment tout autant de haine et de flammes, mais sont imprévisibles. Ezechkiel paraît un instant à Mascha trop prévisible. Elle sait qu'il va vouloir la détruire. Mais elle espère qu'il ne le restera pas. Ce serait d'un ennui.
Elle continue de fumer. Il n'a pas bougé dans la fumée. Il a un peu fermé les yeux oui, mais il n'a pas plié. Et au fond, le contraire l'aurait étonné. Il fume lui aussi. Il veut se consumer lui aussi. Mais il a de l'avance, lui n'a plus de retour possible. Mascha en a peut-être un, si elle s'arrête immédiatement, si elle prend peur devant l'horreur qu'elle a fait, qu'elle peut faire et qui va lui arriver, elle pourrait courir, fuir, détaler comme une gazelle qui a vu l'échine du lion entre les broussailles. Mais elle ne bouge pas. Elle reste là, debout sans un mot, sans un mouvement, un défi par sa seule présence cette nuit devant Ezechkiel Scylence. Elle ne sait même plus pourquoi elle fait ça. Elle le fait et c'est tout. Dans le plus assourdissant des silences elle ne bouge que sa main, celle qui tient la cigarette, fixant le vide de ses yeux sur le dos de Scylence. Il se nettoie, il lave la saleté de son corps, de sa peau, il se défend de ces attaques du monde extérieur. Dans un autre sens on pourrait croire qu'il se prépare à la bataille, et cela enflamme un sourire sur les lèvres de Mascha.
« Tu présentes une nuisance. Je suis plutôt d'une grande bonté ce soir... mais, crois-moi, ça ne durera pas. Alors détale, tant qu'il est encore temps. » Elle s'est appuyée contre le mur et dans son air presque hautain semble le mépriser. Il n'en est rien. Elle l'admire un peu peut-être. Ce n'est pas qu'elle est aveuglée par ce qu'il montre, c'est qu'elle a parfaitement vu ce qu'il cachait, le mal et la haine absolus, et qu'elle n'en a pas détourné le regard pour s'enfuir. Elle va peut-être être dévorée tout cru par le grand méchant loup, mais au fond d'elle elle sait qu'il ne parviendra pas à broyer ses os. Elle reste là sans raison, où avec cette raison qui lui échappe un peu à elle et totalement à lui. Elle pourrait dire qu'elle n'a pas l'intention de bouger, mais son regard le dit déjà. Elle prend la dernière bouffée de sa cigarette et d'un souffle ample et âpre finit de saturer le petit espace confiné de cette fumée malsaine, qui s'insinue dans vos bronches pour vous asphyxier. « La raison pour laquelle je reste là t'échappe. Je t'échappe. » Elle laisse tomber la cigarette, et la laisse finir de se consumer sans l'écraser. « Je ne suis pas comme toutes ses filles qui tombent devant toi. Tu vois, je reste debout, déjà. » Elle ne s'écrase pas. Elle veut tenir, rester droite et inflexible face à son regard qui voudrait la déchirer en mille morceaux. C'est l'inconnu, le vide entre eux deux. Elle ne sait pas ce qu'il va faire. Elle ne sait pas ce qu'elle va faire. Mais elle se plonge avec cette inquiétante joie dans l'océan sombre qui s'étend plus loin que l'horizon, jusqu'à des contrées qu'on ne connait pas.









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Lun 2 Nov - 4:24


« Les fantômes c'est tout ce que tu ne peux ni saisir ni comprendre, les enfants comprennent au moins ça. Je peux encore être une enfant si je sais ce qu'est un fantôme, ou plutôt ce qu'il n'est pas. Si je suis un fantôme, alors je ne suis rien, mais je suis là, je reste là, juste devant toi. » Imperceptiblement, il a un sourire. Étrange. Le prédateur ne sourit qu'une fois la proie prise à la gorge, bien enserrée, morte presque, mais le prédateur qu'est Ezechkiel est d'une autre nature. C'est un rabatteur. Il vous pousse au bout de vos réflexions, vous plonge dans l'angoisse d'avoir tords. Est-ce possible? Oui. Il le peut. Chez lui, tout est calculer, et même que parfois, il ne s'en rends pas compte lui même. C'est mécanique, obligatoire. Il se penche pour lacer ses chaussures? C'est calculer. Ça lui servira plus tard. C'est comme ça. Et il a apprit à s'en accommoder, à s'en servir même. Il est ce félin qui tourne autour d'une fillette, et elle ne voit pas l'animal, alors elle se dit que ça passera, que ce n'est que son imagination. C'est tout sauf son imagination. Ne jamais s'angoisser. Ne jamais trembler. Si l'animal est là, frappez le fort. Si vous n'êtes pas assez fort... laissez vous tuer. Rien ne sert de lutter une fois les crocs sur votre gorge. Vous êtes déjà mort. Souriez, ça servira à quelqu'un après tout. Le regard du Scylence est incisif, corrosif, comme de l'acide jeté sur du plastique : ça ronge et ça troue, c'est douloureux, ça brûle, vous avez envie de crier et de fuir. Mais ça ne vous aidera pas, bien au contraire. L'animal autour de la fillette a besoin de cette fuite, de cette course pour se sentir puissant. Ezechkiel n'est pas un animal. Il n'a pas besoin de courir pour se savoir puissant. C'est son doute qu'il n'est plus animal. Il n'aime pas les animaux. Il leur fout le feu. C'est plus drôle que de se dire qu'un jour, eux et lui ont été frères, cousins, jumeaux peut être. C'est ridicule. Il ne supporte pas l'idée qu'un homme soit autre chose qu'un homme. Appelons un chat un chat. Alors elle, petite fille, elle l'agace à se croire fantôme. Elle n'est pas insaisissable, il le croit, il le sait, il le sait car il la tient quelque part par la gorge, et elle l'ignore encore, c'est pour quoi elle parle comme ça, avec cette légèreté qu'ont les futurs tués devant la grande ignorance. C'est l'espoir du vaincu. Il se dit que tout ira bien, que bientôt ça sera fini, qu'il contrôle son existence. Pauvre con.
« Tu sais ce quel est mon passe-temps...? C'est briser les gamines dans ton genre, Mascha. » Dans ton genre. C'est ridicule. Ezechkiel le sait. Mascha échappe à toutes les règles, à tous les styles, à tous les genres. Elle est unique, il l'a bien remarqué. Il l'a observé pour trouver la faille. Il n'en a pas trouvé. Elle n'est insaisissable, il le sait, il en est sûr, mais n'empêche qu'elle reste filante comme le vent entre les doigts du serdaigle, et ça l'attise, et ça l'énerve. Imperturbable. Il le reste car elle l'est elle aussi, à ce moment. Ainsi, droits comme des pieux plantés dans un sol valaque, ils se ressemblent. L'une est plus petite, oui, mais ce n'est que quelques os plus longs, rien de plus. Ils se ressemblent, mais ils sont différents. Elle est terne, grise. Ses yeux ont perdu leur couleur aussi. Ils n'ont pas cet éclat vif qu'a le regard d'Ezechkiel. Scylence est haut en couleur malgré son habit noir. C'est un corbeau de malheur. Ses prunelles bleus donnent l'aspect d'un vieux fleuve, profond et tumultueux. Il y a une flamme à l'intérieur, et elle danse sans cesse, attiser par ce désir du mal, par cette haine trop longtemps étouffé. Chez Mascha, c'est l'étincelle, rien de plus. Ça n'est pas encore assez. Ça ne le sera jamais. Il a beaucoup trop d'avance. Elle était encore un ange quand il n'avait plus d'espoir. Il y en a encore pour elle, car c'est tout nouveau, c'est une chute récente. Lui a brûlé ses ailes quand il n'en avait déjà plus. Ezechkiel n'a jamais été un ange. C'est son problème, sans doute. C'est qu'il ne sait pas comment ça fait d'être... « normal ». Peut être pas normal, mais bien. Non, ça, jamais. Il n'en a jamais eut la chance tout du moins. Il y a été forcé, et il s'en est accommodé, car quand on ne peut pas faire autrement, on plie. Il était encore trop jeune pour tenir tête, mais assez vieux pour se pendre des coups. Mascha et lui sont différents. Mascha est un temple vierge, pure, chaste. Jamais on ne l'a giflé. Jamais on ne lui a brisé les os de la main. Lui a été profané si jeune. Il avait dix huit mois la première fois. Il ne s'en souvient pas, mais le dossier médicale le lui rappelle parfaitement. Ce genre de souvenir, Mascha ne les a pas. Elle ne pourra jamais devenir aussi mauvais que lui. C'est dommage. Elle avait du potentiel.
« Tu présentes une nuisance. Je suis plutôt d'une grande bonté ce soir... mais, crois-moi, ça ne durera pas. Alors détale, tant qu'il est encore temps. » Le regard fixe la silhouette adossée au mur. Hautaine. Comme une putain, ajoute mentalement le Diable. Pourquoi? Mais car les putains vous dévisagent, vous jurent au nez avec leur regard offusqué, mais elles ne se refusent jamais à vous. Elles se donnent, elles s'offrent, elles se vendent. Les putains sont les femmes de la pire espèce. Ezechkiel déteste les femmes. C'est viscéral. Une ancienne blessure, sans doute. Les femmes ne sont sur terre que pour lui rendre impossible. Sans femme, il ne serait pas né, et ça aurait été largement le pieds de ne pas exister. Pourquoi ne pas en finir? Ce n'est pas qu'il n'a pas le courage, c'est que justement, il ne voit aucun courage à mettre fin à son chemin de croix, à son calvaire à lui. Il veut la porter sa croix, et il la portera, car une vie en enfer est tellement plus amusante qu'une éternité au paradis à s'emmerder, une plume dans le cul. Il n'a jamais eut l'occasion de mourir jeune. S'il fume, c'est pour s'habituer à l'idée de mourir. C'est un engagement solennel. Ça veut dire : je m'engage à disparaître dans un tas de cendre à n'importe quel instant du moment qu'on me laisse vivre pleinement maintenant. C'est son petit contrat à lui. C'est un contrat moins dur que celui qui le lit à sa gourmette d'argent. C'est drôle, n'est-ce pas? Avoir de la force dans les bras, pouvoir briser un bras... et ne pas le faire. C'est presque idiot. Mais c'est comme ça. La gourmette qui luit à son poignet droit, c'est un peu comme son collier, sa laisse, qui le rappelle sans cesse à la maison. Rufus Scylence, le directeur, son grand père, un homme « complet » en somme, le lui a mis, pour lui rappeler combien il est « mal » de frapper les gens. C'est drôle comment avec une gourmette, on s'habitue à la douleur. Il suffit de frapper du poing une table pour qu'une baffe invisible pour revienne en pleine gueule. Vous savez quoi? C'est particulièrement excitant. On attends le moment, celui où la claque vous frappera de plein fouet, et ça ne vient pas, vous vous impatientez, et quand vous baissez votre garde, ça vous tombe dessus comme un châtiment divin. C'est totalement jouissif. C'est comme une branlette en lisant Sade. C'est sale, c'est dégoutant... mais bon dieu que c'est bon.
« La raison pour laquelle je reste là t'échappe. Je t'échappe. » Sade aurait sans doute répondu qu'il était ridicule de dire cela, mais Ezechkiel se contente d'un sourire narquois sur ses lèvres, fines et roses, qui s'étirent si longuement qu'on se demande si c'est vraiment une bouche. Il a un sourire effrayant. On s'attend à ce qu'il dise : we're all mad here. C'est drôle cet air diabolique qu'il prends à certains moments, pour si peu. « Je ne suis pas comme toutes ses filles qui tombent devant toi. Tu vois, je reste debout, déjà. » Il a un rictus. Court, bref. Comme sa pensée. Pourquoi brève? Mais justement car le prédateur a resserré sur la gorge de sa proie ses griffes, ses crocs, et qu'elle est morte. Finie. C'est fini, Mascha. C'est dommage. Quelque part, tu auras eut ta chance. Il s'approche, félin, ou peut être tout simplement langoureux. Il fascine à la façon des serpents, et son regard est presque trop doux. Sa voix se prépare au fond de sa gorge. Il s'arrête, pose sa main sur le mur, juste à côté de sa petite tête. Il pourrait l'attraper, il pourrait la frapper de toutes ses forces contre ce mur, faire gicler sa cervelle, pour qu'elle se taise, pour qu'elle plie, pour qu'elle comprenne aussi qu'il est plus fort qu'elle, qu'il possède mille moyens de la faire choir, mais il ne le fera pas. Il ne le fera pas, car il a beaucoup plus efficace, et beaucoup plus classe, et dieu sait qu'il aime sa petite courtoisie froide, celle qui est de rigueur quand on a le verbe ironique. Il penche doucement la tête, son regard fixe celui de Mascha. Le gris ne combat pas le bleu. Il n'a aucune chance contre l'éclat azur.
« Ce n'est qu'une illusion, un mensonge Mascha. Tu te mens. Tu ne m'échappes pas. Tu es comme toutes les autres. Tu te crois unique, sur ton petit nuage là haut. Tu fumes, tu me regardes dans les yeux. Tu te donnes le droit de croire que durant un instant, tu t'es sentie puissante face à moi. Tu t'amuses à défier le diable pour flatter ton égo, pour croire qu'au fond de toi, aussi, il y a une flamme qui attends, qu'il y a un démon qui en surgira, plus féroce que le mien. » Il a un rire mauvais, un rire de mauvais film de peur. Dieu seul sait combien ça fait froid dans le dos de voir que l'éclat bleu vire au noir dans l'obscurité de la pièce. « Tu n'es pas un fantôme, tu n'es pas insaisissable. Tu es une petite fille qui n'a pas grandi, mais qui se gonfle de l'espoir qu'un jour elle pourra dire au croquemitaine qu'elle n'a plus peur de lui. Masturbation intellectuelle. Si tu cherches à devenir meilleur, à faire quoi que ce soit, à ne serais-ce que penser, un seul instant, que je ferais ce que tu as anticipé, ou ne serais-ce qu'imaginer que tu m'es compris... si tu penses un jour être comme moi, alors je t'invite à te poser une seule question, Mascha, une seule : pourrais-je, sans me mentir à moi même et avec toute l'honnêteté que j'ai, aller en Enfer sans trembler? » Il se relève, imperturbable. Son regard est toujours sur elle. Il ne sourit plus pourtant. Ce jeu ne mène nul part. Elle ne le tient pas en laisse. Il est libre, il l'a toujours été. Il pourrait partir sans avoir fini sa phrase, ce n'est pas ce qui le dérange. Ce qui le dérange, c'est ce qu'elle croit. Il a une grimace de dégoût, il ne sait pas pourquoi, mais c'est dédaigneux. Ce mépris dans son regard... c'est presque exagéré, mais c'est bien réel. Elle n'est pas digne d'intérêt, pas digne d'une parole de plus. Il devrait le savoir. Personne en ce bas monde ne vaut quoi que ce soit. Personne, et surtout pas elle. « Tu ne seras jamais comme moi, Mascha, car moi, je suis malade. Je ne veux pas dire que je suis fou, ou que c'est un genre que je me donne. Je veux dire que toi et moi, nous ne partagerons jamais la même logique, le même univers, la même longueur d'onde. Et je n'aurais aucun regret à te montrer que ma maladie est aussi une bonne excuse au meurtre de sang froid, puisqu'en bon sociopathe que je suis, je ne ressentirais sans doute jamais une once ce culpabilité. »
« Nous ne sommes pas du même monde. »
Il reste devant elle, immobile. Il pourrait partir. Il pourrait. Mais il n'a pas envie. Qu'elle prenne cela pour une soit disant curiosité. Qu'elle aille au diable... si elle n'y est pas déjà.









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Lun 2 Nov - 15:29


attention livraison de pavé tout frais What a Face
j'abuse quand même.


Elle est là et elle n'a pas bougé. Petit jouet entre les mains du diable. Il joue avec elle il s'amuse, et elle ne dit rien. Elle n'est qu'un objet, qui ne bouge pas, ne proteste pas. Une forme en plastique creuse sur lequel un sourire à été imprimé. Ce serait beau. Oui ce serait beau de vivre éternellement comme le jouet de quelqu'un, de quelque chose. D'être détruit à petit feu et de ne pouvoir que sourire. Mascha aurait pu dire qu'elle n'est pas un jouet, qu'elle est loin de l'être, car elle vit là-dessous, mais elle sait qu'au fond elle n'a toujours été que ça, un jouet pour les plus grands. Pour sa mère déjà, c'était la plus merveilleuse des poupées. Elle l'humiliait, consciemment ou inconsciemment, elle lui faisait faire tout et n'importe quoi, elle lui arrachait sa vie d'enfant, mais Mascha souriait. Elle était heureuse. Elle était heureuse d'être un jouet. Quand elle a vu qu'elle pouvait ne plus en être un, c'est là qu'elle a eu mal, la seule fois qu'elle a véritablement pleuré. C'était si serein d'exister à travers elle, d'exister dans les voiles du mensonges. Mais maintenant elle sait. Elle sait qu'elle a le droit de vivre par elle-même, d'explorer le monde elle-même, d'agir elle-même. Mais aussi elle sait qu'elle n'est heureuse de vivre qu'en étant un objet. Elle est le jouet de Scylence, en cet instant, elle l'a toujours été. Avec le temps elle est simplement devenue plus intrigante, elle a développé de nouvelles possibilités, il a voulu les explorer. Elle sait à cet instant que les griffes du démons sont sur sa gorge, que d'une minute à l'autre elles vont se resserrer, elles vont l'étrangler. Mais elle sourit. Elle est heureuse. Elle aime rendre les autres heureux, ç'aurait pu être digne d'une petite fille gentille avec tout le monde, mais dans le sens de Mascha, c'est tout à fait tordu. Elle veut voir briller la flamme dans les yeux des gens, peu importe si elle doit souffrir pour ça. Car de toute façon, la douleur, elle ne la connait pas. Elle l'a trop connue d'un coup, elle s'est abattue sur elle quand elle a ouvert les yeux, alors elle a préféré oublier ce que c'est. Elle est insensible. Elle est une enveloppe vide, une abîme. Une petite poupée en plastique que la flamme de Scylence s'apprête à faire exploser.
Il s'est avancé vers elle. Il sourit. Elle sourit. Leurs sourires font peur. Celui de Mascha est vide, mais comme encore empreint du souvenir d'une flamme, d'une braise qui s'est cachée tout au fond et qu'on croit ne plus voir. Celui d'Ezechkiel est brûlant, flamboyant, que sa couleur rose s'agite de reflets rougeoyants au travers de la fumée. Il va parler, et dans ces mots il va serrer ses doigts sur le cou de la petite fille. Si elle avait été une petite fille comme les autres, elle serait partie. Si elle avait eu peur d'avoir mal, très mal, elle serait partie. Si elle avait vu qu'elle démon qui voulait la détruire se cachait derrière cet envoûtant regard, dont les longs cils tendaient comme une corde séduisante au dessus du vide, elle serait partie. Quoique ça elle le savait. Elle savait même tout ça. Mais elle avait choisi de rester, de défier le diable en personne, de lui tenir tête par ses yeux désespérément gris, désespérément vides. Elle avait choisi de le laisser la briser, la brûler la consumer. C'est la qu'elle trouverait la joie. Masochiste. Non pas tout à fait. C'est différent de ça. Mais elle ne sait pas tout à fait ce que c'est. Peut-être une éponge, peut-être un trou noir. Une abîme qui aspire à elle la flamme, la violence et tout le mal du monde, qui la fait se gonfler en elle, ou qui la fait disparaître dans le néant infini de l'univers, dans le néant infini de son existence. Il ne sait pas cela, pas encore. Il se pavane. Il croit qu'il est le plus fort, elle il l'est. Mais ce à quoi il s'attaque n'a rien à voir avec la force. Il faudra qu'il trouve autre chose pour la briser. Il le sait peut-être déjà, mais ne le vois pas, c'est trop différent de ce à quoi le monde nous habitue. « Ce n'est qu'une illusion, un mensonge Mascha. Tu te mens. Tu ne m'échappes pas. Tu es comme toutes les autres. Tu te crois unique, sur ton petit nuage là haut. Tu fumes, tu me regardes dans les yeux. Tu te donnes le droit de croire que durant un instant, tu t'es sentie puissante face à moi. Tu t'amuses à défier le diable pour flatter ton égo, pour croire qu'au fond de toi, aussi, il y a une flamme qui attends, qu'il y a un démon qui en surgira, plus féroce que le mien. » Elle sait ça déjà. Elle sait qu'ils ne sont pas les même. Elle sait qu'elle ne pourra jamais tout à fait le comprendre, et lui encore moins. Ils peuvent essayer. Mais cela est stérile. Mascha écoute même si elle sait. Elle sait aussi qu'il aime parler, alors il faut le laisser parler. Même, elle aime l'entendre parler, elle aime cette voix mielleuse, froidement mielleuse. Cette voix qui attire irrésistiblement, mais qui révulse tout autant parce qu'elle a quelque chose du démon.
« Tu n'es pas un fantôme, tu n'es pas insaisissable. Tu es une petite fille qui n'a pas grandi, mais qui se gonfle de l'espoir qu'un jour elle pourra dire au croquemitaine qu'elle n'a plus peur de lui. Masturbation intellectuelle. » Son sourire s'étire un peu plus. Elle n'a pas honte d'être une enfant. C'est beau d'être un enfant. C'est beau de voir le monde d'une façon différente qu'il ne l'est. Elle est une enfant certes un peu différente, mais comme tous les enfants monstrueuse. Les enfants sont monstrueux parce qu'ils sont différents des adultes, parce qu'ils les dérangent. Parce qu'ils veulent autre chose qu'eux. Pour rien au monde elle ne voudrait devenir un adulte, devenir plate et conventionnée, perdre la folie qui fait ses journées. Ezechkiel dans un sens aussi est encore un enfant, parce qu'il dérange les adultes, mais il a perdu cette flamme, il s'est conformé à lui-même, à la violence en lui. « Si tu cherches à devenir meilleure, à faire quoi que ce soit, à ne serais-ce que penser, un seul instant, que je ferais ce que tu as anticipé, ou ne serais-ce qu'imaginer que tu m'es compris... si tu penses un jour être comme moi, alors je t'invite à te poser une seule question, Mascha, une seule : pourrais-je, sans me mentir à moi même et avec toute l'honnêteté que j'ai, aller en Enfer sans trembler? » Mascha d'ordinaire n'anticipe rien, mais cela lui semble presque possible avec Scylence. Elle a beau ne pas tout comprendre, elle sait ce qu'il fait, et naturellement, connait déjà l'essence de ses intentions à son sujet. « Tu ne cillerais même pas. L'enfer tu y es déjà. L'enfer c'est les autres, comme disait Sartre. Dans l'enfer de la mort, tu n'auras même plus les autres pour t'ennuyer. Chacun son supplice. Je ne sais pas quel serait le tiens. Mais peu importe, même si tu dois souffrir, voir les autres souffrir, rien que ça, je parie que ça te fera sourire. Peut-être que ça te fera bander, même. » Léger rire au coin des lèvres. Rire qui s'évapore et ne laisse qu'un sourire amusé. Il s'attendait peut-être à ce qu'elle dise ça, ou pas du tout. Mascha est moins imprévisible quand elle prévoit les autres. Il faut qu'elle ne prévoit rien pour surprendre, pour choquer, pour être différente de ce que sont les autres. Elle n'est peut-être pas unique, personne ne l'est. C'est ce qu'on fait de soi qui est unique, qui est libre. Mascha est libre, même en étant un objet entre les mains d'un démon. Parce que son esprit, sa liberté lui échappera toujours, c'est un néant dans lequel on s'engouffre, on se perd, on cherche mais ne trouve rien. C'est ça l'enfer. C'est cet autre qui fuit. Cet autre qui n'est pas ce qu'il est, ce qu'il doit être. C'est ce qu'Ezechkiel ne peut pas et ne pourra jamais atteindre en Mascha. Même si elle est sous son emprise, sous ses griffes, sous ses crocs, déjà morte, elle lui échappera. Il ne peut pas tout comprendre, ni tout avoir, ni tout détruire.
« Tu ne seras jamais comme moi, Mascha, car moi, je suis malade. Je ne veux pas dire que je suis fou, ou que c'est un genre que je me donne. Je veux dire que toi et moi, nous ne partagerons jamais la même logique, le même univers, la même longueur d'onde. Et je n'aurais aucun regret à te montrer que ma maladie est aussi une bonne excuse au meurtre de sang froid, puisqu'en bon sociopathe que je suis, je ne ressentirais sans doute jamais une once ce culpabilité. » Mascha n'est pas ce monstre-là elle le sait, celui là lui est réservé à lui, uniquement à lui, au feu qui le ronge et l'entraine en enfer. Mascha ne veut pas détruire, elle veut aspirer, elle veut voler, elle veut aspirer tout son feu, l'éteindre par sa seule présence, elle le trou noir, pour qu'il s'éteigne en elle, ou se mêle à l'étincelle qu'elle abrite pour engendrer le plus meurtrier des feux. Peu importe si elle brûle elle-même. « Nous ne sommes pas du même monde. » Ils ne le seront jamais. Chacun n'a jamais que son propre monde à lui de toute façon, c'est une bêtise de vouloir tout comparer. Mascha sait qu'elle n'a pas souffert comme lui, ou pas de la même façon que lui, et que la souffrance et ceux qui els différencie. « Tu crois que je ne sais pas ce qu'est souffrir et tu as raison. Je ne sais pas ce qu'est souffrir dans le sens que tu entends. Car je n'ai pas mal, je ne peux jamais avoir mal. Tu te souviens quand Marla m'a jeté un Sectumsempra? J'ai rit. Souviens-toi de ce rire. » Mascha entend ce rire, c'est un souvenir qui ne disparaît pas, qui est comme réèl dans ses oreilles, et brise le silence étouffant de la nuit. Elle le laisse un temps briser les tympans d'Ezechkiel. « Pour moi souffrir, c'est sourire, c'est rire. Pour moi souffrir c'est heureux. Tu diras que quelque chose ne va pas chez moi. Rien ne va chez toi non plus. Mais moi je ne souffre même pas. Toi ta souffrance tu la brandis, tu en fait de la haine, de la force. Moi j'en fais juste un sourire et un rire. » Un sourire à la fois ironique et malicieux se dessine sur les lèvres de Mascha. C'est dingue tout ce que peut dire un sourire.
« Tu peux me faire n'importe quoi, me briser les os, me trancher les veines, me vider de mon sang que je ne grimacerait même pas, que je ne pleurerait pas. Je sourirais, je serais heureuse. Tu peux même me tuer que je rirais, dans la mort je rirais. Dans les enfers je rirais. Et parce que je rirais, on me donnera les pires supplices, on me fera souffrir milles morts, mais je rirais encore plus. » Son sourire et ses yeux sont devenus démoniaques, mais silencieux. L'étincelle semble s'y être un peu réveillée. Il y a comme une petite tache bleu-verte dans le gris. « Tu as peut-être un terrible feu en toi, et moi qu'une petite étincelle. Mais c'est toi qui la fera brûler, en me détruisant. Je sais que tu veux le faire. Tu es finalement assez prévisible. Alors qu'attends-tu? Come on baby light my fire. »

sans commentaires la dernière phrase x')









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Mar 3 Nov - 16:04


j'adore les pavés, mais moi, j'ai jamais assez de temps. x3

« Nous ne sommes pas du même monde. »
Ça peut être paraître ridicule, dit comme ça, juste comme ça... c'est bête, c'est évident. C'est tellement évident... C'est qu'Ezechkiel est troublé, par sa petite présence, par sa façon d'être avec lui. Que cherche t-elle? Est-elle suicidaire ou... inconsciente? Il ne sait pas. Il a beau chercher, dans sa mémoire, une explication, une once d'explication, ça ne vient pas. C'est condamné au fond de lui, et elle ne lui donnera pas la réponse. En a t-il besoin au fond? Peut-il avancer sans? ...oui, sans aucun doute. Mais quand on attise un démon, il faut apprendre à subir sa curiosité, alors le démon garde un œil sur l'ancien ange. Elle ne prépare aucun mauvais coup, aucune mauvaise plaisanterie. Elle vient à lui, sachant qu'il lui arrachera les ailes, et elle vient avec le sourire. Quel genre de personne accepte de sourire à la mort? Ezechkiel n'a pas peur de la mort, pas plus que la souffrance. Mais lui ne sourit pas. Il reste toujours aussi froid, imperturbable, quasiment glacial. Il est un iceberg, indestructible. Il a fait coulé le Titanic, et s'il avait pu, il serait aller crever un à un les foutus passagers, trop riches, trop peu sincères. Ezechkiel haït la fausseté, mais elle, elle n'est pas fausse. Un instant il pince les lèvres. Réfléchir, vite, c'est sa seule solution. Elle n'est pas insaisissable, elle s'en donne l'air, il en est sûr. De quoi peut avoir peur un ange déchu alors?
« Tu crois que je ne sais pas ce qu'est souffrir et tu as raison. Je ne sais pas ce qu'est souffrir dans le sens que tu entends. Car je n'ai pas mal, je ne peux jamais avoir mal. Tu te souviens quand Marla m'a jeté un Sectumsempra? J'ai rit. Souviens-toi de ce rire. » Le rire de la jeune fille résonne dans son crâne, mais ça ne le fait pas ciller, ni chaud ni froid. Ô gamine, si tu avais pleuré, ça lui aurait fait autant que ton rire strident. Il reste immobile. Il pourrait la mimer pour la comprendre, mais lentement, il sait où tout ça va mener, et il sait qu'il n'est pas le perdant, non, mais pas non plus le grand gagnant. Ici, il n'y aura rien. Ni sang ni mort. Car Ezechkiel sait qu'elle n'est pas venue la mort. Peut être qu'elle cherche une guide en enfer, et quoi de mieux que le diable lui même? Il a un sourire calme, presque invisible sur ses lèvres, et il la fixe, encore, petit être entre lui et le mur, pris au piège, pris au piège et qui reste, quand même. « Pour moi souffrir, c'est sourire, c'est rire. Pour moi souffrir c'est heureux. Tu diras que quelque chose ne va pas chez moi. Rien ne va chez toi non plus. Mais moi je ne souffre même pas. Toi ta souffrance tu la brandis, tu en fait de la haine, de la force. Moi j'en fais juste un sourire et un rire. » Il fronce doucement les sourcils. Elle n'a rien compris. Ce n'est qu'une souffrance physique, rien de plus. La souffrance morale, c'est ça qui ronge. Une douleur physique, on s'y habitue, à force. La douleur morale est toujours là, toujours, et quoi que vous fassiez, elle restera, encore plus crevante que jamais. La douleur morale vient à bout d'un homme. Pas la souffrance physique. Il recule d'un pas. Elle mérite de moins en moins de chose. Elle n'a rien compris. Elle n'a jamais connu cette douleur là, celle qui vous fait ployer sur le sol dont vous ne vous relevez pas. Ezechkiel est un être fort, puissant, mais pour atteindre son seuil de méchanceté, un jour, il a posé son genou à terre, et il ne s'est pas relevé, pas aussi vite que prévu. « Tu peux me faire n'importe quoi, me briser les os, me trancher les veines, me vider de mon sang que je ne grimacerais même pas, que je ne pleurerais pas. Je sourirais, je serais heureuse. Tu peux même me tuer que je rirais, dans la mort je rirais. Dans les enfers je rirais. Et parce que je rirais, on me donnera les pires supplices, on me fera souffrir milles morts, mais je rirais encore plus. » Et le bûcher commence. Il réfléchit, quelques secondes. Son regard n'est pas troublé, ni confus, mais il est absent. Il cherche quelque chose dans sa mémoire, quelque chose qui découle de sa logique, de sa réalité. Il est perdu quand il s'aventure en dehors. C'est qu'on n'arrive jamais à résonner avec la logique des autres. Il repose finalement sa main sur le mur, un peu au dessus de la tête de Mascha. Il a une réponse. Il suffit juste qu'elle est la bonne question. « Tu as peut-être un terrible feu en toi, et moi qu'une petite étincelle. Mais c'est toi qui la fera brûler, en me détruisant. Je sais que tu veux le faire. Tu es finalement assez prévisible. Alors qu'attends-tu? Come on baby light my fire. » Il a un sourire. Qu'attends-tu? Il a un sourire qui s'étire, qui s'étend, et il est terrifiant, à l'image de ces sourires que l'on aimerait pas voir dans la nuit. Il se penche, se tord au dessus d'elle, squelette flexible. C'est un roseau, il ne plie pas, mais il peut se pencher, oui, ça il le peut. Le regard bleu fixe le crépitement vert des prunelles de Mascha. Il a la réponse. Ce n'est qu'une question de minute pour qu'elle traverse ses lèvres. Les minutes coûtent chères, mais qu'importe. Il a plus d'argent que n'importe qui ici bas.
« Je ne te détruirais pas, Mascha. » En effet, à l'évidence, il n'en avait pas l'envie. Son regard était changé. Il avait quelque chose de plus vicieux, de plus pervers. Ce n'était pas un regard qui désir pourtant, mais un regard qui cherche quelque chose. Il n'a pas besoin de la regarder des pieds à la tête pour comprendre ce qu'il cherche. Son corps est crispé pourtant. Il ne veut pas le faire maintenant. Ce n'est pas le bon moment. Ce n'est pas le bon moment car elle n'a pas encore compris. « Si je te détruis, ta flamme sera faible, ridicule. La douleur physique est si peu comparé à la souffrance morale, Mascha... et la souffrance morale ne frappe fort que lorsque l'on est fragilisé. Si je dois allumer quelque chose en toi, je le ferais bien. Ça ne sera pas une flamme, ça sera un brasier, un vrai incendie. Une flamme ne me suffit pas. Mes œuvres sont complètes, ou elles ne sont pas. » Son autre main se lève, lentement, et du bout des doigts, il effleure ses lèvres, vulgaire serpent. Il siffle, chuchote, murmure. Il est le démon au jardin d'Eden, qui va faire déchoir une Eve déjà bien entamée par le désir. Il a un sourire, stoppe son mouvement. Son regard bleu est calme, mais il y a cette flamme qui augmente, qui augmente tellement... « Je te ferais mal, tu grimaceras, tu pleureras, tu me demanderas d'arrêter, mais je continuais. Tu te sentiras sales, tu te sentiras trahi, outrée. Tu voudras t'ouvrir les veines et crever, mais... je serais là, et je te sauverais. J'appuie sur tes plaies et je te dirais que tu dois les combattre, et les vaincre. Quand tu auras fini avec tes démons, avec ton envie de mourir, avec ce mal à l'intérieur, quand tu accepteras ce que je t'ai fait, alors... » Il a un sourire malsain, et dans la nuit, ses yeux luisent. « ...alors tu pourras m'affronter. »
Il se redresse. Sur elle, il n'a plus qu'un regard qui juge, qui jauge, qui avise. Il ne le fera pas maintenant. Ce qu'il s'apprête à faire, c'est sale, c'est quasiment infâme, mais n'est-il pas dit que le démon qui est attiré par la pourriture? Il la dévisage, quelques secondes, avant d'ajouter, tout simplement : « Quand tu auras toucher le fond, viens me voir, et je t'achèverais. » C'est simple, clair, et net.









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Sam 7 Nov - 12:07


enfin! désolé pour le retard.
c'était pour pas écrire que de la merde u.u


L'atmosphère semble changer, dans le petit réduit des cachots où Ezechkiel Scylence et Mascha Sasnauskas se font face dans une bataille qui n'en est plus une. On ne peut pas vraiment dire qu'elle se détend, qu'ils se détendent, mais c'est comme si on avait dépassé quelque chose, dépassé la phase d'intimidation sans qu'aucun n'est pris l'ascendant sur l'autre, mais qu'on est compris que l'affrontement brutal n'était pas la solution. S'ils avaient choisi cette direction, si cette rencontre dans la nuit avait tourné en une guerre violente et annoncée, nul doute que Mascha, à peine sortie des illusions et de la fragilité de l'enfance, aurait perdu, et même aurait été écrasée. Mais Mascha n'est pas que ça, pas qu'un adversaire à éliminer – ce que Scylence avait du remarquer maintenant - , elle insuffle autre chose à ces regards froids et à ces monologues dignes d'une scène de théâtre, ainsi qu'à l'atmosphère même de cet endroit. La violence s'est comme apaisée, embuée dans la fumée, s'évanouissant comme elle dans l'air. Non la violence n'a pas disparu, avec eux jamais elle ne le peut, mais elle est redevenue latente, cachée derrière leurs yeux, comme la flamme d'un dragon qui attend dans sa gorge. Peut-être qu'elle reviendrait, se déchainerait l'un contre l'autre, mais ce serait vain. Un tel déchainement de violence gratuite n'amènerait à rien. Entre Scylence et Sasnauskas, ce n'est pas une bataille de la violence, ni une guerre psychologique, ce n'est pas même une guerre, où en tout cas, à cet instant, ce n'est plus une histoire de victoire ou de défaite. C'est quelque chose d'autre. C'est dans l'ambiance qui s'étendait dans la pièce. C'est dans la fumée qui monte lentement vers le plafond. C'est dans la fumée qui se fond dans le mur. C'est dans les sombres ombres que l'obscurité de la nuit déforme sur les murs. C'est étouffant, asphyxiant, mais Mascha ne sait pas ce qu'est être étouffée. Ou plutôt, elle le sait parfaitement bien, mais ne sait pas en souffrir. Elle ne sait plus souffrir de rien. Elle a oublié comment souffrent les autres. Et cela n'a aucune importance. Scylence n'a même aucune importance. Il n'est qu'un de plus qui veut la faire souffrir, la détruire, jouer avec sa peau de porcelaine ou de plastique, sans parvenir jamais à assombrir son sourire. Il est peut être le plus cruel d'entre eux, mais pas encore celui qui y arrive. Peut-être trouvera t'il un jour. Peut-être ne trouvera-t'il jamais. Parce qu'il n'y a rien à trouver. Peut-être que lassée même un jour, Mascha cherchera ce qui tremble en lui, ce qui peut le détruire, peut-être cherchera-t'elle à comprendre. Mais cela ne l'intéresse pas maintenant, de comprendre, il lui semble déjà trop prévisible. Et elle ne veut pas à cet instant chercher à le détruire. Elle n'a fondamentalement rien contre lui. Même, elle aime regarder ses œuvres, regarder comment ils brisent tant de personnes. Elle voudrait apprendre de lui peut-être, ou non, regarder est déjà suffisant. Et fondamentalement aussi, elle ne sait pas ce qu'elle cherche, pourquoi elle s'oppose à lui, pourquoi il n'arrive pas à la briser comme les autres.
Elle le regarde simplement droit dans les yeux. Elle plante son cap à travers la tempête, qui voyant qu'elle n'a pas pu casser une seule planche du bateau, s'apaise un temps pour trouver un autre moyen de l'entraîner dans les abîmes. Mais Mascha est déjà dans les abîmes. Mascha est déjà une abîme. « Je ne te détruirais pas, Mascha. » Elle sourit. Enfin, il a compris. Il touche enfin à cette ambiance, ce souffle dans l'air que Mascha a dans la fumée, insufflé à la scène. « Si je te détruis, ta flamme sera faible, ridicule. La douleur physique est si peu comparé à la souffrance morale, Mascha... et la souffrance morale ne frappe fort que lorsque l'on est fragilisé. Si je dois allumer quelque chose en toi, je le ferais bien. Ça ne sera pas une flamme, ça sera un brasier, un vrai incendie. Une flamme ne me suffit pas. Mes œuvres sont complètes, ou elles ne sont pas. » Mascha se voit brûler. Elle se voit sorcière sur un bûcher, qui crie au diable à qui elles s'est damnée de prendre son âme à son coté. Son regard est là, dans les flammes, il tient son âme dans ses mains. Peut-être la prendra t-il, la gardera t-il à ces cotés, pour qu'elle frappe encore le monde, ou peut-être la laissera t'il tomber dans l'abysse du vide de la mort. Même si l'on fait un pacte avec lui, le diable n'est pas quelqu'un à qui on peut faire confiance entièrement. On s'offre à lui, il fait ce qu'il veut, nous préserve un peu, nous empêche de sombrer quand il ne le veut pas, puis quand il en a assez nous trahit. Si Scylence est le diable, Mascha sait très bien ce qui va se passer. Il va la manipuler, jouer avec elle comme un petit pantin entre ses mains de marionnettiste, et tout à la fin la détruire. Mais comme elle le sait, c'est comme tout le charme de la manipulation était cassé. Alors elle préférera oublier. Se sentir heureuse de croire qu'elle existe dans ses yeux, qu'elle n'est pas un pantin, qu'elle ne mourra pas à la fin. Mais ça s'était la petite fille. Car Mascha sait qu'elle ne peut tout à fait oublier, elle sait aussi que même si elle se laisse manipuler délibérément, il perd quelque chose sur elle, quelque chose de son pouvoir. Il n'aura jamais ses pensées, jamais sa liberté, jamais son âme. Ils pourraient faire un pacte, un pacte déjà mort d'avance, parce qu'il n'y a pas de confiance dans ce pacte, pas de respect, ou qu'il y en a trop, que chacun à trop de liberté, que chacun peut exprimer sa liberté. Un pacte avec le diable? Mascha rit intérieurement à cette idée, sans parvenir à ce décider si cela est à faire où ne l'est pas.
« Je te ferais mal, tu grimaceras, tu pleureras, tu me demanderas d'arrêter, mais je continuais. Tu te sentiras sale, tu te sentiras trahie, outrée. Tu voudras t'ouvrir les veines et crever, mais... je serais là, et je te sauverais. J'appuie sur tes plaies et je te dirais que tu dois les combattre, et les vaincre. Quand tu auras fini avec tes démons, avec ton envie de mourir, avec ce mal à l'intérieur, quand tu accepteras ce que je t'ai fait, alors ...alors tu pourras m'affronter. » Mascha sourit. Elle répond à l'air malsain dans son sourire. « Quand tu auras toucher le fond, viens me voir, et je t'achèverais. » Elle accepte. Elle accepte le mal. Il n'a pas compris ce qu'elle voulait, ce qu'elle faisait. Il n'a pas compris que le mal, ce mal ne lui faisait rien. Mais tant pis. Elle accepte le mal, elle veut le mal, elle veut que l'apocalypse s'abatte sur elle. Elle veut déclencher des batailles, elle qui ne sait pas jouer à la guerre. Elle veut que s'abattent des hordes de flammes sur des champs de blé mur. Elle est irrésistiblement attirée par le feu, le feu qui la brûle, le feu qui le brûle, le feu qui détruit tout. Le feu pourtant qui purifie, qui arrache le bien, qui consume le mal, le feu qui réduit le corps en cendre, et l'âme qui dans la fumée s'échappe. Son âme à elle s'échappe déjà, dans le feu qui la brûle à l'intérieur, dans le feu qu'il fera brûler. Son âme est déjà détachée, déjà dans l'air, dans les volutes de la fumée qui se dissipe, dans chaque recoin de la pièce. Il ne l'a pas vue, il ne la pas sentie. C'est parce qu'elle est le néant, parce qu'elle n'existe pas comme existent les choses, qu'elle est libre, qu'elle rend Mascha libre. Libre d'accepter le pacte que lui propose le diable, libre de s'en défaire, libre de faire à tout moment s'échapper son âme. Une étincelle de cette flamme brille dans son regard. Elle laisse un silence, un silence qui n'est pas pesant, un silence qui brûle déjà. Alors elle ne brise pas le silence, elle le souffle, elle parle dans le silence, dans sa voix de fumée. « Tu n'est pas si prévisible. Tu es moins prévisible. J'allais presque m'ennuyer. »
Elle laisse vagabonder son regard dans le vide. Non en fait c'est son âme qui vole sur la fumée, qui s'éteint dans la fumée, qui revient se loger dans ses yeux. « Tu vas essayer de me faire mal. Tu vas essayer de trouver des failles en moi, tu vas essayer de me tuer. Mais il n'y pas de failles en moi, ou qu'on ne peut me détruire par elles. Ce n'est peut-être pas la vérité, pourtant. Tu chercheras. Je chercherais aussi. Tu trouveras peut-être, ou tu ne trouveras rien que de la fumée. » Sa voix souffle encore comme un fantôme, résonne dans la poussière, fait partie de la poussière, fait partie de ce monde, de cette pièce étouffante. Cette qui ne les étouffe pas. Cette pièce où ils ne jouent plus et ne se battent plus. Cette pièce où quelque chose se passe, quelque chose qu'on ne sait pas. « Je veux que tu cherches. Je te laisserais tout essayer, je te laisserais me faire mal. Je te laisserais trouver le bord de la falaise, l'instant où je tomberais. Je te laisserais faire ce que tu veux de moi quand je serais tombée, et quand je serais entre tes mains. Mais je ne peux te promettre de toujours rester docile, de ne rien dire. Il y aura toujours quelque chose de libre en moi, quelque chose que toi même tu ne pourras avoir, peu importe tout ce que tu feras. Je suis condamnée à être libre. Je suis condamnée à fuir, à voler sur les volutes de la fumée de mon âme. » Elle s'arrête un instant. Prend une cigarette entre ses doigts. Et lance un regard terriblement sombre dans les yeux d'Ezechkiel, un regard qu'elle ne connaissait pas. « Tu seras peut-être lassé un jour, ou tu t'acharneras. Nous ne pouvons prédire ce qui se passera. Tu voudrais tout prédire. Mais tu ne le peux pas. Parce que rien n'est jamais entièrement prévisible. Je te surprendrais. Je veux que tu me surprenne aussi, parce que je ne veux pas te prévoir. » Son regard s'intensifie encore un peu. « Tu auras tout les droits sur moi. Et j'aurais tous les droits sur moi. Je suis un jouet consentant. Mais un jouet qui joue avec lui-même. »
La cigarette qu'elle tenait dans sa main vient se mettre dans sa bouche. Elle détourne le regard quand elle l'allume de sa baguette, toujours de cet Incendio informulé, qui voudrait réchauffer l'air mais qu'elle ne laisse pas. Elle préfère le froid pour l'extérieur, et le feu à l'intérieur. Alors qu'elle inspire la première bouffée, elle replonge son regard dans les yeux de Scylence. Elle expire très doucement sur son visage. Elle aime la fumée, elle aime la sensation de la fumée. Et dans la fumée, c'est son âme qu'elle souffle, son âme qui se consume déjà en elle, dans ses yeux, et au bout de la cigarette. « Tu en veux une? » Elle lui en tend une. Sa voix est plus fumeuse encore. Mascha est fumée. Mascha n'existe pas. Son âme n'existe pas, ou elle existe seulement dans la fumée. Il peut accepter de se consumer lui aussi un peu plus, de laisser s'échapper son âme dans le souffle de la fumée. C'est le pacte. Le pacte du diable avec la sorcière. Le pacte que la sorcière propose au diable, parce que la sorcière sait, parce qu'elle veut, parce qu'elle est libre au fond. « Il n'y aura pas de victoire, pas de défaite, pas même de bataille. Pas de destruction, pas de souffrance. Il n'y aura que de la fumée. » Et de toute façon, on meurt tous à la fin.









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

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la nuit tous les chats sont gris. #Dim 8 Nov - 3:03


pas grave! :3

Ezechkiel. Un nom d'ange, pour un corps de démon. C'était peut être un effet du destin? Il n'en savait rien. Il n'avait pas vraiment choisi. Il n'était pas vraiment fier. Il n'avait pas non plus honte d'être ce qu'il était. Il était ce qu'il était, et ça lui convenait. Tous les psychiatres auraient pu débattre sur son cas, il n'était pas « tout le monde ». Il n'était même pas un cas commun de sociopathie. Il avait tout contre lui. Pour n'importe qui, Ezechkiel était tout juste bon a prendre une balle dans la tête, car il était cette plaie du monde, cette plaie béante, sanguinolente, qui ne veut pas se soigner, qui ne s'en ira que par amputation. Il était une gangrène ouverte, fumante et suintante, sale et crade, et il aimait cette idée de saleté. Il était la personne la plus propre du monde, mais il se savait sale de crime, et ça lui plaisait. Le crime. Il ne choisissait pas d'être mauvais avec les autres, mais quelque part, on l'y poussait, à vouloir trop l'approcher, à vouloir le défier, comme si c'était quelque chose de définitivement excitant, une sorte de défis pour grands, un rite de passage que de se faire broyer par la logique implacable du Serdaigle. Il ne trouvait pas ça drôle, pas plus qu'autre chose. Il n'aimait pas l'humour de toute façon. C'était un divertissement ennuyeux et ennuyant. Il y a beaucoup plus ennuyeux que quelques mots, lâchés au hasard pour essayer de blesser quelqu'un. Il y a les mots qui blessent, qui troublent, qui font quelque chose. Mascha ne dit pas ce genre de mot. C'est qu'Ezechkiel n'a jamais été troublé par personne, si ce n'est pas sa mère. Il n'y a pas de faille. C'est le nom associé au visage qui fait ça. Mère. Si Mascha était sa « mère », tous les mots sortis de sa bouche auraient été une sorte de lance pointue plantée dans le corps du Serdaigle. Mère. C'était le terme le plus difficile à prononcer avec Merci et S'il te plaît dans son esprit. Il était extrêmement poli pourtant. Aussi extrêmement qu'il était impulsif en réalité. C'était un cas non rationnel de sociopathe. Il était intelligent, riche, et beau. Il avait tout pour plaire. Il était lucide. Ça gâchait tout. Pire encore, il était sociopathe, et ça lui avait donné une mauvaise réputation, et toutes les petites adolescentes rêvent du prince charmant ténébreux. Sauf qu'Ezechkiel n'avait qu'une seule idée en tête quand il prenait dans ses bras une demoiselle : la faire pleurer. C'était son petit plaisir à lui. Un loisir comme un autre, en quelque sorte. Mascha n'échappait pas à cette règle. Il n'y avait que Marla qui n'était pas englobée dans cette fameuse généralité.
« Tu n'est pas si prévisible. Tu es moins prévisible. J'allais presque m'ennuyer. » Il a un sourire narquois, amusé mais jaune, sifflant alors. « Que devrais-je dire, alors...? » Mais elle vagabonde et n'entends pas. Il garde son regard sur elle, et penche doucement la tête. Il l'observe sous toutes les moindres coutures. Il n'a qu'une envie : la briser. Tout de suite. Mais il se retient. La flamme serait ridicule, ça ne serait plus drôle. Ça serait vraiment ennuyeux. Vraiment. « Tu vas essayer de me faire mal. Tu vas essayer de trouver des failles en moi, tu vas essayer de me tuer. Mais il n'y pas de failles en moi, ou qu'on ne peut me détruire par elles. Ce n'est peut-être pas la vérité, pourtant. Tu chercheras. Je chercherais aussi. Tu trouveras peut-être, ou tu ne trouveras rien que de la fumée. » Il a un rire, un rictus, et secoue doucement la tête, amusé de sa naïveté. « Je n'ai pas besoin de faille pour te détruire, Mascha. Il me suffit d'en faire une. Ne te crois pas invincible. Tu es certes au dessus de l'Humanité, tu n'en restes pas moins un être vivant. Nous avons tous nos failles. Si tu ne connais pas les tienne, il te sera difficile de te défendre alors, et le jeu n'en ressortira que moins palpitant. » Son regard est brillant. Elle le fait rire, et c'est bien rare, et même si ce rire n'est qu'un rictus fortement déplacé, il n'en reste pas moins un rire grave et chaud, d'une voix qui se veut caverneuse et froide à la fois. Ezechkiel a une voix d'homme qu'on a envie d'embrasser, de ce genre d'homme qu'on aimerait qu'ils nous prennent dans les bras, en princesses. C'est une voix sécurisante, mais chez Ezechkiel, c'est la voix des violeurs, de ces serpents qui vous sifflent à l'oreille pendant l'acte non désiré, qui vous demande si vous aimez, question purement rhétorique. « Je veux que tu cherches. Je te laisserais tout essayer, je te laisserais me faire mal. Je te laisserais trouver le bord de la falaise, l'instant où je tomberais. Je te laisserais faire ce que tu veux de moi quand je serais tombée, et quand je serais entre tes mains. Mais je ne peux te promettre de toujours rester docile, de ne rien dire. Il y aura toujours quelque chose de libre en moi, quelque chose que toi même tu ne pourras avoir, peu importe tout ce que tu feras. Je suis condamnée à être libre. Je suis condamnée à fuir, à voler sur les volutes de la fumée de mon âme. » Il pose un doigt sur ses lèvres, secoue doucement la tête. Il semble souffrir, mais de quoi? De cette douleur sans nom qui monte dans ses boyaux, qui les lui tords. La souffrance est viscérale. Il la fixe, de ses yeux bleus de nuit, soudainement plus sombres, mais qui gardent ses facettes rouges de sang, rouge feu. Son doigt parcourt le contour de ses lèvres, un geste presque trop tendre. Ne croyez pas qu'il se radouci, mais son esprit déjà condamne la tentation trop grande de la briser de cette façon. Elle a en dégoût cela. Il le sait. Il l'a vu dans son regard quand il était avec Connie. Il ne sourit pas, mais il n'est pas triste. Il est juste froid, si froid...
« Je ne te laisserais pas tomber, Mascha. Je te pousserais tout au plus, mais quand tu vends ton âme au diable, il est le seul qui décide de toi, le seul qui fait ce qu'il veut de ton corps de pantin. Tu m'acceptes, mais tu me rejettes. Tu es libre. Tu peux me tuer, mais tu aimes tant qu'on te fasse mal, qu'on essaye de te briser... » Sa main glisse le long de sa joue, glisse sur sa gorge, la caresse d'une façon que les prêtres condamnent, avec une tendresse forcée, quand ses doigts se referment sur cette dernière, sans serrer. Il se penche, si proche. D'ici, il sent le souffle chaud de la jeune fille. Il voit aussi l'éclat gris de ses yeux, et il discerne les tâches vertes. « Résiste moi, ou je me lasserais. Ne me dis pas que tu en as assez, ou je te tuerais. Ne me dis pas que tu sais, car sinon je serais inutile. Ça ne servirait à rien. Dis moi ce que tu veux, mais ne perds jamais ton joug, ou je te tuerais, car tu ne me serviras plus à rien. » Elle sort une cigarette, mais il garde sa main sur sa gorge, sérieux. Le regard de la serdaigle est sombre alors que le sien brille de milles feux dans l'obscurité. Une lueur excitée, une lueur trop vive, trop allumée. « Tu seras peut-être lassé un jour, ou tu t'acharneras. Nous ne pouvons prédire ce qui se passera. Tu voudrais tout prédire. Mais tu ne le peux pas. Parce que rien n'est jamais entièrement prévisible. Je te surprendrais. Je veux que tu me surprenne aussi, parce que je ne veux pas te prévoir. Tu auras tout les droits sur moi. Et j'aurais tous les droits sur moi. Je suis un jouet consentant. Mais un jouet qui joue avec lui-même. » « Ne dis pas que j'ai tous les droits sur toi. Pas plus que pour les autres, en tout cas. » Il sert un peu ses doigts sur sa gorge, pas assez pour qu'elle étouffe, pas assez pour que ça la gêne, juste assez pour qu'elle comprenne que ses doigts sont bien réels, et non pas l'effet d'une imagination débordante. Il se penche un peu plus, son dos courbé dessine un arc de cercle long dans la nuit. Derrière lui, Mascha semble n'être qu'un poids plus clair, repéré grâce à la fumée qui se dégage de sa cigarette. De la porte de la salle, on ne la verrait même pas. Le large manteau, trop large, que porte Ezechkiel le cache lui même. Il se tient sur son bras, avant-bras posé sur le mur, à la gauche de la tête de Mascha, alors que sa main droite est posée sur sa gorge. Il est en position de force. Et elle le veut bien, aussi.
« Tu en veux une? » Il la regarde, réfléchit. C'est comme une close de leur contrat. A peu de chose prêt, ça équivaut à marquer un parchemin de leur sang, ou quelque chose du même genre. Il enlève la main, ses doigts de sur la gorge de la demoiselle et attrape la cigarette entre ses lèvres, pour la porter aux siennes. Il aspire la nicotine-venin dans ses poumons, remplis alors d'une fumée asphyxiante, et recrache doucement, dans une volute claire et légère. « Il n'y aura pas de victoire, pas de défaite, pas même de bataille. Pas de destruction, pas de souffrance. Il n'y aura que de la fumée. » « Il n'y aura de fumée que s'il y a du feu. » Il laisse tomber la cigarette sur le sol et l'écrase. Son regard glisse de la cigarette morte aux yeux de Mascha, calme. « Ne te détruis pas avant que j'ai eu le temps de m'amuser. Ça serait de l'anti-jeu. » Il a un sourire large, mutin. « Nous venons de signer. Maintenant, marque de propriété. » Il sort sa baguette, lentement, et la tends vers l'épaule gauche de la jeune fille, et de sa main droite, il fait un petit geste. Le diffindo, s'il n'est qu'un sort de bas étage, entaille pourtant profondément la chaire de la serdaigle, et le sang coule déjà. Il range rapidement sa baguette et pose sa main sur la blessure, appuyant fortement, la serrant entre ses doigts, accentuant la douleur mais ralentissant l'hémorragie. Un mal pour un bien. Il se rapproche d'elle, leurs deux corps se touchent, mais il reste sage. Pour l'instant, le monstre dans son estomac est calme, au chaud, endormi.
« Quand tu te doucheras, cette marque te rappelleras à moi. » C'est la marque du dominant, comme une marque de propriété. Une bague de mariage aurait été moins douloureux, mais atrocement plus banal. Lui fait dans le grandiose, dans l'imaginatif et l'exotique. Une cicatrice pour cadeau de pacte, c'est ridicule. Il relâche la pression, le sang coule de moins en moins. C'est que la chaleur du sort a pratiquement cicatrisé la blessure. La main recouverte de sang, il attrape doucement la main de la serdaigle et la mène à son propre torse, la guidant sous les épaisses couches de tissu, afin qu'elle touche la peau de son dos. Sans le voir, on peut sentir les épaisses cicatrices qui strient salement son torse et sa peau, que ce soit devant, sur son buste, ou dans son dos, sur les omoplates et ses reins. Les cicatrices sont laides, mais il n'a pas honte. Il a un sourire calme, un regard qui brûle. « Tu as fait ton premier pas en Enfer. C'est bien. »
Le regard bleu brille. Il a trouvé quelqu'un a guidé plus bas, sous terre, quelqu'un qui ne se laissera pourtant pas faire. Quelque chose qu'il a attendu si longtemps...









Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Mer 18 Nov - 18:25


j'abuse en retard v.v"
je suis vraiment désolée >__<


Fuis, tant qu'il est encore temps. C'est ce qu'on aurait dit à cette petite fille entre les mains du diable. C'est ce qu'on avait dit à Mascha toute son enfance, et surement la seule parole de sa mère qu'elle se soit empressée de ne pas respecter. Mascha ne fait rien à moitié, elle va au bout de ce qu'elle entreprend. Ca n'a aucun sens de baisser les bras une seconde avant la fin. Même si cela fait trop mal, même si cela n'a plus de sens, ça en reprendra, parce qu'on aurait fait accompli quelque chose. Mascha a beau avoir l'air de se foutre de tout, elle est patiente et persévérante. Elle veut créer des choses, suivre un chemin dont elle ne connait pas la nature mais dont elle est sûre qu'il y aura une fin. C'est pour ça peut-être qu'elle ne sait pas souffrir, car souffrir l'empêcherait d'aller jusqu'au bout. Et c'est pour cela qu'elle ne s'enfuit pas alors qu'Ezechkiel Scylence resserre doucement et lentement l'étreinte de ses longs doigts sur sa gorge. Mascha ne fuit pas, elle fait face. Peu importe ce à quoi elle fait face, elle ne bougera pas, recevra les jets du malheur, de la souffrance et ne pleurera ni ploiera. On pourrait croire que la petite fille innocente s'est fait prendre au jeu de celui qui révèle sous le masque du prince charmant le démon, mais c'est tout autre chose, elle attendait le diable, elle savait qu'il se cachait là derrière les longs cils, dans le noir de la pupille, elle aurait pu lui échapper, mais parce qu'il s'est intéressé à elle, elle ne le peut plus. Mascha ne fuira pas devant Ezechkiel, elle restera à ses cotés jusqu'à la fin, s'il est une fin qui soit autre que la mort, de ses mains même. Il a maintenant attisé la flamme du démon qui doucement se réveillait, il l'a charmé, séduit, mais la petite fille aurait pu fuir, en se souvenant de ce que disait les adultes, mais elle ne l'a pas fait. Mascha n'a pas été piégée, elle a librement décidé de se mettre entre les mains du diable. Il comprend enfin, que rien ne sert de la détruire si facilement, d'écraser cette brindille, d'éteindre cette flammèche, parce qu'elle lui propose autre chose. Elle ne tombe pas bêtement dans ses griffes, elle tombe librement, et peut repartir à tout moment. Et alors, c'est à lui de savoir la garder. Et réciproquement à elle de savoir le garder, de ne pas le lasser, tout en le laissant libre de tout faire sur elle. Et cette relation, entre deux êtres tour à tour libres et dépendants de l'autre, Sartre a appelé ça l'amour. Étrange façon de l'illustrer que les deux corps brulants de Scylence et Sasnauskas, séparés d'un voile de fumée plus épais que n'importe quelle cloison en béton armé, brûlants de se détruire plus que de s'aider. Ce n'est pas de l'amour. C'est un faux amour. Ce ne sont même pas des sentiments, ce n'est même pas de la raison. C'est inventé de toute pièce.
Mascha n'écoute que d'une oreille ce que lui dit Scylence, comme si ses mots n'étaient que reflets d'un silence, mais un silence qui détruit les tympans, alors que les mots de Mascha volent sur la fumée, se perdent dans le silence et disparaissent aussitôt qu'ils ont été prononcés et ne résonnent pas. Mascha dit les mots d'un fantôme qui est déjà parti, qui a déjà perdu au jeu de la vie, et qui ne parle plus que pour chasser l'interminable temps qui l'attend. Mais c'est un fantôme qui a trouvé quelque part le feu, un endroit à hanter, un corps, un esprit à posséder. C'est un fantôme qui se consumera dans le feu du diable, et qui ne rêve que de ça. « Je n'ai pas besoin de faille pour te détruire, Mascha. Il me suffit d'en faire une. Ne te crois pas invincible. Tu es certes au dessus de l'Humanité, tu n'en restes pas moins un être vivant. Nous avons tous nos failles. Si tu ne connais pas les tienne, il te sera difficile de te défendre alors, et le jeu n'en ressortira que moins palpitant. » Mascha sait très bien qu'elle a des failles, mais elles sont déjà bouchées de fumée, et s'y engouffrer ce ne serait que jeter un peu plus de fumée dans les plaies. Ces failles elle ne connait pas tout à fait leur noms. C'est sa mère peut-être, non c'est surement sa mère, si l'on voit à quel point elle l'imagine étranglée de ses propres mains et noyée dans la cuvette des toilettes. Et c'est une faille qu'elle comble elle-même, si Ezechkiel voulait la détruire par son visage, par les mensonges qu'elle disait dans son enfance, il n'arriverait à rien, car Mascha est heureuse de l'imaginer morte de la plus dégradante manière qui soit à chaque fois qu'on prononce son mot « mère ». C'est une impasse. Mais il y a derrière les autres, cachée très loin sous la peau une faille qui n'a pas encore été comblée de fumée, celle-là saigne encore, celle-là la fait grimacer, celle-là lui fait revenir l'image de cet homme l'été dernier, l'image qu'elle chasse aussitôt, que Scylence n'a pas vu et ne verra jamais.
« Je ne te laisserais pas tomber, Mascha. Je te pousserais tout au plus, mais quand tu vends ton âme au diable, il est le seul qui décide de toi, le seul qui fait ce qu'il veut de ton corps de pantin. Tu m'acceptes, mais tu me rejettes. Tu es libre. Tu peux me tuer, mais tu aimes tant qu'on te fasse mal, qu'on essaye de te briser... » Les mains d'Ezechkiel glissent maintenant sur la peau de Mascha, si doucement qu'elle les avaient à peine senties, innocemment bercée par le miel de sa voix et le velouté de sa peau. Mais elle ne se laisse pas prendre à ce petit jeu comme les autres. Elle se laisse certes bercer, envelopper, disparaître sous le manteau de nuit qu'il jette sur elle, mais il sait qu'elle sait ce qu'il souhaite faire, et elle sait qu'il ne souhaite même plus le faire. La mauvaise image n'apparait pas, parce que Mascha sait que ce geste s'il peut réchauffer les cœurs n'est que froid glacial, c'est le froid de la nuit qui s'enroule autour de vous, qui vous endort, vous engourdit alors qu'il vous mord profondément. Elle aurait pu tomber à cet instant, redevenir la petite fille innocente qui se jette dans les bras du prince charmant qu'elle n'a jamais été – car elle n'a jamais cru au prince charmant qui arrive sur son cheval blanc -, elle aurait pu se jeter dans ses bras, baisser son regard et le laisser la détruire si sauvagement, si simplement, si facilement. Elle semblait doucement se laisser tomber dans cette abysse ou ne l'attendait que le vide, mais pourtant elle restait entre ses mains aussi insaisissable que de la fumée, car il ne pouvait charmer la petite fille qui rêve du prince charmant. Ce n'était que le démon qu'il parvenait à attirer à lui, et à enchainer à sa propre flamme.
« Résiste moi, ou je me lasserais. Ne me dis pas que tu en as assez, ou je te tuerais. Ne me dis pas que tu sais, car sinon je serais inutile. Ça ne servirait à rien. Dis moi ce que tu veux, mais ne perds jamais ton joug, ou je te tuerais, car tu ne me serviras plus à rien. » Ils sont à cet instant où tout peut basculer, ou les cœurs se regardent et attendent de tomber dans l'abysse, cette abysse mensongère où les corps et les cœurs se perdent, cette abysse où Mascha pourrait mais ne veut pas tomber. Ce serait tellement ennuyeux et prévisible. Les doux doigts du démon près à étrangler sa gorge ne l'étrangleront pas. Leurs lèvres ne se toucheront pas. Leurs corps ne se toucheront pas dans un acte trop convenu, trop attendu d'avance pour deux être si près l'un de l'autre. Mascha ne ressent rien, et Ezechkiel non plus. Mascha comprend alors qu'il ne le fera pas, tant qu'elle ne se laissera pas tomber, car il ne veut pas la voler, la détruire si sèchement, il veut la laisser se prendre à son jeu d'abord, ce qu'elle ne fera pas. Alors dans le silence s'élève la fumée de sa voix, déjà étouffée dans la fumée des cigarettes. « Ce que tu veux chez toutes ces filles, c'est juste cet instant où elles se laissent complètement tomber entre tes mains et où tu peux tout faire sur elle. Mais en fait, cela te lasse si vite, que tu les brises, tu les écrases et tu les laisses à demi-mortes sur le sol. Elles te sont entièrement dévouées, acquises, et cela t'ennuie. Tu veux plus. Je ne dirais pas que je peux te donner plus, c'est à toi d'en juger, c'est toi qui décideras. Je suis libre de m'en aller comme de rester entre tes mains. Tu dois trouver incessamment le moyen de me garder là, le moyen pour que je décide librement d'être attachée à toi. Et je dois trouver aussi les moyens pour que tu ne te lasses pas, mais que tu puisses aussi faire tout ce que tu veux. Si nous y arrivons, nous serons aussi libre l'un de l'autre que la fumée, et aussi enchaînés que les flammes qui se rejoignent pour ne plus se séparer. » Ces paroles n'existent même plus, leurs ailes les font voler sur la fumée, s'évanouir dans le vide. Elles resteront énigmatiques, fantomatiques, dernier souffle, dernière injonction d'un spectre de l'au-delà, avant qu'il ne s'efface à tout jamais et qui résonne sans qu'on puisse exactement se souvenir de leur son.
Le pacte est conclu, dans la fumée de la cigarette qu'ils partagent puis qu'il laisse mourir. C'est un serment détourné, qui se consume déjà, un chemin sinueux sur lequel ils s'engagent, un chemin qu'ils ne peuvent prévoir, mais un chemin qui mènera irrémédiablement à l'abîme noire où toutes les âmes se perdent et s'oublient dans la fumée des fantômes. Le pacte est alors scellé dans le sang. Scylence déchire une plaie sur son épaule comme il la caresserait de ses doigts. Mascha n'a pas mal, même quand il pose sa main sur la blessure et la serre terriblement fort. Même sous le sang qui coule, ses doigts ont toujours la peau si douce et les mouvements si lestes. Elle sent quand même quelque chose, une faille qu'il creuse en elle, qui a jamais restera un vide sur son épaule, qu'il choisira de combler de fumée, ou qu'il laissera béant pour qu'à jamais elle se rappelle à lui, pas par la douleur physique, mais parce qu'il l'a marquée de sa présence, de son influence sur elle, parce qu'elle sentira encore son souffle et ses doigts doux et glacés. Elle est sa propriété maintenant, un sujet, un vassal ou un pantin, selon comment il le verra, mais elle ne saurait rester soumise si bêtement à lui. Il a accepté et il veut qu'elle soit libre, à la fois dépendante et indépendante. Alors il ne doit pas oublier l'autre partie du pacte. Il prend sa main qu'il amène sur la peau de son dos. Elle peut sentir les profondes cicatrices, le petit renflement, la faille qu'elles ont creusé. Il lui semble même presque possible de sentir la douleur qu'elles ont causé, mais comme elle ne connait pas la douleur, c'est peine perdue. Il la laisse caresser son dos, effleurer de ses doigts chaque cicatrices. Il connait ses failles, il creuse ses failles, et elle découvre les siennes. On pourrait croire qu'elle le serre dans ses bras, qu'elle brise l'implacable distance qui existe entre leurs corps, mais c'est seulement qu'elle l'apprend entre ses doigts, qu'elle voit un peu plus ce qu'il est. Et alors aussi doucement qu'elle à laissé le diable la trancher d'une faille, elle pose le bout de ses doigts sur l'une des cicatrices, au milieu de son dos, c'est cette faille qu'elle a choisi pour s'engouffrer, pour poser sa marque elle aussi dans quelque chose de lui. Elle rapproche son corps, sa tête de lui, très lentement, et laisse voler ses lèvres juste à coté de son oreille. La fumée sort de sa bouche, c'est presque un silence, c'est presque inaudible, mais cela s'engouffre jusqu'au fond de son oreille sans qu'il puisse l'empêcher, alors que ses ongles doucement s'enfoncent dans cette cicatrice qu'on lui a fait des années plus tôt. « Maintenant. Et si nous jouions à nous détruire? » Quelques gouttes de sang viennent tacher le bout de ses ongles mais elle ne les laisse pas s'échapper, elle vient boucher de sa fumée cette faille, cette faille qui maintenant lui appartient.
Une force remonte du fond de ses entrailles jusqu'à ses lèvres, en traversant la fumée, et fait s'étirer ses lèvres d'une façon non naturelle, en un sourire dément et absolu. Et ce sourire se transforme en rire. Le rire du démon qui s'est enfin réveillé et brûle le manteau de neige dans lequel il s'était enfermé.

j'suis pas trop sûre de la fin, mais j'avais envie de faire et dire ça x)









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Dim 6 Déc - 3:20




désolée du retard, j'avais certaines choses à faire (:
ps : désolée de la taille, mais j'essaye de faire avancer le topic XD


« Ce que tu veux chez toutes ces filles, c'est juste cet instant où elles se laissent complètement tomber entre tes mains et où tu peux tout faire sur elle. Mais en fait, cela te lasse si vite, que tu les brises, tu les écrases et tu les laisses à demi-mortes sur le sol. Elles te sont entièrement dévouées, acquises, et cela t'ennuie. Tu veux plus. Je ne dirais pas que je peux te donner plus, c'est à toi d'en juger, c'est toi qui décideras. Je suis libre de m'en aller comme de rester entre tes mains. Tu dois trouver incessamment le moyen de me garder là, le moyen pour que je décide librement d'être attachée à toi. Et je dois trouver aussi les moyens pour que tu ne te lasses pas, mais que tu puisses aussi faire tout ce que tu veux. Si nous y arrivons, nous serons aussi libre l'un de l'autre que la fumée, et aussi enchaînés que les flammes qui se rejoignent pour ne plus se séparer. » « Tu parles trop. » Il posa un doigt sur ses lèvres, pour qu'elle se taise et qu'elle profite de ce silence qui semblait – pour une fois – le ravir à être partager à deux, avec quelqu'un d'autre que la belle Grey. Quand il dessine sur l'épaule de la jeune fille la marque de sa propriété, il ronronne presque en sentant le doigt se plantait dans sa peau et se tends, ses omoplates bougeant sous sa peau. C'est le dos rond, le visage trop prêt de la jeune fille qu'il ronronne alors que la douleur s'empare de son corps, et que la faille, cette faille si minime, si fine, si fragile, se bouche définitivement. Il reste un instant comme ça avant de sentir le froid, et à son oreille, la jeune fille qui s'y hisse, s'y accroche, comme une vipère qui s'enroule autour d'une gorge. Voilà la fameuse couleuvre qui déverse le venin dans sa gorge, et ses crocs ont déchiré la jugulaire. L'information monte directement au cerveau. « Maintenant. Et si nous jouions à nous détruire? » Elle a un rire de tous les diables, alors qu'il a un sourire fin, qui fend son visage dans un silence olympien. Son regard brille de mille feux alors qu'il se penche et du bout des lèvres effleurent sa gorge et sent avec un délice non caché le parfum qui s'élève de sa peau, mélange de fumée et de sang, qui excite ses sens les plus profonds. Il aimerait continuer, mais quelque part, son corps ne supporterait pas de la briser trop rapidement. Il faut savoir rôder la chose pour mieux la monter. N'est-ce pas là la plus belle des règles du monde? La patience. Il la connaît par coeur depuis le temps. La patience est sa plus grande qualité, malgré ce que l'on croit. Si seulement... « J'ai envie de te profaner, Masha. »
C'est la première fois que sa voix n'est pas glaciale mais d'un chaud démoniaque. Sous sa peau, les nerfs envoyaient des décharges électriques qui bandaient ses muscles de ses bras et de ses jambes, dans une douleur jouissive. Son souffle était court, et il ne voulait qu'une chose : mordre dans le péché, à pleine dent. La profaner. Être le premier. Ce n'était pas seulement un souhait de petit puritain, non, loin de là. C'était un rituel. Une excitation immense. C'était la profanation de l'innocence, c'était la destruction de l'ange sur l'autel de Dieu. C'était un doigt d'honneur à Dieu. C'était le plus grand moment qu'attendait le démon intérieur d'Ezechkiel, dans un plaisir malsain, comme si le retenir plus longtemps grandissait sa force. C'était sans doute cela. Il déposa un baiser chaud sur la peau de la jeune fille, ses lèvres embrassèrent la plaie sanguinolente – quoi que déjà collante – de la jeune fille avant de remonter à son oreille, les lèvres rouges de son sang : « Un seul oui, un seul. C'est tout ce qu'il me faut pour te dévorer. » Car le grand méchant loup avait beau être des plus salauds, ce n'était pas réellement un violeur. Un seul oui vallait bien tous les non de la suite, cela dit, ça commençait avec un oui. Donc ça ne pouvait que finir bien. Ezechkiel ronronna, d'excitation, du plaisir malsain d'attendre, et de coincer la proie. Une proie de fumée, cela dit.










Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Dim 13 Déc - 14:09


pas grave =3
désolé du retard aussi v.v"


Quelque chose peut se briser à tout moment dans cet endroit sale et malsain ou deux corps, presque anonymes, insignifiants et indifférents l'un à l'autre, s'étaient arrêtés et se faisaient face droits et immobiles dans les rafales froides du vent et chaudes du désir. Ils pourraient se fuir s'échapper l'un à l'autre, et effacer jusqu'à l'existence même de ce moment, ne laissant que le froid habiter cet endroit. Ou ils pourraient se saisir l'un de l'autre, se détruire, se consumer dans la passion des chairs, et brûler cet instant, tomber dans l'abysse des damnés de l'enfer, et alors qu'ils meurent de leurs propres mains laisser les murs encore incandescents. Nous sommes à cet instant, ou ces deux possibles existent déjà, cet instant qui peut se briser à tout moment s'ils décident de tomber de l'un ou l'autre des cotés. C'est en équilibre, sur un fil qui peut se rompre ou trembler d'une seconde à l'autre. Mascha et Ezechkiel savent qu'ils peuvent tomber, qu'ils veulent le faire. Mais alors ce sera la fin. Le jeu est de tenir le plus longtemps possible comme un funambule sur ce fil qui s'amincit de plus en plus. « Tu parles trop » Ce n'est plus le temps des mots, des paroles inutiles qui détruisent la grâce de ce silence enveloppant. Ce sont les regards, qui se croisent, se défient, restent de marbre ou osent brûler plus que les corps. Ce sont les gestes, les peaux qui s'effleurent, les poils qui se frôlent, la douceur de se toucher qui fait frissonner. C'est le souffle, chaud comme froid, la fumée qui s'échappe des poumons, la fumée qui veut s'engouffrer dans les autres poumons, puis dans les failles, dans les yeux. Ils sont à égalité à cet instant silencieux ou leurs yeux ne se quittent plus, ou les mains cherchent le toucher de la peau, les veines sous la peau, les os sous la peau, la chair moelleuse sous la peau. Et pourtant il ne se passe rien au delà. Rien ne franchit la barrière invisible qui s'est insinué entre eux, elle s'affine, c'est un rideau de fumée, mais rien encore ne la traverse. Ils peuvent sentir ce qui se passe sous la peau de l'autre, les choses qui s'y dessinent, les drames qui s'y sont cachés. Mais il restent là, sous la peau, affleurant, laissés là inviolés. C'est pourtant qu'ils se possèdent, que par leurs mains l'un sur l'autre, ils s'appartiennent, s'enferment dans leurs étreintes dans lesquelles ils restent pourtant libres. Ezechkiel possède Mascha, comme elle lui donne son âme. Mascha possède Ezechkiel, comme elle choisit de donner son âme.
A tout instant ils pourraient briser ce pacte tacite de non-aggression, transperçer cette barrière inviolable, transformer ces touchers froids en buchers dévastateurs, et Ezechkiel est sur le point de le faire, alors qu'il approche ses lèvres de sa gorge, comme un vampire qui voudrait la mordre. Il attend qu'elle lui donne la permission, qu'elle le laisse s'emparer d'elle par un simple mot, un simple « oui » pour qu'il brise la frontière entre eux et prenne la fleur de sa virginité. « J'ai envie de te profaner, Mascha. » Elle peut le sentir enfin bruler sous ses doigts, qui parcourent avec une douceur presque maternelle la peau de son dos où tant de failles ont été creusées. Mascha, pure enfant, tentée par le démon. Ezechkiel, démon damné, tenté par la pureté de l'enfant. Il veut la souiller, déchirer ce qui reste de blanc et d'innocent en elle. Mais il veut aussi insulter Dieu, en s'emparant d'un de ses plus brillants enfants. Cela serait la dernière étape de sa chute, la mort de l'ange qui était en elle. Mais cela serait trop facile, trop rapide, de le détruire ainsi, de détruire Mascha ainsi. Car Mascha n'est Mascha, tentée par le diable, et sublimement maléfique, que si elle peut encore osciller entre le paradis et l'enfer, rester pure dans son corps et défier dieu dans son âme. C'est une insulte pire encore qu'une pureté tournée vers le mal.
Mascha laisse donc Ezechkiel en suspens, accroché à son corps. Elle aussi brûle, mais se retient, comme lui se retient de la détruire, elle le retient de se laisser détruire. Sa main remonte sur sa nuque, elle le tient dans son étreinte enfin vraiment, tout comme lui la tient et l'empêche de tomber de l'un ou l'autre des cotés. Il vient déposer ses lèvres sur la plaie qu'il panse autant qu'il rouvre, il vient prendre un peu du sang qu'elle offre, de ce qu'elle lui a promis et donné. Mais s'il doit tout prendre maintenant, ce sera bien plus dangereux, pour l'un comme pour l'autre. « Un seul oui, un seul. C'est tout ce qu'il me faut pour te dévorer. » Ils brûlent, d'impatience et de désir, de tomber dans un abîme profond dont on ne veut plus ressortir. Mais Mascha sait qu'il ne faut pas, que ce serait trop facile, trop rapide, qu'il ne faut pas briser la grâce de l'instant suspendu au fil au dessus du gouffre. Si elle tombe maintenant, elle sera détruite à jamais, elle aura perdu la pureté et la grâce de l'enfant, elle sera à jamais damnée, à jamais un pantin d'Ezechkiel trop docile, qu'il pourra manipuler à son gré comme jeter au fond du gouffre, aussi vite lassé que par toutes ces autres filles qui ont passé entre ses jambes. Le toucher de Mascha se fait plus sensuel encore, plus près de la chute, mais quand sort sa voix, elle n'est que poussière, fumée, encore ni chaude ni froide, toujours en équilibre. « Ne brise pas le pacte si vite. Ne me détruit pas si facilement. Ne fait pas de moi une de ces filles fragiles déjà brisées alors qu'elles tombent dans tes filets. Tu perdras ce que tu cherche et n'arrive pas à trouver. Le temps qui s'allonge et s'étire à n'en plus finir. Plus que le simple plaisir de détruire. Celui de brûler lentement. De me détruire bientôt, sans savoir quand. » Elle repense à l'homme qui avait voulu la violer cet été. Les images et les sensations lui reviennent dans sa peau, et la douleur et la peur de ses instants la fait trembler légèrement, et resserrer son étreinte autour d'Ezechkiel, peut-être pour le serrer contre elle. Mais il pourrait croire à un signe de faiblesse, alors elle retrouve la douceur assurée de sa peau sur la sienne. Le toucher d'Ezechkiel est moins vulgaire que celui de cet homme, car il s'est suspendu à ses lèvres, à la fumée, en équilibre dans le vide. La dernière fois elle a fui, cette fois elle reste immobile, la prochaine fois peut-être elle brûlera. Non. Elle ne se détruira pas si vite. Ils doivent rester suspendus l'un à l'autre, dans une étreinte figée dans la fumée, car sinon le pacte qu'ils viennent de signer, et même le mal qu'ils ont promis de faire et de se faire n'aurait plus de sens.









Ezechkiel E. Scylence

Ezechkiel E. Scylence
SORCIER.

► MESSAGES : 229
la nuit tous les chats sont gris. #Jeu 17 Déc - 9:04




« J'ai envie de te profaner, Mascha. » Et il n'est pas question d'épargner quiconque. Il la veut. Il la désire. Ou est-ce juste l'envie de la détruire qui l'anime? Il l'ignore lui même. Il ne l'aime pas, pas comme il le faudrait pour faire de cette profanation une déclaration, non, lui n'aime rien ni personne. Peut être Marla. Un peu. Mais pas elle, elle qui transpire une innocence qu'il a perdu trop tôt, qu'il aimerait que tout le monde perde pour comprendre il a souffert, pour que plus jamais on ne pose sur lui un regard dédaigneux et méprisant. Comme si c'était ce qu'il détestait. Non. Il aime qu'on l'ignore, qu'on le ne voit pas. Mais Mascha le rends trop visible. Elle en fait un démon de feu, d'un feu qui attire les regards, et c'est détestable, et c'est agaçant. Pourrait-il la tuer? Non. Il n'en a aucune envie. Aucune motivation valable. Il n'a aucune haine envers elle... pas plus qu'envers les autres. Il la garde sous lui, derrière son manteau, et fixe ce petit nuage de fumée, aux formes voluptueuses qui n'appellent qu'à la luxure et au vice. Un vice bien malsain cela dit. Tu souffriras, Mascha, tu souffriras tous les feux de la Géhenne et ce n'est que quand tu auras tout perdu, que tu voudras que tout s'arrête, que tu auras compris que tu as tout perdu, et à ce moment là, à ce moment seulement, unique dans une vie, tu comprendras que tu es libre. Que tout est possible. Que tu peux tout, que tu as tout. Et toutes les choses que tu as perdu te sembleront si fades, si floues, que tu ne les désireras pas plus. Pas d'homme dans ta vie – trop insipide. Pas d'argent – que des bouts de papiers. Le pouvoir – pour les plus faibles aux égos surdimensionnés, des nains ou des bouffons pour la plus part, parfois le deux. Rien de tout ça ne te sera attirant. Tu voudras plus. Et tu ressortiras plus puissant, plus forte. Mais sale. Un réservoir de pulsions dégueulasses. C'est le choix. C'est ton choix. Il n'y a que toi qui puisses le faire. Et ton destin est entre tes mains.
Son souffle caresse sa nuque d'une façon que les prêtres condamnent, trop malsaine, trop perverse, trop vicieuse. Et s'il s'y complaît, avec un sourire de vampire, qui aimerait croquer dans le fruit attendu et désiré. Il sent la main de la nouvelle Eve qui remonte jusqu'à sa nuque et comme un fils incestueux, un Caïn de la nouvelle air, il grogne et pose un baiser chaud sur sa plaie, tachant ses lèvres de son sang. Le goût est sucré. C'est du sang de vierge, et dieu sait que c'est le meilleur. Il ferme les yeux, passant sa langue sur la plaie, alors qu'une goutte se perds à la commissure de ses lèvres, glisse sur sa peau pâle et tâche son front. Elle tient sa nuque. Elle pourrait le tuer, lui tordre la gorge, mais il reste là, debout, car il sait qu'elle ne le fera pas. Elle le possède, et lui... lui ronronne presque, son corps entier en suspens dans le temps et dans l'air. Sous sa peau, ses muscles se bandent, ses bras se crispent. Il sourit, un sourire de dément. La folie n'est qu'à un pas de la raison. Ou l'inverse. « Un seul oui, un seul. C'est tout ce qu'il me faut pour te dévorer. » Et elle reste là, sans rien dire. DIS LE! C'est ce que tu cries, Ezechkiel, dans ce regard chaud, mais il sait déjà qu'elle dira non. Elle dira non car elle ne veut pas devenir comme les autres, et quelque part, ça le frustre de ne pas avoir ce qu'il veut tout de suite. Comme un enfant trop gâté, son visage se ferme, agacé. Il veut. Il veut mais... mais il ne le fera pas si elle dit non. Comme il sent déjà la défaite venir, il se détend et recule un peu, quoi que toujours penché sur elle. Elle se fait sensuelle, mais elle n'est qu'un serpent. Il est froissé. Elle se joue de lui.
« Ne brise pas le pacte si vite. Ne me détruit pas si facilement. Ne fait pas de moi une de ces filles fragiles déjà brisées alors qu'elles tombent dans tes filets. Tu perdras ce que tu cherche et n'arrive pas à trouver. Le temps qui s'allonge et s'étire à n'en plus finir. Plus que le simple plaisir de détruire. Celui de brûler lentement. De me détruire bientôt, sans savoir quand. » « Je ne possède qu'une fois une fille fragile. Le jeu aurait été de me faire revenir. » Sa voix est glaciale, mais menaçante, mais glaciale. « Mais soit. J'imagine que cela fait partit du pacte. » Il reste cependant un instant accroché à elle, et il la sent qui tremble. Lui fait-il peur? ..non. Plus profond. Il attends, un instant, et elle se calme, le serre contre elle, et il ne refuse pas cette étreinte si elle peut être salvatrice. Il faut la mettre en confiance pour mieux la désarçonner par la suite. Il est serein, d'un calme froid, mais ce calme est le sien et n'appartient qu'à lui. Il l'observe, la regarde, alors il sait que ce n'est pas aujourd'hui. Mais il a fait un grand pas, et intérieurement se félicite de ce progrès, espérant également que Whiteley ne viendra pas gâcher cette magnifique invention. Il se penche, attrape du bout de ses doigts, longs et fins, le menton de la jeune fille et le relève, avec une douceur étrange. Pas amoureuse, mais c'est doux tout de même, lent également, et il se penche. Dépose un baiser. Calme. Il reste les yeux ouverts, la fixe. Le baiser a une saveur unique. Il est chaste, ne respire pas la passion. C'est quasiment un baiser de religieux. Mais il n'est qu'une prémisse pour plus tard. Comme si de par ce baiser, où le sang séché sur les lèvres de serdaigle viennent tâché les lèvres de la poufssoufle, ce baiser conclurait et mettrait sur table toutes les conditions de ce pacte.
Ce baiser est une signature.











Mascha Lulla Sasnauskas

Mascha Lulla Sasnauskas
POUFSOUFFLE. ► sixième année.
cap'taine.

► MESSAGES : 132
la nuit tous les chats sont gris. #Dim 27 Déc - 19:19


Mascha joue avec le feu. Elle le sait. Et ça la fait sourire. C'est elle qui mène la danse de ces deux corps, qui décide de la façon dont leurs peaux s'effleurent, dont leurs regards s'entrecroisent. C'est elle qui a fait le choix de venir ici, de se retrouver ici entre les mains du diable et qui a signé de son sang le pacte pour damner son âme. On aurait cru qu'à cet instant c'est au diable que reviendrait tous les pouvoirs, mais c'est pourtant l'inverse qui se produit. La nouvelle âme damnée apprend à jouer de son choix, à virevolter entre les mains du diable, ne se souciant de rien de plus que de gouter à sa liberté que lui confère ce nouveau pacte à double avantage et double tranchant. Mascha tient entre ses doigts Ezechkiel Scylence, et pourrait tordre son coup ou griffer et arracher la peau de tout son corps puis tout brûler, mais elle sait et sent dans la façon dont ses muscles tremblent, qu'il pourrait et veut en faire de même. Mais ils ne le font pas. Mascha ne fait que mesurer ce pouvoir nouveau sur lui qu'elle tient dans ses mains. Elle en joue. Elle fait danser ses doigts et ses ongles sur son dos. Et quelque part, elle se prend à son propre jeu, s'imaginant pouvoir tout détruire à cet instant, anéantir le mal par le mal. Cette idée la fait frémir d'envie. Elle pourrait le tuer là, l'égorger avec une douceur passionnelle, l'étouffer du souffle chaud de sa fumée ou l'étrangler dans l'étreinte de ses caresses. Mais elle n'en fait rien. Cela casserait trop vite le petit jeu qu'ils ont lentement instauré, celui de se détruire à petit feu, de se brûler l'un l'autre, pour voir lequel tiendra le plus longtemps et lequel brûlera le mieux. Mascha préfère ce jeu-là à celui de la brutalité de l'amour et de la mort.
« Je ne possède qu'une fois une fille fragile. » Quelque chose vient frapper Mascha, comme une claque qu'on n'a pas vue venir. Elle s'est crue plus forte un instant, parce qu'elle le tenait dans ses mains, qu'elle aurait pu briser son cou d'une toute petite inflexion de la main. Ce qu'elle a oublié c'est que si elle a bel et bien choisi de s'enchainer au diable, c'est à ses doigts que sont accrochés les fils qui lui permettent de faire bouger cette petite marionnette de chair comme il le veut. Il a tout les pouvoirs sur elle, et c'est bien une sottise pour la petite souris de penser qu'elle peut défier le chat simplement parce qu'il s'est endormi. Mais Scylence a beau avoir tout le pouvoir possible sur Mascha, vouée à lui par le pacte et l'envie irrésistible de brûler sur le bûcher qu'il lui allume, il n'en fait rien. Comme Mascha ne fait rien de cette possibilité qu'elle a de l'étrangler de ses mains innocement posées sur sa nuque. Au fond, le pouvoir, ce n'est rien que du vent, de la fumée, de la poudre aux yeux. C'est avoir la possibilité, beaucoup de possibilités, jouer avec elles et finalement ne rien faire. Du vent. Du vent dans les mains. C'est comme tenir des grains de sable dans sa main, on croit les retenir mais ils glissent tous inévitablement entre nos doigts. Ainsi, Mascha et Ezechkiel ont la possibilité de se détruire de s'assassiner l'un l'autre à tout moment, mais il ne le font pas. Ce n'est pas leur jeu. Ce petit jeu presque innocent qu'ils jouent c'est celui de voir jusqu'où et quand l'autre saura tenir avant d'anéantir l'autre. C'est un jeu froid, glacial, ou rien ne semble se passer, ou les chairs brûlent en silence, où les regards cachent la fragile tension, prête à éclater à tout moment. Alors il ne se passe rien. En apparence, à l'extérieur, pour les spectateurs. Mais il n'y a pas de spectateurs à ce massacre interminablement long. Il n'y a que les acteurs, qui écrivent eux-même ce scénario. Tout se passe entre eux. Et rien ne se passe entre eux. Bientôt, très vite cela deviendra ennuyeux, lassant, et l'un ou l'autre s'en ira, se sentant comme trahi de cette promesse de flammes et de brasier qu'on lui avait faite. « Le jeu aurait été de me faire revenir. » C'est là l'enjeu. Trouver ce qu'il faut pour revenir, pour alimenter les braises des envies de massacre, sous ces corps immobiles et impatients qui n'en peuvent plus de seulement s'effleurer. C'est ainsi seulement qu'il y aura du temps, quelque chose de nouveau, qu'aucun d'eux, habitué à consommer et vivre le plus vite possible, ne connait. Cette chose ils ne savent pas ce que c'est, mais c'est tentant, terriblement tentant, et paradoxalement moins lassant, car nouveau, que les plaisirs rapides et éphémères.
« Mais soit. J'imagine que cela fait partit du pacte. » Il comprend enfin, et se lance lui aussi enfin dans le jeu. Et Mascha lui sourit. Elle se demande à cet instant si elle ne pourrait pas tomber entre ses griffes tout de suite, si ce ne serait pas mieux que de succomber à se terrible désir de se laisser profaner par lui, mais elle sait que ce désir est celui de la petite fille tentée par le mal et trop faible et bête pour savoir ce qu'il lui réserve. Mascha sait très bien ce qui lui arrivera un jour, et ne veut que retarder cette échéance. Pourtant elle n'en a même pas peur. Il peut la détruire, lui faire tout ce qu'il veut, la descendre plus bas que terre, elle n'en a rien à foutre. Elle ne peut peut être pas imaginer à quel point elle sera détruite, mais c'est au fond ce qu'elle veut, qu'il détruise tout ce qu'elle est, pour qu'elle change radicalement, qu'il la façonne à son image, bien loin d'une petite fille innocente qui court dans les champs de coquelicots. Elle ne sait pas trop ce que cela donnera, si faire le mal est véritablement son but, mais elle a été tentée, et damnée ce soir, en toute connaissance de cause. C'est qu'au fond elle doit bien le vouloir, mais qu'il y a encore trop de choses à braver pour pouvoir l'avouer. C'est pour ça peut-être qu'elle veut attendre. Non, ce serait bien mieux de faire éclater toutes ces barrières ces limites d'un bon coup. C'est qu'elle cherche autre chose. C'est qu'elle veut tenter quelque chose avant de foutre le feu à la petite fille qui pensait comme on lui disait de penser.
Avec la lenteur assurée du python qui enserre sa victime, Ezechkiel approche les lèvres de Mascha des siennes. Mais cette proie ne se débat pas, elle se laisse étrangler lentement, doucement bercée par le toucher de cette peau soyeuse, tout en sachant qu'elle ne couvre qu'une froideur absolue. Les lèvres se mêlent dans ce qu'on pourrait croire un doux baiser d'amour si l'on est un peu romantique, ou le baiser fatal du diable si l'on est un peu religieux. Mais ce n'est rien de tout ça, pas même l'arme du prédateur, c'est un des nouveaux sceau du pacte. C'est un goût de sang doux et amer à la fois, chaud et froid à la fois. C'est un début et la promesse d'autres choses encore inimaginées, mais c'est aussi une fin, la mort même de quelque chose donnée dans les lèvres qui un instant ce sont effleurées. C'est la fin de cet instant quand les lèvres se séparent et savent qu'il ne se passera rien de plus ici et maintenant. C'est l'annonce, l'appel criant d'autres choses à se passer, à venir frapper les chairs et les regards. C'est le début de la fin. Car à bien y regarder, tout au bout, dans l'ombre c'est un massacre qui se prépare, c'est la destruction. Et après, quelque chose, peut-être.
Mascha fixe Ezechkiel dans les yeux. Son regard s'est comme à nouveau éteint mais ce ne sont pas des cendres, seulement des braises apaisées. Elle retire ses mains de sa nuque et vient les poser quelque part sur son torse, réimposant cette distance infranchissable entre eux deux, qu'ils ont cru pouvoir abolir. « Tu attendras. J'attendrais. Nous attendrons. Je ne connais pas la patience, mais je l'apprendrais. Tu devras l'apprendre toi aussi. Je pourrais te laisser me détruire tout de suite. Mais cela n'aurait aucun intérêt, pour moi, pour toi. Tu n'en aurais rien à foutre. Nous pouvons faire tellement plus, en attendant. Je sais très bien où tout cela mènera. Tu me balayeras bien un jour. Et après tu pourras bien faire ce que tu veux. Mais laissons nous au moins essayer autre chose. Attendons. Voyons jusqu'où nous pouvons jouer à ce jeu. »
Ça y est. Tout est fini. Mascha ferme les yeux. De ses mains elle repousse très légèrement Ezechkiel et se laisse glisser hors de son étreinte. Elle fait quelque pas de fantôme. Elle se retourne. Elle sourit. Il reviendra, elle le sait. Il s'attachera d'une façon où d'une autre à elle, parce qu'il n'a pas réussi à l'avoir ce soir, parce qu'elle le défie, et qu'il ne pourra accepter cet affront, ou parce qu'elle lui est insaisissable et qu'il voudra l'accrocher comme trophée sur son tableau de chasse, ou peut-être autre chose, la tentation de jouer à un jeu inconnu. Mascha sait aussi qu'elle ne se lassera pas, parce qu'elle veut jouer avec le diable, et se damner, ou parce qu'elle veut le faire tomber de son piédestal, et briser ses certitudes de suborneur de petites filles innocentes, ou par la même tentation de jouer à ce jeu nouveau et inconnu. Elle ferme les yeux, et détourne sa tête. Son corps redevient fumée, aussi insaisissable et invisible qu'un fantôme. Elle s'en retourne marcher dans les couloirs du château, comme un zombie qui a perdu son âme. Quelque part, dans le sombre cachot de Poudlard flotte un parfum de sang séché, un écho au son doucereux « Bonne Nuit, Ezechkiel Scylence » et la promesse de flammes brûlant déjà l'horizon.

et c'est la fin.










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