Hunt the Poachers !

Hunt the Poachers !

22h58. En catimini, une ombre se déplaçait dans le silence des couloirs du dernier étage de l'école. Elle s'arrêta un instant, regarda à gauche, à droite, puis reprit son chemin pressant. Alors qu'elle voulait prendre les escaliers, ces derniers changèrent de position, l'ombre se tapit soudainement derrière une statue. Elle venait d'entendre du bruit. Puis le silence le plus total. L'ombre sortit de sa cachette et...

"AAAhhhh ! Tu m'as fait peur..."

Le professeur de vol se retrouva face à face à la fois avec la préfète gryffondor et avec un dilemme. Que faire ? Une porte grinça, plus le temps de réfléchir, tant pis, elle réglerait cette situation plus tard, elle n'était plus à une amnésie près. Patsy agrippa la main de Kaprice et les deux sorcières se sentirent comme aspirées et comprimées. Dans le couloir du dernier étage, une balle jaune à pois orange rebondit sur le sol avant de continuer son chemin elliptique à travers les escaliers.

Spoïng ! Spoïng ! Spoïng ! Spoïng ! ...

La balle dévala les étages en rythme et finit sa course dans le hall d'entrée, elle ne rebondissait plus, elle roulait simplement. Des petits claquements de doigts se firent entendre et la grande porte d'entrée de l'école s'ouvrit légèrement, laissa passer la balle et se referma aussitôt. Les deux sorcières reprirent forme humaine sur le parvis de l'école et furent aussitôt rejointes par une elfe de maison vêtue d'un petit costume de fée rose et ridicule.

"Ce n'est pas ma soirée..."

Patsy chuchota en levant les yeux au ciel puis fixa Kaprice en la jugeant du regard un instant, moment que choisit Kaprice pour parler mais l'index de Patsy se posa sur sa bouche et elle parla tout doucement...

"Ma petite Kaprice, je vais te dire deux choses. La première, et çà, tu pourras le répêter, Bidule est une petite idiote qui ne comprend pas les mots "discret pour la forêt" ! La seconde, c'est que je suis un agent spécial du Département des Mystères, et çà tu ne pourras pas le répêter ! Et quand je dis que tu ne pourras pas, tu ne pourras vraiment pas. Même l'écrire ! Tu es maintenant sous le couvert de mon Fidelitas..."
"Mais heu... Une fée, c'est passe-partout en forêt... J'aurais dû mettre celui du papillon mais la nuit, les papillons..."

Boudeuse, la petite elfe de maison se dandinait sur place. Mais ce qu'il y avait de plus surprenant dans cette histoire, ce n'était pas la métamorphose en balle, ni le fait que Patsy s'avérait être un agent secret, non, le plus surprenant, c'est que Patsy était une toute autre personne et que son elfe ne semblait pas terrorisée. Quelles belles menteuses, ces deux-là ! Ou alors était-ce le fait qu'elle ne l'appela pas "Pintade", comme à l'accoutumée... Patsy regarda vite fait sa montre à gousset puis vers la forêt interdite.

"Crois-moi, j'aurais préféré ne pas t'entraîner dans cette histoire, mais là, je n'ai plus le choix... Alors fais honneur à ta maison, Gryffondor, nous allons bouter du braconnier !"

Et ce fut ainsi que Kaprice, Patsy et Bidule se mirent en route pour la forêt interdite...

Vous avez déjà eu cette impression que la situation vous échappe complètement et que le monde est certainement devenu fou ? Que tout ce que vous saviez n'est en fait peut-être pas vrai, et que vous allez devenir dingue ? Oui ? Et bien croyez moi, il y a fort à parier que ce n'est rien, rien à côté de ce que ressentit Kaprice Harlington cette soirée-là. Tout avait pourtant commencé le plus normalement du monde, c'était à dire qu'elle faisait sa ronde, de nuit, dans les couloirs. Sa baguette projetait des ombres au mur, et à chaque pas, elle se forçait à se répéter son livre de défense contre les forces du mal, esquissant des petits mouvements du poignet, tentant de se concentrer sur la seule chose qui devait lui importer en ce moment: ses ASPICs. Et absolument pas à toutes ces rumeurs, et à tout ce qui lui était arrivé dernièrement. Elle n'avait qu'une envie: quitter Poudlard. Pour que tout ça s'arrête. Qu'elle passe à autre chose, qu'elle commence des études d'Auror pour se défouler, pour faire quelque chose de sa vie, et contrer son côté obscur qui commençait à avoir une certaine emprise sur elle. Et pour cela, une seule solution: avoir ses examens haut la main. Alors … alors elle avançait, concentrée, le regard dans le vide. Nulle doute que s'il y avait un élève fautif dans le coin, elle risquait de le louper. Un élève fautif … ou une prof surgissant de l'ombre. Kaprice sursauta violemment alors que sa baguette éclairait le visage du professeur Smirnoff. Elle n'avait pas vraiment envie de la voir, parmi tous ses profs. Parce que le professeur 20 grammes avait décidé, elle ne savait pas trop pourquoi, que c'était une cruche finie, alors que le vol était à peu près la matière qu'elle préférait, et ensuite … qu'un certain Serpentard faisait partie de ses chouchous. Et, connaissant l'énergumène, elle ne se priverait pas pour lui lancer une pique avant de disparaître. Peut-être était-ce pour ça qu'elle ne l'avait jamais aimée ? Aucune idée. Elle haussa un sourcil quand elle lui dit qu'elle lui avait fait peur. Pourquoi ? Les professeurs étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, non ? Elle allait répondre quand soudain, il y eut du bruit. Avant qu'elle n'ait pu comprendre ce qui lui arrivait, la prof l'attrapa par le bras, et elle se sentit aspirée vers le bas.

Et finalement, elle réapparut dehors, au côté du professeur, comme si elle était aspirée vers le haut. Mon Dieu. Elle dut se concentrer pour ne pas tomber, et posa sa main sur la pierre froide pour garder son équilibre. Une vague nauséeuse la submergea un instant, comme si elle venait de monter en haut d'une colline et de faire des roulés boulés particulièrement violents. Elle baissa les yeux pour voir l'elfe à laquelle s'adressa son professeur, et du finalement se frotter les yeux pour se demander si elle n'hallucinait pas. C'était quoi, ce délire ? Il fallait qu'elle dorme plus, peut-être, la plupart du temps, en rentrant des rondes, elle se remettait à travailler pour éviter les cauchemars, il fallait qu'elle arrête. Et encore, ce ne fut pas le plus bizarre. Ce fut le discours que lui tint après Patricia. Elle secoua la tête, et du s'arrêter un moment. Alors que l'elfe ronchonnait, elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n'en sortit. Quoi ? C'était une blague, c'était ça ? Et pourtant … alors que le professeur Smirnoff se tournait vers elle, lui demandant de faire honneur à sa maison, elle remarqua enfin qu'elle ne l'avait pas appelée une seule fois Pintade, ce qui était pourtant son surnom attitré d'habitude. Et … même. Elle semblait différente. Au vu de ses paroles, Kapou aurait juste pu penser qu'elle était bourrée, mais elle ne sentait pas l'alcool, et elle s'en serait rendu compte. Même son elfe, qu'elle traitait d'habitude comme de la merde … certes, elle avait été sarcastique, mais on sentait la complicité qui les unissait. Cela faisait beaucoup assimiler en quelques secondes, mais Kap' choisit de se taire, et de prendre tout pour sûr. D'accord. Agent du département des mystères. Sceau du secret. Une chasse nocturne ? Peut-être était-ce ce qu'il lui fallait pour se changer les idées. Et puis après tout, le monde avait l'air tellement fou, pourquoi ne pas simplement l'accepter ?

Alors elle emboîta le pas au professeur, se dirigeant avec elle vers la Forêt Interdite:

D'accord … De quels braconniers s'agit-il ?

Il y avait tellement de créatures dans la Forêt qu'elle se demandait bien lesquelles étaient ce soir menacées. Elle ajouta, remontant le col de sa robe de sorcier (heureusement qu'elle avait pris son écharpe pour faire sa ronde, étant donné que les couloirs étaient glacials):

Si je puis me permettre … Jolie couverture. Jamais je n'aurais deviné … Ni qui que ce soit d'ailleurs.

"Oh, cela fait tellement longtemps, maintenant, que ça en devient automatique presque... Dépêchons-nous, ils ne devraient pas tarder à faire leur sale petit trafic de sang de licorne. C'est la troisième fois ce mois-ci et je suis toujours arrivée trop tard..."

Patsy s'arrêta un instant de marcher et regarda Kaprice en se demandant si elle ferait bien de la prévenir des dangers de la forêt et des joyeusetés qui y rôdaient depuis l'incident de fin d'année. Elle se mit alors à penser que la préfète devait en savoir des choses et qu'elle aurait déjà fait demi-tour si elle ne se sentait pas d'attaque à affronter ces choses tapies dans l'ombre et sous les humus, prêtes à dévorer quiconque passerait trop près. Bidule, elle, suivait le petit duo en gambadant gaiement dans les herbes du parc de Poudlard, fraîche et pétillante. Ses petites ailes en plastique brillaient sous la lueur embrumée de la baguette de Patsy et elle ne tarda pas à rejoindre les deux sorcières qui venaient de faire escale devant l'orée de la forêt...

"Bidule, cachette numéro 52 !"
"Bien chef !"
"Bon... Alors voyons ce plan..."

D'un claquement de doigts, les deux sorcières se retrouvèrent sous un faux arbuste et Patsy déroula un parchemin montrant le plan de la forêt interdite. Elle pointa d'abord une sorte de cercle pointillé et doré, où le centre accueillait le dessin d'une tête de licorne, dessin qui avait été manifestement fait par une enfant de 4 ans, si ce n'était pas 3...

"Grâce au plan de ma fidèle assistante, nous allons pouvoir, je l'espère, arriver à temps cette fois-ci... "
"Et si on passait par là ?"
"Non, non... La dernière fois, il y avait cette chose dégoûtante et même le pressing magique n'a pas pu enlever cette tâche verdâtre, non non... Une idée, Kaprice ?"
"Oh oui, du sang frais pour des nouvelles idées !"

Patsy regarda alors Kaprice comme si elle était sa partenaire et attendit que cette dernière ne fasse part de ses propres idées. Bien à l'abri des regards indiscrets sous leur faux arbuste, deux sorcières et une elfe de maison grimée en fée préparaient donc leur plan de sauvetage anti-braconnage...

Dernier appel pour le sens de la réalité de Kaprice Harlington. Dernier appel … Non, personne. En même temps, comment vouliez-vous qu'elle assimile tout ça ? Enfin, elle trouvait qu'elle s'en sortait plutôt pas mal, pour quelqu'un qui avait été changé en balle rebondissante, qui avait appris que sa soit-disant alcoolique de prof était en fait un agent du département des mystères, et que son elfe … ben son elfe était déguisée en fée avec un tutu et des ailes en plastique et trottinait derrière elle … Franchement, la belle affaire ! A qui cela ne ferait pas tourner la tête ? Cependant, pour la préfète, c'était à peu de choses près un don du ciel. Elle avait hautement besoin de se changer les idées, et une petite virée complètement farfelue était la bienvenue. Elle hocha la tête en regardant l'elfe alors que le professeur lui assurait que c'était une habitude:

Et bien je vous tire mon chapeau …

Elle était plus bavarde que d'habitude, peut-être s'était elle vraiment pris une cuite avec le professeur vingt grammes et était elle en plein délire après tout ? Eh non. C'était ce qui était bien dans le monde magique, quand ça semblait déjà extrêmement bizarre, ça pouvait aller de pire en pire. Après tout, ne s'était-elle pas retrouvée il y avait peu dans les cachots de Poudlard dans un univers créé par le Poète, en train de se faire noyer par des Inferi ? Ceci était plutôt divertissant en comparaison. Et pour une juste cause en plus. Les licornes. Kap' devait avouer qu'elle n'en avait jamais vu de ses propres yeux, malheureusement, et elle espérait du plus profond de son coeur que la première qu'elle verrait ne serait pas un cadavre. Elle fronça les sourcils, et emboîtant le pas à son professeur, acquiesça:

Ce serait dommage oui. C'est vraiment répugnant … on vit dans un mode complètement fou.

Le sang de licorne, on lui en avait parlé en cours de soins aux créatures magiques, elle connaissait ses effets. Et ils vivaient à une époque bien sombre, pour que des individus se mettent carrément à en faire un trafic. Pour elle, c'était le genre de chose qu'on ne faisait qu'en dernier recours, et encore, il fallait avoir l'âme complètement pourrie pour faire ce genre d'ignominie. Elles arrivèrent en lisière de la Forêt Interdite. Il serait faux de dire que Kap' était totalement rassurée, mais ce n'était pas vraiment sa première expédition. Alors, au final, elle était plutôt sereine, en tous cas beaucoup plus que ne l'auraient été la majorité des élèves de Poudlard dans sa situation. Sortant sa baguette, elle se cacha avec son prof et Bidule, admirant l'ingéniosité de l'incroyable duo qui l'accompagnait. Cela devait faire vraiment longtemps qu'elles faisaient ça, et le voir à l'oeuvre était impressionnant. Elle observa la carte avec un petit sourire, étudiant le plan, jusqu'à ce qu'on lui demande son avis. Surprise, elle essaya de ne rien en laisser paraître. Comme si elle faisait partie de la « bande » depuis toujours. Et le professeur Smirnoff l'avait appelée Kaprice, et pas dinde. Eh bien … Se penchant sur la carte, elle hocha doucement la tête. Elle connaissait le coin pour avoir été y chercher quelques plantes du style qu'il ne fait pas bon genre de demander chez l'apothicaire.

Oui, je vois la chose dégoûtante dont vous voulez parler … Une horreur. Mmmh il y a un sentier qui part de derrière la cabane du Garde Chasse, il l'avait conseillé pour aller cueillir des bons champignons, il ne devrait pas être trop dangereux ? Et dans mes souvenirs, c'est plutôt direct ?

Elle indiquait le tracé dudit sentier tout en parlant.

"Bien, dans ce cas, nous devrons être prudentes, je ne veux pas avoir le garde-chasse après nous... Bidule, fais-moi le plaisir de changer de tenue, veux-tu, tu es bien trop voyante ainsi... Bien... Alors allons-y... Surtout pas d'actes de gloire, nous ne sommes pas des héros et nous ne voulons pas finir en héros... Prudence, calme et résolution, ce seront nos trois mots d'ordre... Et éviter ce machin gluant aussi..."

Patsy replia sa carte et regarda son elfe de maison changer de tenue. Elle se passa une main sur le visage et soupira en constatant que cette dernière venait de troquer son costume de fée contre celui d'un arbuste grotesque dont le serre-tête ridicule faisait pendouiller deux branches en coton rembourré. La petite elfe ajusta le dit serre-tête et claqua des doigts pour dissiper leur couverture magique. De nouveau visible malgré la brume épaisse qui flottait sur le gazon du parc, le petit groupe était donc prêt, Patsy prit les devants et se mit à marcher, longeant la lisière de la Forêt Interdite. Par moments, elle regardait par dessus son épaule voir si tout se passait bien et gronda à deux reprises Bidule qui faisait l'andouille, imitant un agent secret en goguette, plongeant derrière les buissons ou rampant comme un asticot sur l'herbe. Alors que les deux sorcières et l'elfe de maison arrivaient près de la cabane du garde-chasse, Patsy se retourna à nouveau et plaqua son index sur la bouche, pour préciser encore une fois de faire le moins de bruits possibles. Baguette en main, elle se faufila sans grands bruits vers la cabane et atteignit enfin le chemin dont parlait Kaprice. Un chat n'aurait pas pu être aussi discret... En attendant que ses deux acolytes n'arrivassent enfin, Patsy s'engouffra dans la forêt et s'alluma une cigarette...

"A partir de maintenant, Bidule, je veux que tu veilles sur Kaprice. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, Kaprice, mais je ne veux aucun problème... Bidule, tu sais ce qu'il te reste à faire ?"
"Oh non... Je déteste me rendre invisible... Invisible, on ne voit pas ses pieds, ca me rend très gauche et je tombe souvent... Oh, non chef ! S'il vous plait, tout mais pas çà... J'étais déjà invisible tout à l'heure et vous m'avez promis que c'était la dernière fois de la journée..."
"Si tu te rends invisible, je veux bien que tu remettes ton costume de fée... Bien, d'accord... Nous irons à Disneyworld cet été aussi..."

D'un claquement de doigt dont la rapidité aurait fait des jaloux chez les pistoleros au temps de la conquête du Nouveau Monde, l'elfe de maison disparût et on n'entendit plus que sa voix chantonner "On va voir Mickey ! On va voir Mickey !"... Patsy se mit à sourire et regarda Kaprice avec un air un peu désolé, en murmurant, confidente...

"J'ai beau lui expliquer que ce ne sont que des costumes et qu'il y a des moldus à l'intérieur mais elle ne veut rien savoir... Et elle est persuadée que Tic et Tac sont de vrais écureuils géants... Bien, trève de bavardage, dépêchons-nous..."

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