La petite irlandaise jaillit brusquement du bout du couloir, fuyant les éclats de rires d'un groupe de Serpentard. Elle avait beau faire, en ce moment elle ne supportait plus les autres. En fait elle ne se supportait plus elle même. Règle n°1 de survie lorsque vous ne supportez que votre déprime, ne quittez votre lit SOUS AUCUN prétexte ! C'est ce qu'elle aurait du faire finalement. Gaëlle avait les nerfs à fleur de peau depuis le fameux bal, menaçant de craquer à chaque instant, elle avait les yeux au bords des larmes chaque fois qu'elle voyait un couple ou qu'elle entendait rire une fille. Voir au loin de long cheveux blonds la plongeait dans un émoi tel qu'elle n'arrivait plus ne serait-ce qu'a exécuter un simple Lumos. Elle avait désespérément besoin de pouvoir parler à quelqu'un, le problème c'était que Tao était partie faire des études, la principale intéressée ne voyait pas le problème et elle s'était mis à dos ses autres amis sans l'avoir voulu. Ne lui restait plus donc qu'a trainer sa déprime comme un boulet. Du moins jusqu'à son lit. Là au moins elle pourrait se lâcher et à défaut de confier son chagrin à quelqu'un, elle confierait ses larmes à son oreiller.


Techniquement il n'y avait personne dans les salles communes à cette heure et encore moins dans les couloirs tout autour, ce qui lui garantit un minimum de discrétion. Elle en profita pour se relâcher un peu, laissant déborder les premières larmes, sauf que, une fois la porte franchit... Zut démasquée, il y avait quelqu'un dans la pièce. Quelqu'un aux cheveux roses vifs. Le petit cœur de Gaëlle rata un battement, comme elle restait figée sur place sans savoir comment réagir alors qu'elles se faisaient la gueule depuis quelques mois déjà. Elle esquissa un geste pour voir si elle parvenait à se faire toute petite avant que Candice ne l'aperçoive avec ses yeux rouges et ses larmes sur les joues, elle ne pourrait pas supporter une prise de bec. Avec un peu de chance peut être...

"Rien qui t'intéresse" rumina-t-elle dans sa petite caboche d'irlandaise. Diable, pourquoi avait-il fallut qu'elle tombe précisément sur Candice à cet instant précis ? Seigneur, pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'on s'acharne ainsi sur moi ? Après tout, du point de vue de Gaëlle, elle n'avait rien à se reprocher... En fait elle ne comprenait pas du tout ce que lui reprochait Candice. Candice et ses humeurs changeantes, elle n'était pas sur d'avoir la volonté nécessaire pour supporter la toute jeune maman et son petit monde où on voit la vie en rose. La vie n'est pas rose, mille lutins ! Elle aurait voulue la prendre par les épaules et la secouer un peu, la réveiller et lui montrer que tout n'était pas rose mais gris, que la vie n'était pas un conte de fée, qu'il y avait pas d'un côté les bons et les méchants et que trop souvent les uns et les autres étaient si inextricablement emmêlés qu'il était impossible de les distinguer. Mais qui était-elle pour lui voler son bonheur en foulant au pied son petit nuage de félicité ? Non elle n'avait pas le cœur de la plongée dans la réalité à coup de pied au cul. Avait-elle seulement le cœur de rester à côté faire bonne figure en hochant la tête, un sourire creux sur le visage devant le babillage d'une petite fille qui n'avait finalement jamais grandit ? Elle allait juste passé son chemin, quand elle s'aperçut qu'elle n'était pas devant l'escalier qui la mènerait à sa chambre mais devant le fauteuil de la jeune fille aux cheveux roses. Qu'est-ce qui lui prenait ? Ça avait été plus fort qu'elle, comme un besoin, une volonté supérieure et impérieuse qui lui forçait la main. Et elle n'aimait pas ça.

Avec un soupir contenu elle jeta un coup d'œil à la bouille toute rose de ce qui devait théoriquement devenir plus tard une petite fille avant d'être une jeune femme puis une adulte. Gaëlle frémit intérieurement à l'idée que cette petite réplique de Candice ne suive un jour les traces de sa mère. Elle tressaillit légèrement en croisant les yeux de la petite fille, souriant malgré elle en reconnaissant certains traits de William en elle. Sentiments mitigés.

Gaëlle - Qu'est-ce que tu veux Moucheron?'lui signa-t-elle, avant de se dire que c'était tout simplement ridicule puisqu'elle ne comprendrait pas, pas plus que Candice. Au moins cela semblait plaire à la gosse qui gazouilla en tendant une petite main vers les mèches cuivrés de la petite irlandaise, qui se recula, méfiante. Manquerait plus qu'elle se retrouve élue doudou à plein temps...